Notre existence est de plus en plus dématérialisée, mais nous sommes toujours avides d’expériences concrètes. Rappelons-nous toutes les fêtes de visionnement des matchs des Raptors de Toronto qui ont eu lieu au printemps dernier, et le défilé qui a clos la saison, à laquelle ont pris part plus d’un million de partisans. Et le mois dernier, un demi-million de mordus de cinéma se sont rendus au Festival international du film de Toronto.
L’évolution de la technologie a changé bien des choses, mais pas le besoin profond qu’ont les êtres humains de tisser des liens. L’économie expérientielle est florissante, ce qui envoie un signal auquel les innovateurs doivent réfléchir : les consommateurs d’aujourd’hui veulent sentir qu’ils font partie d’un tout. Dans un sondage mondial mené par Live Nation, 66 % des répondants ont indiqué qu’ils étaient « avides d’expériences qui les mettent en contact avec de véritables personnes et des émotions brutes ».
Pour en savoir plus sur la façon d’attirer les foules à l’ère numérique et sur la force impressionnante du nombre, nous nous sommes entretenus, dans le cadre de la série Les innovateurs RBC, avec les coresponsables du Festival international du film de Toronto :
- Cameron Bailey, directeur artistique et coresponsable, TIFF
- Joana Vicente, directrice générale et coresponsable, TIFF
Le nombre de ménages abonnés à plusieurs services de diffusion en continu augmente rapidement, mais Mme Vicente, qui pense à l’apparition de la télévision et du magnétoscope, est optimiste quant à l’avenir des salles de cinéma.
« Il y a toujours eu des bouleversements de ce genre, dit-elle, et le cinéma a toujours tiré son épingle du jeu. »
En cette époque de distractions omniprésentes, le cinéma est le seul lieu où l’on nous demande d’éteindre notre téléphone. Nous nous laissons emporter par le fil de l’histoire, et nous rions ou pleurons avec le reste de l’assistance. Et soyons honnêtes : rien ne peut surpasser la qualité de l’image projetée.
« Vous avez beau avoir un excellent cinéma maison, affirme M. Bailey, nous pouvons faire mieux. Désolé ! »
Or, l’évolution des habitudes de visionnement n’est pas la seule chose à retenir de la généralisation de la diffusion en continu. Il convient de s’intéresser à l’incidence potentielle des données sur l’art cinématographique. Les réalisateurs pourraient avoir du mal à choisir entre leur vision artistique et les facteurs, tirés des données, qui favoriseront leur présence sur la liste des recommandations de Netflix.