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Les mots les plus simples, convenablement choisis et heureusement disposés, possèdent le pouvoir magique d’exprimer nos sentiments et de transmettre nos idées.

Chaque mot que nous écrivons emporte un message. Savoir dire ce qu’il faut pour obtenir le résultat voulu ne sert pas seulement à revêtir nos rapports commerciaux ou sociaux d’une certaine élégance littéraire, c’est une fonction essentielle de la vie ; notre seul moyen de contact intellectuel avec notre entourage.

Nous avons porté notre système de communication à un haut degré de perfection technique. Nous sommes capables de converser avec l’autre bout du monde et de faire renvoyer un rayon de radar à la lune. Mais nous n’arriverons à jouir de ces merveilles que si nous apprenons à mieux nous entretenir les uns avec les autres de questions comme la bombe atomique.

Dans le domaine social et économique nous avons besoin de pouvoir converser librement et intelligemment si nous voulons que nos bonnes idées soient convenablement exprimées et qu’elles portent fruit. Nous avons tous éprouvé le sentiment de savoir des choses d’une très grande importance, mais de constater que les mots nous manquent quand il s’agit de les exprimer.

Comparez l’effet et le charme d’une lettre dont les mots expressifs vous expliquent clairement ce que vous attendez, avec la lettre d’un homme qui a la paresseuse habitude d’employer des mots vagues qui nous forcent à deviner ce qu’il a voulu dire et, par conséquent, ne produisent pas l’effet voulu.

La première chose à se demander en commençant de dicter le matin ou en s’installant pour écrire à un membre de la famille, n’est pas « quels mots vais-je employer ? », mais bien : « Pourquoi vais-je écrire cette lettre ? Pour ma propre satisfaction ? Pour que la copie au carbone fasse une bonne impression sur mon chef ? Pour expliquer mes idées à celui à qui j’écris ? »

Les mots servent à exprimer des idées. Un sermon, une excuse pour se disculper, un article comme celui-ci, une décision juridique ou une cause, une lettre à ses parents, une soumission pour une commande d’un million de dollars : ce ne sont là que des mots. Mais ce sont des mots que leurs auteurs ont arrangés de manière à leur faire produire le résultat désiré.

Le mot propre

Il y a deux manières de juger la qualité des mots : par leur aptitude à exprimer exactement ce que nous voulons dire, et par leur son ou leur apparence. Il y a des mots dont on se sert dans le conversation mais qu’on n’écrit pas ; d’autres, qui font très bon effet par écrit, paraissent trop recherchés dans la conversation.

Très souvent, le choix d’un mot n’est pas dicté par le dictionnaire mais par le jugement de celui qui écrit. Il ne faut pas être très instruit pour savoir qu’un mot banal ou vulgaire choque l’oeil ou l’oreille dans un texte plus ou moins officiel. On sent instinctivement, par la force de l’habitude, quand un mot est déplacé.

Mais il ne faut pas devenir trop difficile. C’est certainement un avantage de savoir qu’un mot est dérivé du latin ou du grec, ou de toute autre source, mais il n’est pas nécessaire de connaître la généalogie d’un mot avant de l’employer. Il suffit qu’il exprime ce que nous voulons dire, qu’il soit de mise et qu’il sonne bien.

Il y a des règles qui régissent le choix des mots, mais elles ne sont pas absolues. En général, il est bon de ne pas employer deux mots pour rendre une idée quand un seul suffit. Par exemple, ne pas dire « aimer mieux » au lieu de « préférer ». Mais il ne faut pas pour cela ne jamais dire « aimer mieux » quand on le préfère à l’autre. De même, la phrase précédente aurait pu commencer par « généralement » qui, avec un seul mot, est plus lourd que « en général » qui en a deux. C’est une affaire de goût et d’oreille.

Ce qu’il faut éviter surtout dans la prose, c’est la périphrase, c’est-à-dire, dit le Petit Larousse « le procédé qui consiste à exprimer par plusieurs mots ce qu’on aurait pu dire en un seul : la ville Lumière, pour Paris ; le roi des oiseaux, pour l’aigle ; l’astre de la nuit, pour la lune ». Admirons toutefois cette superbe périphrase de Bossuet pour désigner le confessionnal : « Ces tribunaux qui justifient ceux qui s’accusent. » En somme, la même pensée devient faible ou forte, selon le nombre de mots qu’on emploie pour l’exprimer.

Prenez cette phrase : « Les pensées élevées, celles qui ennoblissent et exaltent l’homme, ont leur origine et leur source au fond de votre coeur. » Ce n’est pas trop mal, mais cela n’a rien de saisissant. Voyez maintenant comment La Bruyère a rendu cette idée : « Les grandes pensées viennent du coeur. »

Définitions

On a dit que la plupart des disputes seraient immédiatement terminales si l’un des adversaires prenait le temps et avait le courage de dire exactement et brièvement ce qu’il entend par les mots employés dans la discussion.

En effet, quand deux personnes discutent face à face ou par lettre, elles finissent par s’entendre quand chacune d’elles arrive à comprendre ce que l’autre veut dire. Tant qu’elles s’en tiennent à leurs propres idées sans se donner la peine de se rendre compte si ces idées correspondent à celles de l’autre, elles n’arrivent qu’à s’exaspérer et à fatiguer leurs dactylographes.

Il n’est pas nécessaire de définir tous les mots, mais seulement ceux qui ne sont peut-être pas clairs pour l’une ou l’autre personne, et il est bon de faire des dessins ou de tracer des plans qui aident à faire comprendre ce qu’on veut dire.

Mais la définition ne prouve pas qu’on a raison. Elle n’est pas vraie ou fausse, sauf dans les circonstances. Un auteur en donne un exemple amusant. « Si je définis l’homme comme un bipède sans plumes, alors, d’après ma définition, un poulet plumé est un homme. »

Les définitions sont utiles comme points de départ. Elles nous évitent des discussions qui ne mènent à rien. Elles empêchent les pauvres esprits de devenir ennuyeux et, quand nous nous en servons dans nos raisonnements, elles nous aident à rester dans la bonne voie.

Le vocabulaire

Plus vous avez de mots dans votre vocabulaire, mieux vous êtes capable de vous exprimer simplement, et de comprendre sans effort ce que l’on vous dit.

On n’a pas besoin de tous les mots de la langue pour exprimer ses idées. Shakespeare, qu’on cite toujours dans ce cas, n’en a employé que vingt-cinq mille dans ses ouvrages, et il est douteux que Racine et Corneille à eux deux, en aient employé beaucoup plus.

Les idées simples que représentent quelque 17,000 mots du dictionnaire, ne suffisent pas à faire un écrivain. Celui qui connaîtrait ces 17,000 mots pourrait bien être incapable de tracer une phrase ; car le talent ne consiste pas à se servir sèchement des mots, mais à découvrir les nuances, les images, les sensations qui résultent de leurs combinaisons.

Les mots changent avec le temps, et nous sommes obligés de modifier l’idée que nous nous en faisons pour marcher de pair avec notre époque. Si la langue était immuable, si les mots ne prenaient pas de nouveaux sens, et si les événements ne nous forçaient pas à en créer de nouveaux, nous ne serions même plus capables de penser. En effet, comment pourrait-on expliquer les théories d’Einstein dans la langue d’Euclide ou d’Aristote, ou donner des ordres aux ouvriers d’une usine d’automobiles en latin, ou même négocier un emprunt à la banque en français du XVIIe siècle. Les mots sont faits pour exprimer les sentiments et les expressions d’une époque, et pour communiquer les idées qui en découlent. D’où leurs changements et leurs transformations.

En même temps que les mots changent, la langue évolue, et nous n’écrivons plus aujourd’hui comme on écrivait au XVIIe siècle. « Le style, disait Mme de Staël au XVIIIe siècle, doit subir des changements par la révolution qui s’est opérée dans les esprits et dans les institutions ; car le style ne consiste point seulement dans les tournures grammaticales ; il tient au fond même des idées, à la nature des esprits. Le style des ouvrages est comme le caractère d’un homme ; ce caractère ne peut être étranger ni à ses opinions, ni à ses sentiments ; il modifie tout son être. »

Joubert précise encore la question : « Si, sur toutes sortes de sujets, dit-il, nous roulions écrire aujourd’hui comme on écrivait du temps de Louis XIV, nous n’aurions point de vérité dans le style, car nous n’avons plus les mêmes humeurs, les mêmes opinions, les mêmes moeurs. » Le style est non seulement la manière d’exprimer nos pensées ; c’est une création de forme par les idées et une création d’idées par la forme. L’écrivain crée même des mots pour indiquer un rapport nouveau. Le style est une création perpétuelle : création d’arrangements, de tournures, de ton, d’expressions, de mots et d’images.

Le rapprochement, l’emploi de certains mots, leur donne une magie spéciale, une poésie particulière, une signification nouvelle.

Guy de Maupassant a dit quelque part : « Les mots ont une âme. La plupart des lecteurs et même des écrivains ne leur demandent qu’un sens. Il faut trouver cette âme, qui apparaît au contact d’autres mots, qui éclate et qui éclaire certains livres d’une lumière inconnue, bien difficile à faire jaillir. Il y a, dans les rapprochements et les combinaisons de la langue écrite par certains hommes, toute l’évocation d’un monde poétique que le peuple des mondains ne sait plus apercevoir ni deviner. »

En résumé, le style est l’effort par lequel l’intelligence et l’imagination trouvent des nuances, des rapports, des expressions et des images, dans les idées et les mots ou dans la relation qu’ils ont entre eux.

Les mots sont des étiquettes

Le langage n’est pas une science, mais simplement un outil pour s’instruire. Les mots ne sont pas des choses, mais ce sont des étiquettes que nous mettons sur les choses pour les reconnaître facilement.

Dans l’antiquité, les mots avaient un pouvoir magique. Il suffisait de dire « Sésame, ouvre-toi » pour faire ouvrir la porte de la caverne où les quarante voleurs entassaient leur butin. À cette époque, il existait un lien beaucoup plus étroit et plus réel entre le mot et la chose ou la personne qu’il désignait.

Aujourd’hui ceux qui prennent la peine de réfléchir à ce qu’ils disent et à ce qu’ils écrivent se rendent compte du danger d’accepter l’étiquette pour la chose même, d’employer la même étiquette pour deux choses ou deux idées différentes, ou d’employer des étiquettes différentes pour les choses qui se ressemblent.

En apprenant à parler aux enfants, il bon d’employer la formule « on appelle ceci », « on appelle cela » telle ou telle chose en montrant un objet : par exemple, « on appelle ceci une épingle, mais on appelle cela un bouton. » Un moment de réflexion nous montre qu’en effet c’est beaucoup plus exact que de dire : « ceci est une épingle et cela est un bouton ».

Un mot n’est pas une chose ; c’est le nom d’une chose. Les signes que nous traçons sur le papier ne sont pas des autos, des machines, des tables, des employés, de la tristesse et du bonheur, mais simplement le nom par lequel nous désignons ces choses. Les mots que nous alignons les uns après les autres ne sont qu’une piste qui permet au lecteur de suivre la marche de nos idées. Plus les mots sont clairs, plus le lecteur a de chances de ne pas se perdre en route.

Notre manière de penser et d’écrire dépend entièrement de notre vocabulaire. Il est en effet impossible de penser clairement à une chose dont on ne sait pas le nom. Chaque nom représente une idée simple, et chaque nom que nous ajoutons à notre vocabulaire accroît le nombre de nos idées. Un philosophe a dit : « Peut-on vraiment savoir ce que c’est qu’un pigeon sans savoir que c’est un pigeon ? … si on est incapable de le désigner autrement que sous le nom d’oiseau, on est loin de le connaître. »

Il y a plus de deux milliards d’êtres sur cette terre auxquels nous appliquons le mot « homme ». Ils varient énormément sous le rapport de la couleur, de la taille, de l’âge, des habitudes et des connaissances, mais ils présentent des similarités qui rendent le mot « homme » applicable à tous. Il est important, quand on veut désigner un groupe ou un individu, d’en nommer les particularités. Nous disons qu’un tel s’appelle « John Smith » et que c’est un « Anglais », ou bien nous faisons des distinctions sous le rapport de l’éducation, de la religion, de la profession, ou des manières. Tout cela est utile, mais il ne faut pas oublier que ce ne sont là que des étiquettes commodes, qui ne révèlent pas toute la vérité.

Le style

Le style est la manière propre à chacun d’exprimer sa pensée par l’écriture ou la parole. Par l’écriture, chez l’écrivain, et par la parole, chez l’orateur. C’est l’expression, l’art de la forme, qui rend sensibles nos idées et nos sentiments ; c’est le moyen de communication entre les esprits.

Qu’il s’agisse de composer une ode ou d’essayer d’apaiser un client mécontent, celui qui écrit s’efforce invariablement de rendre son idée aussi claire que possible.

Être clair, c’est très bien, mais il s’agit d’être clair d’une manière agréable, et cela dépend entièrement du choix des mots que nous employons.

Dans un bijou, on fait la part de la valeur intrinsèque et du travail. Une statuette en or de Benvenutto Cellini vaut bien plus que son pesant d’or ; un diamant taillé, bien plus qu’un diamant brut. Dans le style, on distingue le fond et la forme. Le fond, ce sont les matériaux, les pensées, la substance, le sujet. La forme, c’est l’expression et l’habillement des idées. On perfectionne son style par la lecture des bons auteurs, et il n’y a pas de mal à chercher à les imiter, mais seulement dans la mesure de nos moyens.

La simplicité est admirable, mais là encore il ne faut pas pousser les choses trop loin. D’ailleurs la simplicité exige beaucoup de travail, témoin La Fontaine qui n’a atteint l’inimitable naturel de son style qu’à force de labeur. Il raturait sans cesse et refaisait jusqu’à dix ou douze fois la même fable, comme on peut le voir par ses manuscrits. En cherchant à écrire simplement, il faut, autant que possible, éviter les expressions toutes faites. La marque du bon écrivain, c’est le mot propre et la création de l’expression.

Trois qualités

Les trois qualités à cultiver pour bien écrire sont : la précision, la clarté et la simplicité.

Quand nous avons recueilli tous les renseignements nécessaires à l’appui de ce que nous allons écrire, nous sommes en mesure de trouver le mot propre qui rend exactement notre idée.

Notre but étant de nous faire comprendre, il faut nécessairement que nous nous exprimions clairement. La clarté découlera en quelque sorte de la peine que nous avons prise pour assimiler notre sujet, car, dit Boileau : « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. »

Nous courons souvent le risque d’être mal compris quand nous employons des mots abstraits comme fraternité, paix, prospérité, etc. Ce sont des mots qui représentent des idées, mais nous avons affaire, dans nos lettres et nos conversations, avec des gens qui sont intéressés par des réalités.

Pour être bien compris, il est important d’écrire ou de parler avec des mots à la portée de notre auditoire. On ne parle pas aux enfants comme aux grandes personnes, et un article de journal ne contient pas des mots savants comme une dissertation ou une thèse. Les philosophes, Bergson entre autres, se piquent d’écrire pour le grand public. Mais Emile Faguet déclarait avoir lu et relu les livres de M. Bergson sans jamais en avoir rien compris.

Prendre beaucoup de peine pour écrire simplement semble favoriser la paresse du lecteur aux dépens du travail de l’auteur. Mais si on veut se faire comprendre, on n’a pas d’autre choix. Et si on se moque d’être compris ou non, pourquoi se donner la peine d’écrire.

Si nous avons à employer un mot peu usité, prenons soin de l’éclairer par le contexte. Il arrive souvent, dans les affaires ou la vie privée, d’avoir à expliquer une situation embrouillée. C’est alors qu’il faut fouiller dans son esprit, ou dans un recueil de synonymes, pour trouver le mot propre.

Vous serez probablement surpris d’apprendre le résultat d’une enquête instituée par la Société d’hygiène de la Floride pour s’assurer si les malades comprenaient bien une vingtaine de mots employés en matière d’hygiène. Sur 100 personnes interrogées, seulement 46 connaissaient le sens de « citrus fruit » ; seulement 33 avaient une certaine idée de ce que « nutrition » voulait dire, et le mot « maternity » n’évoquait qu’un certain genre de robe pour la plupart des malades du sexe féminin.

Soyez explicite et concret

Un texte explicite a beaucoup plus de chances d’être compris. Tachez que vos noms et vos verbes expriment exactement ce que vous voulez dire et ce que vous désirez qu’on fasse.

Tant que nous nous en tiendrons à des généralisations et à des abstractions au lieu de mots concrets qui se rapprochent le plus possible de la réalité, dit un manuel de style, nous ne serons jamais que des écrivains de deuxième ordre.

Souvent nous n’avons pas le choix, mais si nous sommes obligés d’employer un mot abstrait, il est presque toujours possible de l’éclairer par des mots concrets. Une lettre ou un récit n’est en somme qu’une description, or, pour être vivante, la description doit être matérielle. Le maître de la description matérielle, c’est Homère.

En nous relisant, nous nous apercevrons si la tendance à faire usage d’abstractions est causée par la négligence ou la timidité. C’est justement parce qu’ils sont vagues que les mots abstraits sont si employés. La précision demande beaucoup de travail, et il est parfois dangereux d’être trop précis.

On sait que Flaubert est un des écrivains qui ont le plus travaillé leur style. Il n’était jamais satisfait tant qu’il n’avait pas trouvé le mot propre. Il avait écrit, par exemple, dans le Festin des Barbares : « La joie de pouvoir enfin se gorger à l’aise éclatait dans tous les yeux » qu’il a remplacé par « La joie de pouvoir enfin se gorger dilatait tous les yeux. »

Le travail du style

Les mots sont forts ou faibles, selon la précision avec laquelle ils accomplissent leur besogne. Le mot dynamique n’est pas nécessaire dans toutes les occasions. Par leur emploi trop fréquent, des mots comme urgent, danger, crise, désastre, fatal, grave et essentiel finissent par perdre leur force. On est alors tenté de leur accoler une épithète, et on tombe dans le style d’Hollywood où tout est colossal.

Pour écrire clairement, avec précision et avec grâce, évitons les adjectifs superflus. Quand nous ajoutons un adjectif, demandons-nous soigneusement s’il est bien utile.

Beaucoup de maisons de commerce ont trouvé qu’une annonce dans un style facile et naturel, dont la simplicité fait parfois sourire les concurrents, produit généralement d’excellents résultats.

Si nous prenons des exemples dans la vie privée au lieu du monde des affaires, nous constatons qu’un mot simple et connu est de beaucoup préférable à un mot plus prétentieux. En effet, un accueil chaleureux vaut mieux qu’une réception cordiale ; l’amitié vaut mieux que la bonne intelligence, l’amour que la charité, et le bonheur que la félicité.

Ce qu’il y a de plus important à se demander au sujet d’un mot, est s’il fait aussi bien et aussi clairement l’affaire qu’un autre.

Nos lettres et nos rapports n’ont pas besoin d’être des chefs-d’oeuvre littéraires pourvu qu’ils soient soignés. Écrivons de la manière qui convient à notre sujet et au but que nous nous proposons, trouvons le mot propre pour exprimer notre idée, évitons les exagérations et n’oublions pas que les mots ne sont que des étiquettes, que ces étiquettes doivent avoir pour le lecteur le même sens qu’elles ont pour nous, et disons-nous chaque matin, en commençant de dicter, qu’on peut éviter la monotonie dans les rapports et les lettres d’affaires.