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Le maître d’Esope, car Esope était un esclave, lui ordonna un jour de préparer un festin pour des amis qui désiraient manger ce qu’il y a de meilleur au monde. Esope n’acheta que des langues qu’il fit accommoder à toutes les sauces.

Au troisième ou quatrième plat, les convives s’écrièrent : « Quoi ! encore de la langue ! » Et Esope, qui avait la sienne bien pendue, n’eut pas de peine à les convaincre de tout le bien que la langue était capable de faire. « Eh bien, » lui dit son maître, « donne-nous demain ce qu’il y a de pire. » Le lendemain, Esope ne fit servir encore que des langues, disant que la langue est la pire chose qui soit au monde, car elle est la mère de tous les débats, la nourrice de tous les procès ; que si elle est l’organe de la vérité, c’est aussi celui de l’erreur et, qui pis est, de la calomnie.

Nous nous en tiendrons, dans ce Bulletin, à l’usage que nous faisons de notre langue comme organe de la vérité et de la raison, dans nos rapports journaliers avec nos semblables, au moyen de la multitude de mots dont nous ne sentons peut-être pas toujours l’importance, la force et la beauté.

Le siècle dans lequel nous vivons portera sans doute le nom d’Age atomique, mais nous pourrions tout aussi bien l’appeler l’Age de la parole. Nous sommes continuellement inondés par un déluge de paroles et de mots que répandent la radio, les livres, les journaux, la correspondance et les orateurs. Nous sommes tellement submergés par les mots que nous avons souvent la sensation d’être noyés par eux et emportés par leur tourbillon.

Essayons de lutter contre le courant et examinons froidement tout ce verbiage.

Notre précieux héritage

C’est le langage qui nous distingue des animaux. Sans le langage, nous ressemblerions aux chiens ou aux ânes, et c’est grâce à lui que nous sommes des êtres humains, capables de bien ou de mal et doués d’une haute intelligence. Privés du langage, nous serions incapables de raisonner. Les mots sont les pierres avec lesquelles nous avons bâti notre civilisation.

Ce sont les gens du peuple comme vous et moi qui font le langage, car le langage est par-dessus tout démocratique. Les savants l’enrichissent et le cultivent, mais c’est de son origine populaire qu’il tire sa vigueur et sa nourriture. À mesure que nous éprouvons le besoin d’exprimer de nouvelles idées, le langage grandit, et les nouvelles idéologies ainsi que les nouvelles conditions d’existence font naître des mots nouveaux et de nouvelles phrases.

Comme l’a si bien dit un auteur américain, le langage n’est pas « l’oeuvre abstraite des savants ou des lexicographes, mais il émane du travail, des besoins, des liens, des joies, des affections, des goûts de longues générations d’êtres humains et il est assis sur des bases solides, tout près du sol. »

Puisque nous, les gens du peuple, sommes les possesseurs et les créateurs du langage, il convient de nous considérer héritiers de son glorieux passé, dépositaires de son présent et gardiens de son avenir. Il nous convient également d’en bien user.

Ceux qui ont réellement conscience de l’importance du langage sont mieux à même de l’embellir et de le renforcer. Un écrivain du siècle dernier a dit que le langage est l’ambre dans lequel des milliers de pensées subtiles et précieuses ont été enchâssées, et qu’il a préservé des milliers d’étincelles de génie qui, bien que très brillantes, auraient péri aussi rapidement que la lueur du tonnerre.

Pourquoi parlons-nous ou écrivons-nous ? Pour beaucoup de raisons. Pour décrire des objets ou des événements, exprimer nos sentiments, persuader, exhorter, expliquer, plaire, faire la causette, et souvent pour nous sentir moins seuls. Et la principale raison qui nous pousse à parler ou écrire est de transmettre les idées de notre esprit à l’esprit des autres.

Les pensées sont des mots

Nous avons besoin de mots même pour nous parler à nous-mêmes. Nos plus simples idées, comme le choix d’un restaurant pour déjeuner, l’achat d’une cravate bleue ou verte, etc., sont formulées dans notre esprit au moyen de mots. L’auteur qui invente un nouveau mot est obligé d’en expliquer le sens par d’autres mots qui nous sont déjà familiers.

Attendu que les mots jouent un rôle si essentiel dans notre vie, il importe de les étudier avec soin, de les apprécier à leur juste valeur, d’en faire le meilleur usage et de comprendre toute leur puissance. Le langage a été appelé une épée à deux tranchants, qui peut aider l’homme à faire des conquêtes, et avec laquelle il peut aussi se blesser gravement.

La communication est la chaîne qui nous relie à nos voisins, à nos associés, aux habitants des autres villes, des autres provinces et de tous les pays du monde. Les mots, écrits ou parlés, sont les maillons dorés de cette chaîne.

Le principal objet de la communication est de se faire comprendre. Rien n est plus infructueux que de se répandre en mots incompréhensibles pour ceux qui les écoutent.

C’est principalement à cela que nous devons veiller en parlant ou en écrivant. Si ce que nous disons prête à double sens ou fait se demander aux gens, « Qu’est-ce qu’il veut dire ? », nous avons manqué notre but.

Il y a des mots qui produisent un grand effet sur nous tandis que d’autres nous laissent indifférents. La puissance des mots dépend entièrement des images qu’ils évoquent et n’a rien à voir avec le sens du dictionnaire.

Il est impossible que deux personnes aient appris le même mot exactement dans les mêmes circonstances, en même temps et dans le même milieu. Nous ne pouvons jamais être une autre personne, de si près que nous lui ressemblions mentalement, physiquement et intellectuellement, et il en est de même pour les mots. Les mots les plus simples comme « table » ou « maison » éveillent des idées différentes selon les gens, quoique le sens fondamental soit le même.

Dès qu’un mot pénètre dans notre esprit, il est coloré par nos propres associations d’idées. C’est pour cette raison, dit Stuart Chase dans son livre La Tyrannie des mots, qu’en lisant les classiques grecs ou latins, nous n’arrivons jamais qu’à en comprendre une partie du sens, car nous ne pouvons pas nous transporter dans le milieu où ils ont été écrits.

Faisons-nous comprendre

Voilà une belle occasion de se faire comprendre pour les hommes d’affaires, les correspondants, les orateurs et ceux qui veulent devenir bons causeurs. Ils doivent s’appliquer à choisir les mots qui transmettent exactement et clairement à l’esprit des gens ce qu’ils ont eux-mêmes à l’esprit.

Pour atteindre nos lecteurs, il faut les garder constamment à l’esprit et s’exprimer en mots qu’ils connaissent et comprennent, dans un langage qui leur est familier. Autrement, nous perdons notre temps.

En écrivant des lettres d’affaires, par exemple, il est essentiel d’étudier notre marche, les gens qui le composent, leurs goûts, leurs désirs et leurs besoins – et ensuite leur écrire avec des mots qu’ils aiment et des phrases qu’ils comprennent. Comme dans tous les actes de désintéressement, cet oubli de soi-même porte sa propre récompense.

Avec le lecteur fermement à l’esprit et son intérêt à coeur, comment s’y prendre pour le convaincre ?

Par la clarté et la simplicité, dont nous avons souvent plaidé la cause dans ces Bulletins.

L’idée et la façon de l’exprimer sont inséparables car la relation entre elles est celle de cause et effet.

Nous sommes obligés d’analyser, grouper, coordonner et définir nos pensées pour qu’elles soient admises par notre intelligence, ou par ceux à qui nous nous adressons.

La tâche est ardue mais elle en vaut la peine

Pour gagner nos lecteurs, il importe de leur décrire et suggérer des choses non pas abstraites, mais concrètes. Dans notre correspondance commerciale, nos mots devraient toujours permettre au lecteur de s’imaginer facilement la proposition, le service ou l’article, avec ses avantages et ses profits.

Il n’est pas facile d’écrire. Le conseil de Goethe un jeune écrivain : « Bah ! il suffit de se cracher dans les mains ! » ne dit probablement pas tout, mais il donne l’idée de l’effort nécessaire en plus du talent naturel et du travail cérébral.

Il n’est pas facile non plus d’exprimer exactement ses pensées. L’exactitude est parfois dangereuse et nous préférons nous réfugier dans l’obscurité de l’abstraction. Mais les termes abstraits causent aisément des malentendus, et il faut les éviter si on veut se faire comprendre.

« On ne peut pas embellir la simplicité, » a dit Epictète il y a plus de 2,000 ans, et c’est encore vrai de nos jours.

Il y a des gens qui s’imaginent que l’obscurité dans le style est un signe de profond savoir et haute intelligence. Il n’y a pas à nier que l’abus de l’abstraction et des mots de plus de cinq ou six syllabes, dont les philosophes et certains auteurs techniques sont si friands de nos jours, obscurcissent leurs ouvrages au point de n’y plus rien comprendre.

Il paraît qu’Emile Faguet, prié de donner son opinion sur Bergson, répondit textuellement : « J’ai lu et relu bien, des fois les ouvrages de M. Bergson ; mais, faute d’éducation philosophique suffisante, je n’en ai jamais compris une seule page. » Pas mal, de la part d’un critique comme Emile Faguet !

D’un autre côté, Bergson a écrit dans la Revue de Paris : « On peut dire que la philosophie française s’est toujours réglée sur le principe suivant : il n’y a pas d’idée philosophique, si profonde ou si subtile, qui ne puisse et ne doive s’exprimer dans le langage de tout le monde. » Et alors !

Le choix des mots

D’abord, les verbes. Ce sont les verbes qui font la force, la résistance et même l’éclat de la parole écrite. Le style de Bossuet en fournit le meilleur exemple. Bossuet ne se contente pas d’employer les verbes ordinaires, il en crée de nouveaux qui surprennent par leur originalité, leur image, leur sens ou leur application imprévue. « Seigneur, votre grâce pleut sur le pauvre comme sur le riche… Versez des larmes avec des prières. … »

Admirez ce passage : « La raison nous conseille mieux ; les sens nous pressent plus violemment ; c’est pourquoi le bien plaît, mais le mal prévaut ; la vertu nous attire, mais les passions nous emportent. »

N’abusons pas cependant du verbe dans la même phrase., Le traité de Stylistique française de Legrand dit qu’à la différence du latin et du style classique, la langue moderne tend à faire prédominer le substantif sur le verbe, et donne cet exemple au sujet d’accusés qui s’étaient d’abord refuses à tout aveu : « Ils cédèrent parce qu’on leur promit formellement qu’ils ne seraient pas punis, » et donne à la place : « Ils cédèrent à une promesse formelle d’impunité. »

Pour que le verbe contribue à la vigueur et à l’éclat du style, il faut qu’il fasse image. Évitons par conséquent être, se trouver, il y a. Par exemple, au lieu de : « Sur le clocher, il y a un drapeau », disons : « Sur le clocher flotte un drapeau. » Non pas « Une soupe bien chaude est sur la table, » mais fume sur la table. Voir le traité de Stylistique cité plus haut.

L’adjectif

Les Américains abusent des adjectifs et, malheureusement, nous en faisons aussi une grande consommation. Nous nous imaginons, en les multipliant, faire preuve d’originalité, traduire des nuances, créer du nouveau. On raconte qu’un journaliste disait à un collègue : « Je te joue douze adjectifs, à choisir par moi dans le dictionnaire, et tu ne peux plus écrire un article. »

Boileau avait raison de dire : « Il suffit d’énoncer simplement les choses pour les faire admirer. Le passage du Rhin dit beaucoup plus que le merveilleux passage du Rhin. »

Rien de plus détestable que l’épithète banale, mais l’épithète neuve et imprévue a beaucoup de charme. Rappelons en passant « le vieillard harmonieux » de Chénier, « les sons veloutés du cor » de Chateaubriand, la « pâle Adriatique » de Musset et bien d’autres.

Le substantif

« Dans le style, » dit Joubert, « le substantif est de nature et de nécessité ». C’est à nous de choisir celui qui convient le mieux à notre idée et qui évoquera, dans l’esprit du lecteur, l’image nécessaire.

De deux mots ayant le même sens, dit-on en anglais, prenez le plus court qui est généralement d’origine anglo-saxonne et par conséquent, mieux dans le génie de la langue. Oui, mais voilà, le français n’a pas de mots tirés de l’anglo-saxon et nous n’avons pas le choix entre « freedom » et « liberty » pour dire « liberté ».

Il est vrai que le latin nous offre parfois deux mots à peu près identiques, comme « maison » et « habitation » auxquels nous en avons ajouté un troisième « home » d’importation étrangère.

Nous avons bien des mots d’origine grecque, mais le vocabulaire gréco-français est pour ainsi dire exclusivement scientifique. Presque tous les nouveaux termes de ce genre sont tirés du grec, particulièrement en médecine. Les médecins de Molière parlaient latin ; aujourd’hui, les nôtres parlent grec, probablement en l’honneur d’Hippocrate. Témoin le Bulletin du mois dernier : hygiène, névroses, psychoses, neurasthénie, etc., sans oublier le dernier-né : médecine psychosomatique.

Les mots font image

Pour trouver des images, il suffit d’avoir un peu d’imagination. Naturellement, il n’est pas nécessaire d’être un Chateaubriand ou un Victor Hugo pour écrire une lettre d’affaires ou un article de magazine, mais rien ne nous empêche de rechercher l’originalité, la grâce et la distinction dans notre style.

Chaque mot et chaque phrase de nos lettres, de nos rapports, de nos articles ou de nos discours, sont aussi importants que le coup de pinceau d’un peintre. Pour rendre nos descriptions réelles et intéressantes, nous n’avons pas besoin de mots étranges ou mystérieux, de termes techniques, d’exagérations ou d’inexactitudes. Il suffit de mots concrets et vivants qui font image.

Au moyen de mots et de phrases agréables à l’oreille, nous faisons appel aux émotions, nous éveillons la sympathie du lecteur, et nous gagnons notre point. Nous sommes alors en passe de devenir artistes du style.

Les métaphores et les comparaisons, quand elles sont simples et brillantes, aident à faire comprendre nos idées. Les plus belles images sont toujours des sensations vraies. Rien n’est plus réel que « cette faucille d’or dans le champ des étoiles » de Victor Hugo. Comparer « la lune à un grand morceau de glace plein d’une lumière immobile, » comme Flaubert, c’est rendre exactement ce qu’on voit.

Encore faut-il que les images soient assez neuves, sinon originales. Quand elles ont trop vieilli, elles deviennent des clichés à peine admissibles dans la conversation.

« Toutes les images vraies et vives », dit Victor Hugo, « deviennent populaires en entrant dans la circulation universelle. Ainsi, courir ventre à terre, rire à ventre déboutonné, être à couteaux tirés, prendre ses jambes à son cou, etc. … autant d’admirables métaphores autrefois, autant de lieux communs aujourd’hui. » Réfléchissons avant d’employer une expression banale qui a perdu toute sa fraîcheur à force de répétition, et essayons de trouver mieux.

L’argot, admis dans la conversation, est entièrement déplacé dans une lettre ou un article. Il est, sans contredit, pittoresque, mais son emploi répugne généralement aux gens bien élevés.

Il arrive souvent, toutefois, qu’un mot d’argot ou une expression familière, devienne respectable. C’est qu’alors, comme nous l’avons dit au début de cet article, il a été consacré par l’usage, adopté par le peuple, et il fait partie du langage.

La beauté des mots

Réfléchissons un instant à la beauté des mots, comme un collectionneur contemple ses trésors. On parle de « la musique des mots » et, sans être musiciens, nous pouvons trouver plaisir à entendre des mots qui sonnent harmonieusement à notre oreille.

L’harmonie d’une phrase dépend de l’assortiment des mots, comme les pierres dans un collier. Étranges ou sublimes, amusants ou tragiques à eux seuls, ils produisent beaucoup plus d’effet quand un artiste de la plume les groupe habilement.

Songez à une phrase ou à des vers qui vous sont familiers. Par exemple, ces vers de Victor Hugo :

Un frais parfum sortait des touffes d’asphodèle ; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.

et analysez le sentiment de plaisir que vous éprouvez à les réciter. Ce sont des mots bien simples en soi, mais combien mélodieux dans leur ensemble.

Ne nous laissons pas toutefois enivrer par les mots, car nous perdrions de vue la clarté à laquelle nous aspirons.

Un bon écrivain recherche d’abord la lucidité et la mélodie ensuite.

Étendons notre vocabulaire

Que faut-il faire pour mieux connaître et mieux aimer notre langue ? Le meilleur moyen est d’enrichir et d’étendre notre vocabulaire. Plus nous connaissons de mots, mieux nous sommes à même de les comparer et d’en remplacer un par un meilleur. Nous avons ainsi un vaste trésor de mots à notre disposition.

Comment faire pour acquérir ce trésor ? Par la lecture des classiques et des bons auteurs. Nous faisons ainsi connaissance avec une grande variété de mots, de nouvelles tournures de phrase, et toutes sortes d’expressions pour toutes les occasions et toutes les nuances de sens.

Plus nous connaissons de mots, plus nous devenons difficiles sur le choix. Celui qui connaît peu de mots est souvent porté à en employer cinq ou six quand un seul suffirait. Cela a l’air d’un paradoxe, mais rien n’est plus vrai.

Il est impossible de faire des amis sans jamais voir personne. Pour enrichir notre vocabulaire, il faut rencontrer de nouveaux mots, et pour cela il faut lire, et plus on lit, plus on s’enrichit.

L’enseignement par la lecture

La littérature est le grand-livre de l’histoire intellectuelle de l’humanité, de ses joies et de ses peines, de ses espoirs et de ses craintes, de ses aspirations et de ses défaites. C’est la vie en entier.

Les livres nous permettent, a dit un poète, « de voir par les meilleurs yeux, d’écouter par les meilleures oreilles, et d’entendre les voix les plus mélodieuses de toutes les époques. » Chacun choisit ses livres comme il choisit ses amis, et son esprit s’élève ou s’abaisse au niveau de ceux qu’il fréquente.

Passer notre temps à lire des niaiseries dans un monde qui contient Racine et Corneille, Shakespeare et Shaw, Chateaubriand et Victor Hugo, c’est choisir un morceau de verre au lieu d’un joyau.

Lisons les bons auteurs – ne nous contentons pas d’en entendre parler. Faisons d’eux notre ordinaire, et lisons également des romans modernes, des magazines et les journaux. Nous apprendrons ainsi non seulement à mieux connaître le coeur humain, l’histoire et la géographie, mais nous enrichirons notre vocabulaire et notre culture littéraire.

Ne négligeons pas le dictionnaire et ayons-y recours quand nous rencontrons un mot qui nous est étranger. Quand nous le rencontrerons de nouveau, il nous sera familier. Commençons ensuite à nous en servir et il fera bientôt partie de notre bagage.

La pratique

Robert Louis Stevenson savait bien que la facilité de s’exprimer s’acquiert par la pratique et il dit à ce sujet : « Quoique j’écrive si peu, je passe tout mon temps consacre au jardinage en conversations et correspondances imaginaires. Je n’arrache pas une mauvaise herbe sans inventer une phrase à ce propos. »

Amusons-nous à comparer l’ensemble des mots à un grand jardin. Comme les fleurs, ils possèdent parfum, texture et beauté ; comme les arbres, force, grandeur et vitalité. Nous sommes les jardiniers chargés de leur culture.

Cultivons joyeusement ce jardin ; semons soigneusement la graine des idées et soignons-en tendrement les fleurs ; n’hésitons pas à arracher les mauvaises herbes qui menacent d’étouffer notre langue.

Abondante et riche sera notre récolte. Les mots nous donnent beauté, nourriture intellectuelle et faculté d’expression ; protestations d’amitié et sentiments de responsabilité. Ils nous permettent de nous faire comprendre par nos semblables et de les amener à notre point de vue.