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Les préjugés sont le plus important problème dans nos rapports avec nos semblables.

Ils nous ferment les yeux aux vérités et aux idées qui nous permettraient de vivre tous en bonne intelligence, de voter avec discernement, de respecter la liberté de conscience, et d’éviter les querelles internationales.

Esope raconte dans une de ses Fables que Jupiter, pour jouer un tour aux hommes, leur donna une paire de lunettes. Chacun en avait une, mais aucun ne voyant les objets sous le même jour, car les unes étaient mauves, les autres bleues, noires, rouges, vertes, jaunes ou blanches. « Et cependant, malgré cette diversité, » dit Esope, « chacun était enchanté des siennes, les jugeant les meilleures, et satisfait qu’elles lui montraient les choses sous leur vrai jour. »

À travers les âges et dans tous les pays du monde, les civilisations ont revêtu différentes phases. Presque toutes les erreurs sociales et individuelles que nous déplorons de nos jours étaient autrefois coutumières dans un pays ou dans un autre. Et c’est de toutes ces pratiques, légitimes et bienséantes à leur époque, qu’est sortie notre culture actuelle. Le respect de ces anciennes traditions nous aidera à mieux nous comprendre et à ne pas nous laisser aveugler par les préjugés.

Nous sommes tous enclins, peut-être à bon droit, à avoir des parti-pris. Nous avons souvent dédaigné les livres qu’on nous conseillait de lire, pour nous en délecter plus tard. La plupart des hommes d’affaires n’aiment pas recevoir des lettres marquées « dictée sans la lire. » Les préposés aux ascenseurs murmurent des mots peu aimables à l’endroit de ceux qui pressent le bouton avec trop d’insistance ; et comment pourrions-nous être bien disposés envers les gens qui nous bousculent dans la rue ?

Nous commettons tous des erreurs

Ce n’est pas de ces parti-pris que nous désirons parler dans ce Bulletin. Les préjugés nuisibles sont ceux dont sont imbus les gens qui ne veulent pas admettre que toute question a deux côtés et qui ne veulent pas voir le vôtre ; pour eux, pas de milieu ; si vous n’êtes pas de leur avis, vous avez tort.

Il est vrai que plus un homme est ignorant, plus il est sûr de ce qu’il pense, et plus il est belliqueusement enclin à regarder votre différence d’opinion comme une insulte.

Les gens intelligents ne se font pas de telles illusions. Ils savent que la certitude absolue est considérée par les savants comme une impossibilité, et les savants, mieux que le commun des mortels, sont en mesure de contrôler le résultat de leurs expériences.

Errare humanum est. Quel est l’homme qui n’a jamais commis d’erreur dans sa vie. Ceux qui ne se trompent jamais sont les morts, comme les momies embaumées depuis quatre ou cinq mille ans.

Nous faisons tort à notre intelligence quand nous repoussons la contradiction, quand nous refusons d’entendre l’autre côté d’une question, ou quand nous réfutons une opinion sans être au courant des faits. C’est là le propre de ceux qui pensent que les nouvelles idées ont peut-être eu du bon autrefois, mais qu il est temps de s’arrêter d’en avoir ; qui fréquentent les milieux ennemis des innovations ; et dont on peut dire, comme Stefan Zweig à propos d’un célèbre pasteur protestant : fondamentalement honnête et sincère, mais avec des oeillères de cheval ; un de ces hommes « pour qui seule est vraie leur propre vérité, seule vertueuse leur propre vertu, et seul chrétien leur propre christianisme. »

Esprits étroits

Le malheur est qu’il est impossible de prouver qu’ils sont dans l’erreur aux gens imbus de préjugés. La plupart du temps ils vous citent triomphalement quelque cas isolé où ils ont eu raison. Ils semblent incapables de saisir le sens des règles et des principes. Ils sont pareils à ceux qui riaient de Socrate quand il essayait d’enseigner aux hommes une nouvelle méthode de raisonner courageusement, et qui le condamnèrent à boire la ciguë, noyant ainsi toute une civilisation dans sa coupe.

La plupart de ces gens-là ont recours à un procédé qu’ils appellent « prendre une décision » et ferment ensuite leur esprit hermétiquement. C’est un procédé à éviter par ceux qui cherchent à se faire une bonne philosophie. Ils éviteront le dogmatisme, la suffisance, le parti-pris, et l’étroitesse de vues. Ils se rendent compte que les hommes doivent chercher à se comprendre pour jouir pleinement de la vie.

L’étroitesse d’esprit est due à différentes causes. Quand nous étions jeunes nous étions tous tolérants. Nous jouions avec les enfants de nos voisins sans nous préoccuper de race, classe ou religion. Mais les principes artificiels de l’âge mûr ont élevé des barrières contre cette démocratie de l’enfance.

On observe un bon exemple de cet état de choses dans les trains qui emportent chaque soir les écoliers de Montréal à la banlieue. Il y a parmi eux au moins trois races différentes, et pourtant ils causent et plaisantent entre eux en bons camarades. On voit à leur physionomie franche et ouverte que cette camaraderie est de bon aloi. Ils n’ont pas encore de préjugés.

Un jour ou l’autre ils s’apercevront qu’on fait des distinctions dans leur famille, dans leurs écoles et dans presque tous les autres cercles de leur vie. Beaucoup d’entre eux adopteront les distinctions de leur groupe, non pas parce qu’ils en partagent les préjugés, mais parce qu’il est plus facile de se soumettre à la loi commune que de la combattre.

Malheureusement, l’opinion à laquelle ils se trouvent obligés de se soumettre est souvent basée sur des on-dit ou sur la tradition : ce que Voltaire a appelé « la raison des imbéciles. » Bien avant Voltaire, un philosophe de l’école cynique avait dit que ce qu’il est le plus nécessaire d’apprendre est de désapprendre les préjugés.

Cause des préjugés

Nous devons beaucoup de nos préjugés au fait que nous acceptons aveuglément certaines croyances partagées par des membres de notre groupe : parfois, au fait que nous ne réfléchissons pas assez, et souvent parce que nous nous laissons entraîner par nos préférences.

L’envie est la cause de beaucoup de préjugés. Celui qui est incapable de se tirer d’affaire est tente de s’opposer au succès d’autrui. En vérité, ceux qui feraient généralement tout leur possible pour aider un voisin dans le malheur, sont souvent aigris s’il lui arrive un coup de fortune. Les préjugés sont purement personnels. Même lorsque la conduite d’un autre a soulevé en nous un sentiment quelconque – envie, colère ou peur – c’est nous-mêmes qui créons le préjugé par la manière dont nous jugeons cette conduite.

Pourquoi blâmer les autres pour nos opinions ? C’est à nous de mettre bon ordre à celles-ci de manière à nous éviter les ennuis et les préjugés ainsi qu’une foule d’autres pensées qui nous sont nuisibles. On peut vraiment dire que nos préjugés font moins de tort aux autres qu’à nous-mêmes, physiquement, moralement et intellectuellement.

Il nous est facile de tolérer les opinions d’autrui quand elles nous plaisent, mais c’est à nous de nous armer de philosophie pour supporter celles qui nous déplaisent. La tolérance fait la part de l’essentiel et ignore le superflu. Elle admet que les fermes convictions sont admirables quand il s’agit de choses importantes, mais qu’il est dommage de leur laisser provoquer des querelles pour des bêtises.

Esprits ouverts

Il n’est pas nécessaire d’avoir une opinion sur tout. Notre savoir est infiniment moindre que tout ce qui reste à savoir. Un savant peut faire des recherches pendant des années sans arriver à une seule opinion. Ses méthodes lui imposent de ne rien croire sans preuve. Comme lui, nous trouverons profit à travailler assidûment à la recherche de la vérité, et à nous en assurer avant d’exprimer nos opinions. C’est beaucoup plus intéressant et plus profitable que d’essayer de prouver qu’on a raison.

Quand nous apportons un esprit ouvert à nos choix et nos jugements, nous nous apercevons que rien n’est entièrement vrai ou faux, et que rien n’est entièrement bon ou mauvais. Ce qui apparaît à des yeux indifférents comme une tache sur la réputation de quelqu’un, vous apparaîtra peut-être, en votre qualité de philosophe, comme une cicatrice honorable.

Il est intéressant de comparer sur ce point les opinions de trois hommes éminents dans différents domaines et à différentes époques. Socrate, le philosophe grec du 4e siècle avant J.-C., dit : « J’aimerais beaucoup me laisser persuader, mais pas contre mon propre jugement. » Thomas Carlyle, l’écrivain écossais, dit : « Il est utile, même essentiel, de voir les bonnes qualités d’un homme avant de se prononcer sur ses mauvaises. » Et Thomas Edison, l’inventeur, a dit : « Je n’ai pas de conclusion à offrir ; je suis seulement en train d’apprendre. »

Rapports humains

Les rapports humains sont le résultat d’un jeu compliqué de pensées et de sentiments. Il peut en sortir l’accord, le manque d’accord ou un malentendu.

Notre attitude envers certaines personnes est souvent dictée par notre attitude envers tout le monde en général, mais il existe des distinctions. Par exemple, on peut aimer sincèrement une personne d’une autre race ou d’une autre religion, tout en ayant des préjugés de race ou de religion.

Si nous voyons une personne, que nous croyons bien connaître, agir contrairement à ce que nous attendons d’elle, ou bien nous en sommes choqués, ou bien nous essayons de justifier notre fausse idée d’elle en disant qu’elle a tort d’agir ainsi. Ce n’est que rarement qu’il nous arrive de réfléchir que c’est nous qui avons tort de nous attendre à la voir agir à notre idée ; que nous avons peut-être des préjugés à son égard.

Nous nous exposons particulièrement aux malentendus quand nous hésitons à faire connaître nos idées et nos sentiments à nos amis, ou quand il existe une sorte de barrière entre nous. Les hommes d’affaires y sont exposés continuellement, parce que la nature même des affaires exige la collaboration entre ceux engagés dans le même travail.

Les gens enclins à l’introversion ont de la peine à comprendre ceux qui sont enclins à l’extroversion. Ils obéissent à des impulsions différentes et ne voient pas la vie sous le même jour. Le mieux est de se rendre compte que chacun de nous est doué de sa propre individualité. C’est le sort de chacun de voir la vie à sa manière et d’en faire ce qui lui paraît le mieux. Nous éviterons beaucoup de préjuges en nous souvenant de cela.

Une fois de plus, comme nous l’avons dit si souvent dans ces Bulletins, il est bon de regarder d’abord le bon côté. Quand nous cherchons ce qu’il y a de bon dans un homme, nous avons plus de chances d’apprécier ses qualités et de trouver qu’elles l’emportent de beaucoup sur ses défauts.

Communication des idées

Parmi toutes nos affaires humaines, la communication des idées occupe la place la plus importante. Nous risquons de commettre de graves erreurs de jugement en oubliant que deux choses peuvent être appelées du même nom sans rien avoir de commun.

Tout ce qui existe dans la nature n’est pas simplement ceci ou cela. La nature va par degrés : du chaud au froid, de la tempête au calme, d’un organisme minuscule à un énorme animal. Quand nous appliquons cette comparaison à ce qui se passe autour de nous chaque jour, nous trouvons qu’il existe généralement un passage graduel d’extrême à extrême.

Kenneth S. Keyes nous donne quelques conseils pour éviter cette erreur dans son livre How to Develop Your Thinking Ability. « Il faut faire preuve de patience quand on essaie de nous pousser à une extrémité. Si nous tombons dans le piège… on nous fera facilement passer pour des imbéciles. » M. Keyes nous conseille ensuite d’employer plus souvent le mot « beaucoup de gens » au lieu de « tout le monde » ; « généralement » au lieu de « toujours » ; « rarement » au lieu de « jamais » ; et « semblable » au lieu de « même ».

Un autre moyen d’éviter les préjugés est de définir les mots et les idées. « Définissons nos termes » n’est pas une parole en l’air, mais une bonne précaution quand deux personnes discutent une question sérieuse.

Nécessité d’une philosophie

Il est impossible d’éliminer entièrement les préjugés, (en tout cas, dans l’état actuel du progrès humain) mais on peut réduire leur influence dévastatrice et leur effet pathologique en acquérant la sagesse. Sans l’aide de l’instruction, l’intelligence demeure l’esclave des préjugés et de la superstition.

Aucun de nous n’en sait assez. Il est toujours possible de continuer à s’instruire en mettant à profit l’opinion de toutes sortes de personnes sur le même sujet, et en étudiant tous les aspects sous lesquels il se révèle à leur esprit.

Combien préférable cette méthode à celle d’arriver à des décisions et des jugements en nous appuyant sur de pures conjectures ou des superstitions populaires ! Songez à la futilité de deviner au hasard : quand même un million de personnes devineraient la distance de la terre à la lune, elles ne seraient pas plus avancées, et même si l’une d’elles tombait juste (environ 238,857 milles) elle n’en aurait aucune certitude.

Il y a grand avantage à voir les choses, de la plus petite à la plus grande, comme elles apparaissent aux autres. En lisant un livre ou un contrat, vous pouvez suivre pas à pas l’idée de l’auteur, mais pour voir ce qu’il a vu il vous faudrait ses yeux. Il faut se mettre à sa place, se demander dans quelles circonstances il se trouvait et de quels sentiments il était animé ; ce qu’il se proposait de faire et par quels moyens il y est arrivé.

Attendu que dans la plupart des cas nous ne pouvons pas nous faire une idée exacte de la situation, pourquoi ne pas dire qu’un tel s’est conduit comme ceci ou comme cela à un certain moment, au lieu d’affirmer positivement que c’est un imbécile, un menteur ou un fat ? Cette méthode nous épargnerait beaucoup de chagrins et d’ennuis.

Noir et blanc

Les savants nous disent que rien n’est entièrement blanc ou noir. Habituons-nous donc à penser en degrés de blanc et de noir, de bon et de mauvais, de sain et de malsain.

Keyes parle, dans le livre cité plus haut, d’un produit chimique appelé phenyl-thiocarbimide. Une personne sur cinq le trouve sans goût, 65 sur cent le trouvent amer, 5 sur cent aigre, 2 sur cent insistent qu’il est sucré, et 5 sur cent sont persuadées qu’il est salé. D’autres lui trouvent un autre goût, et il n’y a pas deux personnes qui s’accordent sur ce point. En conséquence, il est futile de nous disputer à ce sujet, et nous ne saurions en vouloir à nos amis dont l’opinion diffère de la nôtre.

Notre méthode de raisonnement est souvent incapable de nous servir dans un monde où n’existent pas même deux choses identiques. Il est vrai qu’elles offrent des similarités, mais cela ne nous dispense pas d’ignorer les différences. Ralph Waldo Emerson a dit : « La nature ne fait jamais rimer ses enfants ni ne fait deux hommes pareils. »

En outre, aucune idée ou pensée ne nous vient jamais seule à l’esprit. Elles se présentent en foule, toutes en même temps ou à la suite les unes des autres. Et nous différons nous-mêmes des autres sous le rapport de l’intelligence, de l’éducation, de l’hérédité, du milieu et des aspirations. Sûrement, en face de toutes ces pensées vagabondes, qui menacent toujours de nous faire regretter un mot prononcé étourdiment ou une action irréfléchie, il convient de considérer nos idées sous tous les aspects – et peut-être de pencher légèrement vers une conclusion différente de celle que nous désirons.

Le juste milieu

Dans la plupart des cas il existe un juste milieu dans lequel nous pouvons nous entendre avec ceux qui partagent des opinions différentes des nôtres. Au lieu d’être un compromis, ce juste milieu nous permet de rapprocher nos manières de voir sans nous les imposer l’un à l’autre.

Comment trouver ce juste milieu ? Nous en avons des exemples chez les auteurs anciens et modernes, mais l’important est de s’enquérir de la vérité, respecter l’opinion d’autrui, et veiller à ne pas décider arbitrairement qu’une chose ne peut être que « noire ou blanche » ou de choisir seulement entre « tout ou rien. »

Par-dessus tout, peut-être, est-il nécessaire de se connaître les uns les autres. Ceux qui ne partagent pas nos idées n’en sont pas moins sympathiques. Il existe autour de nous une foule de gens dignes d’être aimés et fréquentés. Encore faut-il les connaître et nous faire connaître d’eux.

Changement d’idée

D’aucuns s’imaginent que c’est un crime de changer d’idée. Cependant rien n’empêche de dire une chose un jour et le contraire le lendemain. Le monde change et nous aussi. Ce qui était vrai hier ne l’est souvent plus aujourd’hui.

C’est un signe de vitalité d’admettre que nous avons changé d’idée ; cela indique que nous sommes devenus plus sages. L’homme sage garde un esprit ouvert de manière à reconnaître les changements importants.

Les gens à esprit étroit sont portés à s’en tenir aux vieilles idées. Ils n’aiment pas à avoir à se demander si elles sont encore bonnes ; et, de plus, ils se fâchent quand on attaque leurs croyances.

Recherche de la vérité

Un bon philosophe reconnaît que si une chose est vraie, il faut l’admettre, si incroyable ou désagréable qu’elle soit. On n’enlève pas sa valeur à une chose en apprenant la vérité à son sujet. Les faussetés et les préjuges du monde sont impuissants contre la vérité et s’évanouissent quand ils y sont suffisamment exposés.

Dans le roman fantastique She, de Rider Haggard, la vérité est représentée dans le temple de Kor par la statue d’une femme, penchée en avant les ailes ouvertes. Elle tend les bras comme une femme sur le point d’embrasser un être aimé. Son attitude est tendre et attirante ; sa face légèrement voilée. L’inscription dit : « N’y a-t-il pas un homme qui écartera mon voile pour regarder ma figure, car je suis bien belle. »

Et sir Richard Livingstone, le fameux éducateur, a assigné une place éminente à la vérité dans le rôle actuel de l’éducation : la vérité est : « … la véracité qui s’efforce constamment de dire la vérité, toute la vérité et rien que la vérité ; qui, dans l’incertitude, s’avoue incertaine ; qui, dans l’ignorance, ne prétend pas savoir ; qui est franche et candide, n’abuse pas d’un injuste avantage dans une discussion, prend soin de ne pas présenter un adversaire sous un faux jour, ou méjuger la force de son argument et la faiblesse de sa propre défense. »

Quand un homme se soumet ainsi à la vérité, il est libre pour la première fois de sa vie – débarrassé de la superstition, des préjugés et du dogmatisme. Il se trouve en possession d’un étrange et nouveau pouvoir, le pouvoir de découvrir et coordonner les faits à sa guise. Il peut se dire un homme instruit. Il est prêt à se mesurer sans crainte avec n’importe qui.

Le besoin de discrétion

Nous ne connaissons pas encore tout ce qui se rapporte à la vie et à la destinée de l’homme, mais nous nous rendons compte qu’il y a encore beaucoup de chemin à faire et beaucoup de choses à apprendre.

Ceux qui s’efforcent de penser juste et de se débarrasser des préjugés ont tendance à s’impatienter contre ceux qui restent en arrière.

La tolérance nous enseigne qu’il ne faut pas s’attendre à trop de la part des autres. Notre point de vue ne leur paraîtra pas toujours raisonnable, et nous nous éviterons de nombreux désappointements en n’exigeant pas qu’ils se conforment immédiatement à nos nouvelles idées.

La retenue dans nos pensées nous enseignera à faire preuve de retenue dans nos rapports avec les autres. Une légende orientale dit : « En faisant le génie, les fées oublièrent un don essentiel, celui de savoir quand s’arrêter. » Ainsi, tout en adoptant la tolérance dans notre mode de vie, nous courons le danger de perdre tous nos avantages en exigeant qu’on nous imite.

Comprenons-nous les uns les autres

De toutes les facultés dont nous a dotés le Créateur, dans nos rapports avec nos semblables, la plus précieuse est celle de comprendre. Comprendre notre prochain, c’est être disposé à lui reconnaître le droit de croire à sa guise, sans embrasser nécessairement ses croyances.

Mais cela est loin de suffire. L’important n’est pas de savoir en quoi consiste la vertu, mais de la pratiquer. Point ne suffit de savoir en quoi consiste la bravoure, il faut être brave ; ne nous contentons pas d’apprendre la définition de la tolérance dans le dictionnaire, soyons tolérants. Et si nous nous décidons à être tolérants, allons plus loin : la tolérance vaut mieux que l’intolérance, mais la charité vaut encore mieux.

Tout cela est simple, pratique, faisable pour tout le monde : et agréable à faire également. La disparition des préjugés et la culture de la tolérance sont appelées à jouer un grand rôle dans la destinée de l’humanité et le bonheur de chacun de nous, dont elles embelliront l’existence.