Skip to main content
Download the PDF Version

Comment les peuples démocratiques n’auraient-ils pas l’esprit confus ? Nous sommes assaillis d’étranges craintes. Hommes et femmes s’intéressent apparemment, plus que jamais dans l’histoire du monde, aux vicissitudes politiques qui bouleversent notre existence paisible.

Les progrès de la science et les inventions modernes compliquent la vie. Nous vivons dans de meilleures conditions sans être pour cela plus heureux. Il est difficile d’expliquer ce qui nous tracasse, mais pour la plupart de nous la vie consiste à nous habituer à des événements imprévus.

Il en était probablement ainsi pour les premiers colons de l’Amérique. Tout était nouveau et étrange pour eux, les animaux, le milieu et les rigueurs du climat, et ils étaient à chaque instant menacés par les Indiens. On peut dire que nos ancêtres, aux époques préhistoriques, vivaient constamment dans la peur.

En regardant loin en arrière, nous constatons avec orgueil que toutes les ambitions matérielles des réformateurs, des philanthropes et des optimistes du dix-neuvième siècle ont été réalisées. Ils cherchaient à supprimer l’esclavage, prolonger la vie, améliorer les conditions d’existence, mettre l’instruction à la portée de tous. Tout cela a été accompli par les démocraties de l’Ouest, mais nous avons de nouveaux problèmes, depuis la cherté de la vie chez nous au bon marché de la vie humaine dans d’autres pays.

Nous nous vantons de notre degré d’instruction, parce que presque tout le monde sait maintenant lire et écrire. Le malheur est que les manchettes des journaux nous ont accoutumés aux crises. On nous emplit de plus les yeux et les oreilles de savantes dissertations sur les instincts, les complexes, les réflexes, les glandes et le problème du transport.

Dans toutes ces expériences, nous sommes partis pleins d’ardeur et d’idéal, pour n’aboutir à rien si ce n’est à la confusion. Nous sentons le besoin de mettre nos idées au point et nous nous embrouillons quand nous essayons de rester dans le cadre de nos principes et de notre culture.

La vie a du bon

L’homme peut être heureux, comme individu ou comme humanité tout entière, quand il a un but dans la vie. La perfection et le bonheur permanent sont impossibles, mais en nous efforçant de les atteindre nous éprouvons la satisfaction d’agir. Comme dit Shakespeare, nous pouvons être heureux du fait que nous ne sommes pas trop heureux. Soyons satisfaits de n’être pas l’enfant chéri de la fortune.

Nous avons incorporé dans le mot « progrès » tout un système de philosophie et de politique. La civilisation de notre siècle prodigue les dons en abondance au commun des mortels ; il est entouré de merveilleuses machines, de soins médicaux, de gouvernements paternels et de privilèges de toutes sortes.

Si l’homme devient jamais satisfait, il sera temps de se demander si l’humanité et la culture sont menacées de dégénérescence. La civilisation n’émerge pas quand la vie est trop facile. C’est là une loi que nous enseigne la paléontologie comme la bio-géographie : la vie humaine n’a pris naissance et n’a commence a progresser que lorsqu’elle a réussi à surmonter les difficultés qui l’entouraient.

Prenons la puissance atomique. Elle nous promet l’abondance aussi facilement que la désolation, mais seulement à condition de résoudre le problème de son emploi. Il faudra pour cela établir un principe et en assurer l’application. Cela demandera chez les hommes comme chez les nations le désir de créer au lieu de détruire.

À la recherche d’un principe

Où trouver le principe qui satisfera tout le monde ? Voilà la question la plus importante de notre époque. Nous pouvons être certains de plusieurs choses, mais leur valeur est principalement négative : il est impossible de trouver un principe unitaire dans les mouvements nationalistes, les dogmes politiques, les programmes pacifiques ou les panacées économiques. Il nous faut un principe moral et universel, qui fera appel aux meilleurs sentiments des peuples de toutes les cultures, un principe ferme et énergique, capable de triompher de tous les obstacles que les anciennes coutumes et l’égoïsme mettront sur son chemin.

Aucune signature ou cérémonie ne saurait remplacer une vraie culture spirituelle qu’Arnold J. Toynbee décrit comme suit dans son livre Civilisation on Trial : « La force intérieure qui seule crée et soutient les manifestations externes de ce que nous appelons la civilisation. »

Bâtir sur une base spirituelle de ce genre ne signifie pas que l’homme devra abandonner son train de vie, réfréner ses facultés naturelles, ou mépriser la science ou le progrès. Au contraire, comme l’a si bien dit Sa Sainteté Pie XI dans son Encyclique de 1929 : « Il ennoblit ainsi ce qui est simplement naturel dans la vie et lui donne une vigueur nouvelle dans cet ordre matériel et temporel, aussi bien que dans l’ordre spirituel et éternel. »

Quand les moyens de vivre confortablement dans une civilisation en marche ont été impitoyablement coupés par une catastrophe sociale, il existe, dit Toynbee, quatre portes possibles de sortie. Trois mènent à un cul-de-sac et « une seule, que nous avons appelée transfiguration, éclairée par la lumière de la Chrétienté, mène droit au but. »

À quoi attribuer notre état d’esprit ?

Il est bon de se demander, étant donné nos connaissances scientifiques et nos progrès techniques, pourquoi nos idées ne sont pas plus claires.

Est-ce parce que personne ne sait vers quel centre les êtres humains sont susceptibles de graviter et par conséquent notre vie n’a pas de but précis ? Tout ce que font de nos jours les gouvernements et les individus semble n’être que provisoire et dépendre de ceci ou de cela hors de leur pouvoir.

Nos esprits sont-ils embrouillés parce que nous avons été installés à notre naissance au milieu de richesses et de prérogatives inconnues dans les autres époques ou les autres formes de société ? Nous n’avons rien fait pour les créer, et nous sommes obligés de vivre à leur hauteur, parmi toutes leurs perplexités. Il faut avouer que les abondantes ressources dont nous héritons au Canada en 1951 nous enlèvent toute chance d’accomplir notre destinée par la lutte et l’effort, comme nos ancêtres d’il y a cent ans.

La confusion qui règne dans nos esprits est-elle due au fait que nous éprouvons un tel intérêt dans les affaires des autres peuples que nous vivons dans un état de tension continuelle et que les plus petites choses nous tracassent ?

Ou bien est-ce parce que nous nous sentons isolés comme un naufragé dans la mer immense, loin du secours et du confort. Cela est réellement horrible. Nous lisons dans le récent roman Jenkins’ Ear : « Beaucoup d’hommes et beaucoup de femmes ont chanté et exulté au milieu des flammes parce qu ils étaient convaincus que leurs tourments n’étaient pas ignorés et qu’ils ne souffraient pas en vain. Mais sentir que cela ne fait rien à personne… vous vous souvenez du cri de Byron : « C’est à en devenir fou ! ».

La peur

Il est naturel d’avoir peur, qu’il s’agisse de la bombe atomique ou de quelque chose d inconnu. Celui qui prétend ne pas avoir peur avoue qu’il manque d’imagination. Le mystère est généralement ce qui cause la peur, et « mystère » signifie simplement ignorance de la réalité. Quand nous ne connaissons pas la forme du danger, tout en sachant qu’il existe, cela nous tourmente davantage que sa découverte, si terrifiante qu’elle soit.

Nos peurs sont quelquefois trop grandes pour ce qui semble en être la cause, et le seul moyen de nous assurer s’il est nécessaire d’avoir peur est d’en découvrir la raison. Si nous avons peur de quelqu’un, demandons-nous ce qu’il peut faire de pire et préparons-nous en conséquence. Si nous ne savons pas de quoi quelqu’un nous menace, demandons-lui pourquoi il nous en veut, avant que la peur ne se tourne en haine.

Point ne sert d’ignorer le danger. Bien souvent ce n’est pas la peur qui nous fait trembler, mais nous avons peur parce que nous nous laissons trembler. Ibsen indique un bon moyen pour se guérir de la peur dans une de ses pièces. Bjorn demande : « As-tu peur d’une chambre noire ? », et Finn répond : « Pas pendant le jour. »

La confusion qui règne dans nos esprits est due à d’autres causes que la peur, par exemple la différence entre les gens. Nous différons les uns des autres par l’hérédité, l’éducation et nos désirs. Toutes les personnes que vous coudoyez dans la rue sont inévitablement différentes. Il sera toujours impossible aux extrovertis de réellement comprendre les introvertis, à ceux qui aiment la société de comprendre ceux qui préfèrent la solitude, et à ceux qui n’aiment pas la musique de voir du plaisir à écouter une symphonie. Cette diversité de caractères a bien son charme, mais elle prête certainement à la confusion.

Apprenons non seulement à tolérer lés manies des autres, mais à y prendre plaisir. Respectons les droits et privilèges de chacun ; écoutons le pour et le contre ; efforçons-nous d’aimer ce qui nous déplaît chez les autres. Nous ferons ainsi preuve de noblesse d’esprit et cela nous aidera à dissiper la confusion causée par la conduite de nos voisins, de ceux avec qui nous sommes en relations d’affaires et des peuples étrangers.

Moyens de refuge

Nous avons plusieurs moyens de refuge à notre disposition. Il nous arrive de regretter le bon temps d’autrefois. Dans un article de Saturday Night Mary Lowrey Ross dit au sujet de sa grand-mère : « Dans toute sa vie, elle n’avait jamais entendu parler de fission nucléaire, de douleurs sacro-iliaques ou de vitesse ultra-sonore. Je n’aimerais pas vivre à son époque, mais il ferait bon d’y passer quelque temps. »

Le temps marche impitoyablement et il nous est impossible de retourner au Moyen-Âge ou même au mois de juillet 1945 avant la première bombe atomique. Nous devons étudier le passé et apprendre ce qu’il nous enseigne, mais nous ne pouvons pas revenir aux jours de notre enfance pour retrouver la protection et le confort.

Le cynisme ne nous sert à rien ; il ne fait que détruire le peu de confiance qui nous reste dans notre capacité de nous débrouiller. Nous ne croyons plus aux procédés magiques qui nous ont leurrés si souvent. Nos ancêtres avaient déjà perdu foi aux filtres et sortilèges, et nous avons depuis fait de grands progrès dans la science.

La psychiatrie, qui traite les maladies psychologiques, commence à être considérée comme le moyen de guérir non seulement les individus, mais des groupes de personnes, des nations entières, et toute la race humaine de « maladies » comme la guerre et les dissensions internationales.

Mais ne nous laissons pas enlever les choses qui causent notre confusion avant d’avoir quelque chose de meilleur à la place. Les guérisseurs n’ont pas le droit de supprimer notre point d’appui avant de nous mettre sur un terrain solide.

La science sociale cherche la solution de ces gros problèmes : comment trouver la paix, la liberté, l’ordre, la prospérité et le progrès dans différents états d’existence ? Comment établir les conditions de bien-être qui règnent dans plusieurs parties du monde ou dans certains groupes, pour en faire jouir d’autres groupes ou d autres régions de la terre ? Comment faire accorder tous les esprits dans une démocratie universelle ? Comment profiter des avantages d’une technologie croissante sans détruire d’autres avantages que nous chérissons ? Telles sont les questions proposées par le Dr Louis Wirth de l’Université de Chicago.

Les gouvernements ainsi que les esprits sociaux ont des responsabilités, mais ce n’est trop souvent que le côté politique qui les intéresse. Beaucoup de gens pensent moins à ce qu’un gouvernement devrait être qu’à ce que le gouvernement est capable de faire pour eux. De cette manière, ils perdent tout empire sur le gouvernement en devenant ses bénéficiaires. Et les gens qui se rotent des largesses à même les coffres supposés inépuisables du gouvernement ne contribuent guère à dissiper les confusions de notre époque.

Il serait merveilleux si les gouvernements s’appliquaient aussi énergiquement à perfectionner le caractère des gens qu’ils s’efforcent d’améliorer leur état. Il vaudrait mieux leur inculquer un seul principe que de leur rendre la vie aussi facile que possible.

L’importance de nous entendre

Il ne nous reste plus que quelques années pour trouver les moyens de comprendre nos concitoyens et les peuples étrangers et nous faire comprendre par eux. Le principal obstacle est la difficulté de communiquer les idées. Ce n’est pas seulement une question de langage, quoique cela soit important, mais nous sommes embarrassés parce que nous ne savons pas où et comment dire tout ce que nous avons à l’esprit – et la plupart du temps ceux à qui nous nous adressons ne sont pas à l’écoute.

À propos du fait que nous n’arrivons pas à communiquer les idées d’une manière satisfaisante, le Dr Robert M. Hutchins a dit à Toronto le mois dernier, qu’à partir du moment où nous sommes entrés si subitement dans l’âge atomique, le problème est devenu d’une urgence presque désespérée. « Nous ne sommes plus qu’à deux pas de la destruction, » a-t-il dit. « La prochaine fois que nous manquons de nous entendre, nous périrons par millions, après avoir découvert, quelques minutes trop tard, combien il aurait été avantageux d’avoir appris à parler aux autres peuples et à écouter ce qu’ils avaient a dire. »

Le Dr Hutchins avait sans aucun doute la menace du totalitarisme à l’esprit en disant cela. Ce sont les idées dans l’esprit des hommes qui anéantiront la civilisation, et l’esprit des dictateurs ne fait aucun cas de toutes les choses auxquelles nous attachons tant de prix.

Pour le dictateur, le sentimentalité, la pitié, la justice, la charité, les trésors spirituels ne sont que des mots vides de sens et ils ne connaissent que la cruauté et la brutalité. Les gouvernements despotiques abhorrent les rêveurs, les saints et les philosophes. Ce sont des gêneurs dont ils ont hâte de se débarrasser. Comme a dit le poète : « Combien sont morts pour la gloire de César » !

Parmi toutes les horreurs du communisme, il en est une plus difficile à comprendre que toutes les autres : pourquoi les habitants des pays communistes se soumettent-ils à toutes les épreuves qu’on leur impose ? Nous ne voyons pas qu’ils soient plus heureux sous ce régime : au contraire, ils vivent dans la dégradation et la misère, comme des animaux, sans même aucun droit de penser à leur guise.

Nos croyances

Les pays démocratiques sont attachés à leurs croyances, depuis celle du droit de vivre en paix jusqu’à celle du droit d’aimer, de pratiquer la vertu, de penser et de travailler. Nous éprouvons de la satisfaction à rechercher la vérité et à nous conduire noblement. Nous croyons fermement que nous avons des devoirs envers notre famille, notre pays et nous-mêmes.

Nous croyons au droit de liberté. De notre liberté morale dérive notre droit à la liberté politique et notre devoir est de conserver celle-ci inviolable.

Chez nous, tout le monde a le droit de s’instruire dans cette époque de curiosité intellectuelle. Un peuple intelligent ne saurait se contenter de vils plaisirs. Il préfère les plaisirs de l’esprit et de l’âme. Continuons donc à nous instruire au moyen de nos connaissances actuelles et marchons constamment dans la voie de la vérité.

D’aucuns citent un proverbe pour masquer leur ignorance. « Une petite somme de connaissances est une chose dangereuse. » Mais ce qui est encore plus dangereux est une grosse somme d’ignorance. L’ignorance provoque des erreurs qui sont amusantes chez un individu mais tragiques chez une nation. Un clown qui glisse sur une peau de banane nous fait rire, mais il est triste de voir une nation tomber dans la barbarie.

À mesure que s’étend le champ de nos connaissances nous devenons mieux capables d’éviter les préjugés et la superstition. Rien n’est plus décourageant que d’avoir affaire à une personne si stupide qu’il est impossible de lui faire entendre raison. Le proverbe arabe dit : « Celui qui est ignorant et qui ne sait pas qu’il est ignorant est un imbécile – fuis-le comme la peste. »

En nous instruisant nous apprenons à penser. La pensée est la faculté de comparer, combiner et étudier les idées. Ce n’est pas un acte passif de l’esprit ; au contraire, il demande du travail et de l’application, et c’est en comparant les choses et les idées que nous découvrons en quoi elles diffèrent et se ressemblent.

La pensée comprend trois stades : nous observons et recueillons d’abord les faits ; nous les expliquons par des hypothèses plus ou moins plausibles, et nous confirmons les hypothèses par l’observation. Cette méthode ne laisse rien au hasard et nous évitons ainsi d’accepter des conclusions basées sur des on dit (qui, ne l’oublions pas, sont généralement faux ou exagérés).

Évitons le chaos

On ne saurait trop recommander aux démocraties de ne pas se laisser « tomber dans le chaos ». Prenons garde de nous habituer aux tracas que nous imposent les circonstances au point de perdre les qualités et les capacités que nous avons si durement gagnées.

Il serait en effet fatal de penser que le présent état du monde est normal.

Il n’est pas facile de mettre en ordre notre univers intellectuel et spirituel, mais cela est nécessaire si nous ne voulons pas tomber dans la confusion et le chaos, et voir engloutir toutes nos générations de progrès dans la violence et la terreur.

Pour mettre de l’ordre dans nos esprits, il faut d’abord nous rendre compte de ce qui se passe et prendre la décision d’agir. Étudions ensuite les événements et agissons en conséquence.

Giuseppe Mazzini, le patriote italien, se plaignait amèrement des gens qui voient leurs principes foulés aux pieds sans rien faire pour les protéger : « Ils levèrent un instant leur tête somnolente et retombèrent ensuite dans leur torpeur. Ils voyaient passer la procession de nos martyres sans se douter que leurs droits : leur vie, leur salut étaient enterrés avec eux. »

Aucune prescription exacte ne s’applique à notre mal du moment. Apres nous être informés et avoir réfléchi, associons-nous à ceux qui partagent nos croyances.

Il ne suffit pas de souscrire à la cause, mais y participer activement, peut-être pas dans les grandes entreprises, mais dans les petites choses dont l’ensemble constitue notre train de vie. Comme il est dit dans le Second Livre des Rois, « Les serviteurs de Naaman lui dirent : Mon père, si le prophète t’eût dit quelque chose de difficile, ne le ferais-tu pas ? Combien plus lorsqu’il te dit : Lave-toi et tu seras pur ! »

Les petites choses sont importantes, mais il faut nous garder de la plus grande faiblesse de la démocratie qui est de sous-estimer la valeur de l’effort personnel. Le sort de la société dépend souvent d’un fait insignifiant. Un philosophe grec est même allé jusqu’à dire que si Ménélas s’était montré raisonnable au sujet d’Hélène et avait pris son parti d’en être débarrassé à bon compte, il n’y aurait pas eu de Guerre de Troie.

Les gens les plus ordinaires sont capables de choses extraordinaires et le système démocratique offre les meilleures chances de développement. Presque toutes les grandes découvertes et inventions des temps modernes ont eu lieu parmi les peuples que leur gouvernement laissait libres de se développer à leur guise.

Notre philosophie

Tout le monde a besoin d’un système de philosophie, et il est peut-être possible d’en dégager un de cet aperçu rapide et incomplet de l’état du monde. On peut certainement dire qu’il n’y a jamais eu de meilleur moment pour réfléchir et philosopher.

Demandons-nous d’abord : « Où allons-nous ? » Cela est plus pratique que de se demander : « D’où venons-nous et pourquoi ? » Chaque pas en avant est un gain, non pas seulement parce que nous gagnons du terrain, mais parce que nous pouvons mieux voir ce qui vient ensuite. Personne n’a jamais mieux exprimé cette idée que H. G. Wells : « L’homme vit constamment dans l’aurore. La vie commence et ne fait jamais que commencer. Elle continue éternellement. Chaque pas semble plus grand que le dernier et ne fait que nous préparer au suivant. »

Parmi toutes les nations importantes du monde, le Canada est celle qui a le moins de raisons de se plaindre. Au cours du dernier demi-siècle nous avons cessé d’être un avant-poste de l’Europe. Nous avons pris une part importante aux affaires internationales. Nous sommes passés de l’état primitif dans lequel vivaient les premiers colons français et britanniques à une civilisation qu’ils auraient jugée infiniment complexe.

Tout le monde n’admet pas que tout cela soit nécessairement bon. Quelques orateurs et écrivains font un portrait extravagant de notre destinée, mais il n’en est pas moins vrai que nous sommes où nous sommes, avec un haut standard de vie, de hauts idéals, de hauts principes moraux, et une vigoureuse race de citoyens. Nous croyons en la bonté, l’honnêteté, les joies de la famille et le respect de la loi.

Nous croyons également que si nous pratiquons assidûment ces vertus et nous avons foi en la bonté divine, le droit et la justice finiront par triompher dans le monde, et nous sommes heureux de participer à ce résultat.