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L’histoire du Canada a des forêts pour arrière-plan. En réalité, les forêts ont joué un grand rôle dans les progrès et le bien-être de l’humanité dans tous les pays et à tous les âges. Sans bois, l’histoire serait différente.

Prenez le Canada de nos jours. Sur toutes les richesses dérivées de nos ressources – agriculture, forêts, pêcheries, fourrures, et mines – les forêts produisent le tiers ou, pour être exacts, 32 pour cent. C’est sur ces industries fondamentales que repose le commerce du Canada.

Dans les pays bordés par la mer, les forêts ont été le fondement des industries de la construction de navires, de l’expansion maritime et des exploits sur mer. Dans les premiers jours de notre histoire, les forêts de notre rivage oriental ont joué un important rôle. Leur situation favorable par rapport à l’océan et aux fleuves a permis à nos colons d’établir un commerce florissant avec les pays d’outre-mer. C’est là qu’était la forêt vierge de l’Évangéline de Longfellow. Les navires de la Nouvelle-Écosse étaient connus dans tous les pays du monde, et en 1878 la flotte maritime du Canada occupait le quatrième rang dans le monde. Les navires d’acier nous ont fait perdre ce rang, mais les forêts qui couvrent nos versants maritimes ont conservé leur valeur. Presque 80 pour cent du terrain de la Nouvelle-Écosse est impropre à l’agriculture, mais il convient admirablement aux forêts.

Les habitants de nos provinces maritimes ont pour tâche de conserver, d’exploiter sagement et de développer nos forêts. À quinze cents milles de là commencent les Prairies, où la tâche est entièrement différente. Il ne s’agit pas d’exploiter une forêt ou un lot boisé déjà sur les lieux, mais d’essayer de faire pousser des arbres où il n’y en a pas.

Les arbres ont poussé d’une façon phénoménale sur les fermes des Prairies. Le programme de distribution entrepris à titre d’essai en 1901 par le gouvernement a eu tellement de succès qu’en 1952 les pépinières avaient distribué 250 millions de plants.

Il n’y a pas très longtemps que l’agriculteur des Prairies souriait à l’idée de planter des arbres, mais aujourd’hui on reconnaît partout les bienfaits des petits lots boisés et des ceintures d’arbres. Il y a trente-cinq ans, on voyait rarement des arbres autour des bâtiments de ferme, il n’y avait pas de jardins potagers ou de fleurs, et on se réjouissait à la vue de quelques saules maladifs sur les bords ou au fond d’un ravin.

Aujourd’hui, les arbres abritent les récoltes, les bâtiments et le bétail. Ils recueillent et conservent la neige, l’empêchent de s’amonceler autour des bâtiments, et la relâchent lentement au printemps pour que sa précieuse humidité féconde le sol. Ils brisent la force des vents chauds en été et modèrent l’évaporation. Ils fournissent un abri pour les jardins et rendent la vie plus agréable.

Emploi du terrain

Cette digression a pour but de montrer que la sylviculture est possible, rémunératrice et souhaitable dans toutes les parties du Canada, depuis les forêts naturelles des versants de l’Atlantique et du Pacifique jusqu’aux pâturages des Prairies. Mais tous les terrains ne conviennent pas aux arbres, ou à certaines espèces d’arbres.

La sylviculture est un des trois principaux moyens d’utiliser le terrain. Les autres sont la culture des récoltes et les pâturages. En général, les forêts, les pâturages et le désert se divisent entre eux la surface de la terre, et ils sont toujours en conflit. Les herbes essaient toujours d’empiéter sur les bois, souvent avec l’aide des hommes désireux d’agrandir leur ferme. Le désert essaie toujours d’empiéter sur les prés, et l’homme lui a parfois aidé : dans le passé, sans le vouloir, mais à notre époque de connaissances générales sur l’érosion, en pleine connaissance de cause.

En Ontario, d’après le rapport de la Commission Royale sur la sylviculture, 1947, la superficie forestière n’est plus que de 9.7 pour cent. Ceux qui ont étudié la question estiment que près de 8,000 milles carrés, soit 5,120,000 acres de terres incultes devraient être reboisées ; la Commission elle-même est convaincue qu’on pourrait profitablement reboiser au moins deux millions et demi d’acres en Ontario.

Il n’y a pas de règle fixe sur les endroits où on doit ou non planter des arbres. Il faut examiner chaque cas individuellement et peser les résultats futurs aussi bien que les effets immédiats. L’assèchement des marais peut avoir de bons ou de mauvais résultats. Il n’a pas fallu de réservoirs pour le marais Holland en Ontario et les cultivateurs mettent à profit le terrain ; l’assèchement des marais en Floride, d’un autre côté, a été désastreux du point de vue naturel aussi bien que financier. Il faut écouter les techniciens et user en même temps de bon sens.

Différentes parties du pays demandent des arbres et des soins différents. Une forêt bien tenue en Colombie-Britannique ne ressemble pas du tout à une forêt du Nouveau-Brunswick, et pourtant chacune est parfaite à sa place. Les arbres sont adaptés au sol et au climat et, autant que possible, aux besoins du propriétaire.

Ils ont, toutefois, certaines qualités en commun. Les mauvais arbres ou ceux qui étaient de trop ont été coupés pour donner de la place aux bons. Il n’y a pas d’arbres trop âgés ou sur leur déclin, pas d’arbres malades ou endommagés, pas d’arbres trop touffus ou mal formés. Le sol de la forêt est couvert d’aiguilles, de feuilles et de brindilles, de façon à permettre au sol d’absorber la grande quantité d’eau nécessaire aux arbres. Il n’est pas permis d’y laisser paître les troupeaux et d’y faire du feu. Telles sont les marques de toutes les bonnes forêts.

Âge, croissance et taille

Ceux qui se proposent de planter un bois ou une petite forêt doivent se méfier de deux dangers : de s’attendre trop vite à des résultats et être désappointés, ou de décider que les arbres mettent trop longtemps à pousser et que les résultats n’en vaillent pas la peine.

Il est vrai que les arbres ne poussent pas aussi vite que les radis ou les capucines. Dans le cas de quelques arbres il faut des siècles ou des demi-siècles – et on peut dire que les pays qui ont la vision et le courage de pratiquer le reboisement en sont récompensés parce que les enfants qui vont maintenant à l’école en recueilleront les fruits.

Si vous voulez qu’on se souvienne de vous, dit l’essayiste, « il vaut mieux planter un arbre que construire une ville ou frapper une médaille – il survivra aux deux ». En Angleterre, il y a des chênes dont les glands mûrissaient lorsque le Roi Jean apposa son sceau sur la grande Charte à Runnymede ; il y a quelques années, il existait encore à Gloucester le chêne mentionné dans le cadastre compilé en 1080-1086 avant J.-C. On dit que les séquoias de Californie ont des anneaux qui les font remonter à 1,300 ans avant J.-C. Et au Mexique il y a un cyprès qui a probablement de 3,000 à 5,000 ans.

C’est là un côté de la question, le côté romantique, qui ne dit pas grand-chose à l’agriculteur canadien qui veut des arbres pour faire des piquets, pour se chauffer, ou pour vendre. Ce qui l’intéresse immédiatement, c’est le fait que dans son milieu naturel à l’est des Rocheuses, une forêt d’épinettes arrive à maturité dans une soixantaine ou une centaine d’années, et que le baume atteint une taille marchande en quarante ans. C’est en ces deux espèces, qui forment 75 pour cent du bois employé par les moulins de pâte et de papier, que consiste la plus grande partie de nos forêts de bois mou. Le tableau suivant est basé sur la moyenne de centaines d’arbres de chaque espèce poussant dans les pépinières d’Indian Head. Il indique l’âge des arbres et la taille à cet âge.

Espèces 5 ans 15 ans
pi. po. pi. po.
Érable du Manitoba 8 0 21 2
Frêne vert 4 8 15 3
Orme blanc 4 6 13 3
Bouleau 8 5 21 9
Peuplier de Russie 12 6 35 6
Épinette 1 6 12 0
Pin d’Écosse 1 5 16 10
Pin gris 2 0 15 6
Pin de Murray 1 0 13 0
Tamarac 5 8 21 6
Mélèze de Sibérie 4 6 22 9

Les forêts emmagasinent l’eau

Des milliers de milles carrés de bassins hydrographiques de l’Amérique du Nord ont été déboisés et broutés ras, déclare William Vogt dans « Road to Survival ». Des milliers d’étangs envasés, des réservoirs hydrauliques et d’eau potable, ainsi que des milles de rivières boueuses indiquent l’effet de cette déforestation.

Les arbres, leurs racines, et l’humus du sol de la forêt agissent comme de grosses éponges. Cela a pour résultat d’égaliser le flot des cours d’eau, de diminuer l’écart entre les hautes crues et les basses eaux ; et de réduire la sévérité des inondations. Cela est important non seulement pour les fermes adjacentes mais pour les centres éloignés qui comptent sur le flot constant des rivières pour fabriquer leur électricité.

Ce sont les grandes forêts, couvrant les chaînes de montagnes et les versants où nos grandes rivières prennent leur source, qui régularisent le flot des eaux mais même les petits lots boisés remplissent leur rôle.

Un petit lot boisé a peu d’effet sur le problème de régularisation des eaux, mais prenez un petit bois ici, et un autre là, sur des milles et des milles de fermes ; même aujourd’hui, ils couvrent 34,792 milles carrés et c’est une superficie importante dans le programme de conservation des eaux d’un pays.

Il existe aussi des fermes forestières. À la fin de 1957, le Canada comptait 482 fermes forestières couvrant une superficie de 432,000 acres. À la même époque, M. J. L. Van Camp, directeur général de l’Association Forestière canadienne, parlant des dix pour cent de nos forêts qui appartiennent à des particuliers, déclarait : « Le dernier recensement classe 33 millions d’acres comme terres à bois et 21 autres millions comme forêts. »

La lutte contre l’érosion

Vous n’avez qu’à lire le livre instructif de M. Shepard, « Food or Famine » sur les dangers de l’érosion pour vous rendre compte comment dans certains milieux – et nous ne sommes guère différents nous-mêmes – le procédé de destruction a atteint de vastes proportions « par ignorance des voies de la nature et par cupidité et imprévoyance dans l’emploi des bienfaits de la nature ».

Les enquêtes révèlent que l’érosion est due principalement au fait que les arbres ont été coupés, le sol brûlé, la couche de végétation brisée par le défrichage, que des versants trop escarpés ont été cultives et que l’herbe a été trop broutée dans les pâturages. Comme dit Zimmerman : d’abord la hache, ensuite la charrue, puis la pluie, après cela l’érosion et finalement le désert.

Conservation

Les autorités disent qu’an moins dix à vingt pour cent de tous les terrains agricoles devraient être plantes d’arbres. C’est à ceux qui sont charges de la conservation d’arriver à ce minimum.

Nous avons fait des progrès dans de nombreuses directions, notamment en ce qui concerne la protection contre le feu, les recherches et autres dans le domaine de la sylviculture privée. Mais le sentiment de la nécessité n’est pas encore général. Il n’y a pas si longtemps, un journal financier consacrait une section de 24 pages aux forêts et aux pâtes et papiers et reléguait l’article sur la conservation à la dernière page.

Aux cours d’été de Banff, le naturaliste Dan McCowan a annoncé que l’Alberta se proposait de planter et d’entretenir une ceinture d’arbres au pied des montagnes depuis l’État de Montana jusqu’à la frontière septentrionale de la province. Les glaciers fondent rapidement et il est très important d’en conserver l’eau. Une Commission, représentant le gouvernement fédéral et l’Alberta, a été instituée pour obtenir et maintenir la plus grande quantité d’eau possible dans les rivières de la Saskatchewan et ses affluents.

La conservation ne consiste pas seulement en prohibition. Sa portée est plus large. Elle consiste à faire sagement usage et jouir maintenant de ressources que nous devons entretenir pour assurer l’avenir. Il faut pour cela utiliser méthodiquement les terrains forestiers et agricoles, dont nous tirons profit aujourd’hui, et en même temps en régler constamment l’exploitation pour qu’ils continuent à nous donner du bois, des vivres et de l’eau pendant les années à venir.

Collaboration du public

La collaboration du public est nécessaire à tout programme de conservation. Ne perdons pas de temps à blâmer les uns ou les autres pour la situation actuelle. La science et le public peuvent arrêter le gaspillage, reboiser les forêts, et créer un source perpétuelle d’eau et de bois.

Ce qui est fait est fait, mais il y a lieu de réfléchir quand on pense à la florissante industrie du bois qui existait dans l’est de l’Amérique. Le déboisement a causé une énorme perte de revenus. On peut dire que quelques industries du bois sciaient la branche sur laquelle elles étaient perchées. De grandes parties du Canada et des États-Unis offrent un horrible exemple de l’effort humain mal appliqué.

Les excès de coupe n’ont pas seulement épuisé le bois, ils ont détruit, l’équilibre entre la végétation et le sol.

Protection officielle

La collaboration publique sera plus efficace quand elle sera sous la direction de fonctionnaires compétents. Les gardes-forestiers ne sont pas des hommes armés de fusils qui empêchent les gens d’entrer dans les bois, et ils ne sont pas des arboriculteurs. Ce sont des techniciens qui préservent des forêts entières de la maladie et de la mort. Le plus important principe en protection forestière est qu’il est plus efficace d’empêcher le mal que d’y porter remède quand il a fait son apparition.

C’est pour cela qu’on ne veut pas des gens négligents et étourdis dans les forêts du Canada. Un proverbe du Nicaragua dit : « Un seul homme, en un seul jour, avec une seule allumette, peut détruire cent arpents. »

Les feux de forêts sont causés par ce que les gens font ou ne font pas. La négligence, l’indifférence et l’ignorance sont responsables de tous les feux de forêts sauf quelques-uns allumés par les éclairs ou d’autres causes naturelles.

Le feu, quoique le plus tragique, n’est pas le seul danger qui menace les forêts. La paisible apparence d’une forêt est décevante. Les arbres envoient leurs racines à la recherche d’eau et de nourriture et emmagasinent le soleil dans leurs feuilles. Les insectes les attaquent depuis leurs racines jusqu’au bout des tiges, pendant toute leur vie. Les maladies répandent la destruction à travers des millions d’arpents avec une vitesse épidémique.

Dans une forêt exploitée, on donne de l’espace aux arbres par des coupes. Les forestiers essaient de combattre les insectes au moyen d’ennemis naturels ou de parasites, ou encore d’insecticides. Ils combattent les maladies en détruisant la cause, en protégeant les arbres au moyen de fongicides, et en produisant des arbres à l’abri de la contagion.

De plus en plus, les provinces fournissent des forestiers pour aider les propriétaires de petits lots boises et les gérants de petites forêts. M. Roch Delisle, directeur du Bureau de renseignements forestiers de Québec, dit : « Un forestier compétent et actif, qui prend la peine d’aller dans les bois avec le propriétaire, fera dans un an plus de sylviculture pratique que ne pourraient le faire en dix ans toutes les causeries à la radio et tous les bulletins et articles de journaux. »

Expansion des débouchés

Ceux qui ont des arbres trouveront qu’il vaut la peine de les soigner et de préparer leur rendement futur, parce que les débouches pour le bois s’agrandissent.

L’industrie canadienne de la pulpe et du papier, qui est un grand consommateur d’arbres, se rend bien compte de cela. Et elle s’inquiète de plus en plus de l’avenir des forêts qu’elle exploite et des forêts en général. L’industrie dépense chaque année des millions de dollars pour améliorer les méthodes d’exploitation forestière. Il y a quelques années, elle a adopté, et elle applique maintenant, un programme forestier de rendement perpétuel et croissant.

Grâce à une bonne exploitation, il y a des forêts qui ont été coupées de temps en temps depuis 100 ans et qui produisent encore de bonnes coupes.

Tout le monde sait que cette industrie est celle qui nous procure le plus grand nombre de dollars des États-Unis par ses exportations. En 1955, l’industrie a acheté pour $340 millions de bois de pulpe et l’a converti en produits d’une valeur brute de $1,300,000,000, ce qui a plus que triplé la valeur du bois. Elle a obtenu son bois des sources suivantes :

Agriculteurs et autres petits propriétaires 21 pour cent
Autres achats, y compris déchets de scierie 12 pour cent
Propriétés ou concessions 67 pour cent

Il y a naturellement beaucoup d’autres manufactures pour lesquelles le bois est la principale matière première, et nous serions surpris si nous pouvions suivre un arbre depuis la forêt jusqu’au produit final et voir le travail qui entre dans la coupe et la fabrication. La forêt donne du travail régulier à un grand nombre de gens.

Un tiers du bois coupé au Canada chaque année vient des lots boisés des fermes, dit E. S. Richards dans sa brochure Farm Woodlots in Eastern Canada. La valeur moyenne est petite, toutefois, parce que la plupart du bois des fermes est vendu ou employé comme combustible, tandis que celui des autres sources rapporte un meilleur prix comme billots ou bois de pulpe.

Les industries locales qui emploient le bois dans leurs manufactures pourraient faire de l’argent si elles étaient assurées d’avoir toujours à leur disposition du bois de bonne qualité comme on pourrait en avoir si les lots boisés étaient bien soignés et exploités en vue d’un rendement constant. L’industrie de l’ameublement qui a pris naissance en Ontario grâce aux forêts de bois dur de la province, est obligée maintenant d’importer une grande partie de son bois, et le noyer et le frêne blanc pour fabriquer les manches viennent des États-Unis. Les arbres qui ont servi à fonder ces industries et beaucoup d’autres poussaient près des manufactures et peuvent y pousser de nouveau.

Éducation forestière

Il est nécessaire que nous nous en tenions à la réalité en ce qui concerne les forêts sans tomber dans la fantaisie. Le poète a dit : « Bûcheron épargne cet arbre ! N’en touche pas une seule branche ! Il m’a protégé dans ma jeunesse et je le protégerai à mon tour. » Le sentiment est beau, et ce sont des lignes qu’on cite souvent aujourd’hui, mais c’est se faire une fausse idée de la conservation que d’épargner les arbres qui sont arrivés à maturité et qui peuvent être utiles.

Les programmes d’éducation, dans les écoles publiques et dans les cours d’adultes, devraient faire ressortir d’une façon convaincante les avantages de la bonne exploitation forestière. Il n’est pas nécessaire de semer partout des graines pour être bon conservateur de forêt. De fait, un homme qui emporte des graines plein sa poche pour semer le long de la route en se promenant, prépare des ennuis aux générations futures. Il y a des endroits pour planter et pour ne pas planter des arbres, et il faut planter chaque arbre à sa place.

Les professeurs pourraient suivre des cours plus avancés dans les écoles normales, non pas sur la technique forestière et la nomenclature des arbres, mais sur les points pratiques et nécessaires concernant la préservation de nos forêts et la nécessité d’avoir un plus grand nombre d’arbres.

Grâce aux clubs 4-H, toute une génération dans la province de Québec approche de l’âge mûr avec de bonnes connaissances en sylviculture et exploitation des lots boisés.

Récemment, en Colombie-Britannique, Judith Robins et Jimmy Jones ont été les premiers à recevoir des plants d’arbres et un certificat à l’occasion de la distribution de milliers de plants aux écoliers par la section occidentale de la Canadian Pulp and Paper Association. Le certificat contient une leçon élémentaire de conservation forestière pour tout le monde : « Ces arbres sont comme de petites personnes. Soyez bons pour les petits arbres. Un petit arbre vous a été donné pour planter soigneusement dans votre jardin. Veillez sur lui, arrosez-le, et protégez-le du feu pour qu’il devienne grand et fort. Il vous servira d’inspiration pendant toutes les années de votre vie ».

Et, pour terminer :

Le commerce du bois n’est pas la seule raison pour planter des arbres et les protéger. Ils ne sont pas seulement des colonnes de bois, ce sont des créatures vivantes. Ils respirent, ils mangent, ils boivent, ils poussent, ils se reproduisent, ils travaillent et ils se reposent.

Dans plusieurs régions de Sumatra, les indigènes croient que certains arbres servent de résidence aux esprits des bois. Il n’est pas difficile à comprendre qu’une chose aussi majestueuse qu’un arbre qui devient si gros et beaucoup plus vieux que les hommes ait inspiré la révérence des peuples primitifs. Il n’est pas nécessaire d’aller jusque là, mais un peu de cette révérence ne nous nuirait pas, du point de vue économique et esthétique et pour notre propre préservation.

Les arbres ont une autre vertu que nous n’avons pas encore mentionnée. Quelques-uns, comme nous l’avons vu, nous font penser aux anciens jours – aux beaux navires de la Nouvelle-Écosse partant de nos ports pour faire voile à toutes les parties du monde ; à Maisonneuve, plantant sa croix sur le Mont-Royal ; aux palissades en bois du Fort Garry, et à l’océan d’arbres entre Alexander Mackenzie et le Pacifique quand il aperçut pour la première fois le rivage occidental du Canada.

Mais de plus, les arbres nous emportent dans l’avenir. Quand nous les plantons et nous les protégeons, nous nous rendons compte que l’arbre durera longtemps après nous. La Fontaine a exprimé cette idée de longévité en ces mots dans sa fable : « Un octogénaire plantait ! Passe encore de bâtir, mais planter à cet âge ! » Nos érables, nos pins, nos ormes et nos baumes ne sont que de petits arbres aujourd’hui, mais les sauvageons de chêne qui n’avaient qu’un pied ou deux de haut quand Cartier traversa pour la première fois une forêt canadienne, ont vu le Canada sortir de l’état sauvage et devenir une métropole et, de pays d’indigènes, passer aux premiers rangs des nations civilisées. Qui sait ce que verront un jour les sauvageons de notre époque ?