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La richesse ou la pauvreté de nos vies dépend de notre maturité. Chaque année, chaque événement même, nous offre l’occasion d’agir ou de réagir avec ou sans maturité.

L’un des signes auxquels nous pouvons reconnaître que nous croissons en maturité est notre promptitude apprendre ce que l’on attend de nous dans des conditions de vie qui changent tous les jours. Ce qui convenait dans le monde d’hier peut ne pas aller du tout dans les circonstances de demain.

Dans le domaine plus restreint de notre personnalité, les changements ne sont pas moins nombreux et constants. Il n’est pas un être humain qui soit toujours parfaitement égal à lui-même. Les plus brillants d’entre nous semblent avoir des défaillances à certains moments, et les plus obtus font parfois preuve d’une grande pénétration d’esprit. Mais nous aspirons tous à la maturité, car c’est là, semble-t-il, le seul état où nous puissions vraiment résoudre nos problèmes.

Divers auteurs ont souligné l’une ou l’autre des qualités qui caractérisent la maturité d’un être humain. Tels sont la responsabilité, l’indépendance, la générosité, la serviabilité, la bienveillance, la probité, la faculté d’adaptation et l’art de distinguer la réalité des chimères.

Cependant, quel que soit le trait sur lequel on appuie, l’homme vraiment mûr est celui qui sait faire face aux événements et aux difficultés de la vie de manière à en tirer la plus grande somme de bonheur possible avec le minimum d’effort ou de contrainte.

L’homme doué de maturité mène une existence profitable pour lui-même et pour l’humanité. Il repousse la tentation de toujours être neutre ou à couvert, de n’être qu’un infirme ou un mineur à l’abri du danger. Il a trop de travail sérieux à faire pour s’occuper des choses sans importance, et il est trop bien équilibré pour prêter attention aux faiseurs de miracles et aux charlatans.

Ce n’est pas là une vie de paresse. L’homme à l’esprit mûr n’est pas un spectateur, mais un acteur et un créateur. Il a le sens des valeurs et sait entrevoir les conséquences des choses. Il affronte la vie avec une certaine audace.

Une preuve certaine de maturité dans n’importe quelle sphère de l’activité humaine – dans les affaires, dans la vie privée ou publique – consiste à pouvoir faire en sorte que l’élément déterminant de notre conduite soit non pas tant les choses qui nous arrivent que notre façon de les prendre. Les réactions d’un homme mûr devant la vie sont toujours sûres et de bonne qualité.

La maturité dans les actions

L’homme à l’esprit mûr sait éviter les maladresses dans ses relations avec autrui. Il songe à l’effet que ses actes ou ses projets pourront produire sur la vie de ses voisins. Il cherche à donner champ libre aux autres, afin qu’eux aussi puissent parvenir à la maturité. Il a appris combien il est important pour celui qui marche dans une foule de se ranger, de rentrer les coudes, de reculer ou de s’écarter, ou même de dévier de la ligue droite, selon les circonstances.

Il est très bien d’essayer d’avoir, de temps en temps, des idées tout à fait personnelles, mais nous finissons vite par comprendre que nous vivons en société. La vie familiale aide nos enfants à passer graduellement du stade de la confiance à celui de l’habileté, de la responsabilité et de la compréhension. Nos foyers nous préparent aux relations, plus vastes et plus difficiles, d’un monde où le sens social et politique n’est pas aussi développé que les connaissances scientifiques et techniques.

L’homme mûr a quitté le foyer ou l’école avec une certaine idée des exigences de la vie en société. Il veut collaborer à la grande oeuvre de la civilisation humaine, à l’édification d’une collectivité où il pourra se développer. L’enfant qui avait besoin d’aide, est devenu l’adolescent capable de se débrouiller seul, puis l’adulte désireux de rendre service à ses semblables.

La collaboration et l’entraide sont des éléments essentiels de la maturité. Notre valeur et notre utilité dépendent en grande partie de notre contribution à la vie des autres. Qu’il soit président d’une grande compagnie ou contremaître d’une petite équipe, c’est par les hommes qu’il dirige que le chef assure le succès de son entreprise. Il doit soutenir leur vigueur et accroître leurs capacités ; leur permettre de se réaliser eux-mêmes en leur plénitude. Et c’est peut-être là, comme le dit un auteur, l’oeuvre la plus remarquable que puisse accomplir l’être humain.

Au cours des siècles, la vie humaine a toujours reposé sur le sens instinctif du dévouement chez ceux que la nature a le plus généreusement gratifiés de ses dons. Ce phénomène tient à l’une des lois raciales les plus rigoureuses que nous connaissions, savoir que la perpétuation d’un groupement quelconque exige que les diverses ressources dont dispose ce groupement soient mises à contribution le plus utilement possible. C’est dans la mesure où l’espèce humaine progresse dans l’application de cette loi de la vie qu’elle atteint sa maturité. Et un homme manque de maturité, quel que soit son âge, tant qu’il se considère comme une exception à cette règle.

Les assauts du doute

Il arrive parfois, même aux esprits mûrs, d’être en proie à l’indécision au sujet de ce qu’il faut conserver et développer dans la vie, mais cette escrime avec le doute contribue à accroître notre maturité. Nous apprenons ainsi à accepter ce que nous ne pouvons éviter, à bannir de notre esprit le désir de ce qui est impossible et à rechercher les fins réalisables et dignes de notre attention et de nos efforts.

L’homme doué de maturité ne se laisse pas facilement détourner de sa voie par le doute ou la crainte. Il vit au milieu d’idées qui n’ont jamais existé auparavant sur la terre. Celles-ci ne sont pas toutes bonnes, mais ce sont toutes des idées trépidantes, qui rendent l’intransigeance aussi difficile que dangereuse. Mieux vaut parfois plier comme le roseau, sous la force du vent, que défier la tempête et être déraciné, comme le chêne.

L’homme vraiment mûr laissera son imagination lui suggérer des buts et des fins, mais il les soumettra à l’examen de sa raison avant de s’engager. Il sait qu’il ne peut pas faire tout ce qu’il veut, mais seulement ce qu’il peut. Il choisira donc parmi les choses possibles celles qu’il juge dans son intérêt et s’y consacrera avec patience et détermination, ayant soin de faire la part des facteurs imprévus ou inévitables qui pourraient venir entraver ses plans.

Les qualités de l’esprit

Chaque être humain est le centre de son petit univers ; c’est pourquoi il doit s’efforcer de se connaître le mieux possible. Nous subissons l’influence de notre milieu et de notre éducation, mais c’est dans la marge de liberté dont jouissent néanmoins nos idées que se manifeste notre maturité. C’est dans cette marge laissée à notre initiative que s’élaborent nos vues personnelles sur les choses et les événements.

Pour atteindre notre maturité, il importe que nous apprenions à nous accepter tels que nous sommes, sans essayer d’être ce que nous ne sommes pas. C’est un désavantage que de manquer d’un talent que nous aimerions posséder, d’avoir besoin de l’argent que nous n’avons pas, d’être moins beau que notre voisin ; mais la franche acceptation de notre sort nous empêchera de nous sentir humiliés.

Dans les Nuées, Aristophane caricatura si bien Socrate que toute Athènes se tordit de rire. Socrate alla voir la pièce, et, lorsque l’acteur qui le personnifiait entra en scène, il se leva afin d’augmenter encore le plaisir des spectateurs à la vue du masque comique destiné à le tourner en ridicule. En agissant ainsi, Socrate donna une preuve de sa maturité.

Il y a des gens qui entretiennent leur sentiment de supériorité en se drapant dans ce qu’ils appellent leur dignité, en se montrant inabordables, en affectant d’être toujours occupés. Ils s’imaginent que tous les compliments leur sont dus et considèrent la critique comme une impertinence.

L’amour de soi est souvent représenté sous les traits de Narcisse, ce personnage de la mythologie grecque qui s’éprit de sa propre image en se regardant dans les eaux d’une fontaine, au fond de laquelle il se précipita.

Un pareil égocentrisme est assez naturel dans la première enfance, mais peut entraîner des dangers sérieux et même des tragédies si cette tendance infantile au narcissisme se prolonge dans la vie de l’adulte.

La légende affirme même qu’en traversant le Styx l’ombre de Narcisse se pencha sur le bord de la barque pour se regarder une dernière fois dans les eaux du fleuve.

Si invraisemblables que nous paraissent ces mythes, ils ont une grande valeur pratique dans bien des domaines de la vie moderne. Voyez ces nombreux jeunes hommes et jeunes filles, incapables de s’attacher à un emploi ou à leur foyer, troublés dans leur esprit et dans leurs actes, mais passés maîtres dans l’art de décrire les manifestations de leur vie mentale ou émotive. Ces jeunes gens se sont concentrés sur eux-mêmes sans se relier à leur milieu.

Mais s’il est mal de passer son temps à se contempler, l’homme à l’esprit mûr ne devra pas moins se regarder de temps en temps pour voir comment il fait face aux exigences de sa vie. Au lieu de s’enfermer avec ses pensées, il ouvrira son esprit aux bienfaisants courants d’air du monde extérieur.

De la réflexion naîtra la sagesse, qualité qui se rattache à la maturité. Et la sagesse ne consiste-t-elle pas en somme à pouvoir établir un lien entre un fait que l’on vient de découvrir et un principe général consigné depuis longtemps au fond de notre mémoire ? C’est de ces faits et de ces principes réunis que se sert l’homme doué de maturité pour penser, pour apprécier la valeur relative des choses.

Les qualités du caractère

L’homme mûr est guidé dans ses décisions et ses choix par une philosophie de la vie, par un certain sentiment de ce qu’il veut être.

Il y a des valeurs et des vertus fondamentales qui doivent être sauvegardées à tout prix : par exemple, l’idée que la vie a un but et la conviction qu’il y a dans notre conception de la justice et de la vérité quelque chose qui est en harmonie avec la nature de l’univers.

Il n’est pas nécessaire que l’homme mûr soit un conformiste à tout crin. Peut-être sera-t-il un individualiste acharné, mais il tiendra aux principes fondamentaux avec autant d’acharnement qu’à son indépendance. Il reconnaîtra, sans le craindre, le fait qu’il y a dans la vie trois grandes questions auxquelles il devra répondre des milliers de fois : Est-ce bien ou mal ? Est-ce vrai ou faux ? Est-ce beau ou laid ?

C’est en répondant à ces questions qu’un homme découvre des principes beaucoup plus précieux que tous les livres d’une bibliothèque et que tous les diplômes qui ornent les murs d’un cabinet de travail. Ces principes contribuent à accroître sa maturité en élargissant ses pensées, en l’aidant à éviter la confusion, en lui permettant de voir clair dans les questions difficiles. Ils servent de fondement à ses décisions et à son action. Ils sont pour lui ce que sont l’étoile polaire, la boussole et le phare pour le navigateur : ils le maintiennent dans sa route malgré les vents et les marées.

Certaines personnes confondent les principes avec les règles. Un principe est quelque chose que nous portons en nous, tandis qu’une règle est une restriction extérieure. Pour obéir à un principe, il faut faire appel à nos facultés intellectuelles et morales ; pour obéir à une règle, il suffit de faire ce que prescrit cette règle. « La règle, dit un auteur, nous soutient par les aisselles dans les cols de montagne de la vie ; le principe nous rend le pied sûr. »

Le sens des responsabilités

Ceci nous amène à l’idée de la responsabilité. L’homme au caractère mûr est un homme sur lequel on peut compter. Ses qualités sont connues d’avance. Il vaut son pesant d’or pour lui-même, sa famille, son employeur et ses voisins.

L’homme doué de maturité ne rejette pas la faute de ses malheurs personnels sur les autres ou sur les circonstances. Refuser de courir un risque ou de prendre une responsabilité devant un échec possible, c’est de l’enfantillage. Mais se décharger de la responsabilité de ses actes sur quelqu’un d’autre, c’est déroger à la dignité humaine. Si nous voulons parvenir à la maturité, nous devons apprendre à subir la défaite comme à goûter la réussite ; à accepter les conséquences de ce que nous faisons, dans les petites choses comme dans les grandes.

Les illusions sont incompatibles avec la maturité. Nous sourions avec pitié des extravagances de don Quichotte, qui prenait les moulins à vent pour des géants ; mais, même à notre époque, nous voyons des hommes regarder les choses non pas telles qu’elles sont, mais comme ils voudraient qu’elles soient, et se ruiner.

Certains d’entre nous portent des masques, pour se tromper ou tromper les autres. « Porter un masque, lit-on dans Solving Personal Problems, de H .S. et G. L. Elliott, c’est avoir peur d’essayer de réussir par ses propres moyens. » Bien des employés s’appliquent à jouer un personnage que leur patron supporte, mais qu’il n’admire pas. Le chef de service qui a sur son bureau une lettre dont la réponse présente des difficultés ne revêt-il pas quelquefois le masque mensonger de l’affairement pour ne pas se mettre à sa correspondance ? Et tout le monde peut différer le moment de prendre une décision tout simplement en faisant semblant de tourner et de retourner un problème pour mieux retarder la pénible échéance.

Les qualités de l’action

Notre esprit doit s’enrichir des faits importants que nous observons et constatons. La maturité influe sur la façon dont nous emmagasinons ces connaissances. Le savant, disait un neuropsychiatre, peut passer sa vie à étudier le comportement d’un serpent sur une pierre, mais l’enfant fait le tour du jardin zoologique en courant de cage en cage et ne regarde qu’à la surface des choses. De même, beaucoup de gens se demandent, en lisant un livre sur un pays étranger qu’ils viennent de visiter, pourquoi ils ont vu si peu là où d’autres ont observé tant de détails intéressants.

Lorsqu’arrive le moment d’utiliser ce que nous avons emmagasiné, nous devons faire appel à un autre élément de la maturité, qui est la maîtrise de soi. Nous pesons les faits et nous attendons, avant d’agir, de savoir jusqu’à quel point exactement nos actions répondront et répondront bien aux nécessités de la situation. « Sans la maîtrise de soi, écrivait Tolstoï, il n’y a jamais eu et il ne peut y avoir de bonne vie. » Plus récemment, lord Beaverbrook affirmait que ce n’est que par la subjugation de lui-même qu’un homme conserve son jugement, son calme et sa tranquillité d’esprit.

Chez l’homme mûr, la maîtrise de soi exclut les manifestations enfantines d’immaturité que sont la colère, la haine, la cruauté et l’agressivité. La bravacherie et l’esbroufe ne sont pas des signes de maturité. C’est manquer de maturité que de pousser une situation jusqu’au point de la rendre intenable et d’obliger les autres à céder à la contrainte.

La maîtrise de soi engendre la confiance en soi, qui est l’un des critères de la maturité. Et la confiance repose avant tout sur la foi que l’on a dans la valeur de son propre jugement.

Mais l’homme doué de maturité n’est pas aveuglément sûr de lui-même. Il ne se laisse pas non plus égarer par une confiance gratuite dans ses capacités.

Éducation et maturité

L’éducation joue un grand rôle dans l’acquisition de la maturité d’esprit, mais l’éducation est une chose qui ne finit jamais. Comme le disait un père à son fils, c’est quand les classes sont finies que les études commencent vraiment.

Dans la société moderne, chacun doit faire face à une série complexe de situations nouvelles devant lesquelles la formation acquise pendant sa jeunesse, si bonne soit elle, reste nettement insuffisante.

Les cours postscolaires n’ont pas précisément pour but de combler les lacunes de notre première instruction ou de notre formation technique. Ils visent plutôt à nous faire saisir l’importance de l’âge adulte, et à stimuler et façonner les esprits qui ont dépassé le stade des jugements faciles de la jeunesse.

« L’une des catastrophes de notre culture, nous dit Overstreet, dans The Mature Mind, a été d’idéaliser l’immaturité, de considérer l’enfance comme le plus beau temps de la vie. » La vérité est que maintenant, pour la première fois de leur vie, les adultes commencent à voir avec des yeux de grandes personnes. Ils peuvent mettre à profit une sagesse que l’enfance et la jeunesse ne possèdent pas. C’est le moment où toutes les semences jetées en terre dans les jeunes années doivent porter leur fruit.

Autres aspects de la maturité

Il ressort de ce qui précède que l’homme doué de maturité n’est pas celui qui a grandi et s’est tranquillement installé dans son emploi, son foyer ou sa localité. C’est un homme qui évolue, qui s’affranchit peu à peu des servitudes de sa situation présente, à mesure que s’ouvrent devant lui de nouveaux horizons.

Seuls ceux qui ont fait leur choix et décidé de rester où ils sont peuvent se refuser à ce perpétuel effort de perfectionnement. Leur décision est peut-être très intelligente, en ce sens qu’ils se mettent ainsi à l’abri des ennuis. À cause de leur manque de connaissances et de sagesse, il leur sera moins demandé et, s’ils commettent des erreurs, on ne les réprimandera pas trop sévèrement. S’ils viennent à manquer d’argent, quelqu’un – un parent ou l’État – les empêchera de mourir de faim. Les gens qui ont des vues pareilles auraient tort de ne pas être insensés, remarque avec sarcasme Alfred Adler.

Cela nous rappelle que la largeur de vues est un indice de maturité. Nul n’a le droit de prétendre à la maturité s’il ne peut entendre le pour et le contre d’une question ou s’il soutient que ce qui vaut pour lui vaut aussi nécessairement pour tout le monde.

Et maintenant, sommes-nous prêts à nous soumettre aux exigences de la maturité. La maturité demande parfois une certaine abnégation. Nous devons abandonner beaucoup de choses auxquelles nous nous étions habitués : petites manies, peccadilles, illogismes. Il nous faudra peut-être renoncer aussi aux banalités dont nous nous divertissions jusque-là. Nous apprendrons dès nos premiers efforts l’une des maximes fondamentales de la maturité, savoir que tout être mortel a l’obligation de faire de son mieux.

La route qui conduit à la maturité n’est pas toujours facile. Florence Nightingale, qui traversa une crise de désespoir avant de trouver sa voie, écrivait dans son journal : « Dans ma tente et unième année, je ne vois rien de désirable, sauf la mort ». Abraham Lincoln dut livrer un combat terrible contre lui-même. En 1841, à l’âge de 32 ans, il disait : « Je suis l’homme le plus malheureux qui soit sur la terre ».

La maturité porte en elle la capacité d’accepter la maladie, les déceptions et tout ce qui est nettement en dehors de notre action ; de s’accepter soi-même et d’accepter les autres ; de garder son sang-froid dans la victoire comme dans la défaite. Elle nous confère une certaine habileté à encaisser les coups, à ramasser les morceaux et à recommencer.

Mais la maturité ne s’acquiert pas d’emblée. Nous y parvenons petit à petit, apprenant continuellement à nous améliorer comme individus et comme citoyens. Grâce à la maturité, notre petit univers, qui ne dépassait guère le champ exigu de nos pensées, prend plus d’ampleur et de consistance, embrassant à la fois le passé et l’avenir. Notre travail devient l’expression concrète de l’habileté de notre esprit et de nos mains. Nous adoptons une nouvelle attitude devant la vie, nous éprouvons plus d’intérêt pour nos semblables, nous sommes mieux armés contre les contrariétés et les désagréments.