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On peut dire d’un bon technicien comme d’un grand artiste qu’il est maître de son art ou de son métier. Dans cette expression, en effet, les mots « art » et « métier » ne désignent pas une catégorie d’occupations déterminées, mais la façon particulière dont un homme accomplit son travail, quel qu’il soit. Celui qui possède à fond son métier exécute son oeuvre avec toute la perfection dont il est capable.

Les hommes ont fait des choses merveilleuses avec leur intelligence et leurs outils, mais l’inventeur, le philosophe, l’homme d’affaires et le maître mécanicien doivent avant tout et foncièrement avoir du métier.

Un homme peut cacher son caractère ou ses défauts par toutes sortes de moyens, mais il ne saurait le faire dans son travail. Son imagination, sa persévérance, son impatience, sa maladresse, son habileté, tout s’y reflète. Si un ouvrage de maçonnerie est bien fait, c’est qu’un homme avisé l’a conçu, qu’un homme soigneux a taillé les pierres et qu’un homme consciencieux les a cimentées.

On objectera peut-être qu’à l’âge de la machine, la joie de faire du beau travail a moins de raison d’être qu’autrefois ; mais est-ce bien vrai ? Rien ne s’oppose à ce que la machine fasse de belles choses si nous l’aidons un tant soit peu. On conçoit, par exemple, qu’un tourneur prenne du plaisir non seulement dans l’exercice de ses mains expertes, mais aussi dans la forme de l’objet qu’il façonne.

Une erreur tenace

Les bons artisans s’étonnent toujours d’entendre les gens répéter la fausseté selon laquelle le travail est une punition. Certaines personnes qui n’aiment pas à travailler cherchent à inventer des trucs et des expédients dans l’espoir d’atteindre le bonheur de vivre sans rien faire. C’est ce que le Dr Ewen Cameron appelle « notre folie de croire que ne pas travailler c’est jouir d’une félicité parfaite ».

L’homme qui ne travaille pas ne mourra pas de faim, car les services d’assistance sociale le feront vivre, mais les jeunes gens remplis d’ardeur qui sautent de joie à la pensée que le temps du travail soigné est révolu laissent échapper une magnifique occasion de jouir de la vie. La voie de la facilité n’est bonne que pour les faibles.

Si le travail était réservé aux esclaves, les hommes libres réclameraient à grands cris un changement de gouvernement parce que nous serions privés de ce qui fait l’agrément de l’existence. En plus d’être un moyen de gagner notre pain, le travail bien fait représente notre apport au maintien de la civilisation. Il confère de la dignité à la vie, donne des consolations, contribue à l’épanouissement de notre personnalité et fait apprécier la valeur du repos et des loisirs.

La fierté de son travail

L’homme qui a du métier fait bien son travail. Il n’est pas animé par l’orgueil de pouvoir faire quelque chose, mais par la satisfaction d’être capable de bien le faire.

Chaque emploi a sa propre dignité. Un homme peut s’enorgueillir de son travail, si humble soit-il. Un manoeuvre qui utilisait une « poussette » en bois pour décharger des wagons à blé découvrit un jour une meilleure façon de se servir de son poids pour l’actionner ; il n’en fallut pas davantage pour transformer une besogne fastidieuse en une tâche agréable. Le mécanicien de locomotive retrouve toujours avec joie le sentiment de responsabilité qui l’envahit en prenant la manette de la vapeur. Un poissonnier ambulant de Chicago aimait, dit-on, tellement son métier qu’on ne pouvait s’empêcher de remarquer combien il semblait heureux de vendre du poisson, heureux que Dieu eût créé des poissons et… des clients pour les acheter.

Dans son livre, My Neighbour the Universe, L. P. Jacks affirme que tous les devoirs impérieux d’un homme-envers l’humanité, l’État, sa collectivité, sa famille ou lui-même – ont leur point de convergence dans son travail. S’il cultive des choux, « il doit se considérer comme chargé par l’univers de produire les meilleurs choux possible eu égard aux circonstances… il sert la cause du bien, du beau et du vrai selon la mission qui lui a été assignée. »

Nul travail au monde ne peut être ennuyeux au point de ne présenter aucun aspect attrayant pour certains esprits. Il est vrai qu’il y a des emplois plus intéressants que d’autres, mais il est encore plus vrai qu’il y a des employés qui s’intéressent plus que d’autres à leur travail.

La valeur personnelle

Le travail bien fait augmente notre valeur personnelle. La tâche que nous accomplissons peut avoir très peu d’importance dans la marche du monde, mais la façon dont nous l’accomplissons a une très grande importance pour nous-mêmes.

Le bon artisan trouve une certaine exaltation à donner sa pleine mesure, et son travail entretient en lui un sentiment de noblesse et de maturité. Il semble tenir entre ses mains la clef de toutes les énigmes de l’univers. C’est une sensation unique en son genre.

Le seul fait de travailler à quelque chose avec enthousiasme et avec la conviction que la besogne peut être accomplie donne du piquant à la vie. Cela nous permet de nous adapter plus facilement aux situations difficiles et d’atteindre à une vivifiante sérénité. Notre travail se trouve ainsi orienté vers la perfection. Zola dit dans une de ses allocutions aux étudiants : « Il est plaisant de rêver d’éternité. Mais à l’honnête homme il suffit de vivre sa vie en faisant son travail. »

Avoir du métier, c’est bien faire son travail, mais cela suppose aussi de la réflexion, de l’initiative et, dans certains cas, de l’imagination. On peut voir dans les grottes des habitants des falaises de l’Arizona les empreintes de doigts laissées par les femmes qui bouchèrent les murs des tavernes avec de la boue, il y a mille ans. Certaines d’entre elles ne se bornèrent pas à remplir les crevasses, mais firent des volutes et des spirales, profitant de cette occasion pour joindre l’art à la technique.

Le travail ainsi envisagé, avec une certaine idée de sa valeur et un certain désir d’exprimer sa personnalité, devient un plaisir au lieu d’être une corvée.

Il y a dans chaque tâche quelque chose qui répond à notre idéal, qui nous invite à améliorer ce qui en fait l’objet. La matière sur laquelle nous travaillons, que ce soit des choux ou de l’or, ne nous demande jamais de nous contenter de la prendre telle que nous la trouvons. Elle nous demande, au contraire, de la prendre et de la transformer en lui conférant une nouvelle valeur. Chaque parcelle de matière, empruntant la voix de l’univers qui s’y trouve représenté, semble dire au travailleur : « perfectionne-moi ».

Le rôle de l’imagination

Si vous avez un métier sans que l’on puisse dire que vous avez du métier, alors lâchez la bride à votre imagination.

Peut-être ceux qui excellent dans leur métier doivent-ils être un peu poètes pour pouvoir allier la technique au mysticisme ? En tout cas, un homme ne peut rien faire de grand sans que son imagination ne lui propose un but à atteindre.

Ce que nous imaginons peut sembler hors d’atteinte pour le moment, ce qui ne veut pas dire qu’il est impossible de l’amener à notre portée et de le réaliser par la suite. Michel-Ange disait qu’il voyait déjà dans le bloc de marbre la statue qui restait invisible à des yeux moins pénétrants jusqu’à ce que son ciseau eut fait voler en éclats la pierre qui la dérobait.

C’est l’imagination qui a permis à l’homme de prolonger son pouce en inventant l’étau, de renforcer son poing et d’allonger son bras en inventant le marteau. Pour atteindre de tels résultats, il s’agit de laisser planer son imagination, puis de réaliser dans la pratique ce qu’elle nous inspire.

Nous sommes tous beaucoup plus créateurs que nous ne le croyons. Si vous vous apercevez que vous devenez irritable dans votre activité habituelle, voici le remède qui vous guérira. Entreprenez quelque chose que vous considérez comme un travail créateur, même si ce n’est qu’une toute petite chose.

La maîtresse de maison qui décore ses fenêtres avec goût, qui dresse sa table avec imagination, exprime sa personnalité d’une façon créatrice. Des hommes qui ont obtenu les plus hauts diplômes dans les plus grandes universités du monde trouvent un bonheur paisible à enseigner les mathématiques dans une école supérieure, à résoudre des problèmes économiques dans les affaires ou à faire des expériences sur des plantes dans une serre chaude. Pourquoi sont-ils heureux ? Parce que ce qu’ils font leur donne le sentiment d’accomplir un travail créateur.

Connaître à fond son travail

Encore une fois, l’homme qui a du métier est avant tout celui qui connaît à fond son travail. Il ne commet pas de maladresses. Il n’a peut-être pas obtenu une note de 100 sur 100 dans un examen écrit, mais il applique ses connaissances d’une façon pratique.

L’homme d’affaires qui a du métier saisit un problème avec la rapidité de l’intuition et en découvre la solution ; l’écrivain qui a du métier trouve aisément des mots d’une étonnante justesse ; le métallurgiste qui a du métier connaît parfaitement le tour de main ; le peintre qui a du métier sait donner une forme belle et permanente à son inspiration.

Mais le bon artisan n’est pas facilement content de son travail. Il se demande ce qu’il peut faire pour l’améliorer et l’accroître. Il regarde vers l’horizon plutôt qu’à ses propres pieds, même s’il sait que tout comme une longue marche doit débuter par un premier pas, ainsi la perfection dans son art commence par des progrès presque imperceptibles. Il s’efforce chaque jour d’en savoir plus que la veille.

Il est essentiel à notre nature d’êtres humains qu’il n’y ait pas de fin à notre perfectionnement. L’homme qui a du métier n’est pas oppose aux innovations. En unissant la curiosité à l’expérience et le savoir à l’expérimentation, il trouve la seule satisfaction réelle qui soit donnée à l’être humain : le bonheur de se perfectionner sans cesse.

Mais l’homme doit se rendre compte que pour en arriver là, il lui faut approfondir ses connaissances. S’il est menuisier, il ne doit pas connaître simplement la surface des planches, mais le coeur de l’arbre. S’il est peintre, il doit connaître ce qui entre dans la préparation de chaque nuance, le colorant, le siccatif et l’huile de pavot aussi bien que les effets qu’il en tire sur sa toile. S’il est homme d’affaires, il doit connaître les causes des hausses et des fléchissements qui apparaissent sur le graphique de ses bénéfices. L’avantage de connaître à fond la matière sur laquelle on travaille est plus grand que tout ce que la plume pourrait décrire.

Se servir de son intelligence

Il ne faut pas se représenter l’homme qui a du métier comme un être qui travaille seulement avec ses mains. Si nous observons, par exemple, quelqu’un qui sait bien se servir de ses mains, nous verrons bientôt que la source de son art est dans son intelligence.

Il fait usage de l’induction, manière de raisonner qui permet de découvrir des règles générales, de trouver la cause des situations. Il sait utiliser son imagination pour voir comment paraîtrait un appareil si on le changeait de place ou si on le modifiait. Il a la mémoire des détails et peut ainsi noter les imperfections comme les perfections. Il a la faculté de se représenter l’image de ses mains au moment où elles manipulent un objet ou un outil. Il est doué d’une rapidité et d’une souplesse de perception grâce auxquelles il discerne tout de suite ce qui est nécessaire et l’accomplit sans se laisser distraire par d’autres choses. Tout cela, c’est-à-dire les facteurs essentiels de son habileté manuelle, a son origine dans son intelligence.

Homme sincère, le bon artisan tient à ce que l’oeuvre sortie de ses mains soit aussi parfaite que possible. Sa prière peut être celle du savant dans Arrowsmith de Sinclair Lewis : « Faites que j’aie une sourde et implacable horreur de tout simulacre, de tout travail fallacieux et de toute oeuvre mal faite et inachevée ».

Le jugement est donc une condition essentielle pour faire du beau travail. Un homme doit savoir ce qu’il entend produire et connaître la meilleure façon de l’exécuter. Il ne se préoccupera pas des détails insignifiants ni des manières propres à d’autres, mais il ne songera qu’au résultat désiré.

Le choix d’un métier

Afin de faire un choix judicieux, les jeunes devraient se renseigner sur le genre de travail que font les personnes de leur localité. S’ils apprennent en quoi consistent les divers métiers, ils seront mieux à même de choisir celui qui leur procurera le plus de satisfaction.

Voilà un des avantages de la remise de brevets de compétence aux scouts. Par son application à obtenir un des insignes attestant qu’il est au courant de ce que font l’aviateur, le forgeron, le menuisier, l’électricien, le mécanicien d’automobile, le cultivateur, le maçon, le métallurgiste, l’imprimeur et une foule d’autres, le jeune garçon prend goût à ces divers métiers.

Le Centre d’orientation de l’Ontario College of Education (Université de Toronto) publie des monographies sur plusieurs emplois. Celles-ci nous renseignent sur l’habileté et les qualités requises, la nature du travail, les chances d’avancement, les salaires, les conditions de travail et la bonne façon de s’y prendre pour commencer. Le ministère du Travail a aussi publié à ce sujet des brochures qu’on peut se procurer à l’Imprimerie nationale d’Ottawa.

Quiconque accomplit un travail qui lui plaît a l’ambition de progresser. Celui qui trouve l’emploi qui lui convient et s’applique à y exceller devient un bon artisan. Personne ne peut lui enlever ses mérites. Ses aspirations peuvent outrepasser ses moyens ; il peut éprouver quelque désappointement passager, mais la conscience de bien faire est sa raison de vivre.

De nos jours, bon nombre de gens doivent organiser et diriger eux-mêmes leur formation. L’attrait d’un gros salaire détourne bien des jeunes gens de l’instruction, de l’apprentissage et des études techniques, et les pousse à occuper des emplois sans avenir.

Au bout de quelques années, ils constatent souvent avec tristesse que leur occupation ne leur permet pas de démontrer tout leur talent. Heureusement pour eux, les écoles, les universités et les associations d’éducation des adultes leur offrent la chance de s’instruire qu’ils avaient perdue en quittant trop tôt l’école. Il existe des cours du soir et des cours par correspondance sur tous les sujets imaginables.

Apprentissage

Nous nous trouvons en face d’une situation nouvelle. Les diverses méthodes d’apprentissage proposées par les industriels du 18e siècle nous montrent combien il était difficile de trouver le nouveau type d’ouvrier requis pour manier les nouvelles machines de leur époque. La nouvelle révolution technique que nous traversons aujourd’hui entraîne le même problème.

L’apprentissage est le temps qu’on met à apprendre un métier, en pratique comme en théorie.

Le professeur Glen U. Cleeton, du Carnegie Institute of Technology, croit qu’il y aurait avantage à remplacer l’apprentissage par un « internat ». Sous ce régime, un apprenti, dès qu’il serait devenu assez habile, se verrait confier certains travaux où il pourrait exercer son habileté, quitte à retourner au centre de formation, à des périodes rapprochées, afin d’apprendre d’autres phases de son métier. Ces périodes alternatives d’instruction et d’exécution lui permettraient d’accroître sa compétence. Avant d’être nommé compagnon, il devrait, pendant un an ou plus, mettre en pratique l’habileté acquise, sous la surveillance d’un maître artisan.

Le professeur Cleeton signale (Making Work Human, Antioch Press, 1949) que « certains syndicats ouvriers redouteraient un tel plan puisque celui-ci formerait des artisans supérieurs en compétence à plus de la moitié des membres syndiqués ».

Dans une allocution à la radio, l’an dernier, M. G. C. Bernard, gérant de la Division d’Ontario de l’Association canadienne des manufacturiers, a loué les résultats remarquables de la formation dans les écoles techniques des pays industriels de l’Europe.

M. Bernard conçoit un apprentissage permettant d’acquérir, en deux ans environ, une connaissance et une habileté suffisantes pour devenir un bon artisan.

Culture étendue

Outre la formation technique, il importe de procurer à nos jeunes gens une instruction étendue. Comme H. G. Wells le fait dire à Urthered dans son roman scientifique Men Like Gods : « Seul le savoir nous libère du servage de la vie ».

Celui qui a des connaissances étendues dépasse toujours l’homme asservi à une tâche, et il est moins à la merci du sort.

En ne s’intéressant qu’à l’exercice de son métier, l’homme perd de vue l’importance du savoir. Il refuse de se livrer à des passe-temps intéressants en prétextant qu’il n’a pas le temps. Piètre excuse, quand on songe que les artisans célèbres ont su trouver le temps d’enrichir leur esprit et leur existence.

L’étude des matières étrangères à l’emploi exercé fait souvent la différence entre le simple ouvrier et le bon artisan, entre la médiocrité et le génie.

La société, quoi qu’elle fasse, ne peut élever des ignorants et des paresseux au rang des artisans. Le bon artisan a le sentiment de sa propre valeur, que les patrons recherchent et savent reconnaître. C’est au patron et au contremaître à encourager chaque employé à faire bon usage de ses talents et à apprécier ceux qui réussissent.

Cent fois sur le métier…

Même si nous échouons dans nos efforts en vue d’atteindre la perfection, ne désespérons pas ; voyons plutôt à quelle autre faculté nous pourrions faire appel. Après plusieurs années d’observation, Darwin en est venu à la conclusion que les hommes diffèrent moins par leurs capacités que par leur zèle et leur détermination à utiliser les pouvoirs qu’ils possèdent.

La maturité de jugement du bon artisan se fonde sur les désappointements qu’il a eus, les doigts qu’il s’est écorchés et sur ses craintes aussi bien que sur ses succès.

Avoir du métier exige une habileté véritable. Ce n’est pas en marmottant quelque formule magique que vous transformerez des souris blanches en chevaux fringants. C’est en vous acharnant à votre métier que vous réaliserez vos rêves.

Le bon artisan peut rêver, mais il n’est pas qu’un rêveur. Cela nous rappelle le conseil donné à un jeune homme brillant mais inconstant : « Fais bien ton devoir de tous les jours mais, une fois rendu à la maison, occupe tes soirées et tes fins de semaine à mettre en oeuvre des inventions ou des idées nouvelles ».

Un écrivain, un artiste ou un inventeur n’attend pas d’être affranchi de la nécessité de gagner sa vie. À raison de huit heures de travail par jour, il ne dépense que 2,000 heures sur 8,760 à assurer sa subsistance. Celui qui a vraiment l’ambition de devenir un homme de science, un écrivain, un mécanicien, un ingénieur ou un architecte, trouvera le temps d’étudier afin de réaliser son ambition.

Tout homme a certes le droit de prendre un certain plaisir à ce qu’il fait. Mais cela dépend de deux conditions. Il faut d’abord qu’il exécute le travail de son choix, puis qu’il y consacre tout son talent et toute son intelligence.

Comme le dit C. E. Montague : « Quand nous accomplissons bien notre tâche toute la vie humaine acquiert à nos yeux un nouveau sens, une beauté nouvelle. La vie revêt un aspect que nous ne soupçonnions pas ».

Le bon artisan aboutit à cet heureux état d’esprit en apportant dans tout ce qu’il fait – dans les petites comme dans les grandes choses – le meilleur de lui-même. L’oeuvre qu’il façonne porte la marque de son habileté et de son goût et ne pourra que plaire à ceux qui l’utiliseront. Son travail est une partie essentielle de ce que Bertrand Russell appelle « le flot de vie qui va du premier germe aux limites de l’avenir inconnu ».