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Nous ne sommes pas tous d’accord sur les avantages que présente l’étude du passé. Les gens qui pensent qu’il importe de profiter de ses enseignements et les transmettre en dépôt aux générations futures coudoient tous les jours ceux qui estiment que les traditions et les coutumes sont des boulets qui entravent le progrès.

Quel malheur qu’il en soit ainsi ! Les convictions essentielles et les bonnes pratiques de notre monde occidental ont leur point d’appui dans la connaissance de l’histoire. Qu’est-ce qui peut servir de fondement à notre société sinon son passé ? Qu’est-ce qui peut guider les décisions des hommes d’affaires si ce n’est l’expérience ? Qu’est-ce qui peut nous conférer la maturité personnelle hormis l’étude réfléchie des événements d’autrefois ?

Les choses qu’il faut préserver de l’oubli se trouvent dans les livres, dans la mémoire des parents, dans les universités et dans les archives des entreprises commerciales. Que sont les livres sinon l’exposé imprimé des idées des hommes de l’époque où ils ont été publiés ? Que nous offre une université si ce n’est ce qu’elle tire du passé pour le communiquer, en l’interprétant et en l’adaptant, à chaque nouvelle génération ? Qu’est-ce qu’une mère a de plus précieux à transmettre à ses enfants que la sagesse accumulée par nos grands-mères et les leçons de sa propre expérience ? À quoi sert tout le travail de bureau effectué depuis les tablettes d’argile de Babylone jusqu’au ruban perforé des machines électroniques d’aujourd’hui, sinon à écrire l’histoire des affaires ?

Il y a cependant une réserve à faire : nous ne devons utiliser que ce qui est vrai, important et approprié. Il faut, comme l’a dit le grand orateur français, Jean Jaurès, « prendre la flamme du foyer des aïeux… non les cendres ».

Notre dette envers le passé

Il se peut que nous soyons déçus par la lenteur apparente des progrès sociaux que nous avons accomplis. Nous serons peut-être portés à penser que l’avancement n’a pas été en rapport avec nos possibilités. Le premier chapitre de l’histoire générale de W. P. Collier, publiée à Edimbourg, en 1868, s’intitule D’Adam à Babel. On pourra dire avec sarcasme qu’il n’est pas nécessaire d’y ajouter d’autres chapitres, car nous n’avons pas encore dépassé l’âge des propos confus.

Mais l’étendue de notre succès ou de notre échec ne change rien à l’obligation que nous avons d’utiliser tous les moyens possibles pour garder notre équilibre en ces temps où il est si facile de le perdre. Les faits saillants de l’histoire se répètent tous les jours dans notre vie privée, commerciale ou nationale. Lorsque nous pouvons cueillir un exemple dans le passé et en tirer profit aujourd’hui, nous faisons un usage très pratique de l’histoire.

Les fables et les légendes elles-mêmes ont leur utilité. L’un après l’autre, nous nous trouvons nez à nez, dans les péripéties de notre existence, avec chacune des fables et des légendes d’Ésope, d’Homère, de La Fontaine, de Florian, que nous pouvons vérifier dans la réalité.

Tous les contes et les chansons de geste du moyen âge, cette prétendue période d’interruption entre l’an 500 environ et la renaissance des lettres vers la fin du XVe siècle, sont l’expression déguisée de ce que les esprits de cette époque s’efforçaient d’accomplir. Si leurs histoires fantastiques nous semblent enfantines, bonnes tout au plus à figurer dans les livres pour la jeunesse, c’est uniquement parce que notre science a permis à leurs visions – bottes de sept lieues, subjugation des éléments, utilisation des propriétés secrètes des minéraux, tapis magique – de devenir des réalités.

Nous avons une dette éternelle envers le passé. Il est la véritable source de notre personnalité. Dans le moment présent, qui change à l’instant même où nous le vivons, le passé est tout ce que nous connaissons.

Nos devanciers

En nous apprenant ce qu’ont fait nos aïeux, l’histoire nous porte à la fois à respecter leur oeuvre, qui fut grande à leur époque, et à chercher à imiter leur ingéniosité et leur courage.

Les enfants considèrent beaucoup d’inventions comme tout à fait normales. Ils ne s’émerveillent pas devant l’automobile, l’avion, la radio, la télévision, le téléphone. Bien des choses nous paraissent très simples parce que quelqu’un a eu l’intelligence d’y penser il y a quelques années ou quelques siècles.

Ce serait une excellente habitude que de nous arrêter, de temps en temps, pour évoquer le souvenir des explorateurs, qui ont établi les fondements de notre prospérité. Ils ont frayé des sentiers dans les forêts et les montagnes, afin que nous puissions par la suite construire des grandes routes et des voies ferrées. Ils ont avironné avec leur canot sur des cours d’eau et des lacs inconnus, où nous avons aménagé une voie maritime. Leurs exploits nous incitent à empêcher la vaillance agissante des dures années de la naissance du Canada de se changer en une acceptation passive des avantages acquis.

Bien avant nos ancêtres des deux ou trois derniers siècles, il existait des peuples qui étaient déjà de vieilles nations, qui étaient déjà riches et cultivés à l’époque où le Canada ne comptait qu’une poignée de tentes habitées par les chasseurs de l’âge de pierre.

Tous ces siècles passés sont à notre disposition. Ce que Platon a pensé, nous pouvons le repenser. Tout a été consigné dans notre histoire pour nous dire comment nous sommes arrivés aux agréments et aux maux de notre temps : les efforts, les actions et les souffrances qui ont fait jaillir notre civilisation et notre culture du chaos.

Voilà l’un des services que nous rend l’histoire. Elle est le récit de la vie des sociétés, des changements que ces sociétés ont subis, des idées qui ont déterminé leurs faits et gestes, ainsi que des conditions et des forces matérielles qui en ont favorisé ou entravé l’évolution. Selon la théorie formulée par le grand historien Arnold Toynbee, toutes les civilisations traversent des phases de transition analogues, et l’étude du passé nous permet de mieux comprendre notre propre époque.

Nous touchons là au secret du rôle pratique de l’histoire. Il ne s’agit pas d’observer l’histoire au microscope, de la découper en tranches pour en faire un examen critique. Ce qui importe, c’est d’appliquer l’expérience du passé aux événements de notre temps. L’étincelle d’un autre âge pourra éclairer nos problèmes et nous aider à tracer notre route.

La largeur d’esprit

Rien n’est plus précieux et plus utile dans la vie que la largeur d’esprit. L’homme politique aux vues étroites ne sera jamais un homme d’État ; l’homme d’affaires qui n’a qu’une seule idée en tête ne saurait devenir un grand chef d’industrie ; le fanatique ou le sectaire ne peut goûter à fond la joie de vivre.

L’histoire contribue naturellement à élargir l’esprit. Elle nous montre comment des gens professant des opinions très différentes sur les questions sociales, politiques et religieuses ont mené une vie honorable et collaboré à l’avancement des arts, des lettres et des sciences.

L’étude de l’histoire favorise aussi la maturité du jugement. Celui qui connaît l’histoire est moins exposé que les autres à croire qu’une opinion est entièrement juste, qu’un but est parfaitement désintéressé, qu’un malheur n’a que de mauvais côtés. Il est moins enclin que ceux qui ignorent l’histoire à déprécier les autres ; à aviver les désaccords afin d’exciter les sentiments d’irritation ; à se laisser guider par des préjugés de race, de croyance ou de caste dans ses rapports avec les gens de son entourage.

La connaissance de l’histoire engendre la prudence. Il y a des siècles que l’on nous annonce la fin du monde. Nous avons toujours le sentiment qu’une crise est sur le point d’éclater. Au lieu de nous exaspérer, ne ferions-nous pas mieux de jeter un coup d’oeil sur le passé ?

Cet examen nous montrera comment certains peuples ont vaincu leurs difficultés en dirigeant et en unissant leurs efforts, tandis que d’autres ont été écrasés parce qu’ils ont refusé de les reconnaître ou compté sur quelqu’un d’autre pour les résoudre.

Culture et maturité

L’histoire est indispensable à l’activité intellectuelle d’une personne cultivée. C’est un élément essentiel de la maturité.

Pour le prouver, il suffit de songer combien il est difficile d’entretenir une conversation avec une personne qui n’a dans le passé aucun point de repère ou de comparaison pour parler d’une question d’actualité. Rien n’est plus pénible, dans le commerce des gens instruits avec ceux qui ne le sont pas, que cette impossibilité de converser imputable au manque de culture.

Notre culture canadienne plonge ses racines dans plusieurs pays. Lorsque nous remontons à la source de ces racines, nous nous apercevons que ce que nous sommes aujourd’hui fait partie intégrante du patrimoine de l’humanité. Seule notre histoire peut nous permettre de prendre pleinement conscience de nous-mêmes.

Mais pour en tirer le maximum de profit, nous devons lire l’histoire à travers les frontières au lieu de lire notre histoire en tant que nôtre et l’histoire des autres pays comme quelque chose qui ne nous concerne pas. Nous devons admettre le fait qu’il existe aussi d’autres modes de comportement que celui qui nous est propre et que ces façons d’agir répondent aux besoins d’autres êtres humains. Beaucoup de problèmes canadiens ne peuvent se comprendre que dans un contexte général et même mondial.

Les directives officielles formulées par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture nous engagent à améliorer l’enseignement de l’histoire dans les écoles afin qu’il contribue davantage à la compréhension internationale.

On ne cherche pas à exclure l’enseignement de l’histoire nationale, mais à l’expliquer à la lumière de l’histoire générale de l’humanité. L’histoire nationale acquiert un nouveau sens lorsqu’on la place dans un cadre plus étendu.

La vérité dans l’histoire

L’histoire se compose des questions d’actualité de l’époque où elle se fait. Son laboratoire est le monde où nous circulons. Elle se grossit chaque jour d’une foule de banalités. Le problème est de choisir entre les hypothèses et les probabilités de l’histoire.

Comme toutes les sciences, l’histoire cherche la vérité. Elle doit être aussi fidèle aux faits que le permet la faillibilité humaine. Ce n’est plus de l’histoire si elle est écrite par des colporteurs de potins et des propagandistes. Si les actions qu’elle rapporte sont honorables, elles n’exigent rien de plus que la vérité. Lorsque l’embellissement transparaît, soyez sur vos gardes.

Pour dire la vérité en histoire, il n’est pas nécessaire d’être terne ou ennuyeux. Les grands historiens s’appliquent à relater les événements tels qu’ils les voient sans se laisser obséder par la réalité.

L’homme est plus qu’une machine à faire des actions. L’histoire de sa vie ne doit pas être une morne chronique d’événements sans rapport, mais un drame merveilleux de pensée, de sentiments et d’activité. Marc-Antoine et Cléopâtre ont pris un intérêt palpitant à faire l’histoire ; il serait injuste de raconter leurs aventures sans passion.

La vulgarisation à l’échelon élémentaire offre encore d’excellentes possibilités. Sir Walter Scott dans ses romans et Jane Porter dans The Scottish Chiefs ont utilisé les fragments de vérité que les historiens rejetaient derrière eux avec dédain. C’est en faisant appel à l’imagination que Parkman a évoqué avec tant de réalisme le dispositif de bataille de Wolfe sur les Plaines d’Abraham. Il a su résumer en une phrase étincelante tout le drame de la capitulation de Vaudreuil : « La moitié du continent venait de changer de mains d’un trait de plume. »

L’histoire ne consiste pas uniquement à rapporter les grands événements qui ont marqué les années et les siècles, mais aussi à retracer les pensées qui ont guidé et inspiré les esprits.

On peut apprendre l’histoire d’une façon très agréable par la lecture des biographies, qui sont de véritables drames de la vie humaine. Il arrive parfois que certains hommes ou certaines femmes se frayent un chemin jusqu’au premier rang des événements, mais le plus souvent ils s’y trouvent tout simplement au moment propice, tout comme le petit Hollandais qui sauva la digue en bouchant un trou avec son doigt. La connaissance de ce qui les a amenés à l’avant-scène, de ce qu’ils ont fait, des sentiments qui les animaient et de ce qui en est résulté : cette connaissance, c’est l’histoire.

L’histoire gravée dans les monuments

Nous sommes beaucoup trop portés à négliger l’histoire qui se trouve en dehors des livres et des manuels, l’histoire écrite dans nos bâtiments, nos arts, notre artisanat, nos chansons populaires. Songez, par exemple, aux multiples aspects de leur histoire que nous ont transmis les Grecs : histoire politique, poésie épique et lyrique, théâtre, philosophie, architecture, sculpture. Tout cela – une ode de Pindare, un centaure en marbre, les imposantes colonnes du Parthénon – révèle la mentalité et la vie d’un peuple. Chacune des plaques de cuivre de l’Abbaye de Westminster, chacun des bustes de l’Académie française rappelle quelque chose ou quelqu’un qui a influé sur la préparation du milieu dans lequel nous vivons actuellement.

L’histoire du Canada a été écrite dans les ceintures de coquillages, les monticules de terre, les tas de pierres et les totems ; dans le fort Chambly et le fort Garry ; dans la poésie, les chansons de folklore et les légendes ; dans les sentiers des forêts et les portages ; dans les églises, les mairies et les maisons.

Il faut les yeux de l’imagination pour voir tout cela. Toynbee nous dit que vers la fin du XVIIIe siècle, « la génération contemporaine du Moyen-Orient était assise sur les ruines merveilleuses des civilisations éteintes et ne se souciait pas de rechercher ce qu’étaient ces monuments ».

Il serait bon, dans l’intérêt même de notre pays, de nous assurer qu’aucune construction ancienne ne puisse être démolie, ni aucun document ou carte des temps passés être détruits, avant que des personnes compétentes n’en aient examiné la valeur du point de vue de notre histoire.

L’histoire du Canada

Il est temps que le Canada commence à s’intéresser activement à son histoire. Nous ne pouvons atteindre la maturité politique sans avoir une connaissance intelligente de notre passé. Pourtant, écrit Hilda Neatby dans un mémoire rédigé pour la Commission royale d’enquête sur l’avancement des arts, lettres et sciences au Canada : « Nous n’avons à l’heure actuelle aucune histoire nationale ni aucune conscience véritable de notre passé ». Notre biographie politique elle-même est peu abondante, parce que « les hommes d’État canadiens ont réussi à s’ensevelir dans l’obscurité ».

Le travail accompli jusqu’ici par les lettrés est de premier ordre, mais il est fragmentaire et épars. Deux choses sont nécessaires : synthétiser notre histoire sur le plan scientifique et littéraire, afin que nous possédions un récit cohérent de notre passé, et combler le vide qui sépare l’histoire savante de l’homme ordinaire.

Le professeur W. L. Morton a résumé ainsi ce qui nous est nécessaire dans sa communication à la Commission royale : « Ce qu’il faut, dit-il, c’est une direction positive de la part des organismes nationaux dans tous les domaines des travaux historiques, des archives, des bibliothèques, de la publication, de la présentation et de la commémoration ». Cette direction peut être assurée par les lois, les subventions et les sociétés nationales.

Il conviendrait, d’autre part, que les manuels soient exempts d’interprétations partiales et qu’ils indiquent ce que tous les Canadiens ont en commun. L’honorable Ernest Rinfret disait dans une allocution, il y a quelques années, qu’il est inconcevable que l’on enseigne des histoires du Canada différentes dans les écoles de langue française et de langue anglaise. « Nous élevons en fait nos enfants dans les préjugés, ajoutait-il… Faut-il s’étonner alors que les Canadiens ne soient pas unis comme ils devraient l’être ? »

Selon l’opinion du Comité d’étude sur les manuels d’histoire du Canada, comité qui a fait rapport à l’Association d’éducation canadienne en 1944, les faits essentiels exposés dans les manuels d’histoire du Canada devraient être les mêmes dans toutes les provinces.

Les réalisations provinciales et locales y occuperaient sans doute la place qui leur revient, mais chaque manuel devrait signaler les grands événements historiques qui intéressent tous les Canadiens. Il n’y a rien dans la vie de Wolfe et Montcalm, de Champlain, Cartier et Mackenzie, de Dollard et Cornwallis, qui ne soit notre bien à nous tous. Nous trouverions sans doute avantage à inclure dans tous les manuels les exploits des explorateurs anglais, des loyalistes, de la compagnie de la baie d’Hudson aussi bien que ceux de Madeleine de Verchères, d’Iberville et des trafiquants de pelleteries français.

L’histoire ne doit pas nous décourager

Certaines personnes évitent peut-être de lire l’histoire sous prétexte que la lenteur des mouvements ascendants qu’ils discernent dans les annales des affaires humaines les décourage. Mais s’il y a beaucoup de folies dans ces annales, il y a aussi beaucoup de grandeur ; si l’on y voit beaucoup d’erreurs, on y découvre aussi beaucoup d’actions nobles et exaltantes.

Nous devons nous attacher surtout aux choses importantes et éviter de chicaner sur des vétilles. Même si nous constatons que nous avions tort de fixer la création du monde à l’an 4004 av. J.-C., il vaut mieux de toute façon se reporter à une époque aussi reculée que ne pas voir plus loin en arrière que la Confédération. Si notre esprit se brouille devant les cinquante raisons différentes que mentionnent les divers livres pour expliquer les deux guerres mondiales, nous avons tout de même une meilleure idée de leur cause que si nous présumons qu’il n’y a qu’une seule raison ou qu’il n’y en eut aucune autre que le Destin.

La lecture de l’histoire de l’humanité nous révèle qu’il n’existe pas de période qui n’ait pas été considérée comme critique par certains de ses contemporains. On dirait que l’histoire n’est qu’une longue suite de crises. Celles de notre temps paraissent plus graves parce que nous y sommes plongés.

Les refrains bien connus au sujet de l’effondrement de la civilisation occidentale pourront, si nous ne lisons pas l’histoire, voiler à nos yeux l’extraordinaire puissance créatrice qui a fait de cette civilisation l’oeuvre la plus riche et la plus dramatique de l’histoire. Elle s’est maintenue, dit Herbert J. Muller, à un haut niveau d’activité créatrice durant une plus longue période que les sociétés antérieures. Nous avons hérité de connaissances, de méthodes, d’arts, d’idées et d’idéaux, de choses durables que nous ne devons pas abandonner volontairement, mais que nous sommes portés à oublier parce que nous les considérons comme des dons gratuits.

Un homme qui ignore l’histoire est comme un somnambule qui trouve devant lui, le matin, ce qu’il a fait dans son sommeil. Le pays qui néglige d’apprendre sa propre histoire n’a pour tout horizon que le bref présent de la génération du moment. L’entreprise commerciale sans dossiers ni archives est obsédée par la hâte de se mettre au courant des perfectionnements que des archives lui auraient permis de prévoir.

Sur le plan le plus vaste, l’histoire est au genre humain ce que la raison est à l’individu. Grâce à la raison, l’homme n’est pas, comme la brute, limité à l’étroit domaine du présent, mais il a l’avantage de pouvoir contempler le champ infiniment plus étendu du passé auquel il est relié et dont il procède.