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Il est assez difficile de prédire quelle sera l’évolution de l’enseignement au Canada, mais les vues que l’on exprime un peu partout indiquent que nous sommes au moins convaincus de la nécessité de nous adapter aux idées nouvelles. L’exiguïté des locaux scolaires, la rareté des instituteurs, le manque d’argent soulèvent, dans chaque collectivité, les mêmes problèmes pratiques. On réclame en outre des changements dans les programmes d’études et les méthodes d’enseignement. Nous prenons de plus en plus conscience du besoin où nous sommes, si nous voulons respecter l’égalité de l’enseignement, comme nous nous vantons de le faire, d’accorder une attention spéciale aux enfants arriérés, handicapés et surdoués.

Le succès d’une école, quelle qu’elle soit, suppose que l’on a trouvé la bonne réponse aux questions suivantes : Qu’est-ce qu’il s’agit de faire ? Quelles sont les ressources disponibles ? Quelle collaboration peut s’établir entre ceux qui fondent l’école, ceux qui la soutiennent et ceux qui la dirigent ?

Une question se pose aussi dans un autre ordre d’idées : comment allons-nous, dans un pays qui est à l’aise matériellement et qui n’a plus à lutter contre les éléments pour subsister, mettre au point un système d’enseignement capable d’informer, d’orienter et d’ordonner nos vies ?

Nous avons besoin de chefs de file pour trouver la réponse. Et la fonction de chef ne noir pas être l’apanage des ministres de l’Instruction et des présidents de commissions scolaires ou d’associations. Elle appartient également aux directeurs, aux principaux, aux instituteurs et aux contribuables.

Il ne suffit pas d’être élu à une charge ou un poste pour être un bon chef. Le chef n’est pas simplement celui qui marche en tête d’un groupe de personnes qui savent où elles vont. Sa principale qualité consiste à avoir assez d’imagination pour voir ce qui devrait être et assez de personnalité pour entraîner les autres à sa suite.

Il y a en matière d’enseignement des questions en suspens, comme il y en a dans les sciences. Beaucoup de ces problèmes résultent, non pas de nos échecs passés, mais des progrès scientifiques, mécaniques et sociaux dont nous avons été gratifiés ces dernières années. Nous devons renoncer à l’idée facile que nous pourrions nous contenter de donner une très bonne instruction à une petite élite et une instruction un peu moins bonne à la masse. Notre époque exige que nous assurions à chacun le maximum de développement à tous les niveaux.

L’instruction et la société

Aucune nation ne peut être libre si elle reste dans l’ignorance, mais l’ignorance a aujourd’hui un sens plus étendu qu’il y a quelques années. Les questions qui autrefois semblaient n’être l’affaire que de quelques personnes sont aujourd’hui considérées comme étant aussi l’affaire d’un nombre de plus en plus grand de citoyens.

Il en est ainsi parce que, après avoir battu en retraite pendant des siècles, le despotisme reprend son avance. Des forces dures, obscures et puissantes travaillent dans l’ombre. Le civisme bien compris ne consiste pas simplement à croire à la démocratie. Il requiert une bonne connaissance des principes et des institutions politiques, de l’histoire et de l’économie. Il demande que nous sachions lire, comprendre et contrôler des raisonnements beaucoup plus compliqués que tout ce que l’on a présenté jusqu’ici au grand public.

Il y a six ans paraissait le terrifiant roman do George Orwell : 1984. Dans ce livre, le parti du Grand Frère invente le moyen d’asservir l’esprit des hommes. Cela consiste d’abord à supprimer l’histoire et à abandonner les hommes à la dérive dans un monde où l’expérience du passé n’a plus aucun sens. Puis, on s’attaque au langage, qui s’altère jusqu’au point de ne plus pouvoir servir de véhicule à la pensée indépendante. Le tout se termine par la destruction de la logique et des mathématiques, ce qui amène les victimes non seulement à dire, mais à croire sincèrement que deux et deux font cinq.

C’est une erreur de croire que, dans un monde en révolution, il faut être révolutionnaire dans l’enseignement. À l’heure où tant de choses se désagrègent autour de nous, n’avons-nous pas besoin de nous accrocher avec fermeté aux principes supérieurs que nous pouvons sauvegarder ? Il est permis de critiquer et de réformer, mais sans ces normes nous n’avons rien pour juger de la valeur de nos réactions devant les situations nouvelles.

Nous aurions également tort de vouloir rejeter la responsabilité de la crise actuelle de notre enseignement, notamment de notre enseignement scientifique, sur la propagande, les hommes de science, la bombe atomique ou certains pays étrangers. Cette crise résulte de l’épuisant effort que fait l’humanité pour pénétrer dans l’ère nouvelle de la technologie. Il suffit de jeter un coup d’oeil autour de nous pour constater que le Canada fait bonne figure dans les expériences sur l’énergie nucléaire, qu’il apporte sa modeste contribution à l’exploration de l’espace extra-atmosphérique, que ses spécialistes en science médicale se rangent parmi les premiers du monde par leurs études sur le cerveau et les cellules vivantes. Et ces succès laissent prévoir de tels changements dans nos vies qu’il faudra toutes les ressources de notre faculté d’adaptation pour les assimiler et conserver notre stabilité.

L’éducation est une tâche constructive

Nous ne pouvons pas accomplir de grandes choses en éducation en mettant l’accent sur la survie, par exemple. Il nous faut faire appel à des motifs plus nobles que la peur. Nous devons nous attacher fermement à l’idéal d’enseigner à nos enfants, dans nos foyers, nos écoles, nos universités et nos collectivités, à vivre avec les autres, à faire valoir au maximum leurs talents et leurs aptitudes, à se préparer à devenir citoyens d’une société aux dimensions du monde.

Nous ne pouvons pas nous contenter des parures de la vie, car la civilisation se situe au-dessus da téléphone, de l’électricité, de l’automobile et de la télévision. Les inventions de l’homme ont révolutionné les conditions de vie et sont devenues, même pour ceux qui en sont encore privées, les faux symboles de la civilisation, les « faux dieux des temps modernes », : comme dit du Nouy dans La destinée humaine.

Voilà pourquoi il est si essentiel d’avoir des hommes capables de nous guider dans la voie que nous devons suivre en matière d’enseignement.

Parmi les organismes qui s’emploient tout spécialement à diriger les destinées de notre enseignement et à encourager l’oeuvre éminemment constructive de l’éducation à tous les niveaux, il convient de mentionner la Canadian Education Association et la Canadian Conference on Education, ainsi que l’Association canadienne des éducateurs de langue française et l’Association d’éducation du Québec.

Pourquoi aller à l’école ?

La pierre de touche de notre système d’enseignement consiste à savoir s’il a contribué à faire de nos enfants des hommes pleinement développés. Nous manquons notre coup si les enfants ne vont à l’école que parce que c’est la filière à suivre pour apprendre un métier ou obtenir un diplôme.

Le chanoine Cody nous a laissé cette définition de l’éducation : « l’art d’enseigner aux hommes à se développer et à mener une vie utile ». Pour le prince Philip, c’est « … le développement de l’intelligence, la formation active de la volonté, la préparation pratique à la vie ».

L’éducation ne se borne pas à bourrer le crâne des élèves de faits et de formules. À leur sortie d’un établissement d’enseignement, tous les jeunes devraient savoir trois choses fondamentales : où ils en sont ; où ils vont et ce qu’il y a de mieux à faire dans les circonstances. Le don le plus précieux que leur aura fait l’école sera de leur avoir appris à résoudre les nouveaux problèmes en puisant dans le trésor intellectuel constitué par les générations antérieures.

Si nous ne voulons pas devenir un peuple d’automates et de robots, nous devons assurer à nos enfants une éducation libérale et générale. Méprisant la valeur essentielle des vérités éternelles dans les études, le dernier kaiser déclarait : « Notre tâche est de former des jeunes Allemands, non des jeunes Grecs et des jeunes Romains ». Il pariait le langage du despotisme nationaliste, non celui de la libre démocratie.

Certains croient encore aujourd’hui, alors même que l’expérience universelle témoigne de la fausseté de cette doctrine, que l’éducation générale manque de réalisme à une époque où l’existence est en quelque sorte une course technologique à la survie. Mais il y a une réaction évidente contre l’engouement pour la technique isolée des influences humanisantes. Ainsi que le disait Léon Lortie, directeur de l’Extension de l’enseignement à l’Université de Montréal, devant les membres de la Conférence nationale des universités canadiennes, en 1956 : « À l’instar d’autres institutions canadiennes de haut savoir, les universités de langue française expriment l’opinion que nous n’avons pas seulement besoin d’hommes de science, d’ingénieurs et d’économistes ; mais de gens cultivés qui, quelle que soit leur langue ou leur religion, feront d’excellents citoyens canadiens ».

Les matières classiques ne sont pas les débris d’un passé momifié ; ce sont les puissants outils qui permettent à un homme de découvrir et de manier la réalité. Elles affinent son intelligence, exercent sa faculté d’analyse et lui font acquérir l’habitude de juger et de raisonner avec intelligence. Aussi, l’éducation libérale ne doit-elle pas être simplement un bien auquel nous avons droit et que nous sommes prêts à défendre, mais quelque chose que nous dispensons avec largesse à nos jeunes gens.

Ce n’est pas à dire qu’il faut négliger les sciences. Il serait absurde de soutenir qu’un homme peut être considéré comme cultivé sans avoir une certaine connaissance du rôle des sciences dans notre vie.

L’éducation libérale s’oppose au dogmatisme, à l’étroitesse d’esprit, à la suffisance, à l’intolérance. Elle s’efforce, en initiant les élèves à la méthode de la recherche scientifique, de leur enseigner à peser le pour et le contre et à en arriver ainsi à des conclusions logiques, appuyées sur des preuves solides et valables.

Le besoin de direction

La direction donnée à notre enseignement est pour nous tous une question d’intérêt pratique. Nous devons créer au sein des groupements et des collectivités le sentiment d’un effort commun, soigneusement orienté vers le but à atteindre. Le rôle de la direction est précisément de susciter et de coordonner les efforts.

Certains principes de direction valent pour toutes les catégories de chefs. Ils supposent notamment, mais non pas exclusivement, de l’intelligence, de l’initiative, du courage et la connaissance de la nature humaine. Mais il ne suffit pas, pour être un bon chef, de posséder un certain nombre de qualités indépendantes ; ce qui compte, c’est la force que représente leur action conjuguée devant une situation donnée.

Le chef est appelé à travailler avec ardeur. Sa préparation doit être proportionnée à la grandeur de la tâche et aux espoirs de ceux qu’il dirige. Les gens qui croient pouvoir tout faire, y compris le métier de chef, sans avoir rien appris, sont un fléau pour nos mouvements et nos associations.

Le chef doit veiller à associer les personnes particulièrement compétentes à son oeuvre. Ceux qui participent à l’étude d’un problème sont toujours plus portés à agir ou à appuyer une cause que les simples observateurs ou les témoins passifs.

Il importe enfin que le chef soit doué d’une grande souplesse d’esprit, qu’il soit prêt à sacrifier certaines de ses vues en faveur des idées nouvelles et louables émises par ses collaborateurs. Il saura pratiquer l’art du compromis, et ce n’est que dans les questions essentielles, et encore après avoir épuisé tous les moyens de persuasion, qu’il aura recours à la contrainte.

Qui sont les chefs ?

Au coeur même du système d’enseignement se trouve l’instituteur. Les espérances que nous fondons sur nos enfants ne peuvent se réaliser que si nous avons des instituteurs bien instruits, bien formés, enthousiastes et dévoués.

S’ils ont conscience de leur responsabilité sociale, les membres de la profession peuvent faire énormément pour répandre l’instruction et la culture dans notre pays. Quand l’intelligence d’un élève s’enflamme, c’est presque toujours le maître qui fait jaillir la première étincelle.

La société a de graves devoirs envers les instituteurs. Elle leur doit de la considération, une rémunération convenable même s’il n’y a pratiquement pas de concurrence dans ce métier, de bonnes conditions de travail, la protection de leurs droits et de leur réputation, et la possibilité d’acquérir une fierté croissante de leur état en élargissant sans cesse leurs horizons.

Le corps enseignant a besoin d’hommes et de femmes zélés, pour qui le salaire n’est pas la principale des préoccupations. Mais, ainsi que le soulignait le Rapport Rockefeller sur l’enseignement, il y a trois ans, « d’ici à ce que nous payions les instituteurs au moins aussi bien que les cadres moyens, nous ne pouvons pas nous attendre à voir cette profession attirer toute la gamme des talents qui lui seraient normalement réservés. »

Il va sans dire que le directeur d’école est un chef de toute première importance dans un établissement d’enseignement. L’influence qu’il peut exercer sur les élèves, les instituteurs et les parents est très forte. S’il a le sens de la grandeur, s’il a de l’idéal, il est on ne peut mieux placé pour communiquer ses aspirations et son enthousiasme à ses instituteurs et à son entourage.

La collectivité devrait, par l’entremise de ses représentants, veiller à ce que le directeur d’école ne soit pas tellement pris par l’administration et l’enseignement qu’il lui faille négliger la direction des instituteurs et des élèves.

L’inspecteur qui tient à améliorer l’enseignement et l’instruction ne se contente pas de contrôler ou d’examiner le fonctionnement des écoles. Il aide les directeurs et les instituteurs à découvrir les points faibles et l’école à donner son rendement optimum.

Chaque paroisse ou collectivité doit s’attacher, par l’intérêt pratique qu’elle manifeste pour l’enseignement, à amener ses meilleurs citoyens à exercer la fonction de commissaire d’école. Remplir la charge de commissaire, c’est rendre un service signalé à la société, car c’est à la commission scolaire qu’incombe le devoir de subvenir à tous les besoins de l’enseignement dans une localité.

La collectivité sera particulièrement fière de voir ses commissaires diriger les affaires scolaires avec vigilance et prévoyance. Il est vraiment flatteur d’entendre les contribuables dire : « Nos commissaires » d’école ont prévu cette situation, et lorsqu’elle s’est présentée, nous étions prêts à y faire face ».

Au delà de l’école, des instituteurs et de la commission, nous trouvons les parents, qui eux aussi ont un rôle de direction à jouer en matière d’enseignement. Ne montrent-ils pas à leurs enfants à parler, à bien se tenir, à manger, à se maîtriser, à travailler et à accomplir quantité d’autres actions fondamentales ? Ils peuvent fort bien entraver le fonctionnement de l’école, mais ils peuvent aussi l’appuyer et faciliter sa tâche.

Les parents ne doivent pas abdiquer leurs propres responsabilités en comptant sur l’école ou l’instituteur pour découvrir des qualités que le foyer est le mieux à même de développer. Ils ont le devoir d’encourager leurs enfants à employer toutes leurs aptitudes pour apprendre et de guider leurs efforts de façon qu’ils fassent le meilleur usage de leurs talents. Un enfant ne cherche à exceller que si ses parents estiment que l’excellence est quelque chose de bon et de bien.

Groupements et associations

Il existe au Canada de nombreuses associations qui consacrent leurs efforts à l’amélioration de nos méthodes d’enseignement. On ne saurait trop louer les parents qui se joignent à des groupes de personnes qui s’intéressent vivement à cette oeuvre commune.

Les associations de parents et maîtres ont apporté une contribution appréciable à la cause de l’enseignement en s’efforçant sans relâche d’éveiller l’intérêt des parents pour les écoles et la bonne formation de leurs enfants. Nous leur sommes redevables, dans bien des cas, de progrès fort remarquables tant en ce qui concerne les programmes que les installations.

Le but d’une association de parents et maîtres n’est pas de retirer la direction de l’école des mains des commissaires ou du directeur. Par contre, elle ne doit pas dégénérer non plus en société de dames auxiliaires chargée de procurer le superflu ou même le nécessaire en organisant des danses et des parties de cartes. Sa mission consiste à collaborer, en prêtant son concours aux autorités scolaires, à former des enfants qui seront plus tard des citoyens sains de corps et d’esprit.

L’association ne doit jamais cesser d’étudier les problèmes et de chercher des solutions si elle veut être vraiment utile à l’école. La discussion en groupe est un excellent instrument, à condition qu’elle soit pratique. Comme le disait un éducateur, « pendant que vous vous demandez si vous allez commencer par enseigner telle chose ou telle autre à votre enfant, celui du voisin les apprend toutes les deux ».

L’association de parents et maîtres n’est pas une tribune où les instituteurs initient les parents à la régie de l’école, mais une assemblée où l’on échange des idées sur les moyens d’assurer aux enfants la meilleure formation que peuvent imaginer de concert le foyer et l’école.

Le succès et la multiplication des associations de parents et maîtres, depuis quelques années, démontrent avec évidence que le public s’intéresse de plus en plus à la chose scolaire et qu’il faut des chefs pour diriger et coordonner les aspirations et les efforts dans ce domaine. Le travail accompli par ces organismes a déjà permis à plusieurs collectivités de constater qu’il restait des progrès à accomplir et que l’on pouvait faire mieux, ce qui est la condition préalable à toute action féconde.

Mais pour que le publie continue de s’intéresser à l’enseignement, il faut le renseigner. Et les renseignements diffusés doivent être complets et accessibles à tous, afin que les gens puissent examiner les faits et prendre des décisions en connaissance de cause.

En 1959, une enquête était entreprise dans une grande ville du Canada en vue d’établir jusqu’à quel point les citoyens connaissaient leur système scolaire. Les résultats s’échelonnèrent entre zéro et 71 p. 100, avec une moyenne de 38 p. 100. C’est ce qui faisait dire à un observateur : « L’enquête indique d’une manière concluante que le publie est mal renseigné sur les questions scolaires ».

Les écoles ont tout à gagner à s’efforcer de satisfaire avec franchise et empressement à ce besoin d’information de la part de la collectivité.

Il ne s’agit pas de faire de la publicité, c’est-à-dire de vanter la qualité de l’institution, de ses programmes et de ses initiatives. Rien ne saurait être plus dangereux, au niveau de la direction, dans l’enseignement comme dans les affaires, que de confondre ce genre d’information avec les relations publiques bien comprises.

Ce qu’il faut rechercher ici, c’est la compréhension, qui ne peut résulter que d’un échange, d’un acte qui consiste à donner et à recevoir : à fournir des renseignements afin de bénéficier des commentaires et des jugements ainsi suscités.

Penser à l’avenir

Il n’existe pas de système d’enseignement garanti pour la vie. Malgré tous nos efforts, il sera toujours impossible de normaliser l’instruction pendant une période donnée et de la laisser ensuite à elle-même comme une machine automatique. Il n’est guère douteux que, dans le cours du prochain demi-siècle – c’est-à-dire pendant la vie moyenne des enfants qui vont actuellement à l’école – la diffusion de la technologie et les bouleversements politiques de toutes sortes changeront la face du monde. Aussi serait-il extrêmement désastreux de vouloir former nos enfants en vue d’un mode de vie qui n’existera plus.

Comme le dit si bien un auteur, nos jeunes gens doivent se préparer à vivre dans un monde où le sort des valeurs est des plus précaires et ne pourra être assuré que par une vigilance de tous les instants.

À ce point de vue, nous avons tous un rôle de direction à jouer. Tout dans la formation des jeunes concourt à déterminer leur destinée, et nous avons la terrible responsabilité de guider leurs pas.

Il est donc très important pour nous de bien définir notre but, de prévoir, de nous préparer, afin de ne pas être pris au dépourvu ou réduits à adopter des solutions improvisées.

Comment jugerons-nous si nous sommes à la hauteur de notre mission ? À ce seul signe que nous aurons la perception bien nette de l’écart qui existe entre ce qui est et ce qui pourrait être. Il y a une philosophie qui nous offre le meilleur critère qui soit pour bien juger ; c’est celle que sir Richard Livingstone appelle la « philosophie de l’excellence ».