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Dès son arrivée à la frontière d’un pays étranger, le voyageur doit obtempérer à l’inéluctable question des douaniers : « Avez-vous quelque chose à déclarer ? » Il ouvre ses valises et, plongeant la main au milieu de ses vêtements, de ses articles de toilette et de ses babioles personnelles, il en extrait certains objets qui ont une importance particulière pour lui comme pour l’agent de la douane.

Chaque année, au début de l’été, des centaines de jeunes gens sortent des universités et des collèges, et s’engagent sur des routes diverses pour se lancer dans la grande aventure de la vie. Ils entrent eux aussi dans un monde étranger, où ils ont des trésors et des choses précieuses à déclarer.

Les connaissances qu’ils ont mises en réserve les aideront à s’orienter dans ce milieu nouveau. Les idées et les façons de penser qu’ils ont acquises leur serviront à maîtriser leur comportement. Leur mode de vie et leur succès dépendront dans une large mesure de leur habileté à coordonner leurs connaissances, leurs idées et leurs actions.

À cette époque décisive de la vie, l’avenir n’est pas un roman que l’on lit à loisir, mais un voyage, dont il faut chaque jour parcourir une nouvelle étape. C’est un long trajet, où tous nos talents, toutes nos règles de conduite, toute notre sagesse et toute notre énergie devront être mis à contribution.

Les voyageurs avisés dressent une liste de leurs objets de valeur, afin de simplifier leur passage à la douane. Le présent Bulletin a pour but d’aider les diplômés à établir une liste analogue pour connaître les moyens dont ils disposent au moment où débute une nouvelle phase de leur vie.

Quelle est la somme de vos connaissances ? Le total vous surprendra peut-être, car tout cela vous est venu petit à petit, année par année, classe par classe. Vous ne vous êtes probablement jamais arrêté à considérer votre savoir dans son ensemble.

Notez-en dès maintenant toute la richesse. Non pas seulement en notions qui se comptent, comme les dates, les formules, les règles de mathématiques, les données biologiques, les lois économiques. Vous avez aussi emmagasiné une foule d’images sensorielles, de judicieuses appréciations, de souvenirs de faits vécus. Tout cela a été soumis à l’action de votre intelligence et de votre imagination.

Il s’agit maintenant de déballer ce bagage et de le faire valoir. Si vous tenez vos trésors sous clef, comme des biens tout à fait personnels, si vous considérez tout ce que vous avez appris comme quelque chose dont vous allez jouir dans la solitude de votre cabinet, en faisant abstraction de la vie qui bat autour de vous, votre science et votre expérience ne sont pas des valeurs déclarables. Si vous les mettez à l’entrepôt avec l’idée de les en retirer plus tard, vous risquez beaucoup de les perdre, et, dans l’intervalle, vous vous privez d’une foule de choses aussi utiles qu’intéressantes.

Sur quel autre avantage que la chance, ce pâle expédient de l’ignorance, pourrez-vous compter si vous ne vous servez pas des connaissances et de la clairvoyance que vous avez acquises jusqu’ici ?

Faites valoir vos talents

N’allez pas vous imaginer cependant que la liste de vos acquêts est dès maintenant complète et définitive. Le pire ennemi contre lequel vous aurez à lutter dans les efforts que vous accomplirez pour faire votre chemin, dans votre profession ou votre travail, sera l’idée insidieuse et stérile que vous en savez assez. Toute vue, toute expérience nouvelle doit contribuer à vous faire prendre de plus en plus conscience de ce qui vous reste à apprendre.

À l’école et à l’université, l’acquisition du savoir était une condition essentielle pour être promu à une classe supérieure. Cette loi vaut également dans la nouvelle vie qui commence pour vous.

Se contenter uniquement de ce que l’on sait, c’est se refuser les joies de la découverte, qui ne se gagnent que par le travail et l’étude. Tout le fruit de la pensée humaine à travers les siècles est à nous si nous voulons bien nous donner la peine de le cueillir. C’est notre héritage ; le fondement de notre sagesse.

Le savoir est un ensemble de choses connues. En reliant ces choses connues à d’autres choses qui ne le sont pas encore, l’intelligence produit des idées. C’est l’intelligence qui nous permet de discerner l’essentiel de l’accessoire, de faire des rapprochements et d’établir des distinctions.

Outre le savoir et l’intelligence, il faut inscrire sur votre liste l’habileté et la compétence. L’histoire nous enseigne que l’habileté était l’une des qualités requises pour s’asseoir à la Table ronde du roi Arthur. C’est aussi une nécessité aujourd’hui pour occuper un poste de commande dans la vie publique ou dans les affaires. Vous ne passerez certes pas de votre pupitre d’étudiant à un bureau de directeur si vous n’avez pour toute capacité que celle de vous asseoir.

L’habileté est quelque chose de plus que la science livresque et la dextérité technique. Vous aurez peut-être cent sur cent à l’écrit, vous aurez peut-être très bien appris à faire une opération, mais si vous ne possédez pas le savoir-faire du métier, vous ne réussirez jamais parfaitement dans votre nouvelle vie, Et en quoi consiste le « métier » sinon à faire habituellement du « beau travail ».

La « compétence » est un bien grand mot dans une société qui s’est graduellement laissé éblouir par l’utilité pratique et la mécanisation. Elle permet d’allier à la quantité du travail, qui se fonde sur le temps, la qualité du travail, qui, elle, se fonde sur la valeur.

Avez-vous remarqué que les moments où vous avez le sentiment le plus vif de donner votre pleine mesure sont ceux où vous tenez vous-même le chronomètre ou le cordeau, et non pas les moments où un autre vous pousse à l’effort ou mesure votre travail ? On ne jugera désormais votre valeur que par votre rendement. Vous entrez dans un monde qui, pour paraphraser Napoléon, donne les outils à ceux qui savent s’en servir.

Les choses que vous ferez ne seront pas toutes des chefs-d’oeuvre. Les plus grands artistes eux-mêmes manquent certains jours d’inspiration. Mais il faudra toujours vous appliquer à tout faire avec soin et de votre mieux.

Les qualités de l’esprit

Il y a plusieurs qualités de l’esprit à noter sur votre liste. Et tout d’abord la discipline. Vous avez appris certains principes fondamentaux, tels le respect du bien et des droits d’autrui, le respect de la loi, de l’honnêteté, de la probité, le respect de l’autorité légitime. Mais vous les avez appris sous tutelle ; demain, commencera l’ère de la responsabilité réfléchie, où vous ne pourrez compter que sur vous-même. D’où l’importance de remplacer la discipline extérieure par la discipline intérieure. Il existe, en effet, deux sortes d’obéissance : l’obéissance aux autres et l’obéissance à ses propres principes, et la seconde est de beaucoup plus féconde et plus enrichissante que la première.

Sans doute se trouve-t-il aussi du discernement et de la prudence dans un recoin quelconque de votre personnalité ? Le discernement fait peser les conséquences et la prudence dirige nos actions. Dans un article publié par le Spectator, en 1711, le célèbre essayiste Addison écrivait : « Il y a certes beaucoup de qualités plus brillantes dans l’esprit de l’homme, mais il n’y en a pas de plus utile que le discernement ; c’est elle, à la vérité, qui donne de la valeur à toutes les autres, qui les met en branle en temps et lieu et qui les fait servir à l’avantage de celui qui en est doué. »

Pour être prudent, il faut savoir distinguer la nature des difficultés et des problèmes, et prendre le temps de trouver de sages solutions. Cela oblige parfois à demander conseil. Accepter les conseils des autres est le propre des véritables chefs ; seuls les faibles se croient trop grands pour prendre conseil.

Les trois qualités de base que sont la discipline, le discernement et la prudence engendrent la maîtrise de soi. On a vu des hommes capables de gouverner l’univers, mais qui n’avaient aucun empire sur leur esprit en effervescence.

C’est un signe de maturité que de pouvoir confronter ses aspirations avec la réalité, s’adapter harmonieusement aux groupes sociaux, s’inféoder résolument aux gens et aux principes, conserver son équilibre dans le succès comme dans l’échec.

La patience est aussi une précieuse qualité. Il est vrai qu’il n’est pas toujours sage d’attendre, mais il est bon de s’habituer à savoir le faire lorsque cela vaut mieux.

C’est Bernard Shaw qui a dit : « Ne vous pressez pas de réussir. Quelle raison de vivre vous resterait-il ensuite ? » Il est possible que l’on vous élève un jour une statue, mais ne commencez pas dès maintenant à poser pour le sculpteur. On peut affirmer sans crainte de se tromper que l’impatience fait avorter plus d’entreprises et de projets que tous les autres défauts.

Il ne faut pas confondre la patience avec l’apathie ou la résignation aux événements. Être patient, c’est savoir attendre la réussite tout en travaillant avec ardeur pour atteindre son but et en considérant les revers et les retardements comme autant d’occasions de faire mieux ou d’accroître ses efforts.

Espérons qu’il y a aussi de la modestie dans vos bagages ? C’est une vertu très nécessaire pour bien débuter dans une profession ou une entreprise. Dans les peintures des grands maîtres, chaque détail et chaque coup de pinceau a son importance particulière, mais leur individualité propre se fond dans l’ensemble et contribue ainsi à la beauté générale du tableau.

Hausser la tête pour voir loin

On entend souvent dire qu’il faut « avoir un but dans la vie ». En avez-vous un ? C’est le programme que vous vous êtes tracé qui orientera votre vie dans le monde nouveau dont vous franchissez le seuil. Les hommes qui se tirent le mieux d’affaire sont généralement ceux qui savent où ils vont et ce qu’ils veulent. Il est toujours plus facile de trouver sa route lorsqu’on a une certaine idée de la région.

Vous devez donc décider quel sera votre but dans la vie. Ce peut être de vous enrichir rapidement, ou ce peut être d’apporter à la société une contribution qui pourra perpétuer votre nom et votre oeuvre. Robert Louis Stevenson ne fit pas assez pour vivre avec ses livres avant d’avoir dépassé 30 ans, mais ses poésies remarquables, ses récits et ses romans, tel Le docteur Jekyll et M. Hyde, sont connus de millions de personnes. Par contre, certains chroniqueurs à la plume facile vendent à un prix fabuleux leur prose éphémère, qui tombe dans l’oubli dès que nous refermons notre journal.

C’est l’apanage des êtres vraiment intelligents de vivre en grande partie dans l’avenir. Élaborer des plans, tracer l’itinéraire à suivre, s’efforcer d’atteindre leur but, tout cela constitue leur joie de vivre. Ce qui importe par-dessus tout, c’est d’avancer, afin d’avoir l’impression, au terme de sa carrière, que l’on a jusqu’à un certain point réalisé les possibilités que l’on croyait porter en soi en entrant dans la vie active.

L’heure est venue pour vous de hausser la tête, afin de voir loin devant vous. C’est le seul moyen de donner une direction à votre ambition et d’éviter les précipices et les impasses. Léonard de Vinci fait dire au papillon de nuit qui tombe, les ailes brûlées, au fond du chandelier : « O fausse lumière ! Si mon désir était de voir la lumière, n’aurais-je pas dû savoir distinguer le soleil de la faible et trompeuse lueur du vil suif ? »

Le jeune homme qui a de l’ambition devra apprendre à connaître ses possibilités et ses limites. Il ne perdra pas son temps à rêver à un monde féerique, mais il s’appliquera d’abord à découvrir la nature de son milieu, puis à le rendre féerique dans la mesure de ses moyens. Il saura que la vie n’est pas un escalier roulant, où il suffit de se laisser monter, mais bien une longue série de marches qu’il faut gravir soi-même.

Tout le monde ne peut pas parvenir au sommet, mais il est possible à chacun de s’élever à une hauteur, où il pourra tirer le meilleur parti de ses talents. Ce qu’il faut éviter, c’est de se gargariser avec des banalités. Passer un fil dans cent aiguilles en deux minutes, faire mentalement une multiplication de neuf chiffres, cela dénote certes de l’habileté, mais ne sert pas à grand-chose à notre époque.

N’oubliez pas vos idéaux

Vos ambitions et les dispositions d’esprit dans lesquelles vous entreprenez l’exploration du nouveau monde qui s’ouvre à vous sont solidaires des idéaux que vous vous êtes formés. Les idéaux sont le rêve de choses désirables que l’on espère réaliser.

L’idéal ne s’exprime pas sous forme de paroles ou de credo, mais dans les choses que vous considérez comme allant de soi dans votre comportement habituel et dans votre appréciation des valeurs. Les principes qui entrent ici en jeu ont été admirablement résumés à l’école de Gordonstoun, qui compte le prince Charles au nombre de ses élèves : « Les forts doivent être bons envers les faibles ; la justice de la populace est intolérable ; tout homme peut et doit développer et accroître son propre centre d’intérêt ; tout homme doit apprendre que, dans les moments de péril, la discipline est essentielle ; tout homme doit en venir à comprendre qu’il est plus important de rendre service aux autres qu’à soi-même. »

Voilà des règles qui contribuent à la formation de la personnalité, oeuvre qui dure toute la vie. Vous avez appris au foyer, à l’église et à l’école ce qu’il convient d’aimer et de ne pas aimer. Vous avez acquis des ensembles d’habitudes. L’expérience vous à enseigné que la personnalité est la manifestation à l’extérieur de ce que l’on est intérieurement ; qu’elle n’est pas seulement ce qui paraît lorsqu’on nous observe, mais ce que nous sommes dans l’intimité.

L’honnêteté est un élément important de la personnalité. L’homme qui a vraiment de la personnalité tient ses promesses envers tout le monde, indépendamment du mérite de ceux à qui il a donné sa parole. Il n’est pas honnête parce que l’« honnêteté est la meilleure des tactiques », mais parce que l’honnêteté fait partie de sa manière d’agir.

Votre personnalité représente en quelque sorte l’épanouissement de toutes les autres qualités. C’est par elle qu’un homme se réalise en un tout harmonieux, qu’il est vraiment grand. En elle se résume toute l’influence que vous exercerez sur vos semblables par votre constance, l’expression naturelle de votre individualité, votre prévenance, votre fidélité, votre courtoisie, votre volonté de vivre en paix et en bonne intelligence avec vos semblables.

Êtes-vous capable d’aider un ami ou un collègue à atteindre un but qui lui tient ardemment au coeur ? Êtes-vous capable de relever son courage dans un moment d’abattement ? Êtes-vous capable de lui rendre service, non pas par intérêt ou pour vous faire remarquer, mais uniquement par amitié ? S’il en est ainsi, vous réalisez l’une des fins les plus nobles qui vous soient assignées ici-bas.

Il faut aussi de l’initiative

Il devra également y avoir parmi vos effets cette qualité « explosive » que l’on appelle l’initiative. C’est la faculté de concevoir et d’accomplir des choses nouvelles. Le talent d’utiliser ses connaissances dans l’action.

L’initiative peut encore trouver à s’exercer même dans le monde fortement organisé où nous vivons aujourd’hui. Il s’agit de ne manquer aucune occasion de faire valoir ses idées. Peu importe que vous imaginiez ou que vous inventiez des douzaines de solutions prodigieuses, si vous n’avez pas l’allant et l’énergie de donner suite à l’une de vos découvertes, vous resterez au même point.

Toute la perspicacité et tous les rêves du monde n’ajouteront jamais un iota au succès de celui qui n’a pas le courage de travailler. Dans votre vie quotidienne comme sur le champ de bataille, la stratégie et la tactique de vos plans d’action ne peuvent pas grand-chose sans la force de frappe de votre énergie et de votre acharnement à atteindre votre but.

C’est dire que vous devrez vous donner à plein coeur à la tâche. Vos études vous ont appris la valeur de la concentration. Vous constaterez maintenant que l’éparpillement des efforts est aussi désastreux dans les affaires que sur les bancs de l’école, dans la guerre ou le gouvernement. Les gens parlent parfois avec mépris de celui qui mène plusieurs affaires de front. Ils oublient que la personne en question possède peut-être l’art de concentrer son attention sur une affaire à la fois et d’écarter momentanément tout ce qui y est étranger. Si nous avons plus d’une tâche sur le métier, il faut que chacune nous prenne à fond, comme si elle était la seule.

Il importe aussi de lutter sans cesse contre la pernicieuse habitude de se livrer à des occupations qui ne serviraient qu’à tuer le temps. Dans la Ferme et le Hameau qu’elle avait créés au Petit Trianon, près du palais de Versailles, Marie-Antoinette jouait à la bergère, avec ses dames de compagnie, pendant qu’à quelques lieues de là se préparait la terrible révolution qui devait les conduire à la guillotine.

Comme le disait un vieux poème de mon deuxième livre de lecture, « le temps qu’on perd est du temps qu’on se vole. » Ceux qui se rendent coupables d’un tel délit devraient se rappeler qu’ils n’ont qu’une vie et qu’il ne faut pas la gaspiller en frivolités, en caprices et en banalités.

Enfin, pour suivre jusqu’au bout la route que vous avez choisie, il vous faudra de la persévérance. Tout comme le diplôme de 12e année, qui n’est décerné qu’à ceux qui poursuivent leurs études avec succès, et la médaille d’or des courses olympiques, la réussite dans une profession, dans le commerce ou dans l’industrie, n’appartient qu’à ceux qui persévèrent jusqu’à la fin. Il faut toujours achever ce que l’on commence. Ne permettez pas qu’un départ fulgurant se termine en queue de poisson. Vous n’êtes plus à l’âge où l’instant présent est le seul qui compte.

Profitez de vos pertes

Savoir tirer parti même de ses échecs exige certes du courage et de la ténacité.

Un journaliste du début du siècle écrivait dans un article de rédaction : « La chose la plus importante dans la vie, ce n’est pas de capitaliser vos bénéfices. N’importe quel idiot peut faire cela. La chose vraiment importante, c’est de profiter de vos pertes. »

Les jérémiades sont le moyen qu’emploient les faibles pour se soustraire à leurs responsabilités ou dissimuler leur insuffisance. Elles ne servent à rien, sinon à indisposer les gens.

Il y a naturellement des circonstances auxquelles vous ne pouvez rien. Vous devez les accepter avec courage et y faire face de votre mieux. Certains poussent même l’intrépidité jusqu’à s’écarter de leur route pour affronter le danger et éprouver leur courage. Ils apprennent ainsi à avoir confiance en eux-mêmes et dans leur jugement, à prendre des décisions et à assumer les conséquences de leurs actes.

Votre enthousiasme vital vous permettra de surmonter bien des difficultés. « On n’a jamais rien fait de grand sans enthousiasme », dit Emerson. Marque par excellence des esprits sains, cette précieuse qualité nous rend capables d’être dans nos actes et notre conduite ce que nous sommes par le désir.

Mais l’enthousiasme prend sa source dans les idées. Toute action, toute réussite visible est d’abord une pensée invisible. C’est le processus de toute impulsion créatrice.

L’esprit créateur a le don de percevoir les problèmes, puis de rechercher les moyens de les résoudre. Il s’inspire des solutions et des méthodes adoptées par les autres, emprunte ce qui lui convient, fait quelques retouches et réussit ainsi à aplanir bien des obstacles.

Soyez optimiste

Nous venons d’étaler pêle-mêle les qualités que vous emportez dans vos bagages, un peu comme le fait le voyageur pressé sous les yeux des douaniers. Il serait bon maintenant – et c’est là une tâche que personne ne peut accomplir à votre place – d’en faire vous-même l’inventaire détaillé, afin de savoir exactement quelles sont vos richesses, vos possibilités et vos chances de succès. Ce bilan ne pourra qu’accroître votre confiance en vous-même et vous aider à envisager l’avenir avec optimisme.

L’optimisme, voilà un dernier atout, qui est loin d’être négligeable. Dans la vie, il vaut mieux se contenter d’une manière de voir simple et spontanée, mais qui favorise l’optimisme, que de chercher à s’en former une, plus artificielle et plus compliquée, qui tend au pessimisme et qui nous laisse sans ressource et sans espoir.

Ne voyez pas les choses en noir ; efforcez-vous plutôt d’en déceler les bons côtés. L’optimiste s’interroge sur les possibilités de la situation, tandis que les autres font de sombres conjectures.

Mais l’optimisme ne consiste pas à fermer les yeux devant la réalité ni à scruter une boule de cristal où tout apparaîtrait en rose. Il consiste à vivre en entretenant la flamme de l’espérance et en faisant ce qui est en notre pouvoir pour réaliser nos aspirations.

Après avoir dénombré vos ressources et vous être assuré que vous aurez l’énergie de les faire fructifier ; après avoir fait une revue générale de vos possibilités de réussite ; après avoir décidé d’accomplir quelque chose de grand, il ne vous reste plus qu’à reprendre la route avec confiance et la ferme résolution d’exceller dans tout ce que vous entreprendrez.

N’allez surtout pas croire en voyant tout ce qu’on a accompli avant vous qu’il n’y a plus rien à faire, que l’édifice est terminé, Il existe, au contraire, beaucoup de tâches inachevées, beaucoup de voies nouvelles qui s’ouvrent chaque année, des milliers d’idées encore inédites que vous serez peut-être le seul à pouvoir découvrir. Vous avez un rendez-vous avec le succès. Partez tout de suite afin de ne pas le manquer.