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Quiconque réfléchit aura constaté que plus notre liberté de choisir et d’agir devient grande, plus nous avons besoin de services d’orientation, car cette liberté entraîne à sa suite des pressions que l’être humain n’a jamais connues auparavant.

Si les jeunes semblent incertains devant la vie, c’est peut-être qu’ils se trouvent sur la ligne de démarcation entre leur époque et celle qui est en voie de gestation. Certes, ils ne sauraient plus vivre selon les principes en vogue à la « Belle époque », qui inspirent encore leurs parents ; et pourtant, ils ne sont pas encore en mesure de penser comme nos successeurs du XXIe siècle.

C’est pourquoi, dans nos écoles actuelles, il ne suffit pas de tenir compte des programmes d’études. Il faut aussi considérer les antécédents et l’avenir des élèves, ainsi que leurs réactions émotives. Nos écoles doivent aider leurs élèves à passer de l’enfance à la maturité. L’orientation n’est pas un mot magique pouvant faire ouvrir la porte d’une caverne remplie de trésors, mais elle peut indiquer aux élèves la voie vers la réalisation de grandes choses.

Il est inexact de ne voir dans l’orientation que son rôle professionnel. Le professeur M. D. Parmenter, directeur du Centre d’orientation du Collège d’éducation d’Ontario, définit en ces termes la fonction de l’orientation : « L’orientation est un procédé qui consiste à aider les jeunes à faire en sorte que, par leurs propres efforts, ils en arrivent à découvrir et à développer leurs ressources en puissance, en vue de leur épanouissement personnel et de leur utilité sociale. Au sens scolaire, l’orientation consiste également en un programme de services, coordonnés de manière à assurer aux élèves l’aide la plus efficace dans ce sens. »

Le conseiller est une personne expérimentée et compétente qui aide une autre personne à se comprendre elle-même, ainsi qu’à saisir les occasions qui s’offrent à elle, de même qu’à procéder aux adaptations et à prendre les décisions appropriées aux conseils donnés, à accepter la responsabilité personnelle de ses choix, et à prendre les mesures que nécessitent ceux-ci.

Le conseiller ne cherche pas à diriger la vie de ses élèves. Il estime que si ces derniers peuvent en arriver à se comprendre suffisamment, ainsi que la nature de leurs problèmes, leurs choix seront sages. Cette façon d’orienter, qui n’a rien d’un dirigisme, ne vise pas à imposer aux élèves une échelle de valeurs ou de croyances. Elle respecte vraiment, dans toute son intégrité, le droit qu’a chacun de prendre ses décisions lui-même.

Il se présente des cas extrêmes où le conseiller est obligé de « prendre l’affaire en main ». Tel un médecin, il pose un diagnostic fondé sur des renseignements obtenus au moyen de tests et de questions. Puis il prescrit une marche définie à suivre.

Objet de l’orientation

À cause de certaines idées fausses qui circulent, il convient d’établir clairement que l’orientation dans les écoles n’a rien d’autoritaire.

La fonction du conseiller en orientation consiste à aider les jeunes à évaluer leurs talents, leurs aptitudes et leurs intérêts ; à leur fournir des renseignements sur le monde extérieur ; et à faire le lien entre ces deux éléments, afin que les élèves puissent dresser des plans quant à la manière de tirer le meilleur parti possible de leurs qualités.

L’une des exigences fondamentales de la vie est celle de pouvoir choisir entre plusieurs solutions possibles. Pour y arriver, il faut savoir comment envisager les choses et soi-même. Il faut apprendre aussi que la vie est tissée de difficultés à surmonter : les problèmes sont un élément normal de la vie, et le grand secret consiste à éviter qu’ils nous écrasent. Il faut donc apprendre à faire face aux difficultés, et non pas à les esquiver chaque fois qu’elles se présentent.

Le conseiller cherche à faire en sorte que l’élève, par ses propres efforts, puisse donner tout le rendement dont il est capable. Le conseiller atteint son but quand il a amené l’élève à comprendre ses aptitudes, la nature de la vie et les fonctions que ses aptitudes lui permettent d’accomplir dans la vie.

L’orientation n’est pas seulement un correctif pour les adolescents qui ont fait des fredaines ou qui sont en retard dans leurs études. Le conseiller en orientation n’attend pas qu’une crise survienne dans la vie d’un élève mais, comme l’a déclaré le professeur Parmenter au congrès de l’Association canadienne d’éducation : « De nos jours, les services d’orientation deviennent de plus en plus préventifs et évolutifs. Ce qui nous intéresse, c’est aider l’étudiant à progresser graduellement jusqu’au point où il devrait être en mesure, de temps à autre, en se faisant aider le moins possible par d’autres, de s’orienter lui-même.

L’orienteur recueille des faits sur celui qu’il oriente, et sur l’ambiance dans laquelle il a grandi ; il suit de près les progrès de son élève ; il surveille toute déviation possible de la ligne tracée ; il avertit son élève à temps afin d’empêcher tout incident grave.

Bien que le conseiller ne dicte pas la voie qu’un jeune homme doit prendre ni ne décide pour lui ce qu’il doit faire, il ne le dorlote pas non plus. Encourager un jeune homme à s’en remettre à son conseiller ne fait que le détourner de l’objectif le plus élevé qu’il doit viser, c’est-à-dire voir clair en lui-même et se conduire seul. Le conseiller ne cherche pas à imposer une dose de sagesse, mais à rendre avide de sagesse.

Le conseiller

Le code d’éthique professionnelle de l’orienteur comporte les cinq points suivants : la responsabilité envers lui-même, envers la personne qu’il conseille, envers l’école, envers la collectivité et envers sa profession.

Aucun système de tests ou de classification des emplois, aucun mécanisme visant à recueillir, inventorier, répertorier ou classer, ne peut remplacer l’intégrité personnelle, la capacité individuelle et le sens commun fondamental du conseiller.

Ce qui stimule le conseiller, c’est sa fierté professionnelle. Il croit en la valeur de chacun et en sa propre aptitude à aider cette valeur à se manifester elle-même.

Bien que l’orientation ne consiste pas à se reporter à une série d’antécédents ou à choisir dans un manuel de pharmacopée une prescription, elle ne consiste pas non plus en une simple conversation à bâtons rompus avec l’élève. L’orientation est un travail complexe, qui exige des connaissances, de l’habileté, du jugement et un sens élevé des responsabilités.

Le savoir consiste ici à connaître les choses telles qu’elles sont, et telles qu’elles sont en voie de devenir. L’habileté consiste à adapter les aptitudes et les capacités d’une personne à une forme de société dont le caractère dominant est le changement. Le jugement consiste à déceler les différences qui existent entre les diverses personnes conseillées ; or, on ne saurait cataloguer ces dernières uniquement au moyen de tests, mais seulement au moyen de faits appuyés par des sentiments. Le sens des responsabilités se manifeste chez le conseiller qui ne perd jamais de vue le fait qu’il conseille un être humain qui vivra une bonne partie de sa vie dans le XXIe siècle, où l’ambiance sera aussi radicalement différente de celle d’aujourd’hui que de celle de l’an mil.

Le conseiller ne doit pas seulement être et se sentir compétent ; il doit faire sentir sa compétence chez ceux avec qui il travaille. S’il se dit, pour employer le mot pittoresque de Zarathoustra : « Ils ne me comprennent pas ; je ne suis pas la bouche qu’il faut pour ces oreilles », c’est qu’il n’a pas choisi la bonne profession.

Autres collaborateurs dans le domaine de l’orientation

Quel rôle doivent jouer les instituteurs en matière d’orientation ? Un rôle bien défini, souhaitable et éminent. Ils sont le mieux en mesure de connaître et de comprendre chacun de leurs élèves. Ils peuvent les encourager à suivre la voie qui leur convient le mieux ; pousser à l’action ceux que leur tempérament porte à l’indolence ; élargir les horizons de tous leurs élèves en leur montrant que leurs études ont une portée personnelle, tout en étant liées au monde extérieur.

Certains considèrent encore la fonction de l’instituteur comme étant celle qui consiste à bourrer le crâne des enfants de faits et de préceptes. La plupart des gens, toutefois, reconnaissent aujourd’hui le rôle capital que joue l’instituteur, en ce qui concerne la préparation des citoyens de demain. On a dit lors d’une récente conférence industrielle que « l’instituteur est, à maints égards, l’homme le plus important de la collectivité industrielle moderne. »

L’orienteur n’a pas pour fonction de supplanter les instituteurs ou les parents, mais d’apporter une certaine contribution dans un domaine où ces derniers n’ont aucune connaissance exacte. Dans un monde qui compte de nombreuses professions nouvelles, – dont les désignations mêmes nous paraissent étranges, – dans un monde plongé dans une nouvelle ambiance économique et sociale, les parents ne sont pas en mesure d’orienter leurs enfants de la même manière que les leurs pouvaient le faire à une époque moins compliquée que la nôtre.

Ce qu’il faut, c’est de la perspective. Léonard de Vinci disait que la perspective est « la bride et le gouvernail de la peinture ». Il en est de même de la vie. Il faut toujours avoir l’oeil sur l’avenir, et en même temps voir où l’on va.

Chacun sait que nombre de gens ne parviennent pas à atteindre ces objectifs précieux, à cause de quelque geste irréfléchi, de quelque aveuglement momentané, de quelque influence mauvaise. L’orientation constructive et positive vise à aider les adolescents à contourner ces dangers, afin qu’ils puissent se réaliser eux-mêmes.

Évaluation de l’avenir

Les travailleurs qui, de nos jours, n’ont pas au moins une instruction du niveau secondaire et certaines connaissances spécialisées n’ont guère de perspectives d’avenir. Au contraire, l’avenir devient de plus en plus brillant pour les travailleurs instruits et hautement spécialisés. Même les « machines pensantes » ont besoin d’opérateurs instruits pour les faire fonctionner.

On a appris aux adultes d’aujourd’hui que la main-d’oeuvre ressemblait à une pyramide, dont la base reposait sur la multitude des travailleurs non spécialisés, dont une autre partie était formée des travailleurs semi-spécialisés, et dont le sommet était constitué par les travailleurs spécialisés, les dirigeants et les propriétaires d’entreprises, et enfin, encore plus haut, par les travailleurs professionnels.

Cette explication simpliste ne tient plus aujourd’hui. En effet, aux États-Unis, la base de cette pyramide s’est rétrécie de 36 p. 100 qu’elle était en 1910 à un peu plus de 25 p. 100 en 1940, alors qu’elle n’est plus que de 15 p. 100 aujourd’hui. Le Globe and Mail signalait, l’an dernier, que les occasions d’emploi pour les travailleurs non spécialisés avaient diminué de 70 p. 100 à 30 p. 100 depuis la guerre, et qu’il était à prévoir que ce chiffre baisserait à 10 p. 100 d’ici dix ou vingt ans.

Il n’est pas de procédés d’orientation improvisés qui puissent résoudre ce problème. Il n’est pas de données statistiques, si scientifiquement établies qu’elles soient, qui puissent fournir tout ce qui est nécessaire à la préparation des jeunes pour ce monde nouveau.

L’orientation doit être une inspiration. Comme le disait Darwin vers la fin d’une longue vie consacrée à l’observation critique, les hommes diffèrent moins entre eux par leurs capacités que par leur zèle et leur détermination à utiliser les pouvoirs qu’ils possèdent.

Quand un jeune garçon veut enjamber un ruisseau, d’habitude il compte jusqu’à trois avant de sauter. Peu importe qu’il compte jusqu’à trois ; il n’existe aucun lien magique entre ce chiffre et le saut qu’il veut faire. Mais ce qui importe, c’est qu’il fasse appel à ses sentiments, qu’il mobilise ses pouvoirs et qu’il tende ses muscles.

L’orientation ne consiste pas uniquement à découvrir, enregistrer et expliquer des faits, mais à grouper ensemble les pouvoirs que possèdent les jeunes et à les pousser à s’en servir.

Le conseiller pourra dire à ses jeunes élèves que tout objectif est entouré d’un attrait magique. Le but à atteindre doit être précis et défini : il ne faut pas simplement désirer réussir. Nombre de gens n’arrivent nulle part tout simplement parce qu’ils ne savent pas où aller ; ils s’en remettent uniquement à la chance pour obtenir ce qu’ils veulent. L’orienteur pourra dire à ses jeunes élèves qu’à notre époque une telle conception est périmée. La chance, pourrait-on dire, ressemble à une femme qui sourit seulement à ceux qui savent comment la faire sourire.

L’orientation de l’éducation

Les programmes d’études sont aujourd’hui plus compliqués que jamais, et la diversité des sujets enseignés au palier supérieur est renversante. Les enfants ont besoin de quelqu’un pour veiller à l’orientation qu’ils prennent, ainsi qu’au progrès qu’ils enregistrent.

L’une des fonctions de l’enseignement primaire et secondaire consiste à ouvrir à l’enfant un domaine de connaissances, autour duquel il puisse organiser toute la sagesse et toute l’expérience qu’il devra acquérir après avoir quitté l’école. À cette fin, la principale occupation de l’élève est d’apprendre ce qu’on lui enseigne, mais les orienteurs doivent chercher à replacer cet enseignement dans le contexte de la vie.

Des milliers d’étudiants ont simplement commencé à mi-chemin, visant quelque chose qui leur a tout bonnement semblé souhaitable. Il vaut mieux qu’un étudiant apprenne le plus tôt possible que l’objectif qu’il vise ne lui convient pas. À propos de cette période critique, les auteurs de Guidance Services (Humphreys, Traxler and North ; Science Research Associates Inc., Chicago, 1960) déclarent : « Aider les étudiants à résoudre leurs problèmes d’éducation est l’un des services les plus fréquents et les plus importants que le département d’orientation d’une école ou d’un collège est appelé à rendre. »

Prenons le cas de l’élève qui termine sa dernière année du cours élémentaire. Ferait-il mieux de se trouver un emploi ou de songer à poursuivre ses études au niveau secondaire, voire même universitaire ? Le choix est important non seulement du point de vue de la satisfaction personnelle de l’élève, mais également du point de vue financier.

Une brochure publiée par le ministère du Travail, à Ottawa, explique bien clairement ce dernier point de vue. « Chaque année d’école secondaire permet d’ajouter $238 à votre revenu annuel, et la seule année d’immatriculation ajoute $466 par an à votre revenu. Si l’on considère ce qu’une personne gagne pendant sa vie, on constate que le cours secondaire a une valeur d’environ $42,000 de plus que le cours élémentaire. »

Cette brochure nous donne les chiffres ci-après, obtenus à la suite d’une étude, effectuée en 1959, sur les revenus de famille :

Revenu Instruction et proportion des travailleurs
École élémentaire École secondaire Université
Moins de $3,000 43 24 20
de $3,000 à $5,000 33 34 23
de $5,000 à $10,000 22 37 42
$10,000 et plus 2 5 15

Le choix d’une carrière

Les bulletins sont chose courante dans les écoles. Pourquoi alors le bulletin de chaque élève ne renfermerait-il pas un mot sur son travail en vue de se choisir une carrière ? Il faut reconnaître que ce détail est aussi important dans sa vie que la littérature ou les mathématiques, qui font partie intégrante de la carrière à laquelle ils se destinent. En Ontario, on consacre une période par semaine à l’étude des carrières. Ce cours devrait être donné par un orienteur compétent.

La tragédie de l’homme, à l’époque où nous vivons, est en grande partie causée par le grand nombre de ceux qui échouent dans des emplois choisis au hasard, sans réflexion préalable. Ils aboutissent là tout simplement à cause peut-être du brillant de ces emplois, ou même pour des raisons de prestige social, ou pour plaire à un parent. Il arrive qu’un garçon faible en mathématiques soit forcé par ses parents de s’orienter vers le génie ; il arrive qu’une jeune fille qui, non seulement ne connaît pas l’orthographe, mais ne sait même pas où chercher ses mots, puisse devenir dactylo.

Ce qu’il faut pour aider ces jeunes à éviter pareille mésadaptation, ce sont des renseignements sur leurs aptitudes et capacités, sur les divers domaines de travail et sur les possibilités d’entraînement dans ces domaines. L’orienteur possède, ou du moins peut obtenir, ces renseignements.

Un cours sur le choix d’une carrière pourra utiliser comme manuels les diverses brochures publiées dans la série intitulée Orientation canadienne, ainsi que les monographies sur les divers emplois, publiées par le Centre d’orientation du Collège d’éducation d’Ontario et par le ministère du Travail. On peut se procurer celles du ministère du Travail en s’adressant à l’Imprimeur de la Reine, à Ottawa. Celles du Centre d’orientation, révisées et publiées de nouveau, en 1963, sont l’oeuvre du professeur Parmenter, et toute correspondance à leur sujet devrait être adressée au Collège d’éducation d’Ontario, Université de Toronto, Toronto 5. En voici les titres : Your Further Education, You and University, You and Your Career et Exploring Occupations.

En aidant un élève à préparer sa vie professionnelle, l’orienteur devra se rappeler à quel point il importe de ne pas souligner indûment certaines aptitudes au risque d’entraver l’essor de certaines capacités fondamentales. En effet, alors que certaines aptitudes peuvent devenir rapidement périmées, les capacités générales sont le fondement nécessaire à l’acquisition de nouvelles aptitudes spéciales.

Le principe à la base des différents insignes que méritent les scouts n’est pas dénué de sagesse. Chaque scout est en effet encouragé à mériter divers insignes représentant la connaissance de certains métiers, de certaines spécialisations et de certains arts : pompier, marin, musicien, astronome, cuisinier, commis et nombre d’autres. En étudiant ces différents sujets, le jeune scout rencontre un grand nombre de gens doués de divers talents et représentant diverses professions, et il apprend les rudiments de nombreux domaines d’activité. Il élargit ainsi son horizon. Il a une meilleure compréhension des choses. Bref, il acquiert cette qualité des plus importantes qu’est la souplesse.

Passant de ce genre d’orientation élémentaire à la période cruciale de la vie d’un jeune, l’orienteur doit tenir compte des tendances du jour. Autrefois, il y avait des insignes de « sellier » et de « forgeron ». De nos jours, ces emplois sont périmés, mais ce n’est qu’une question de degré. Les spécialisations et les tendances du travail évoluent rapidement, comme on peut le constater en comparant les demandes d’emplois publiées dans les journaux d’aujourd’hui avec celles qui paraissaient il y a quelques années. L’orienteur doit donc se tenir à la page et, à cette fin, il doit se faire aider par les industriels, les hommes d’affaires et les financiers. En assurant une bonne orientation à l’école, on contribue à l’efficacité du personnel des entreprises commerciales, et ce service devrait être reconnu au moyen d’une aide réciproque.

La classification des emplois, qu’on trouve dans le recensement de 1961, énumère plus de 16,000 professions permettant aux Canadiens de gagner leur vie. Cette liste fantastique pourrait fort bien plonger l’étudiant dans la confusion la plus complète, s’il n’était aidé d’un orienteur. Le professeur Parmenter énumère, dans son livre intitulé Exploring Occupations, une liste plus réduite, permettant ainsi de mieux s’y reconnaître. Cette liste se divise en 10 sections, comportant au total environ 70 questions, ce qui est préférable à l’obligation de répondre « oui » ou « non » 16,000 fois, à une question comme : « Aimeriez-vous ceci ? »

Ce n’est pas dire que la décision soit toujours facile. L’ambiance dans laquelle nous vivons a changé si rapidement qu’il n’est pas un seul critère, – que ce soit la dextérité mécanique, le talent administratif ou la tournure d’esprit scientifique, – qui puisse servir de base à une décision. L’idéal consiste à sélectionner provisoirement un groupe tant soit peu approprié de professions, puis de les étudier attentivement, en vue d’en arriver à un choix définitif, une fois qu’on en sait davantage à propos de la carrière en question et du talent particulier de l’étudiant.

L’orientation est une tâche sans fin

Il va de soi que l’orientation ne doit pas se faire uniquement à un palier ou l’autre des études, mais que c’est une tâche continuelle. Il y a peu de gens qui arrivent au point où ils peuvent s’orienter définitivement vers une seule voie. Cela pourra en décourager certains, mais pourra d’autre part faire comprendre à d’autres qu’ils n’ont jamais fini, qu’ils sont constamment en train de préparer quelque chose de nouveau.

On parle beaucoup de « maturité », comme s’il s’agissait de quelque chose d’immuable et de mesurable.

Être mûr ne veut pas du tout dire qu’une personne doive s’être réalisée complètement sous tous les aspects de la vie. Mais cela veut dire qu’il n’y a aucun domaine important où cette personne se sente diminuée, du point de vue intellectuel, physique, social ou émotif.

À mesure qu’il avance en âge, l’homme doit progresser vers une plus grande profondeur de pensée. Un enfant se plaira, au jardin zoologique, à gambader d’une cage à l’autre, à observer superficiellement le comportement des animaux, à babiller à propos de leurs jeux, mais le savant, lui, pourra passer sa vie à étudier les moeurs d’un serpent ou le comportement d’une fourmi.

Les jeunes gens sont des sources d’énergie. Ils ont besoin qu’on leur dise à quoi appliquer cette énergie, et qu’on leur indique la voie dans laquelle ils doivent s’engager. L’orienteur ne saurait susciter le génie chez un jeune homme, mais il peut indiquer aux jeunes comment ils peuvent le mieux orienter leurs capacités dans leur quête du bonheur.

Ayant été engagé dans la bonne voie, le jeune homme doit se rendre compte de cette vérité, ancienne mais toujours valable, qu’on n’a rien sans peine. Si un homme veut atteindre le sommet d’une montagne, il ne peut éviter la nécessité d’y monter. Peut-être échouera-t-il, – et tout échec comporte une certaine dignité, – mais du moins il aura essayé.

Lorsqu’un orienteur fait comprendre cela à un jeune homme, qu’il lui signale que c’est pure folie que de se laisser fasciner par des mirages, qu’il lui insuffle le désir d’envisager son destin sans broncher et d’évaluer ses forces, compte tenu des difficultés qui pourront survenir, il s’est acquitté d’une responsabilité importante et a montré aux jeunes comment ils peuvent vraiment s’épanouir.