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La crise que nous traversons aujourd’hui n’est pas tant une crise des relations intergouvernementales, où les peuples sont menacés de destruction par la bombe à hydrogène qu’une crise des relations humaines, où l’esprit même de l’homme court un grave danger de désintégration.

La société est assaillie par toutes sortes de propagandes idéologiques, et l’on dirait qu’elle a perdu contact avec les principes de la vie humaine. De même, les bases de la société dans l’Empire romain croulaient déjà depuis un demi-siècle quand les citoyens commencèrent à se rendre compte du péril.

Les jeunes gens d’aujourd’hui vivent depuis leur plus tendre enfance dans un monde en ébullition. L’incertitude les écrase ; ils ne voient partout que des adultes avides de violence et de destruction.

Ce que nous appelons la civilisation a évolué si rapidement que les forces et les instincts de l’homme n’ont pu tenir le coup. En plus des conflits d’idées qui font rage dans le monde politique, les adultes et les jeunes de notre temps ont encore à faire face aux problèmes essentiellement personnels de la vie et à la question capitale des relations réciproques des parents et des enfants.

Les personnes les plus éclairées ne savent que penser devant les nombreuses difficultés qui nous harcèlent, et le moment est venu d’envisager les besoins des parents et des enfants avec lucidité et persévérance, et sans lunettes roses.

C’est précisément dans ce but que Leurs Excellences le Gouverneur général et Madame Vanier ont convoqué, pour juin prochain, une conférence nationale sur la famille.

La famille, en effet, est le milieu qui exerce l’influence la plus décisive sur la vie et l’avenir de l’enfant. Elle se doit de répondre à la définition qu’en a donnée saint Augustin : un groupe de personnes liées par l’amour des choses qu’elles aiment. C’est dans cette société que les enfants apprennent que certaines choses sont bonnes et que d’autres sont mauvaises, qu’ils s’élèvent graduellement de l’âge de la confiance à celui de l’adresse, de l’affection, de la compréhension et de la responsabilité. Elle est le creuset où se façonnent les caractères.

Les temps changent

À côté des tensions causées par l’alternance des menaces de guerre et des trêves, d’autres forces sont aujourd’hui à l’oeuvre. La famille a subi les assauts et les chocs violents des transformations révolutionnaires qui se sont opérées dans les conditions de vie matérielles et psychologiques. Les enfants, qui vivent à l’avant-pointe de la culture du passé, sont la cire malléable où s’imprime la culture sociale de demain.

Les modes de comportement changent avec les situations nouvelles. Les sentiments et les manières d’agir diffèrent inévitablement de génération en génération. Les parents et les enfants ne regardent pas avec les mêmes yeux. Par leur nature et par leur importance, les problèmes de choix et d’action qui se posent aux jeunes sont bien différents de ceux qu’ils voient résoudre par leurs parents.

Si parents et enfants savent qu’il en est ainsi, les parents seront plus indulgents pour les lubies de leurs enfants, et les enfants comprendront un peu mieux leurs aînés. Il n’est pas nécessaire qu’ils partagent toujours les mêmes opinions, les mêmes dispositions et les mêmes désirs, mais il est essentiel qu’ils se mettent d’accord afin de bien vivre leur vie, chacun dans sa sphère.

C’est se montrer bien exigeant pour beaucoup de parents que de leur demander de croire qu’ils ne peuvent pas élever leurs enfants comme ils l’ont été eux-mêmes. Ayant l’impression d’entendre le glas du passé tinter dans leurs oreilles, ils supportent mal que l’on déroge aux vieilles coutumes.

Certaines idées et manières de voir en vogue pendant la première moitié du siècle ne sont pas assez souples pour s’adapter à la seconde moitié. À l’analyse cependant, on s’aperçoit que la plupart des changements ne présentent que des différences d’expression et non de principes. Il importe donc d’apprendre comment utiliser les nouveautés sans couper les amarres avec les vertus fondamentales qui sont la clef de notre condition d’homme.

La démocratie dont nous sommes si fiers pose en soi des problèmes. Autrefois, la démocratie n’était qu’une théorie politique ; aujourd’hui, nous trouvons la démocratie dans l’industrie, la vie sociale, la famille et le foyer.

Il se peut cependant que l’on impose trop tôt la démocratie aux enfants. Gratifier un enfant ou un adolescent d’une liberté au-dessus de sa capacité véritable de juger est inéquitable, même si on le fait avec de nobles intentions. Le privilège de former les enfants petit à petit jusqu’au point où ils pourront se débrouiller au milieu du monde déroutant dans lequel ils ont été placés est le couronnement et la récompense de la paternité.

Il est d’usage de s’en prendre aux influences du dehors lorsqu’un adolescent tourne mal, ou d’accuser la télévision, la radio, les journaux et les revues. Mais tout cela n’influe qu’en second lieu sur les enfants, et si l’influence primordiale – l’inculcation du sens de la bienséance par les parents – a effectivement exercé son action, toutes ces choses perdront leur pouvoir d’avilissement.

Les tendances au mal ne sont pas tant transportées dans le plasma germinatif que développées par la culture dans laquelle nous baignons pendant nos premières années. Et celle-ci exige quelque chose de mieux que le cinéma, les revues médiocres, les pièces de la télévision et l’expérience maladroite des camarades. Comme le disait un chef de police du Texas : « Nous veillons à ce que l’argenterie et les verres soient stérilisés, mais nous laissons nos enfants nourrir leur esprit avec des déchets. »

La révolte de la jeunesse

Il est normal que les jeunes réclament une certaine indépendance à la mi-adolescence.

Personne n’a encore réussi à passer d’un genre de vie à un autre tout à fait différent sans être en proie à une vive agitation. Hier encore au stade où l’on a besoin d’aide, les adolescents ont maintenant atteint le stade où l’on est assez grand pour se conduire. Il leur faut maintenant apprendre le troisième, le stade de la responsabilité ; celui où l’on peut aider les autres.

La période où les enfants commencent à s’affirmer est une phase de la vie familiale à laquelle les parents avisés doivent faire face sans laisser aucune fissure persister dans la solidarité de la famille. La jeunesse est portée à surestimer la liberté et à frapper dans toutes les directions pour la revendiquer. Aux parents incombe le devoir d’enseigner la vérité incontestable qu’il n’y a, dans la nature, aucun principe plus évident ni plus rigoureusement appliqué, dans l’humble fourmilière comme dans les galaxies de l’espace, que celui-ci : « Ce n’est pas la liberté, mais la loi qui prédomine. »

Les mots « droit » et « liberté » ont un son magique pour l’oreille des jeunes gens, qui peuvent les confondre avec le pouvoir de satisfaire tous ses appétits et ses caprices. Il importe de rectifier leurs idées à ce sujet avant que la poussée de leur personnalité naissante ait créé chez eux des habitudes qu’ils devront vaincre un jour, soit par leur discipline personnelle, soit par la discipline de la loi.

C’est un devoir important aussi, pour les parents, de rechercher et de trouver la cause des écarts de leurs enfants. Le plus rebelle des garçons ou la moins docile des filles ne sont souvent que des isolés et des désemparés. Les révoltés ne font parfois que donner libre cours à des sentiments refoulés de déception. Il y a quelque chose dans leur nature qui n’a pas trouvé de soupape d’échappement disciplinée. Dans leur ennui et mûs par le besoin incessant d’action de la jeunesse, ils cherchent à détruire. Un professeur de nihilisme, Michael Bakunin, soutient que la destruction est aussi une création. Disons que c’est plus précisément une contrefaçon de la création.

Cette tendance va parfois jusqu’à l’autodestruction, ainsi qu’en témoignent les minables adolescents aux épaules voûtées, aux cheveux gras et au physique rachitique qui déambulent dans les rues des villes et qui s’amusent à écrire des grossièretés à la craie sur les murs et à détruire les biens publics ou privés.

Un remède à appliquer en attendant que l’on trouve des solutions définitives à ce problème est de donner quelque chose de constructif à faire aux jeunes. À l’ère de l’exploration de l’espace, le ping-pong ne suffit pas pour tenir l’esprit d’un enfant occupé. Nous devons fournir aux adolescents la possibilité de remuer et d’exercer non seulement leurs corps mais aussi leurs intelligences. S’ils ne se servent pas de ce que nous leur offrons, c’est que notre organisation et nos encouragements laissent à désirer.

La délinquance

La délinquance ne commence pas la première fois que la police prend un garçon ou une fille à commettre un acte illégal. Elle est née bien avant cela, parce que sa famille a toléré la désobéissance, l’insolence et le manque de respect. Comme les sociologues s’accordent de plus en plus à le dire, c’est généralement chez les parents qu’il faut rechercher la cause de la mauvaise conduite des enfants.

Le délinquant est un être qui est incapable de faire le nécessaire pour s’adapter à son milieu. Il ne ressent aucun besoin de répondre à l’attente des autres.

Mais il reflète dans une certaine mesure le monde qui l’entoure : une société où priment les choses matérielles et la vitesse, la violence et l’idée si bien répandue par la fausse réclame que nous devons obtenir tout de suite ce que nous voulons et régler plus tard si la chose s’impose.

Le mal fondamental n’est pas de ceux auxquels on peut remédier par un tour de main philanthropique en instituant des sociétés et des organismes. Il réside au coeur même de nos valeurs courantes. C’est la conséquence de ce que le juge Redmond Roche a appelé lors d’un congrès des chefs de police, à Montréal, « l’apathie et le pourrissement moral de la population ».

Voici comment le commissaire George McClellan, de la Gendarmerie royale du Canada, a posé le problème dans une allocution prononcée à l’Empire Club de Toronto : « Ce n’est pas de la délinquance juvénile dont je veux vous parler, c’est de la délinquance des parents, car, à mon humble avis, le groupe qui cause les ennuis dont je viens de parler, est, en très grande partie, l’oeuvre de foyers inconscients et de parents inconscients. Il semble bien que le mal ait sa source au foyer et que c’est en fin de compte au foyer qu’il faudra y porter remède. »

« Combien de fois, a ajouté le commissaire, n’ai-je pas entendu une mère ou un père me dire d’une voix angoissée et éperdue : « Comment mon enfant en est-il arrivé là ? » Ma foi, la semence du bien et du mal est en chacun de nous, et le fruit qu’elle produit dépend de notre façon de la cultiver. »

Règles à suivre pour faire des inadaptés

Au lieu de dresser la liste habituelle des bons procédés à suivre, le commissaire McClellan a voulu donner encore plus de mordant à sa thèse en énumérant les meilleurs moyens à prendre pour qu’un enfant devienne à coup sûr un être inadapté et antisocial :

(1) N’établissez aucune règle concernant la conduite et l’obéissance de l’enfant au foyer. Ainsi, l’enfant n’aura aucune notion claire du bien et du mal.
(2) Si vous établissez une règle, appliquez-la de façon intermittente. Oubliez-la quand vous êtes de bonne humeur et grondez l’enfant sévèrement s’il enfreint la règle quand vous êtes fatigué ou mal en train. Cela le déroutera complètement. Il ne saura pas ce que l’on attend de lui et finira par détester toute discipline.
(3) Offrez à vos enfants le spectacle de vos disputes avec votre conjoint et, mieux encore, dites-vous des injures en leur présence. De cette façon ils n’auront aucun respect ni pour leur père ni pour leur mère.
(4) Ne confiez jamais une corvée ni une tâche à un enfant à la maison. Il se convaincra ainsi que le foyer et le monde doivent le faire vivre, sans aucun effort de sa part.
(5) S’il est puni par ses maîtres, ne manquez pas de vous rendre à l’école et de critiquer l’instituteur ou le directeur devant l’enfant. C’est un excellent moyen de lui enseigner le mépris de l’autorité.
(6) S’il a plus tard des ennuis avec la police, ce qui est fort probable, enguirlandez l’agent ou, mieux encore, le commissaire, en ayant soin de toujours le qualifier d’abruti. Vous confirmerez ainsi votre enfant dans son mépris de toute autorité.
(7) Pendant vos promenades en auto avec votre famille, dépassez la vitesse maximale, mais ralentissez si vous apercevez une voiture de police. Hâtez-vous cependant d’accélérer dès que l’agent ne vous voit plus. Cela montrera à l’enfant qu’il ne faut observer la loi que lorsqu’il est dangereux de se faire prendre.
(8) Si la police vous arrête pour excès de vitesse et que vous alliez trop vite, niez carrément que vous excédiez la limite de vitesse. Et protestez avec véhémence. Votre enfant en conclura que la tromperie et le mensonge sont permis.
(9) Si vous avez réussi à frauder le fisc de quelques dollars, ne manquez pas, le soir, à table, de vous vanter de votre prouesse. Il n’en faudra pas plus pour persuader les jeunes que le vol n’a rien de répréhensible à condition de ne pas se faire pincer.
(10) Ne vous inquiétez jamais de savoir où vos enfants passent la soirée. Peu importe à quelle heure ils rentrent. Et jamais, au grand jamais, ne cherchez à vous renseigner sur leurs amis. Cette règle est presque infaillible.

Adopter une attitude positive

Les parents qui veulent aider leurs enfants à se préparer une vie heureuse et convenable n’ont pas besoin de chercher la solution de leur problème dans les nuages. Ils doivent seulement s’efforcer d’atteindre leur idéal en épurant et en raffermissant les anciennes institutions.

Il importe que toute la culture intellectuelle de l’humanité repose sur le roc pour ainsi dire inébranlable que représente une solide éducation fondée sur les principes moraux, c’est-à-dire sur les normes de conduite généralement acceptées qui doivent régir les relations entre les individus. La meilleure loi qui soit, a dit Socrate, est une conscience bien formée.

Les jeunes ont besoin de règles pour se guider et de critères pour se juger. Le foyer joue le rôle éminent qui lui revient dans la préparation des enfants à la vie quand les principes fondamentaux sont enseignés avec calme et fermeté, et surtout vécus. Ce qui compte en définitive c’est de savoir, non pas combien les jeunes gens seront dociles aux contraintes de la loi ou de l’ordre, mais dans quelle mesure on peut espérer qu’ils obéiront aux lois qu’ils s’imposeront eux-mêmes.

La famille est un mode de vie commune, où l’on apprend ce qu’il faut faire et ne pas faire par le précepte, par l’exemple et par la pratique. Les enfants qui y voient le jour sont à leur naissance les êtres les plus impuissants et les plus inconscients qui soient ; les moins doués d’instincts immédiats pour soutenir la concurrence vitale ; les plus lents à développer leurs possibilités d’autonomie ; mais aussi les plus réceptifs, les plus imitateurs, les plus éducables et les plus richement dotés.

Pour l’enfant, avec son horizon borné, toute la vie se limite à son entourage immédiat, à ceux qui sont appelés à le faire manger, à le porter, à le dorloter ou à le punir. Ces personnes ont la responsabilité non seulement de son bien-être du moment mais aussi de toutes les années de sa vie, car elles ne peuvent nourrir et protéger son corps sans en même temps former sa personnalité. Dans une bonne famille, l’enfant grandit dans une atmosphère de respect mutuel et apprend à respecter les autres ; il acquiert des habitudes saines, généreuses et démocratiques, qui ne pourront avoir qu’un effet salutaire sur sa vie d’adulte.

La discipline

La discipline familiale n’a rien de commun avec la rigidité de la maxime militaire : « les ordres s’exécutent, ils ne se discutent pas ». Le mot discipline reprend ici son sens premier et étymologique d’enseignement dispensé par le maître à son disciple.

Votre enfant fait-il une action bonne, noble et généreuse ? Félicitez-le. Mais a-t-il en même temps manqué de prudence ? Réprimandez-le. Quand un Spartiate avait une conduite héroïque au combat, les premiers magistrats posaient une couronne sur sa tête, mais ils lui imposaient aussitôt une amende de mille drachmes pour être allé au combat sans armure.

L’enfant ne tient pas à vivre dans un monde où tout est permis. Cela le rend perplexe et malheureux. Il veut qu’il y ait autour de lui un mur solide et stable, à l’intérieur duquel il jouisse d’une large liberté, mais qui marque également les limites exactes qu’il ne doit pas franchir.

Ce mur pourra, par exemple, être celui du respect des biens et des droits d’autrui, du respect des aînés, de l’observance des conventions qui sont les lubrifiants de la vie en société. Ne pas enseigner ces principes aux jeunes, c’est leur infliger un désavantage, car la vie se chargera de leur apprendre brutalement qu’il y a des choses que l’on ne peut pas faire.

Il n’est pas du tout nécessaire de créer chez les enfants un complexe de culpabilité pour leur enseigner la discipline et le respect de l’ordre. Les lois ne sont pas édictées pour faire le malheur de quelques citoyens, mais plutôt pour fournir à tous la possibilité d’être heureux sans gêner les autres ni être gênés par eux.

La loi canadienne règle notre conduite les uns par rapport aux autres. Elle nous dit jusqu’où vont nos droits et où commencent nos devoirs. Ainsi que l’énonçait, en l’an 533, l’empereur Justinien, les règles de la loi nous commandent de vivre honorablement, de ne léser personne et de rendre à chacun son dû.

L’observation des préceptes de la loi découle de notre amour du bien et du bon. La bonté ne consiste pas simplement à éviter le mal ou l’injustice, mais bien à aimer les choses qui sont justes et honorables.

C’est aux parents qu’appartiennent incontestablement le privilège et la mission de faire germer ces sentiments dans le coeur de leurs enfants. En s’acquittant de ce devoir, ils contribuent à leur propre bonheur, car pour être heureux, surtout quand on n’est plus jeune, il importe d’avoir l’impression d’être encore dans le mouvement de la vie, et le meilleur moyen de le faire n’est-il pas d’inculquer à ses enfants les principes qui les guideront, eux et leurs enfants, à travers les vicissitudes d’un avenir lointain et inconnu.

Certains parents se sentiront peut-être confondus et paralysés par le sentiment de leur impuissance devant les difficultés de la tâche. Qu’ils n’hésitent pas à demander conseil aux personnes compétentes. Ce n’est pas un signe de faiblesse que de faire appel au concours des spécialistes pour résoudre un problème important, dont la solution peut être capitale pour le bien et le bonheur de leurs enfants et indispensable pour leur propre tranquillité d’esprit. L’église, l’école et les services sociaux se feront un plaisir d’aider de leur savoir et de leur expérience les parents indécis ou inquiets.

Il ne s’agit pas ici d’un plaidoyer en faveur de l’assistance sociale, qui ne remplacera jamais la famille en tant que fondement de l’ordre. L’enfant ne peut se passer de la jupe accueillante, des douces mains et du tendre regard de sa mère ou de sa grand-mère.

Il va sans dire que s’ils veulent faire respecter leur autorité les parents doivent, comme le dit le principe de la loi d’équité, avoir les mains nettes. Les enfants ont tôt fait de déceler le manque de sincérité. Leurs meilleurs maîtres seront les parents qui ont démontré par l’exemple qu’ils sont capables de prendre des responsabilités et de diriger leur vie avec succès.

Quant au devoir des enfants, l’ancien commandement donné au milieu des éclairs et du tonnerre sur le Sinaï n’a pas changé. « Honore ton père et ta mère », dit le décalogue.

Le plus bel héritage

On peut procéder à de longues enquêtes, recueillir force statistiques et opinions, et en tirer une masse impressionnante de renseignements et de conclusions, mais tout cela se résume en fin de compte à quelques vérités aussi modestes qu’élémentaires.

Dans l’oeuvre éminemment importante de la transmission de la culture et des idéaux, de la formation du caractère et de l’acquisition des qualités nécessaires dans notre monde en transformation, la famille d’aujourd’hui a un rôle de pilier et de pionnier à jouer. Elle doit considérer les enfants comme plus importants que les choses, les idées comme plus précieuses que le confort matériel et la dignité personnelle comme la pierre de touche de toutes les valeurs.

Chaque génération offre au monde une nouvelle occasion de consolider ces valeurs. Les parents de notre époque doivent faire en sorte que leurs enfants aient plus tard des souvenirs pour se guider dans l’existence : souvenir d’une vie de famille où la justice était observée ; souvenir d’une affection généreusement accordée ; souvenir d’une discipline expliquée avec douceur et tendresse ; souvenir, enfin et surtout, du bon exemple, donné avec joie et persévérance.