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Un vent nouveau souffle dans plusieurs parties du Canada au moment où notre pays se dispose à célébrer le centenaire de la Confédération. Toutes les provinces et l’administration fédérale envisagent leurs réalisations, leurs besoins et leurs projets selon une optique nouvelle. Elles unissent leurs efforts pour explorer divers secteurs de la vie canadienne : droit, enseignement, bien-être, industrie, conservation et emploi des ressources naturelles.

Cette façon de procéder est conforme aux traditions de notre pays. Les premiers siècles de l’histoire du Canada ont été des siècles d’exploration. Ce sont les voyages de Cartier, d’Hudson, de Champlain, de Radisson, de Cabot et d’une vingtaine d’autres navigateurs qui ont conféré leur importance géographique aux terres incultes du nouveau monde.

L’histoire qui s’écrit à l’heure actuelle au Canada est aussi une tentative d’exploration, mais il s’agit cette fois beaucoup plus du domaine des idées et des questions sociales que de celui des choses matérielles. Il faut maintenant aménager des voies de compréhension navigables entre les ambitions et les cultures de dix provinces, et établir des portages pour contourner les chutes et les rapides trop tumultueux.

Notre façon d’aborder nos problèmes témoigne dans beaucoup de cas d’une certaine inconséquence. Presque tous les livres consacrés au Canada allèguent comme excuse de nos insuccès économiques et culturels que notre pays est peu peuplé et que ses habitants sont largement disséminés sur un immense territoire. Au lieu d’implorer miséricorde pour nous être répartis d’une façon aussi clairsemée, il serait plus pratique de répondre à la question : Comment pouvons-nous remédier à la situation ?

C’est là le nouvel esprit qui anime les provinces Maritimes. Beaucoup de choses sont nécessaires dans toutes les parties du Canada, mais les provinces de l’Atlantique veulent les avoir toutes à brève échéance, et elles prennent les mesures voulues pour les obtenir.

C’est le long du littoral de l’Atlantique que les Européens prirent d’abord contact avec la région septentrionale de l’Amérique du Nord. Aujourd’hui, environ dix pour cent de la population du Canada vivent sur les bords de l’Atlantique. À l’exception de Terre-Neuve, où l’on ne compte que 3.2 personnes par mille carré, les provinces de l’Atlantique sont très peuplées. Alors que l’Ontario, la plus populeuse des provinces de l’intérieur, n’a que 18 habitants par mille carré, l’Île du Prince-Édouard en compte 48, la Nouvelle-Écosse 36 et le Nouveau-Brunswick 21. Mais la proximité de la mer devait jouer en faveur de la décentralisation du peuplement, et leur plus grande ville n’a que 92,500 âmes de population.

L’exploration

Toutes les provinces qui avoisinent la mer connurent des jours assez mouvementés pendant la période de la découverte et de la colonisation. La France revendiquait les Maritimes parce que Cartier avait planté le drapeau français sur la péninsule de Gaspé en 1534, et l’Angleterre les réclamait aussi parce que Jean Cabot, agissant en vertu de lettres patentes du roi Henri VII, y avait hissé le drapeau royal en 1497.

Quoi qu’il en soit, l’histoire officielle du Canada commence avec les voyages de Cabot, même si les autorités ne s’entendent pas sur la question de savoir s’il découvrit Terre-Neuve ou l’île du Cap-Breton en premier lieu. On sait que quatre jours après son retour en Angleterre, la note suivante était inscrite dans les comptes royaux : « À icelui qui a découvert l’île nouvelle £10 ». Mais Cabot n’ayant touché que deux fois sa pension annuelle de £20, ne reçut donc pour avoir ajouté un continent à la Couronne britannique que la récompense de £50.

Les premiers explorateurs sont tous frappés par l’aspect désolé des terres qu’ils viennent de découvrir. Un courant froid coule le long de la côte du Labrador, si bien qu’à bord de sa barque d’exploration, John Davis nomme cet endroit « La Terre de la désolation » et que Cartier écrit dans son journal, un jour de juin 1534, au sujet de la rive nord du Saint-Laurent : « Je n’y ai pas trouvé une charretée de bonne terre. Bref, je pense que c’est la terre que Dieu donna à Caïn. »

Le premier Européen qui ait laissé trace de son débarquement dans l’Île du Prince-Édouard est Jacques Cartier, en 1534.

Ce qui est aujourd’hui le Nouveau-Brunswick demeure inconnu, sauf pour quelques pêcheurs, jusqu’au voyage de Champlain en 1604 et à la découverte de la rivière Saint-Jean.

Toute la région maritime est désignée sous le nom d’Acadie, et c’est de là que partiront beaucoup d’aventuriers audacieux pour aller chercher fortune dans le commerce de la pêche et des fourrures ou se livrer à des incursions de piraterie le long du littoral. Plus tard, les agents forestiers, en quête de bois de pins, pénétreront à l’intérieur des terres en longeant les rivières.

La colonisation

Depuis sa découverte, en 1497, jusqu’à l’arrivée des Pèlerins à Plymouth Rock en 1620, Terre-Neuve demeure la seule possession britannique en Amérique du Nord. La reine Elisabeth Ire avait chargé des navigateurs d’y laisser des colons en 1583, mais ce n’est qu’en 1610 qu’une colonie permanente sera établie dans la baie Conception. En 1615, un groupe d’émigrants fondent Trepassey, et, en 1712, on compte près de 3,000 colons anglais le long des ports de la péninsule Avalon. Ils y mènent une vie rude et solitaire, la nourriture étant très peu variée et la vie sociale des plus primitive.

La première tentative réelle de colonisation a lieu au large du Nouveau-Brunswick en 1604, année où le sieur de Monts et Champlain installent des colons à l’Île Sainte-Croix. La carte de Champlain nous montre des habitations, des entrepôts, une chapelle et plusieurs jardins potagers. L’hiver fut rigoureux, et 35 hommes sur 79 moururent du scorbut, de sorte qu’en 1605 les survivants firent voile vers la rive nord du bassin d’Annapolis et donnèrent le nom de Port-Royal à leur nouvel établissement.

Le marquis de La Roche débarque une cinquantaine de colons à l’Île de Sable en 1598 ; quelque soixante-dix colons écossais viennent s’installer dans les environs en 1628, mais renoncent à y demeurer au bout de trois ans ; entre 1750 et 1752, plus de 2,000 colons arrivent de l’Allemagne et s’établissent dans la région de Lunenburg ; et c’est ainsi que, mille par mille, le littoral se couvre peu à peu d’établissements.

La capitale de l’Île du Prince-Édouard est fondée en 1720, mais la grande affluence de colons écossais ne se produit qu’en 1803, où 800 environ débarquent dans l’île. Jusqu’en 1873, les terres sont le plus souvent administrées au profit de propriétaires forains. Aujourd’hui, elles sont presque toutes cultivées par les descendants des colons anglais, écossais, irlandais et acadiens, ainsi que des immigrants loyalistes. L’île doit avant longtemps être reliée à la terre ferme par un ensemble de chaussées, de tunnels et de ponts d’une longueur de neuf milles.

La guerre entre la France et l’Angleterre laisse pendant plusieurs années les provinces Maritimes dans un état d’instabilité. Elle se termine par le Traité de Paris, en 1763, qui cède les colonies françaises à la Grande-Bretagne. L’Île du Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick, rattachés à l’origine à la Nouvelle-Écosse ou Acadie, deviennent des colonies distinctes en 1709 et 1784 respectivement. Séparé de la Nouvelle-Écosse en 1784, le Cap-Breton y est annexé de nouveau en 1820. En 1755, plus de 2,000 Acadiens passent à l’Île du Prince-Édouard, et, en 1784, d’autres encore immigrent dans le nord du Nouveau-Brunswick, où ils fondent l’établissement de Madawaska. Au moment du recensement de 1961, on comptait dans l’Île du Prince-Édouard 17,418 Acadiens, dont plus de 15,000 portant l’un des 23 noms de famille relevés lors du recensement de 1798.

Des fauteurs de troubles venus du Maine tentèrent résolument de faire de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick la quatorzième colonie en révolte, et allèrent même jusqu’à détruire Fort Frédéric dans le port de Saint-Jean en 1775. Ils semèrent l’agitation dans les territoires français et britanniques, mais leur action révolutionnaire devait avoir un effet profitable sur l’économie des provinces de l’Atlantique.

Des milliers de colons des États de la Nouvelle-Angleterre et d’ailleurs ne voyant pas les choses du même oeil que les pères de la Révolution américaine émigrèrent au Canada. Au printemps de 1783, une flottille de 20 transports, qui allaient être suivis de beaucoup d’autres, entrait dans la rivière Saint-Jean avec 3,000 personnes à bord. Sur les quelque 50,000 loyalistes qui vinrent en fin de compte s’établir au Canada, 30,000 s’installèrent dans les Maritimes.

La Confédération

En 1814, le duc de Kent proposait de former une union des colonies Maritimes, mais aucune mesure décisive ne devait être prise avant 1864. Une réunion de délégués des trois colonies fut alors convoquée à Charlottetown. Le Haut et le Bas-Canada y envoyèrent des représentants, et il en résulta une union beaucoup plus vaste qu’on ne l’avait prévu.

Aucune des provinces de l’Atlantique n’est entrée dans la Confédération avec enthousiasme. De fait, l’Île du Prince-Édouard hésita pendant six ans, et Terre-Neuve demeura à l’écart pendant 82 ans. Mais les entretiens de 1864 furent d’une importance capitale pour la survie du Canada.

La confédération et la construction d’un chemin de fer contribuèrent à accroître le commerce avec le reste du Canada ; mais, malgré les mesures compensatoires, les provinces du bord de la mer n’ont pas prospéré à la même allure que les provinces de l’Ouest. L’abandon des navires en bois, la création de nouvelles sources d’approvisionnement en produits naturels dans les autres pays, la perte des marchés du Sud, l’élévation des barrières douanières contre les exportations, la centralisation des finances et de l’industrie dans le voisinage des provinces les plus populeuses, l’isolement géographique des provinces du littoral, tous ces facteurs devaient entraîner le sous-développement de cette région.

Il en est résulté, ainsi qu’on le faisait remarquer au cours d’une conférence en 1965, un abaissement des revenus par personne, un abaissement de la production de marchandises par habitant, un abaissement de la moyenne des investissements, un abaissement de l’activité de la main-d’oeuvre et un accroissement du chômage et du sous-emploi par rapport aux provinces centrales.

Vitalité croissante

Les provinces de l’Atlantique s’attaquent aux problèmes du jour avec énergie et résolution. Tout comme elles se sont levées autrefois pour repousser les envahisseurs, de même ces provinces unissent aujourd’hui leurs efforts pour faire face à des conditions de vie et à des marchés nouveaux. Leurs économies ont pris de l’ampleur au cours des dix dernières années. On note chez elles une vitalité sociale de plus en plus grande. Elles n’attendent ni la venue de la prochaine génération ni l’action de forces matérielles obscures ni la lente influence de la politique pour faire tourner la roue de la Fortune d’une façon plus favorable.

Des comités, des commissions, des groupements et des associations établissent un relevé des ressources naturelles, des marchés éventuels, des organismes de vente et des applications des techniques modernes. On procède à des études sur la protection des terres, des forêts et des eaux, sur l’aménagement électrique, les nouveaux modes d’utilisation des sols, l’emploi des engrais, le développement de l’industrie, l’organisation des collectivités, l’amélioration des services d’enseignement et de santé. Chaque province est résolue à exploiter ses ressources naturelles en faisant appel à la fois aux découvertes techniques et à l’effort personnel dirigé.

Depuis son entrée dans la Confédération en 1949, Terre-Neuve, qui est la plus sous-développée de nos provinces, a vu son budget quintupler ; elle a construit plus de mille nouvelles écoles et doublé le nombre de ses enseignants ; on y a pavé des centaines de milles de routes ; le revenu des particuliers est passé de 163 millions à 523 millions de dollars ; les automobiles ont augmenté de 14,000 à 65,000. Ceux qui habitent dans les ports isolés transportent leurs maisons, sur des radeaux, vers les agglomérations, où ils peuvent profiter des écoles, du courant électrique, du téléphone, des services médicaux et des conserveries de poisson modernes. La mortalité infantile, qui était de 92 pour mille naissances vivantes en 1941-1945, est tombée à 31 en 1964, et la mortalité puerpérale est passée de 4.2 à 0.4.

Si la révolution technique est venue mettre un terme aux exportations de matières premières qui constituaient jusque-là la base de l’économie des Maritimes, c’est aussi la technologie qui offre maintenant les meilleurs espoirs de reprise. Toute société qui veut faire profiter sa population d’un niveau de vie de plus en plus élevé doit se pénétrer de cet enseignement.

L’adaptation d’une région aux conditions nouvelles est toujours difficile. Elle entraîne parfois des changements d’emplois et de domiciles pour les mineurs, les cultivateurs et les pêcheurs. Mais les provinces Maritimes ont pris les mesures nécessaires pour aider leurs habitants à apprendre de nouveaux métiers et à aller s’établir dans d’autres endroits, ainsi que pour créer ou développer des industries qui leur permettront de travailler pendant toute l’année.

L’expansion industrielle

Les arguments en faveur du développement industriel des provinces de l’Atlantique ne se restreignent pas au plan de l’intérêt local ; ce développement est nécessaire pour assurer le progrès ininterrompu de l’ensemble du Canada.

Le besoin d’expansion de l’industrie manufacturière ressort avec évidence des chiffres suivants : en 1960, le rendement par personne de l’industrie manufacturière dans la région de l’Atlantique a été de $218 par comparaison avec $589 par personne pour la totalité du Canada.

Ainsi que le signalait le Conseil économique des provinces de l’Atlantique dans son aperçu stratégique, en octobre 1965 : « Le but principal de l’expansion économique dans la région de l’Atlantique, en ce qui concerne l’avenir immédiat, est d’accroître l’emploi grâce à la création et au développement des activités économiques qui promettent de donner de bons résultats. »

Chaque nouvelle industrie élargit la base sur laquelle d’autres industries peuvent s’établir, et la diversification qui s’ensuit contribue à renforcer l’économie. C’est là une nécessité essentielle si l’on veut créer les 18,100 nouveaux emplois que le Conseil économique juge indispensables et enrayer les migrations de population.

Terre-Neuve accélère la mise en valeur de ses richesses minières et forestières. Elle a entrepris l’exploitation du Labrador, qu’elle a l’intention de relier à l’île par un tunnel, afin d’avoir aisément accès à ses immenses ressources en minerai de fer et en énergie hydro-électrique.

Le Nouveau-Brunswick aspire lui aussi à un plus haut degré d’industrialisation, afin que son niveau de vie se rapproche davantage de celui du pays en général. La valeur brute de ses produits manufacturés a augmenté de 264 à 427 millions de dollars entre 1950 et 1963. Tout indique, d’autre part, que l’on porte une attention spéciale au traitement des ressources naturelles.

En Nouvelle-Écosse, les nouveaux investissements ont atteint 337 millions en 1965, soit une augmentation de 26.6 p. 100 par rapport à 1964 ; les expéditions de produits industriels sont passées à 535 millions de dollars, ce qui représente un accroissement de 6.5 p. 100 ; l’emploi accuse également une augmentation, et la moyenne des salaires hebdomadaires, qui a progressé de 4.3 p. 100, est maintenant de $73.76.

Les caractéristiques culturelles

Si le littoral de l’Atlantique représente en quelque sorte une mosaïque de groupes culturels, les points de friction y paraissent négligeables. Vers 1717, les pêcheurs français et anglais exercent ensemble leur métier, dans les meilleurs termes, au large de Canso. Mais bientôt les hauts commandements commencent à voir cette fraternisation d’un mauvais oeil, et la zizanie fait son apparition.

Depuis, des gens de plusieurs nationalités se sont établis dans les provinces de l’Atlantique, et la plupart ont conservé et continuent de chérir la langue et les coutumes de leurs ancêtres. Le visiteur constate que la culture acadienne est toujours vivante le long des rives de la baie Sainte-Marie, où le Festival acadien attire des milliers de touristes ; les Jeux écossais d’Antigonish, de même que les jeux floraux gaéliques et le Rassemblement écossais de Sainte-Anne perpétuent les traditions de l’Écosse ; et chaque groupe ethnique, depuis les Micmacs indigènes jusqu’aux éléments les plus évolués, trouve une excellente occasion d’exprimer sa culture au Festival des arts de la Nouvelle-Écosse à Tatamagouche.

En proportion de leur population, les provinces de l’Atlantique ont apporté une très large contribution à l’instruction et à la culture canadiennes. La plus ancienne université du Canada appartient à la Nouvelle-Écosse, et d’autres universités, d’un océan à l’autre, comptent dans leurs annales des recteurs et des chanceliers originaires de la côte de l’Atlantique. Le « Mouvement d’Antigonish » pour l’enseignement et la coopération est né à l’Université Saint-François-Xavier en Nouvelle-Écosse. À Terre-Neuve aussi l’enseignement et l’instruction vont de l’avant, grâce aux changements révolutionnaires effectués au cours des 17 premières années de l’union au Canada.

La collaboration

Les problèmes et les dissensions des temps anciens ont en grande partie disparu, et les seuls vestiges qui en restent sont des forts en ruine et des vieux canons qui n’offrent plus qu’un intérêt touristique.

Les provinces Maritimes sont passées par la rude école de l’expérience. Comme l’écrit un de leurs historiens, la réclamation bruyante de l’égalité dans l’octroi des faveurs politiques et autres eut inévitablement pour effet d’arrêter ou de retarder la construction dans toutes les régions.

Aujourd’hui, des dizaines de milliers de fournisseurs de produits de base se sont ligués pour protéger leurs intérêts économiques, échanger des renseignements et faire progresser l’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière. Les gouvernements provinciaux s’emploient de concert à organiser le développement des marchés, de l’électricité et de la recherche. Le gouvernement fédéral fait preuve lui aussi d’un intérêt pratique dans ce domaine. L’Office d’expansion économique de la région atlantique, créé en 1962-1963, a approuvé l’engagement de dépenses pour les installations hydro-électriques, les réseaux routiers à grande circulation, les services d’eau et d’égout, les laboratoires de recherches et les usines-pilotes.

Les institutions démocratiques

Les provinces de l’Atlantique ont joué un rôle de premier plan dans l’évolution de nos institutions démocratiques. Lorsque Halifax voulut centraliser les pouvoirs et imposer sa domination, les régions excentriques de la Province opposèrent une ferme résistance et défendirent leurs droits. La Nouvelle-Écosse accéda au gouvernement représentatif en 1758 en élisant la première Assemblée générale du Canada. Le Nouveau-Brunswick acquit l’autonomie gouvernementale en 1784. Dans l’Île du Prince-Édouard, le gouvernement responsable ne sera instauré qu’en 1851. Quant à Terre-Neuve, elle souffrit de nombreuses vicissitudes avant d’être dotée d’une assemblée législative en 1832 et du gouvernement responsable en 1955. En 1948, la population de l’île vota, à une majorité assez faible mais suffisante, en faveur de l’annexion au Canada, et Terre-Neuve devint la dixième province de la Confédération.

Perspectives d’avenir

Les provinces de l’Atlantique ont connu par le passé de nombreuses périodes d’optimisme, coupées d’intervalles difficiles pendant les temps durs, mais leurs habitants sont demeurés, avec une constance qui leur est propre, profondément attachés à leur héritage des bords de l’Atlantique. Ils ont été de ceux qui estiment qu’il est plus important d’acquérir une personnalité bien distincte que de jouir, sous tutelle, de la sécurité, du couvert et des biens matériels. C’est sans doute pourquoi la population des Maritimes paraît aujourd’hui de plus en plus sûre d’elle-même et de son avenir.

Les provinces de l’Atlantique, disait, il y a dix ans, le directeur de l’Institut des affaires publiques de l’Université de Dalhousie, au cours d’une conférence sur l’enseignement des adultes, « peuvent connaître un avenir rempli de succès dans le domaine matériel, de progrès dans les affaires municipales et de satisfaction créatrice dans les choses de l’esprit. Nous sommes richement pourvus de richesses naturelles, mais il nous faut ouvrir les yeux pour les voir, d’avantages géographiques, mais il nous faut les exploiter, et surtout de ressources humaines, mais il nous faut prendre conscience de nos possibilités. »

Il y a cependant une certaine urgence à ce que les mesures nécessaires soient prises dans tous les domaines, pour que disparaisse le plus rapidement possible la différence de niveau de vie qui existe entre les provinces de l’Atlantique et le reste du Canada, et c’est là une obligation aussi bien pour les Canadiens en général que pour ceux qui habitent les Maritimes.