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C’est grâce à sa faculté de communiquer ses idées par la parole que l’homme est devenu l’espèce dominante de notre planète. Sa langue et sa plume ont été, au cours des siècles, les interprètes de sa pensée, non seulement auprès de ses contemporains, mais aussi à l’égard des générations à venir.

Les hommes ont appris, dans les sciences et la technologie, les immenses avantages que comportait la possibilité de se transmettre les uns aux autres des renseignements complets et exacts. Ils ne font cependant que commencer à se rendre compte de l’importance vitale de la communication sur le plan social et politique.

C’est là le plus grand problème de la race humaine, et sa solution ne peut plus être laissée au hasard. La société ne peut se comprendre que par la communication ; elle ne saurait subsister comme telle que s’il y a vraiment communication.

Quelle sorte de normes de moralité et de bien-être social aurions-nous sans la communication ? Nous n’aurions aucun principe établi auquel nous référer ; aucun espoir commun auquel nous accrocher ; aucun idéal pour lequel lutter. Si nous voulons édifier un pays ou un monde où les diverses cultures seront orchestrées de façon à réaliser un ordre social viable, il est nécessaire d’en arriver à une communication de plus en plus parfaite, afin d’accroître la compréhension réciproque en politique, en religion, en éducation et dans notre vie commune.

La communication ne consiste pas simplement à dire ou à entendre quelque chose. Jamais encore dans l’histoire autant de personnes n’ont été aussi bien au courant de ce qui se passe dans le monde. Le mot communication, dans son sens le plus profond, signifie communion, partage des idées et des sentiments dans un climat de réciprocité. Ce terme vient du latin communicare, qui veut dire « partager », et la communication est l’action de partager, de donner une partie de ce que l’on a.

L’Exposition universelle a réussi le tour de force de réunir le monde entier sur une superficie d’un millier d’acres, où éclatait partout la communication. On aura vu là plus de 60 pays s’exposer aux regards du public et s’étudier les uns les autres, chacun ayant conscience de ses responsabilités dans le destin du monde.

La satisfaction personnelle dans la vie, comme la bonne entente nationale et internationale, repose sur notre commerce avec les autres. Le plaisir n’aurait aucune saveur si nous ne pouvions pas le communiquer à nos amis. Aucune joie n’a de sens à moins qu’elle ne soit partagée. Nulle idée ingénieuse n’a de valeur si on ne la fait pas connaître.

Cicéron résume ainsi cette idée : s’il était donné à un sage de vivre dans l’abondance de tous les biens matériels, de manière à avoir le loisir de contempler tout ce qui mérite d’être connu, s’il ne pouvait communiquer avec un autre être humain, il quitterait la vie.

Démocratie et liberté

Songez, par exemple, à l’importance de la communication de la pensée dans le cas des grandes théories de la démocratie et de la liberté.

Il incombe incontestablement au gouvernement de divulguer son programme et de l’expliquer de façon véridique et compréhensible à la population, et les particuliers ont le devoir d’exprimer leurs idées sur ce que devrait être et devrait faire le gouvernement.

Les institutions démocratiques sont, dans l’esprit des Canadiens, des moyens de concilier l’ordre social avec la liberté et l’initiative individuelles et de subordonner le pouvoir immédiat des dirigeants du pays au pouvoir primordial des citoyens. Mais une société ainsi constituée ne peut fonctionner que si tous les intéressés s’efforcent de partager leurs connaissances et de délibérer.

Il ne suffit pas d’avoir conscience de la nécessité d’un bon programme pour corriger les défauts de la société. Tout citoyen soucieux du bien public doit prendre parti. L’une des raisons du succès apparent des agitateurs, qui nient l’efficacité de la méthode de communication propre à la démocratie, est qu’ils ont le verbe haut. Ils savent faire appel aux trucs de l’art oratoire, de la sollicitation brutale, de l’expression forte, de toutes les ressources de l’imagination et des répétitions tonitruantes. Ils semblent peu enclins à entendre la voix de la raison, exploitée avec tant de soin et de logique par les partisans des procédés démocratiques.

Ceux qui clament les griefs disposent d’une arme puissante, même si les plaintes ne sont pas fondées. La défense des faibles, des opprimés, des détenus, même des ratés, est l’une des marques de vertu de notre civilisation. Les tenants de tout système qui abusent de ce moyen, auprès des bonnes âmes, pour faire triompher leur cause, ne peuvent être combattus par l’inaction ou le sentimentalisme.

Les hommes ou les femmes qui désirent se faire les propagateurs du bien et du beau au Canada ne doivent pas se contenter d’en démontrer la valeur selon les règles de la logique ni chercher à recueillir des adhésions en offrant d’affriolants brimborions. Mais ils se garderont d’autre part de laisser planer vaguement à l’arrière-plan les besoins humains, comme des buts à atteindre à une époque reculée. Ils prêcheront la vérité pour le présent comme pour l’avenir, si lointain soit-il.

La propagande n’est pas un mot dont il faut avoir peur. C’est une méthode qui peut servir à la fois à des fins odieuses, comme pour attiser les haines raciales, et à des fins bienfaisantes, comme pour encourager le pacifisme chrétien. Elle peut faire appel aux instincts de brute comme aux élans de tolérance les plus généreux.

La propagande rationnelle repose sur la vérité et favorise l’action conforme à l’intérêt personnel réfléchi de ceux auxquels elle s’adresse, tandis que la propagande irrationnelle est dictée par la passion et cherche à l’exploiter chez les autres.

Hitler, passé maître dans l’art de la propagande, ne croyait pas à la communication. Dans un discours prononcé à Munich, en 1923, il disait ceci : « Il y a deux choses qui peuvent unir les hommes : la communauté des idéaux et la communauté de la criminalité ». Il choisit la seconde et adopta la méthode du « mensonge grossier ».

La propagande démocratique, au contraire, se distingue par son caractère éducatif et humanitaire. Tout en faisant appel à la raison et au bon sens, elle se fonde sur la communication avec les gens. Un programme d’amélioration public qui ne tiendrait pas compte des désirs de la nature humaine serait tout aussi sûrement voué à l’échec que les anciennes doctrines qui demandaient aux hommes de pratiquer la vertu sans veiller à ce qu’ils aient suffisamment de quoi manger.

Le dialogue

Au lieu de nous accabler les uns les autres de propagande, en tant qu’individus, provinces ou nations, les nécessités de l’heure exigent que nous dialoguions.

Le dialogue n’est pas le bruit que font les personnes ou les groupements opposés. Il s’amorce dans un acte de foi, c’est-à-dire la supposition que les interlocuteurs parlent en toute sincérité dans le but d’en venir à se comprendre et avec des sentiments de générosité les uns envers les autres. Le dialogue est le fruit de la civilisation. Il comporte des assertions, des réponses et des répliques, qui aboutissent à l’interprétation des pensées et à l’union ou à la fusion des idées.

C’est par le dialogue que l’on arrive à la vérité. Certaines personnes ont l’émouvante conviction qu’elles sont seules à posséder la perfection en matière d’économie, d’éducation, de religion ou de culture, ou dans ces quatre domaines à la fois. Elles apprendront par le dialogue que, contrairement à l’échange des idées, le désaccord entre les esprits est susceptible, en fin de compte, de conduire à la ruine de leurs convictions les plus chères.

Le dialogue exige que nous méritions le droit d’être entendu en prêtant l’oreille à tout ce que les autres ont à dire. Notre seul moyen de savoir ce que les autres pensent de nous ou de nos projets est de les écouter parler.

Lorsque vient le moment d’exposer notre point de vue, il importe de ne pas nous mettre immédiatement à parler ou à écrire. Il faut commencer par analyser le problème, puis rassembler les faits, les agencer, tracer les grandes lignes, établir ce qui est nécessaire pour rendre notre pensée, exprimer le tout sous une forme intéressante et y ajouter les éléments humains requis pour motiver l’action. Ce n’est qu’ensuite que nous pourrons parler ou écrire avec assurance.

La sincérité et la détermination doivent se manifester dans chacune de nos phrases. La civilisation ne peut exister sans la confiance, et pour gagner la confiance des gens, les mots que nous prononçons et les choses que nous écrivons doivent respirer la sincérité.

La comparaison que fait Platon entre le grand orateur athénien Périclès et le philosophe Socrate est assez significative. Dans l’un de ses dialogues, il fait dire à Alcibiade qu’après avoir entendu les brillants discours de Périclès, les auditeurs s’en allaient en disant que c’était très beau et très bien, sans n’y plus penser par la suite ; mais qu’après avoir écouté Socrate, ce qu’il leur avait dit restait profondément gravé dans leur esprit.

Pour communiquer avec les autres, il faut commencer par attirer leur attention, puis éveiller leur intérêt, ancrer les idées dans leur esprit et indiquer la ligne de conduite souhaitable.

Nous y parviendrons mieux encore si nous savons mettre à profit la méthode adoptée par saint Thomas d’Aquin, méthode qui mérite la plus grande attention de la part de tous ceux qui parlent ou écrivent. Devant un problème ou une difficulté à résoudre, l’Aquinate commence, dans la plupart de ses oeuvres, par poser la question sous forme interrogative. Puis, il passe immédiatement aux objections. Après les objections, viennent les opinions affirmatives, introduites par la conjonction « cependant ». Ayant ainsi exposé le « contre » et le « pour », il formule sa conclusion, puis réfute une à une les objections soulevées au début. Malgré tous les progrès accomplis depuis le moyen âge, cette méthode demeure aujourd’hui encore le meilleur moyen d’épuiser un sujet ou de vider un débat.

L’étude des faits

Pour écrire ou parler avec autorité, il faut partir des faits. La survivance de la démocratie au Canada ne peut être assurée que si un grand nombre de citoyens sont en mesure de faire des choix réalistes après s’être suffisamment renseignés sur les faits. Ce n’est que lorsque nous savons à quoi nous en tenir sur les choses, et non pas simplement sur ce qu’on en dit, que nous sommes à même de prendre des décisions en toute confiance.

Une fois les faits réunis, il importe d’en examiner l’importance relative. La pensée créatrice ou l’exercice de notre jugement critique est notre seule garantie de ne pas nous laisser entraîner à agir de façon inconsidérée par suite d’une fausse estimation de la valeur des faits.

Une étude libre et intelligente ne consiste pas à imiter les bonimenteurs de la télévision qui ne retiennent que les faits favorables à la cause du client. Dans leur hâte d’en arriver aux solutions et aux remèdes, les esprits partisans se rendent souvent coupables de choisir des données conformes à leurs doctrines, tout en négligeant ou en supprimant les arguments contraires.

Ce que recherchent les hommes et les femmes à l’esprit lucide, c’est ce que l’on s’efforce d’atteindre depuis toujours : la vérité. L’auteur d’un bon projet ne craint nullement la vérité. Il doit se servir de son sens critique, et essayer d’amener les autres à en faire autant, pour apprécier ce qu’il dit lui-même et ce que disent ses adversaires, puis porter des jugements.

Mais qu’est-ce que la Vérité ? Pilate ne plaisantait pas en posant cette question, car encore aujourd’hui, à 1,930 ans d’intervalle, tous les hommes ne sont pas d’accord, et beaucoup de choses qui étaient vraies hier ne le sont plus maintenant.

La vérité, en toute chose, ne peut se trouver que par la confrontation et l’interprétation des faits, comme c’est le cas dans le dialogue.

Mais les faits ne proviennent pas seulement des journaux. On les trouve aussi, tout comme la lumière nécessaire pour les juger, dans des écrits beaucoup plus anciens, qui s’appellent les classiques et qui nous sont de plus en plus précieux à mesure que nous avançons en âge et en maturité d’esprit. Celui qui ne lit que les choses faciles se prive d’un grand plaisir intellectuel. Tout écrivain qui ne nous force pas à penser et qui ne nous fournit pas matière à réflexion, ne mérite pas que l’on s’en occupe.

Clarté et simplicité

Quiconque parle ou écrit pour appuyer ses convictions a le devoir moral d’être intelligible. Comme la reine Elizabeth le dit au Roi dans Richard III : « Une honnête proposition, pour être agréée, n’a besoin que d’être simplement dite. »

Les deux dons suprêmes et inséparables pour bien parler et bien écrire sont la simplicité et la clarté. Ce que nous désirons dire doit d’abord être conçu de façon claire dans notre esprit. Nous devons être certain de ce que nous voulons faire savoir à nos auditeurs ou à nos lecteurs, tout comme de la manière dont nous désirons voir agir les gens en réponse à ce que nous leur disons. Il reste ensuite à rédiger le tout en termes non équivoques et élégants.

Il est nécessaire de s’exprimer clairement et simplement, car le public a une méfiance assez légitime pour les projets que seuls les gens très intelligents peuvent comprendre et mettre en oeuvre. Même si nous possédons en nous-même tout le secret du bonheur humain, cela est sans utilité pour la société si nous ne savons pas l’exprimer d’une manière qui attire l’attention et dans un langage compréhensible.

Mais il ne faut pas pour autant être terne et banal. Les faits relatifs à une question, quelle qu’elle soit – la nation canadienne ou la nécessité d’un nouveau service d’eau municipal – pourront être expliqués en termes simples mais de façon attrayante aux gens ordinaires, si nous sommes assez intelligents pour le faire et si nous prenons le temps d’élaborer un plan pour mieux faire comprendre nos idées.

Il existe certes des choses, des événements et des pensées qu’il est difficile de réduire à l’échelle de la facilité et de la vulgarisation, mais si la cause que nous soutenons exige de l’obscurité, tâchons au moins d’être obscur avec clarté. Dégagez les raisonnements des profondeurs de votre pensée, refaçonnez-les afin qu’ils aient la même signification pour les autres que pour vous. Ce qui n’a de sens que pour soi n’a en réalité aucun sens du tout.

Que voulez-vous dire ?

Un mot n’est pas uniquement un symbole sur le papier ou une vibration dans l’air ; c’est un instrument de communication. Chaque mot a été à l’origine un trait de génie ; et même aujourd’hui, alors qu’il a été utilisé des millions de fois, son usage demande certaines précautions intellectuelles.

La valeur d’un mot se mesure à sa signification. Il doit être aussi exact qu’il le faut afin d’éviter l’ambiguïté, et il doit être adapté au niveau de compréhension de la personne à laquelle il s’adresse.

Si nous avons quelque chose de plus important à dire que le grand entomologiste Fabre, nous pouvons peut-être nous permettre d’employer des mots longs et savants. L’auteur des Souvenirs entomologiques a su décrire, dans un style aussi simple que pittoresque et coloré, les moeurs pourtant compliquées et mystérieuses des insectes.

Quelle est en fait la signification d’un mot ? Que la verge ait telle ou telle longueur ou que la livre représente tel ou tel poids, cela importe assez peu ; ce qui compte vraiment, c’est que nous voulions tous dire la même chose en parlant d’une verge ou d’une livre. Lorsqu’un mot éveille dans l’esprit de celui qui écoute la même idée que dans l’esprit de celui qui parle, il y a effectivement communication.

Certains, tel Marc-Antoine, font intentionnellement un usage malhonnête des mots. Dans sa harangue sur le corps de César, il transforme malicieusement des mots élogieux en des mots empoisonnés dans le but de tourner l’opinion publique contre Brutus l’« homme d’honneur ». Nous en avons, encore aujourd’hui, des exemples dans la diversité des sens que l’on attribue à des mots d’un usage très répandu, comme démocratie, despotisme, liberté, pacifisme, justice, etc.

Exposé d’une question

Il faut éviter que l’expression de nos convictions revête un aspect froidement intellectuel. Un appel à la raison qui n’est pas en même temps un appel à un besoin a peu de chances de réussir.

Trop de personnes qui pourraient exercer une influence sur les mouvements visant à apporter des améliorations au foyer, dans les affaires, dans la collectivité et dans le gouvernement, s’obstinent dans une erreur fondamentale : elles supposent qu’il suffit de présenter les faits pour que les gens désirent ce qu’indiquent ces faits. Elles ont peur d’y ajouter une note humaine.

Nous devons apprendre à découvrir les pensées qui s’agitent dans l’esprit des autres, de ceux qui sont retranchés dans les îles de leurs propres intérêts, il importe de construire des ponts avec les matériaux qui s’appellent le sens commun, la raison, la justice, l’amour, les rêves de perfectionnement personnel et d’un monde meilleur, puis joindre à tout cela de l’intérêt, du sentiment, des émotions. Il faudrait un gros Livre blanc du gouvernement pour dire en termes officiels ce que résumait si bien en une douzaine de mots le président Roosevelt : « Je vois le tiers d’un pays mal logé, mal vêtu, mal nourri ».

Au lieu de donner lecture du procès-verbal d’une réunion à l’appui d’une entreprise, nous devrions nous efforcer de forger des phrases capables de transmettre l’esprit de la cause à ceux qui nous écoutent ou qui nous lisent et de les mettre en communication avec nous. Employez des comparaisons familières, racontez des anecdotes, comblez l’écart qui existe entre la situation actuelle et ce qu’elle pourra être à la suite de l’action proposée. C’est ce qu’a fait Isaïe dans ses prophéties ; c’est ce qu’a fait saint Paul dans ses épîtres ; c’est ce qu’a fait Churchill dans ses discours du temps de guerre.

Montrez que ce que vous proposez est dans l’intérêt personnel bien compris de l’auditeur. Dans l’histoire de sa propre vie, chaque homme et chaque femme est un héros ou une héroïne en puissance. Il ne suffit pas de peindre les gens tels qu’ils sont ; il ne suffit même pas de faire le tableau de ce qu’ils ont conscience de vouloir être ; insistez plutôt sur ce qu’ils voudraient avoir l’impression de devenir. Votre message aura atteint son but si vos auditeurs ont le sentiment qu’il est l’expression de leurs plus nobles pensées, dont vos paroles ravivent en eux le souvenir.

Avez-vous quelque chose à dire ?

Chacun connaît la déception que provoque un livre qui a été écrit non pas parce que l’auteur avait quelque chose à dire, mais parce qu’il désirait avoir le prestige d’être écrivain. Avant de commencer à écrire ou à parler, il faut avoir quelque chose à dire.

Etes-vous la personne désignée pour le dire ? Peut-être parviendriez-vous mieux à vos fins par la méthode indirecte ou en chargeant quelqu’un d’autre de présenter votre message. Rappelez-vous comment les auditeurs écoutaient plus attentivement Charley McCarthy qu’Edgar Bergen.

L’ambiance est-elle favorable ? Les conditions sont-elles de nature à assurer le succès de la ligne de conduite que vous appuyez, – conditions de vie, du marché, du gouvernement, du monde ?

Et l’opposition ? Il y a les obstructionnistes, ceux qui trouvent à redire à toutes les solutions que vous proposez. Il y a ceux, beaucoup plus nombreux, que la chose n’intéresse pas. Votre tactique, dans l’un et l’autre cas, pourra être la suivante : dites pourquoi votre projet est nécessaire ou souhaitable et ce que l’on peut en attendre ; comment il peut se réaliser ; qui en ressentira les effets ; ce que doivent faire vos auditeurs pour servir la bonne cause.

Vous vous êtes plongé dans les faits, vous avez retenu les plus pertinents ; vous les avez couchés en termes compréhensibles et élégants ; le moment est maintenant venu de déployer votre zèle, votre enthousiasme et votre profonde sincérité.

Le silence et les atermoiements ne peuvent rien, même pour les plus fervents apôtres du bien. Dans la lettre ouverte, intitulée J’accuse, qu’il adressait au président de la République, à l’occasion de l’affaire Dreyfus, Emile Zola écrivait : « Deux des victimes, deux braves gens, deux coeurs simples, qui ont laissé faire Dieu, tandis que le diable agissait. »

Le Canada est un pays en voie d’édification, et tous les Canadiens peuvent participer à la tâche. Tout reste à faire ou à refaire. La contribution la plus importante de notre pays à la société mondiale n’a pas encore été faite, ni la collectivité parfaite organisée, ni le meilleur gouvernement élu, ni le code de lois le plus rationnel édicté. Ce sont toutes des choses auxquelles nous travaillons, et le moyen d’en assurer la réalisation est la communication des idées.