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La santé de la population canadienne compte parmi les plus florissantes du monde.

Grâce aux progrès extraordinaires accomplis par notre époque dans les domaines de la médecine, de l’hygiène publique et des conditions de vie en général, la mortalité a enregistré des reculs sans précédent pendant la première moitié du siècle actuel.

C’est sur les maladies contagieuses que la médecine a remporté jusqu’ici ses plus grandes victoires. Des règlements sanitaires ont été édictés, tandis que des sérums et des vaccins efficaces ont été mis au point. Les progrès réalisés en matière de prévention des décès prématurés ont eu pour effet d’accroître considérablement la proportion des personnes qui survivent jusqu’à un âge relativement avancé.

De façon générale, les décès attribuables au milieu de vie jouent un rôle de moins en moins important, ayant cédé le pas depuis quelques années aux maladies de dégénérescence. La pneumonie et l’influenza, la tuberculose, la dysenterie et l’entérite, qui figuraient parmi les cinq premières causes de mortalité il y a cinquante ans, n’occupent plus ce rang. À toutes fins utiles, la fièvre typhoïde a cessé d’être une cause de décès, même si elle venait en tête de la liste il y a un demi-siècle.

Certains tiennent à leur maladie

Nous ne savons pas tous profiter de la science médicale, qui ne demande qu’à nous permettre de nous sentir continuellement bien portants.

Certaines personnes tiennent à être malades parce que la maladie représente pour elles une espèce d’adaptation aux difficultés de la vie. Dans la Montagne magique, roman dont l’action se déroule dans un sanatorium, Thomas Mann montre comment les gens craintifs cherchent parfois refuge dans la tuberculose au lieu de faire face au combat de la vie : il leur est beaucoup plus facile d’être malades que d’être courageux. D’autres acquièrent un complexe de maladie parce que cela leur permet d’avoir plus de pouvoir sur leurs familles et d’en demeurer le principal centre d’intérêt.

Mais ceux qui veulent jouir d’une bonne santé ont des moyens de plus en plus nombreux à leur disposition. Les défricheurs du Canada, qui habitaient des colonies peu peuplées et des fermes isolées, n’avaient à peu près rien de permanent en fait de mesures hygiéniques, et l’on ne faisait aucun effort pour empêcher les maladies infectieuses de se déclarer. Les médecins étaient rares et éloignés.

Aux conditions extrêmes du travail ardu, de la sous-alimentation et du manque de soins médicaux ont fait place dans notre monde occidental opulent l’inactivité physique, la suralimentation et une pléthore de médicaments. Chez nous, les décès dus à l’insuffisance calorique sont rares, (l’absorption quotidienne de calories étant de 3120 en Amérique du Nord par rapport à 2070 en Extrême-Orient), mais on compte beaucoup de maladies imputables aux excès de table ou au mauvais choix des aliments.

La santé publique

Au moment de la Confédération, la santé publique était une question peu connue, d’autant plus que l’expression n’avait pas encore été créée. Il ne faut donc pas s’étonner que l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 n’en fasse nullement mention.

Il faudra la Loi de 1875 sur l’hygiène publique en Grande-Bretagne pour que les autorités canadiennes prennent conscience de l’urgente nécessité de faire quelque chose. Sept ans plus tard, l’Ontario établira un conseil provincial de la santé, ce qui représentait la plus importante mesure législative sur la santé adoptée jusque-là au Canada. En 1890, le Dr John W. S. McCullough pourra écrire : « le premier laboratoire d’hygiène publique fondé en Amérique du Nord a vu le jour à Toronto. »

On a dit que si elle n’était pas la source de toutes les maladies, la pollution contribuait au moins à les entretenir, et la lutte entreprise par les services de santé à tous les niveaux pour assurer l’assainissement de l’air et de l’eau et favoriser l’hygiène se poursuit toujours.

L’élimination des maladies contagieuses transmises par l’eau est aujourd’hui non plus une question d’acquérir de nouvelles connaissances, mais de les appliquer dans l’économie et l’administration. Le problème économique peut atteindre des proportions énormes. Prenons, par exemple, le cas d’une grande ville qui possède un système d’égout unitaire assurant à la fois l’évacuation des eaux de surface et des eaux ménagères. Une station capable de traiter un tel volume d’eau et de déchets liquides coûterait une somme astronomique. Les dépenses et la désorganisation qui accompagneraient le remplacement d’un tel système municipal par deux nouveaux réseaux confondent l’imagination.

Le Canada avait une population trop clairsemée pour subir le même sort que Londres, en 1858, année où il fallut suspendre des stores saturés de chlorure de calcium dans les fenêtres, le long de la Tamise, pour rendre la respiration tolérable. Toutefois, les grandes villes canadiennes d’aujourd’hui approchent du seuil critique où il leur sera nécessaire de prendre elles aussi des mesures énergiques pour empêcher la pollution de l’eau par les poisons des municipalités et de l’industrie, pour pourvoir au traitement convenable des eaux usées et pour assurer la destruction des ordures ménagères par un autre moyen que celui qui consiste à les laisser pourrir dans les champs de banlieue.

Les maladies de l’enfance

Les progrès remarquables de la médecine ont atténué la menace à la survie individuelle que représentaient certains organismes extérieurs au corps humain, comme les bactéries, les virus et certains autres parasites. L’augmentation des années de vie que peut espérer un nouveau-né constitue le grand triomphe de l’homme sur les maladies infectieuses.

La diphtérie représente une des maladies épidémiques qui ont été presque entièrement supprimées grâce à l’immunisation. En 1924, on comptait au Canada 9,093 cas de diphtérie, avec 1,281 décès ; en 1964, il n’y avait plus que 25 cas et 5 décès. Cela ne veut pas dire cependant que nous devons relâcher tous nos efforts.

La coqueluche est toujours une menace pour les enfants en bas âge. L’immunité maternelle ne se transmet pas aux nouveau-nés, de sorte que l’immunisation précoce demeure essentielle. On note une tendance générale à la baisse depuis 1920. Entre 1929 et 1945, le taux de fréquence n’a été inférieur à 100 pour 100,000 habitants que pendant une année, et les taux de 170 et 180 ont été assez nombreux. Depuis 1945, le chiffre n’a pas dépassé 90 ; depuis 1957, il n’a jamais été supérieur à 45, et, en 1964, le record sans précédent de 25.2 a été atteint.

Même si la scarlatine, qui fut jadis une maladie bactérienne commune chez les enfants, ne se rencontre plus fréquemment aujourd’hui, les infections réunies sous le nom de « fièvre scarlatine et mal de gorge streptococcique » continuent d’occuper un rang relativement élevé parmi les maladies dont la déclaration est obligatoire. En 1962, le taux d’infection était de 55.1 cas pour 100,000 habitants en comparaison de 134.2 en 1959. Les sulfamides et la pénicilline, qui sont particulièrement efficaces pour combattre les infections streptococciques, sont censés donner le coup de grâce à la scarlatine.

La variole est peut-être en régression, mais elle n’a pas encore disparu. L’Organisation mondiale de la santé a approuvé, en 1966, un programme décennal visant à mettre fin à la variole dans tous les pays du monde. Ce programme prévoit 1,790 millions de vaccinations, ce qui représente la population entière de 41 pays.

La variole est une maladie qu’il ne faut pas laisser prendre pied dans un pays jouissant de normes d’hygiène publique aussi élevées que les nôtres, et il importe d’insister rigoureusement sur la vaccination.

La rougeole est ordinairement une maladie bénigne, mais elle peut être grave, particulièrement chez les enfants de moins de deux ans. Bien que le taux général des complications sérieuses soit très faible, il ne constitue pas moins un fardeau considérable de souffrance et d’invalidité. Pour chaque million de cas, on compte environ 100 décès, qui tous pourraient être évités par la vaccination.

Ces dernières années, des moyens efficaces de lutter contre la poliomyélite ont été découverts : le vaccin Salk en 1955 et le vaccin Sabin en 1962. En 1953, année où le taux a été le plus élevé, 3,912 cas de paralysie ont été déclarés et 494 décès enregistrés ; en 1964, il n’y a eu que 19 cas en tout, soit un cas sur un million d’habitants. Mais il reste encore des millions d’enfants qui ne sont ni vaccinés ni protégés.

L’immunisation

Quand Louis Pasteur signala que les microbes pouvaient transmettre les maladies, on le ridiculisa, mais il réussit non seulement à démontrer comment démasquer nos ennemis microbiens et les empêcher de pénétrer dans notre organisme, mais aussi à découvrir le moyen d’armer les cellules vivantes de la faculté nouvelle de détruire les parasites même après leur introduction dans notre corps.

Les résultats sont d’une clarté fulgurante : la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la typhoïde conquis ; la polio en recul, la tuberculose et d’autres maladies partiellement enrayées. Un professeur de l’École de pédiatrie de l’Université de Toronto pouvait affirmer récemment : « à l’exception de la varicelle, de la coqueluche, parfois de la rougeole, des oreillons et rarement de la méningite, il est extrêmement difficile d’offrir aux étudiants des exemples réels des maladies contagieuses, et nous sommes souvent obligés de recourir à des modèles en cire et à des images. »

Il est beaucoup plus sage de se faire immuniser que de risquer de contracter une maladie mortelle ou qui rend infirme et que les meilleurs et les plus récents traitements médicaux peuvent se révéler incapables de vaincre. Mais il y a à ce sujet trois erreurs qui sont très répandues, savoir : que l’immunisation n’est que pour les enfants ; que l’immunisation n’est pas vraiment nécessaire avant l’âge scolaire ; que les personnes immunisées pendant leur enfance, à l’université ou avant un voyage à l’étranger, jouissent d’une protection indéfinie. Lorsque de telles idées induisent ne serait-ce que quelques personnes à ne rien faire, la porte est ouverte aux pires malheurs.

Les grandes maladies d’aujourd’hui

Des milliers de scientifiques de tous les pays du monde s’efforcent de percer le mystère du cancer, cette famille de rumeurs malignes qui s’attaquent aux organes ou aux tissus du corps humain.

Les résultats encourageants obtenus jusqu’ici dans le traitement du cancer tendent à passer inaperçus en raison des nombreuses victimes que fait encore cette maladie. La science a déjà fait beaucoup pour prolonger la vie des malades. En 1960, l’American Cancer Society exprimait l’avis que si tous les cancéreux recevaient des soins précoces et appropriés, la moitié d’entre eux survivraient pendant au moins 5 ans après le diagnostic de la maladie.

Le cancer est chaque jour mieux connu, et il est juste de dire que jamais une connaissance n’a été approfondie avec plus d’ardeur par les spécialistes en recherche médicale.

Les maladies du coeur, qui sont à l’origine de tant d’infirmités et de décès, comptent parmi les problèmes de premier plan de la santé publique. Environ un million de personnes sur notre continent sont victimes chaque année de crises cardiaques. Si elles suivent les conseils que leur donne leur médecin, la plupart d’entre elles peuvent se rétablir et jouir d’une vie utile et normale, vécue dans la modération.

Un grand nombre de ceux qui souffraient du diabète, de l’anémie pernicieuse et de diverses autres maladies et qui auraient été inexorablement perdus il y a quelques années, continuent de mener une existence active. Le diabète était autrefois l’une des maladies les plus redoutées des médecins. À peu près rien n’avait été accompli en l’espace de deux mille ans pour vaincre cette affection jusqu’à la découverte de l’insuline par sir Frederick Banting en 1921.

Des progrès considérables ont été réalisés il y a vingt ans dans la lutte contre la pneumonie grâce à l’emploi des sulfamides et de la pénicilline. Depuis, des antibiotiques encore plus efficaces ont été mis au point. De nouveaux succès sont à prévoir, mais la victoire définitive ne sera acquise que le jour où l’on disposera de vaccins sûrs et d’usage généralisé.

Il y a quelques dizaines d’années, c’était la tuberculose qui terrassait les gens dans leur jeunesse ou leurs premières années, et les départs sans espoirs vers de lointains sanatoriums étaient nombreux. Mais la tuberculose est devenue une maladie guérissable, dont les sociétés évoluées s’affranchissent rapidement, particulièrement en tant que cause de décès. Le taux de mortalité qui était de 43.4 pour 100,000 habitants il y a vingt ans a été réduit à 3.1 en 1964. Les malades qui étaient autrefois condamnés à demeurer deux ou trois ans à l’hôpital reçoivent maintenant leur congé au bout de six à huit mois.

Au début du présent siècle, la fièvre typhoïde comptait parmi les maladies les plus répandues. Douze pour cent des personnes atteintes en mouraient. En 1964, cette maladie n’a fait que quatre morts au Canada.

La bonne santé intéresse l’homme tout entier : corps, âme et esprit. Si arriérées que puissent sembler, du point de vue de la société idéale, nos initiatives en faveur des malades mentaux, elles n’en représentent pas moins clairement un progrès.

Il n’y a pas si longtemps, les autorités canadiennes, comme celles d’ailleurs, ne se souciaient que de l’isolement des malades mentaux et de la protection de la société. En 1918, le Comité national d’hygiène mentale était établi dans le but d’assurer les meilleurs soins possibles, de même que des services de traitement et de réadaptation, aux personnes atteintes de maladies mentales, et de favoriser l’élaboration de programmes pratiques pour lutter contre ces maladies. Il est devenu par la suite l’Association canadienne d’hygiène mentale, dont les efforts dans le domaine de l’éducation de la population ont réussi à modifier dans une certaine mesure l’attitude du public.

Le prolongement de la vie

Prolonger la durée de la vie est depuis toujours l’un des grands rêves de l’homme.

La réalité brutale est que même en 1840, la vie de l’habitant moyen de l’univers était de moins de 33 ans ; 25 p. 100 des humains mouraient avant l’âge de six ans ; 50 p. 100 avant l’âge de seize ans ; un homme sur 100 parvenait à soixante-cinq ans. Ce qui a augmenté dans les pays développés, au cours du siècle dernier, grâce à l’hygiène, au progrès des connaissances médicales et aux meilleures conditions de vie, ce n’est pas la longévité potentielle et universelle de l’espèce humaine promise par la Fontaine de Jouvence, mais les chances de survie.

La durée moyenne de la vie au Canada s’est accrue de façon constante. Dans les conditions de mortalité qui existaient vers l’époque de la Confédération, l’espérance de vie à la naissance était de moins de 40 ans ; en 1965, l’Annuaire démographique des Nations Unies accordait aux nouveau-nés canadiens du sexe masculin une vie probable de 68.4 ans et de 74.2 ans à ceux du sexe féminin.

Le Canada a atteint l’un des taux de mortalité les plus bas du monde en 1965, se classant après l’Islande, le Japon, la Russie soviétique et la Pologne. Notre taux de mortalité qui est aujourd’hui de 7.5 était de 21 pour 1,000 dans les années 1860 et de 13 en 1901.

Les efforts déployés pour conserver la vie aux enfants ont été richement récompensés au cours des 50 dernières années. Au début du siècle, la mortalité infantile était effarante, à tel point que, lorsqu’un enfant venait au monde, ses parents ne pouvaient tout au plus qu’espérer qu’il survivrait, sans pouvoir y compter vraiment. En 1926, la mortalité était de 102 pour 1,000 naissances vivantes ; en 1945 elle était tombée à 51 ; en 1965, elle n’était plus que de 25.3. Le Canada n’est surpassé que par une quinzaine de pays dans ce domaine.

La grossesse comporte moins de dangers que jamais auparavant, grâce en partie au fait que 98 p. 100 des accouchements ont lieu dans les hôpitaux et sous les soins de personnes compétentes. Parmi les autres facteurs favorables, citons les précautions prénatales, le perfectionnement des techniques obstétriques et les progrès que la chimiothérapie et les antibiotiques ont permis de réaliser dans la lutte contre l’infection. Pourtant, comme le signale l’Annuaire du Canada de 1965, « la mortalité puerpérale au Canada dépasse le taux de plusieurs autres pays ».

Les soldats de première ligne

Après avoir rendu hommage aux hommes de science qui étudient sans jamais se lasser pour nous maintenir en vie, il convient de mentionner les soldats de première ligne de l’armée de la santé : les médecins et les chirurgiens.

Le médecin de famille garde toute son importance en ce qui concerne la conservation de notre santé. Alors que les représentants de l’hygiène publique considèrent la santé du point de vue de la statistique et la population en tant que masse, le médecin s’occupe des individus. Il ne se demande pas ce qu’il peut faire au sujet de x p. 100 de telle ou telle maladie, mais ce qu’il peut faire pour Jean Lebrun, son malade.

La plupart des Canadiens ont maintenant assez évolué dans leurs idées pour reconnaître que la douleur a indubitablement sa raison d’être. À moins qu’elle ne provienne d’une cause extérieure, comme la violence ou un accident, c’est le feu rouge qui annonce que quelque chose ne va pas. Il est sage de ne pas chercher à traiter soi-même ce symptôme, mais de laisser le médecin en déterminer la cause et y remédier.

Le prestige dont jouit actuellement la chirurgie n’est qu’un pâle reflet de l’oeuvre accomplie par une équipe hautement compétente de médecins et d’auxiliaires médicaux. Cette équipe travaille aujourd’hui avec du matériel de premier ordre, de nouveaux médicaments et des services hospitaliers fonctionnant sans à-coups. Le champ d’action de la chirurgie s’est élargi, en particulier pendant les cinquante dernières années, et en même temps le risque que comportait l’opération a diminué de façon marquée.

L’emploi de médicaments pour soulager la douleur date des temps les plus reculés, mais aucune méthode de rendre le malade inconscient pendant une période de temps prédéterminée, sans lui causer plus ou moins de mal, n’était connue avant le XIXe siècle. L’anesthésie n’est devenue de pratique courante dans les opérations chirurgicales que 21 ans avant la Confédération. Deux ans après la Confédération, lord Lister perfectionnait ses méthodes de chirurgie antiseptique. Jusque-là, certaines espèces d’opérations étaient si souvent suivies d’infection qui aboutissaient à la mort que les chirurgiens craignaient de les tenter.

La radiographie a joué elle aussi un rôle très important. Depuis plus d’un demi-siècle, les parties internes du corps humain projettent leurs ombres sur les films radiographiques, où des yeux exercés peuvent les discerner, en interpréter les différentes teintes et prendre des mesures pour protéger la vie et la santé.

Nous disposons non seulement d’un plus grand nombre d’hôpitaux et de lits d’hôpitaux, mais ces hôpitaux ont tellement amélioré leurs méthodes et leurs techniques que les malades peuvent maintenant être traités et renvoyés dans leurs foyers en moins de temps qu’auparavant. La profession d’infirmière, avec l’institution d’écoles d’infirmières dans les universités, est reconnue aujourd’hui comme un élément essentiel de l’équipe médicale.

Que nous réserve notre second siècle ?

Tout être humain est une personne capable d’éprouver du plaisir ou de la douleur, une personne qui peut souffrir ou se sentir bien ; mais il ne dépend pas uniquement du hasard qu’elle soit bien portante ou malade.

Nous vivons à une époque où la grande majorité des gens peuvent jouir d’une bonne santé s’ils veulent bien collaborer avec la nature. Ceux qui mettent suffisamment d’application et d’intelligence à prendre soin de leur corps peuvent espérer être généralement bien portants. Si, par malheur, ils tombent malades, ils disposeront de moyens de traitement et de guérison comme il n’en a jamais existé auparavant dans le monde.

La note dominante de toute campagne en faveur de la santé est aujourd’hui l’éducation. La bataille contre la maladie ne sera pas gagnée en consacrant des millions aux travaux publics, mais par l’intérêt et la conduite de chacun. Les mères doivent avoir une connaissance précise des modes de propagation de la maladie et des moyens que l’on peut employer pour l’éviter, si elles veulent assurer à leurs enfants un bon départ dans la vie. Il faut que chacun fasse usage, pendant toute sa vie, des découvertes de la science médicale, de l’immunisation et des conseils de son médecin.

De fait, les avantages dont nous disposons pour jouir d’une bonne santé sont tellement à la portée de tous qu’en notre siècle de législation, il convient peut-être d’évoquer la loi adoptée dans l’État idéal de Samuel Butler, appelé Erewhon : « Si un homme tombe malade, ou est victime d’une affection quelconque, ou éprouve une défaillance de quelque sorte dans son corps avant l’âge de 70 ans, il sera jugé par jury… et, s’il est déclaré coupable, il sera exposé au mépris public et puni plus ou moins sévèrement. »