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Chacun cherche à se réaliser aussi pleinement que possible dans la vie, mais tout le monde n’y parvient pas. L’homme qui réussit est celui qui a compris à temps que le succès ne consiste pas uniquement à exceller à faire quelque chose, mais aussi à devenir quelqu’un, à acquérir une certaine personnalité.

Les personnes de cette trempe ne vouent pas leur existence aux bagatelles. Il y a de la distinction dans leurs ambitions. Au lieu de s’employer à accumuler des glorioles pour alimenter leur vanité, elles s’efforcent de mériter l’estime de leurs semblables. Leur désir est, non pas de paraître, mais d’être vraiment supérieures, et c’est là un signe qui ne trompe pas.

L’honnête homme sait qu’il y a quelque chose de plus grand que le succès : c’est la supériorité. On peut avoir l’air de réussir aux yeux du monde sans atteindre pour autant à la supériorité, car la supériorité est dans l’homme même et ne découle pas de la grandeur de sa charge.

Seuls ceux qui excellent dans un domaine ou un autre construisent des choses grandes et durables. L’Égypte comptait des millions d’habitants vivant sur le sol le plus fertile du monde et Athènes n’en avait que 200,000 disséminés sur une plaine rocailleuse, et pourtant l’Égypte de cette époque n’est restée célèbre que par Cléopâtre, alors que le souvenir d’Athènes demeure impérissable dans l’esprit des hommes.

Notre conception de la supériorité ne doit pas se limiter à tel ou tel secteur en particulier de l’activité humaine. La supériorité est en soi une qualité, qui embrasse plusieurs sortes de réussites aux plans les plus divers. On peut y atteindre dans les raisonnements abstraits de la philosophie, dans les arts, dans les fonctions de direction, dans les métiers manuels, dans les travaux techniques, dans les relations humaines.

Le caractère

Nous fabriquons à peu près tout en série dans notre pays, mais nous ne pouvons pas encore façonner des caractères à la chaîne, parce qu’il s’agit là d’une chose essentiellement personnelle. L’homme de caractère est celui qui a découvert le rôle qu’il va jouer ; qui accomplit le travail pour lequel il a le plus d’aptitude ; qui a conscience de répondre à un besoin fondamental ; qui fait honneur à ses engagements et se montre à la hauteur de ses tâches.

Les gens de cette sorte apprennent spontanément tout ce qu’ils doivent savoir pour remplir leur mission ; ils maîtrisent leurs impulsions passagères, afin qu’elles n’entravent pas la bonne exécution de leur travail ; ils ne se contentent pas de ne faire que le nécessaire.

Le caractère est quelque chose de positif. Il ne consiste pas à éviter les défauts et craindre la médiocrité, mais à pratiquer la vertu et aimer la supériorité.

Le caractère ne fait pas état de ce que les autres pensent de nous, mais de ce que nous sommes ? Nous avons nos lois et notre tribunal pour nous juger, et ceux-ci nous persuadent d’être ce que nous voudrions paraître. Avoir du caractère, c’est posséder une lumière intérieure et le courage de faire ce qu’elle nous dicte. Comme le dit Shakespeare :

… Sois loyal envers toi-même,et il s’ensuivra, comme la nuit suit le jour,
Que tu ne seras déloyal envers personne.

Les gens ont besoin de croire en quelque chose. Les découvertes scientifiques peuvent ébranler le monde, mais ce sont les principes moraux qui en assurent la stabilité.

Avoir des principes, ce n’est pas être un rêveur perdu dans les nuages, mais quelqu’un qui connaît avec simplicité et conviction sa raison d’être. Il y a certaines choses auxquelles il faut croire, sans quoi la civilisation périra : ce sont les vérités éternelles, qui gardent toute leur importance dans le présent, même si elles ont leur racine dans un lointain passé.

La connaissance du métier

Il existe des normes professionnelles dans tous les métiers. L’artiste doit s’y conformer, tout comme le menuisier, l’avocat, la sténographe, le conducteur de bulldozer, le médecin, le directeur commercial et le maçon. Chaque profession digne de ce nom, chaque carrière a son élite, son aristocratie, qui se fonde sur la mesure dans laquelle chacun excelle à l’exercer.

L’homme accompli se délecte dans le travail bien fait, qu’il s’agisse de construire un abri-mangeoire pour les oiseaux, d’écrire un roman ou de monter une opération commerciale. Ses principes le poussent à bien exécuter par habitude ce qu’il lui incombe de faire. Cela suppose la recherche patiente de la perfection.

Il ne s’agit pas là, comme certains avant-gardistes voudraient nous le faire croire, d’un obstacle à l’expression de la personnalité. Loin d’y mettre un frein, le beau travail favorise l’épanouissement personnel. Il ne s’oppose nullement à l’imagination créatrice et à la fantaisie. Il résulte du souci du détail et de l’intégrité fondamentale dans le travail ; il prouve que l’artisan savait ce qu’il faisait et qu’il a soigneusement mis tout son talent à bien accomplir la tâche.

Mobiles et ambition

Pour rechercher la supériorité dans son travail et dans sa vie, il faut avoir des motifs d’action valables. Il y a lieu de plaindre l’homme ou la femme obsédé par le rêve non pas de s’améliorer progressivement mais de s’évader des réalités et des responsabilités. Ces gens doivent se sentir indésirables et inutiles, et c’est là l’une des plus grandes souffrances de la vie.

C’est l’angoisse d’une existence vide et stérile, beaucoup plus que toutes les conditions économiques ou les injustices politiques, qui pousse les hommes et les femmes à manifester et à revendiquer au lieu d’étudier et de produire.

L’homme supérieur voudra que son séjour dans la vie laisse des traces. Le capitaine James Cook, que ses expéditions conduisirent sur la côte ouest du Canada en 1778, affirmait : « J’avais l’ambition, non seulement d’aller plus loin que quiconque ne l’avait fait avant moi, mais de me rendre aussi loin qu’il est possible à un homme de le faire. »

Ces hommes ont cherché et trouvé des problèmes à résoudre. C’était des esprits positifs. Il ne suffit pas de combattre l’erreur et l’ignorance, car cela laisse l’impression que l’erreur et l’ignorance sont des forces actives dans le monde et que nous sommes une masse informe qui leur résiste. Au lieu de dénoncer ou de nier ce que d’autres proposent comme la vérité, les grands hommes nous offrent leur propre vérité.

Un mobile d’action doit être sincère, profondément ancré en nous et nous inciter à trouver un sens et une utilité à la vie. Sans un tel but, la vie devient terne et monotone. L’homme de valeur lève la tête au-dessus de la foule pour découvrir un horizon en rapport avec ses aptitudes. Il habitue son imagination à jongler avec les possibilités de l’avenir et il s’applique à la tâche immédiate qui contribuera à leur réalisation. Il n’y a rien de mesquin dans l’attitude de celui qui lutte, non pas pour être grand ou pour fréquenter les grands, mais pour devenir plus grand qu’il ne l’est.

Certains sont détournés de la recherche de la valeur .personnelle par le scepticisme. Ils s’exhortent à se dire : « Pourquoi ferais-je plus de travail qu’il n’en faut pour passer ou obtenir le salaire du moment ? » Ce n’est ni la facilité, ni le plaisir, ni les autres douceurs de ce genre qui incitent les gens à rechercher la supériorité. Il y a peut-être des gens qui ne veulent être rien de plus que des unités dans une chaîne de montage, mais même ceux-là doivent connaître des moments d’inquiétude, où ils regrettent les avantages dont ils n’ont pas su profiter pour se perfectionner. Le propre de l’homme de valeur est de s’élever de la grisaille de la médiocrité à la supériorité. Toute vie humaine vraiment féconde ne peut que décrire une courbe ascendante.

En choisissant un but, il convient de s’assurer que sa valeur finale compensera les ennuis et les déboires qui accompagnent inévitablement l’accomplissement de toute oeuvre valable. Le succès a des conditions auxquelles il faut se soumettre. Il exige que nous sacrifiions le secondaire, si agréable qu’il puisse paraître, et que nous acceptions de nous enfoncer quelques échardes dans les mains en montant l’échelle.

Le sens des valeurs

Tout cela suppose naturellement l’acquisition du sens des valeurs. Toute personne réfléchie, qui atteint l’âge de 20 ou 25 ans, sait que son esprit a élaboré pour elle-même une certaine série de vues sur les conditions de la vie et le but de son existence. Ces idées doivent être repensées de temps à autre, et repensées de façon à les enrichir à la lumière de l’expérience.

Le sens des valeurs est quelque chose de personnel ; il ne saurait se mesurer à une aune commune à toute l’humanité. En l’appliquant à nos besoins particuliers, nous apprenons à discerner le vrai du faux, les faits des opinions, la réalité de la fiction et le beau du clinquant. Nous acquérons la droiture, qui nous permet d’apprécier la qualité des choses.

Recherchez toujours les caractéristiques essentielles, sans vous laisser tromper par l’infinie multitude des éléments périphériques et accessoires. Si vous comparez la valeur que représente pour vous un appareil de télévision en couleurs par rapport à une voiture bardée de chrome, le problème est assez simple et les arguments peu nombreux ; mais si vous pesez les avantages d’une fréquentation scolaire prolongée en regard de l’attrait immédiat d’un emploi, vous ne pouvez prendre une décision rationnelle qu’après avoir étudié les conditions dans lesquelles vous désirez vivre dans plusieurs années. Qu’est-ce qui importe par-dessus tout ? Élever nos pensées au-dessus de l’immédiat et réfléchir à ce qui vaudra mieux en fin de compte.

Dans ses choix, il faut avoir le souci de la supériorité et le sens des normes. Il y a un véritable plaisir à établir des normes et à s’y conformer. Même s’il n’existait pas de Jugement dernier, où nous serons tôt ou tard appelés à dire ce que nous avons fait de nos talents, il nous resterait toujours le miroir de la conscience, où nous sommes nos propres juges.

La plupart des gens auraient avantage, même si cela semble une idée vieillotte, à avoir un petit carnet sur lequel ils noteraient leurs aspirations. L’empereur Marc Aurèle, qui régna à Rome pendant 20 ans, en possédait un. C’est un recueil de maximes et d’exhortations écrites au moment où il se sentait particulièrement seul et où il avait besoin de s’arc-bouter pour continuer à suivre la voie qu’il avait choisie.

Cette précaution nous permettrait de passer sans encombre du stade des suppositions, des conjectures, des instincts obscurs, des conceptions embryonnaires, de l’illumination personnelle et de l’hypothèse à celui de la certitude et de la conviction.

Les qualités nécessaires

Parmi les qualités nécessaires à celui qui veut atteindre à la supériorité figurent notamment : la largeur de vues, la curiosité, le courage, la maîtrise de soi, l’enthousiasme et le dynamisme.

Avoir de la largeur de vues ce n’est pas seulement envisager les choses rapprochées et éloignées sous leur vrai jour, même si cela est très important. Cette qualité exige un long et vaste apprentissage des principes fondamentaux. La spécialisation est d’une utilité capitale dans le monde moderne, mais il est malheureusement vrai que pour beaucoup la spécialisation est une rue sans issue plutôt qu’une voie qui aboutit à une compréhension plus générale et plus profonde des choses. Celui qui recherche la supériorité sait qu’il n’est pas nécessaire qu’il en soit ainsi et s’efforce d’échapper au danger qui le menace dans ce domaine.

Les postes clefs dans toutes les professions seront confiés à ceux qui ont une culture générale et bien équilibrée. Eux seuls possèdent la profondeur de jugement, la mesure, la tolérance et la compréhension voulues pour s’occuper des affaires importantes.

Il importe d’avoir la curiosité de regarder au-delà de la surface des choses. C’est la curiosité qui est à l’origine de tout progrès scientifique, et c’est par elle que l’homme s’est élevé au niveau supérieur de la philosophie et du sens profond des choses.

La curiosité engendre la recherche. Le chercheur s’empare d’une idée et la rumine avec patience. Il sépare ses idées maîtresses de mille et un à-côtés. Il fouille si bien la botte de foin qu’il y découvre l’épingle, mais il ne s’arrête pas là. Il l’examine de si près qu’il discerne sur sa tête la trace mystérieuse du Créateur. C’est dans ce supplément d’effort et d’application que la curiosité trouve sa récompense.

Cette méthode nous donne confiance dans la valeur de notre jugement, ce qui constitue la source même du courage. Que veulent dire les conférenciers invités à prendre la parole à l’issue de la collation des grades lorsqu’ils répètent d’année en année que les « études durent toute la vie » ? Chaque diplômé sait déjà, en descendant les marches de l’estrade avec son parchemin, qu’il doit continuer à s’instruire.

Ce que les conférenciers ont dans l’idée va beaucoup plus loin que la nécessité de se tenir au courant des techniques de sa profession, de son entreprise ou de son métier. Ils pensent aux qualités requises pour vaincre les erreurs, pour poursuivre sa marche sur une route qui semble sans fin, pour s’élever au-dessus des désappointements et de l’infortune, pour passer des nuits blanches à songer à des espoirs déçus et à des projets qui ont échoué, ainsi qu’à un avenir qui paraît complètement sombre, puis à se lever le matin et à reprendre résolument la tâche. Tout cela fait partie de la formation.

Pour suivre avec succès la voie qu’il s’est tracée, un homme a besoin d’une forte dose de stabilité personnelle, et pour atteindre au stade de la maturité et de la supériorité, il lui faut remplacer graduellement la discipline extérieure par la discipline intérieure. Tolstoy écrit dans une de ses lettres : « Il n’y a jamais eu et il ne peut y avoir de vie bien vécue sans la maîtrise de soi ».

Il n’existe qu’une frontière imaginaire entre ceux qui aspirent à la supériorité et ceux qui y atteignent, et la qualité requise pour la franchir est l’enthousiasme. Cela suppose de l’intérêt, du zèle et un sentiment très fort des avantages de la réussite. L’enthousiasme donne la persévérance nécessaire pour surmonter les difficultés réelles ou fictives.

L’un des obstacles au progrès est l’opposition au changement. Nous devons apprendre à nous adapter au rythme du monde changeant où nous vivons. Il faut observer les choses qui se passent autour de nous et les tamiser à travers le filtre du sens commun pour décider dans quelle direction et dans quelle mesure il importe de changer de cap.

Au début du siècle, les seules personnes qui avaient besoin de faire des études supérieures étaient celles qui se destinaient à la médecine, au sacerdoce, au droit et aux lettres. Aujourd’hui, chacun doit recevoir toute l’instruction qu’il peut utilement assimiler pour être à même de venir à bout des problèmes compliqués de la vie et de son métier.

Les aptitudes doivent se transformer en productivité effective par l’application et par le travail. Comme l’un des plus anciens poètes grecs le disait : « Devant les portes du succès, les dieux ont placé le labeur ». Tout travail de direction, toute recherche, tout effort de l’intelligence se fonde sur l’ardeur dirigée, sur l’action énergique, sur l’art de mettre une idée en route et d’en faire aussitôt lever une autre.

Les sources d’inspiration

Il y a plusieurs sources où celui qui recherche la supériorité dans la vie peut puiser son inspiration : l’école, le foyer, la religion et l’expérience.

L’intelligence exige des renseignements et des outils pour travailler. Partout dans le monde, l’instruction est à l’ordre du jour. Les pays sous-développés ont un besoin pressant d’enseignement élémentaire, et, dans notre pays, chaque nouveau pas fait par l’industrie et la science relève le niveau des études supérieures.

Le foyer devrait être pour chaque enfant un milieu d’encouragement et d’instruction. Il est nécessaire que les jeunes puissent y vivre dans un climat où le travail et le progrès sont à l’honneur. À un compagnon de route qui le félicitait des bourses méritées par ses deux fils et qui lui en demandait le secret, un homme d’affaires en vue répondait : « Nous leur faisons tout simplement sentir que nous n’en attendons pas moins d’eux ».

L’enfant a un avantage si ses parents savent se renseigner et s’efforcent de l’initier aux livres, aux idées, à la conversation – ce sont là les grandes voies de la vie intellectuelle – afin qu’il se plaise dans le royaume de l’Esprit.

Pour réussir, les parents doivent se maintenir en plein dans l’axe des connaissances actuelles. Ils peuvent le faire par la lecture, en assistant à des conférences, en suivant des cours par correspondance ou en formant des groupes d’étude avec leurs amis ou leurs voisins. Ce n’est que par ce moyen qu’ils seront en mesure de répondre au besoin qui s’impose à leurs enfants de prendre conscience des valeurs intellectuelles et des buts de l’instruction. Les parents seront aidés dans cette tâche par le clergé. Toutes les grandes religions ont formulé des principes de conduite et établi des assemblées de fidèles dans lesquelles ces principes sont enseignés.

Les leçons de l’expérience pratique sont moins agréables que celles de l’école et du foyer. Elles sont brutales, mais efficaces. Il ne faut pas se contenter d’apprendre par hasard ou par contrainte, mais acquérir la capacité de tirer toute la valeur possible de notre connaissance des comment et des pourquoi des choses. L’un des plus précieux droits de l’homme dont dispose celui qui recherche la supériorité est celui de corriger les erreurs que lui révèle l’expérience.

Le devoir du Canada

Le moment semble bien choisi, cette année, pour examiner attentivement les vertus considérées comme admises dans notre société. Ont-elles besoin d’être mises au point, revivifiées, encouragées ?

William James disait aux étudiants de l’Université Stanford en 1906 : « Le monde… ne fait que commencer à s’apercevoir que la richesse d’un pays consiste par-dessus tout dans le nombre d’hommes supérieurs qu’il héberge. »

Le devoir qui incombe au Canada est d’honorer les qualités qui, chez les hommes comme chez les femmes, sont les plus nécessaires pour permettre à notre pays de conserver sa vitalité. Il n’est pas facile à une société démocratique, à tendances égalitaires, d’applaudir l’homme supérieur. Elle craint en louant les uns de rebaisser les autres, ce qui semble à première vue anti-démocratique.

Toute personne supérieure apporte quelque chose de précieux à son pays, mais avant de pouvoir apprécier ce don, le pays doit apprendre qu’une société ne produit de grands hommes que dans les domaines où elle est en mesure de comprendre la grandeur. La supériorité et l’excellence doivent être suscitées par les citoyens qui attendent beaucoup et d’eux-mêmes et des autres.

Il y a actuellement cinq millions de jeunes dans les écoles et les universités du Canada. Parmi eux se trouvent quelques futurs chefs d’État, un ou deux gouverneurs généraux, plusieurs premiers ministres provinciaux, des centaines de députés, c’est-à-dire tous les hommes et les femmes qui gouverneront le Canada pendant une grande partie du XXIe siècle. Il y a aussi les industriels, les financiers et les hommes d’affaires qui présideront aux destinées économiques de notre pays. Il y a enfin les membres des professions libérales, qui s’occuperont des questions de santé, d’enseignement, de droit et de religion.

Le mieux et le bien

Le plus beau don que l’on puisse faire à un étudiant, à l’heure actuelle, c’est de l’exhorter à rechercher la supériorité et de l’encourager dans ses efforts pour l’atteindre. Le meilleur souhait que nous puissions adresser au diplômé, c’est de pouvoir continuer à faire des progrès.

Notre incapacité de reconnaître l’importance et la nécessité du culte de la supériorité, soit en général, soit chez ceux que nous pourrions encourager à atteindre cet idéal, peut entraîner ce sentiment déplorable chez des êtres intelligents : le regret de ce qui aurait pu être, alors qu’il est trop tard pour choisir une autre voie. La question se pose à chacun de nous de savoir ce que nous allons faire personnellement pour favoriser la supériorité.

Il ne faut pas nous laisser abattre si nous n’atteignons pas immédiatement la perfection. Il est bon de viser à l’excellence, mais il importe de comprendre que faire de son mieux, c’est déjà bien.

La majeure partie de la vie se passe à réaliser de bonnes moyennes, et non pas à faire des coups de maître. Les chercheurs de la science ne s’attendent pas que chacune de leurs hypothèses se révèle juste. Le financier ne s’imagine pas que tous ses placements vont lui rapporter de gros dividendes. Les hommes s’emploient pendant toute leur existence à faire des projets et à déployer des efforts qui leur paraissent en rapport avec les résultats qu’ils escomptent. Puis, ils modifient leurs plans et améliorent leur action à la lumière de l’expérience. Il n’y a qu’un seul échec à craindre dans la vie : ne pas se montrer à la hauteur de la supériorité dont on est capable.

Il y a toujours une certaine satisfaction à essayer, même si la réussite n’est pas parfaite. Comme le dit Robert Browning dans Rabbi Ben Ezra :

« Ce que j’ai aspiré à être, mais que je n’ai pas été, me console. »