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Du lever du soleil sur l’Atlantique à son coucher derrière les montagnes du Pacifique, chaque jour est d’une merveilleuse beauté dans les parcs nationaux du Canada.

On y trouve, en effet, des beautés naturelles de toutes sortes, depuis la majesté des hautes falaises côtières de Terre-Neuve jusqu’à la splendeur des pics couronnés de nuages de la Colombie-Britannique ; depuis l’orgie de couleurs déployée par les Indiens sur les bords d’une piste des Rocheuses jusqu’à la pâle rose sauvage s’agrippant à sa miette de terre dans la baie de Fundy ; depuis le chant modulé de la fauvette du Canada dans les clairières de l’Ontario jusqu’au cri grave de l’oie dans les marécages de l’Ouest.

Nos parcs nationaux, qui seront bientôt au nombre de dix-neuf, n’existent pas uniquement pour les habitants des environs ; ce sont des propriétés nationales, mises en réserve par le Parlement du Canada pour toute la population. Aux termes de la Loi sur les parcs nationaux, ceux-ci « sont dédiés au peuple canadien pour son bénéfice, son instruction et sa jouissance… et doivent être entretenus et utilisés de manière qu’ils restent intacts pour la jouissance des générations futures ».

Il est de plus en plus important de rester en contact avec la nature. Les grands fléaux de jadis ont disparu, mais d’autres font leur apparition, et l’un des pires est la section du cordon ombilical qui relie l’espèce humaine au reste de la nature.

Depuis un siècle, l’homme a accompli plus de progrès matériels que pendant toute la durée de son existence. Mais en ce faisant, il a remplacé le parfum des forêts et des plaines par les gaz des moteurs à explosion et les exhalaisons des usines ; il a envahi les lieux sauvages et s’est enfermé dans des enceintes de bâtiments ; il a saturé ses sens d’impressions totalement étrangères au mode de vie voulu par la nature. Comme le dit un auteur contemporain, « si nous continuons dans cette voie, nous détruirons au cours du prochain siècle tout ce que les poètes ont chanté depuis deux mille ans ».

Les parcs naturels du Canada sont des refuges inviolés où l’orgueil de l’homme n’a pas encore introduit son modernisme. Ils font partie de la physionomie primitive du Canada. Ce sont les derniers remparts des forces vierges de l’univers.

Le problème qui se pose

le problème qui se pose aujourd’hui est de subvenir à tous les besoins en espaces libres et en lieux de loisirs qu’éprouvent les habitants des petites et des grandes villes.

Il n’est pas nécessaire de vivre dans des taudis pour être privé des bienfaits de la nature. Les citadins qui fuyaient les villes pour se réfugier dans les banlieues il y a vingt-cinq ans se retrouvent encore actuellement face à face avec les fenêtres de leurs voisins. Il leur faut de nouveau rechercher d’autres espaces libres.

La difficulté est que les parcs nationaux ne peuvent pas être à la fois des refuges de la nature et des terrains de jeux. Ils ne sont pas destinés à répondre à toutes les nécessités et à tous les goûts en matière de loisirs, mais plutôt à ceux qui appartiennent au domaine du repos, de l’éducation, de la vie dans la nature et de la contemplation.

Notre insistance à utiliser les parcs nationaux à des fins peu appropriées découle du fait qu’il n’existe pas assez d’autres sortes de parcs et de centres de loisirs. Des centaines de milliers de citoyens sont en quête de distractions qui pourraient être assurées par des centres de villégiature et des parcs nationaux, provinciaux et municipaux. Il y a donc urgence à ce que les gouvernements, à tous les niveaux, réservent de plus en plus de terrains pour les loisirs en plein air avant que ceux dont nous disposons actuellement soient affectés à d’autres fins.

Notre civilisation du machinisme a tendance à supprimer tout vestige de ce qui était autrefois à l’état naturel. Il y a une certaine impiété dans cette action destructrice, sans compter l’injustice morale qu’il y a à utiliser dès maintenant ce qui appartient à l’avenir. Une brochurette, intitulée Les oasis de repos du Canada, publiée par le ministère du Nord canadien et des Ressources naturelles, affirme sans ambages : « En moins de temps qu’il nous convient de l’imaginer, le Canada risque de se transformer à tel point que nos enfants pourraient bien n’avoir que des films et des photos conservés en librairie pour évoquer à leur intention les splendeurs sauvages dont se serait naguère glorifié le Canada. »

La conservation des terres naturelles est essentielle à la civilisation. Ce n’est qu’en comprenant bien les lois de la nature qui régissent les sols, les plantes et les animaux, ainsi que leurs rapports réciproques, que l’homme pourra découvrir les meilleures méthodes d’aménagement du territoire et d’économie agricole, forestière ou animale. La réserve naturelle est un point de contrôle, où il est possible de comparer les changements de la nature avec ceux qui sont dus à l’activité de l’homme.

Il existe un besoin pressant de réserves naturelles au Canada, mais on insiste pour utiliser celles que nous possédons en tant que centres de jeux et de loisirs. La solution consiste d’une part, dit M. J. A. Macdonald, sous-ministre adjoint, dans une déclaration faite au Comité permanent des affaires du Nord canadien et des Ressources naturelles, en février, à accroître le nombre des parcs nationaux ; elle consiste, d’autre part, à créer plus de parcs et de centres de loisirs d’autres sortes pour satisfaire les besoins des gens qui réclament des activités récréatives plus précises. Notre réseau devrait compter en définitive de 40 à 50 nouveaux parcs nationaux, a ajouté M. Macdonald.

Le besoin de se retremper

Il y a quelque chose qui ne va plus chez un homme lorsqu’il se retire du monde de la nature. Notre amour de la nature est si fort que nous ornons nos fenêtres de bacs à fleurs, que nous cultivons des plantes d’appartement et des jardins, que nous gardons des chiens, des chats, des poissons rouges et des canaris.

Nous n’avons pas réussi à faire la soudure entre notre manière de vivre actuelle et notre passé séculaire. Mal préparé à l’âge du machinisme, l’homme est en proie à la nostalgie et aux déceptions. Il recherche les parcs nationaux pour reprendre contact avec la terre d’où il est sorti, pour y puiser des forces et réfléchir sur ses mystères.

Le parc nous offre la possibilité de démontrer que nous n’avons pas peur de penser et de marcher seul. Nous y retrouvons notre cadre propre : un lieu où tout ce que l’on sent, l’on voit et l’on entend respire la vie normale. Dans le ciel clair des grands parcs nous nous sentons débordants de vitalité.

On y trouve aussi la sérénité. Là, l’homme a l’impression, comme l’a si bien dit un artiste « d’être parvenu au lieu auquel il aspirait en secret, d’avoir retrouvé quelque chose qu’il avait perdu, peut-être sans le savoir ».

En vous promenant dans un parc boisé, vous observerez toutes sortes de choses. Un vieil arbre tombé est un centre de grande activité, car on y voit les insectes et les champignons préparer l’humus qui servira à reconstituer la forêt.

Les fleurs sauvages s’offrent partout à notre admiration. En pays de hautes montagnes, la floraison se poursuit à profusion à longueur de saison et avec tant d’impatience que les plantes n’attendent guère la venue du printemps. La frêle anémone oblige la neige à reculer sur le versant des montagnes. Les plantes des montagnes nous démontrent combien la vie est peu exigeante, de quels miracles d’adaptation elle est capable et comment elle réussit à surmonter les pires obstacles.

On peut observer dans nos différents parcs à peu près tous les aspects de la vie des animaux sauvages du Canada. La vue d’un animal dans son habitat est un spectacle émouvant : un orignal léchant le sol d’un terrain salifère, un ours noir pêchant dans un trou d’eau au milieu de la forêt, une mouffette avec sa nichée de petits noirs et blancs ; un écureuil roux enfouissant une noix dans le sol ; un mouflon qui se profile sur l’horizon.

Les oiseaux abondent dans les parcs, depuis l’aigle à tête blanche nichant dans l’île du Cap-Breton comme le faisaient ses ancêtres il y a des siècles jusqu’au tétras des savanes qui s’écarte en gloussant de votre route et disparaît dans le sous-bois.

Où se trouvent nos parcs nationaux ?

Le présent texte ne peut donner qu’un aperçu sommaire des parcs nationaux. Pour obtenir des renseignements complets, il faut s’adresser à la Direction des parcs nationaux et des lieux historiques, à Ottawa.

Ceux qui s’intéressent aux particularités géologiques des parcs peuvent se procurer la série des brochurettes, abondamment illustrées et rédigées en un style clair et simple, de David M. Baird, en vente chez l’Imprimeur de la Reine, à Ottawa, et dans les librairies du Gouvernement canadien. Il en existe à peu près une douzaine, et chacune est consacrée à un parc en particulier ; leur prix varie de 75c. à $2.

Terre-Neuve. Le parc national Terra Nova, d’une superficie de 153 milles carrés, est une région typique du territoire côtier, dont le littoral est très accidenté et hérissé de caps rocheux. On peut y observer les effets de centaines de milliers d’années de sédimentation lente, ou passer la main sur des striations glaciaires faites dans le roc il y a 20,000 ans. L’orignal et l’ours noir y sont très répandus, et les oiseaux de mer y abondent : mergules nains, canards noirs, sternes, oies et huarts.

Île du Prince-Édouard. « L’île » est toujours demeurée synonyme de beauté depuis que Jacques Cartier nota dans son journal, le 1er juillet 1534, que les arbres y étaient « merveilleusement beaux et très odoriférants ».

Remarquable par ses magnifiques plages de sable, le parc national de l’Île du Prince-Édouard s’étend sur une distance de 25 milles le long du rivage. La température de l’air est idéale ; l’eau, réchauffée par le Gulf Stream, descend rarement au-dessous de 70°F, et ne dépasse pas 50 pieds de profondeur à 10 milles de la côte. Près de Cavendish Beach se trouve Green Gables, immortalisé par les romans du Lucy Maud Montgomery.

Nouvelle-Écosse. Le parc des Hautes Terres du Cap-Breton, que traverse la pittoresque « Piste de Cabot », occupe 370 milles carrés entre l’Atlantique et le golfe Saint-Laurent. À certains endroits, ses falaises s’élèvent à 1,500 pieds au-dessus de la mer.

À la plage d’Ingonish, siège administratif du parc et centre des activités récréatives, on trouve un rivage de sable doré baigné d’eau salée, et, quelques verges plus loin, le lac Freshwater, séparé de la mer par une digue de sable et de gravier. À l’intérieur du parc s’étendent de profondes vallées, entourées de pentes vertes et de sommets arrondis, coupés ici et là d’aiguilles rocheuses, qui rappellent la haute Écosse.

Un nouveau parc national, d’une superficie de 150 milles carrés, est actuellement en voie d’aménagement, dans la région du lac Kejimkujik, en Nouvelle-Écosse.

Nouveau-Brunswick. Tous les parcs du Canada se composent de régions d’une beauté naturelle incomparable, mais nulle part ce trait n’est plus manifeste que dans le parc national de Fundy. Longeant la baie de Fundy sur une distance de 8 milles, celui-ci s’avance jusqu’à 9 milles à l’intérieur des terres. Les marées de la Baie, connues dans le monde entier pour leur rapidité et leur hauteur, ont rongé le grès des falaises où elles ont sculpté des masses rocheuses d’une âpre grandeur. Les eaux tumultueuses de plusieurs rivières et ruisseaux rapides ajoutent à la beauté du paysage.

Ontario. Cette province compte trois parcs nationaux : celui des Îles-du-Saint-Laurent, celui des Îles-de-la-Baie-Georgienne et celui de Pointe-Pelée, sur le lac Erié. Le premier comprend une douzaine des centaines d’îles situées dans cette section du grand fleuve. Ces îles doivent leur beauté à leurs arbres et au scintillement des eaux qui les baignent.

Les plages de Pointe-Pelée constituent non seulement un endroit frais pendant l’été, mais sont aussi un lieu idéal pour observer un grand nombre de créations et de phénomènes intéressants de la nature. Sise à la même latitude que le nord de la Californie, cette pointe constitue la partie la plus méridionale du territoire continental du Canada. Le climat y est doux, ce qui contribue au développement de plantes et d’animaux que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans notre pays.

Le parc des Îles-de-la-Baie-Georgienne offre comme principale attraction aux vacanciers le paysage charmeur de ses rivages, mais ses roches et ses gros cailloux présentent un grand intérêt pour les géologues. L’île Flowerpot se distingue par ses piliers de rocs sculptés par les vagues, et les eaux taillent encore actuellement de nouveaux pots à fleurs dans les falaises avoisinantes.

Manitoba. À la lisière de la région des grandes plaines, le parc national Riding Mountain occupe un vaste plateau, qui s’élève à 2,200 pieds au-dessus du niveau de la mer. Sa superficie de 1,148 milles carrés est fortement boisée et peuplée de chevreuils, de cerfs, d’orignaux et d’ours. Un troupeau de bisons est parqué dans une enceinte clôturée de 2,000 acres.

Les fleurs sauvages y poussent à profusion et s’épanouissent dans une féerie de couleurs. On y trouve des oiseaux chanteurs et des oiseaux au brillant plumage. Des pistes cavalières mènent à des coins intéressants, et une esplanade de 8,000 pieds de longueur borde la plage de Clear Lake.

Saskatchewan. Le parc national Prince-Albert embrasse 1,500 milles carrés de lacs et de forêts, riches des souvenirs des Indiens nomades et des explorateurs, des trappeurs et des marchands de fourrures. On y trouve de magnifiques plages de sable blanc.

Le lac Lavallée est le lieu de nidification du pélican blanc d’Amérique et du cormoran à aigrettes. Sur la rive du lac Ajawaan se trouve l’emplacement de la cabine où vécut et mourut Grey Owl, cet homme mystérieux qui écrivit des choses si intéressantes sur la nature. Au lac Waskesiu, la plage a 1 mille ½ de long.

Alberta. Les sources thermales de Banff furent tout d’abord remarquées en 1883, année où trois prospecteurs descendirent le long d’une corde dans une caverne naturelle, où ils trouvèrent un petit lac fumant de teinte émeraude. Ils jalonnèrent une concession dans l’espoir de commercialiser leur découverte, mais le ministère de l’Intérieur avait d’autres idées : il acheta la concession pour la nation. Aujourd’hui, le parc couvre une étendue de 2,564 milles carrés.

Le parc national de Banff possède plusieurs lacs, petits ou grands, mais tous beaux. Le lac Moraine, clair et pittoresque, est inséré dans la majestueuse Vallée des dix sommets. Le lac Louise, idéal de composition et de couleurs dont rêve tout artiste, est une toile peinte par la nature dans un de ses plus beaux moments d’inspiration. Les Indiens ont surnommé le lac Mirror le « Miroir des chèvres », parce que les chèvres des montagnes viennent y lisser leur barbe. À peu de distance de là, se trouve le lac Agnès, dans une petite poche rocheuse dénudée, ciselée par un glacier.

Une excellente route de 180 milles de long relie Banff et Jasper sur un parcours où il fallait cheminer ardument sur des pistes, pendant 3 semaines, il n’y a pas si longtemps. Le parc national de Jasper renferme dans ses 4,200 milles carrés des paysages de montagne d’une beauté sublime. Dans le champ de glace où les 2 parcs se joignent, David Baird nous dit, dans sa plaquette, qu’il y a un endroit où le partage des eaux se fait dans trois directions. Une seule goutte de pluie peut se diviser en gouttelettes qui aboutiront dans l’Arctique, l’Atlantique ou le Pacifique, après avoir parcouru des milliers de milles dans différents réseaux fluviaux.

Dans le sud-ouest de l’Alberta se trouve le pare national de Waterton, dont la limite sud borde la frontière, où il rejoint le parc Glacier des États-Unis. Ces deux parcs forment le parc international de la Paix, ainsi baptisé en 1932. L’une des curiosités du parc de Waterton est le ruisseau Cameron, renommé pour sa truite arc-en-ciel et ses chutes pittoresques.

L’Alberta possède un quatrième parc national et en partage un cinquième avec les Territoires. Elk Island, près d’Edmonton, est le premier parc qui fut désigné comme réserve d’animaux sauvages. On y trouve deux zones clôturées d’une superficie de 75 milles carrés, qui renferment un grand troupeau de bisons, en plus de nombreux chevreuils, cerfs et orignaux.

Dans le nord, en partie en Alberta et en partie dans les Territoires du Nord-Ouest, s’étend le parc du Bison-des-Bois, le plus vaste parc national du monde, d’une superficie de 17,300 milles carrés. Il offre un lieu de refuge idéal aux plus grands troupeaux existants de bisons, animaux qui étaient menacés d’extinction au début du siècle. C’est aussi le lieu de nidification de la grue blanche d’Amérique.

Colombie-Britannique. Long de 60 milles, le parc national de Kootenay occupe une largeur de quelque 5 milles de chaque côté du tronçon Vermilion-Sinclair de la route Banff-Windermere. Il se distingue par ses gorges profondes, ses chutes spectaculaires, son lac de glace et ses sources thermales, en plus d’être un refuge bien connu de vie sauvage.

Décrivant de vastes courbes en épingle à cheveux, la route s’abaisse jusqu’à l’étroite vallée de la rivière Sinclair. Comme l’écrit Mabel B. Williams dans l’un de ses livres, « les montagnes se referment jusqu’à ce que la route ait tout juste assez d’espace pour prendre pied ».

Passant entre les Iron Gates, tours impressionnantes de roc rouge, la route atteint la source thermale Radium, où l’eau jaillit des roches à une température d’environ 116°F et se déverse dans des piscines de bain et de natation.

Au Grand Partage, dans le col du Cheval-qui-rue, où la route de Banff pénètre dans le parc national de Yoho, le panorama est des plus impressionnants.

L’impétueuse rivière du Cheval-qui-rue, alimentée par les glaciers en fusion, s’engouffre par une petite ouverture creusée dans les rochers à Natural Bridge. On l’entend mugir près de la route, où elle bondit de rocher en rocher dans une course effrénée. Puis, tout à coup surgissent au détour de la route les chutes Takakkaw, superbe rideau d’eau d’un vert blanchâtre tombant dans un poudroiement de dentelle d’une falaise verticale de mille pieds de hauteur.

Le lac Emeraude, adossé au mont Burgess – celui qui figure au verso de nos billets de $10 – est l’un des plus beaux lacs de l’univers. On dit que l’on peut compter jusqu’à 20 nuances de vert à la fois dans les profondeurs de ses eaux. Un sentier de randonnée serpente, parmi les grandes épinettes, autour du lac.

Le parc du mont Revelstoke et la section canadienne du parc national Glacier sont enserrés dans les monts Selkirk, plus anciens que les Rocheuses et usés par les doigts du temps.

Sur certains sommets du parc Glacier, on aperçoit plus d’une centaine de glaciers, dont les langues s’enfoncent dans les vallées.

Les versants des montagnes sont couverts de luxuriantes forêts de pins et égayés par l’aspect riant des vallées, les voiles éthérés des chutes, les hauteurs émaillées de millions de fleurs et les lacs aux teintes magiques. Une route mène jusqu’au sommet du mont Revelstoke, où une terrasse offre le spectacle merveilleux d’un paysage alpin ondulé à une altitude de plus de 6,000 pieds.

Voilà pour les parcs nationaux. Il existe en outre des parcs provinciaux. Certains d’entre eux, notamment au Québec, sont des lieux sauvages. D’autres sont de petites étendues d’intérêt champêtre ou autre, ou servent de centres de loisirs, de camping et de pique-niques.

Le fait que le Québec n’a pas de parc national et que l’Ontario ne possède que trois petits parcs nationaux s’explique par la Constitution, qui place les ressources naturelles sous l’autorité des provinces. Lorsque les provinces de l’Ouest furent établies, le gouvernement fédéral réserva pour la Couronne de vastes étendues de forêts, transformées aujourd’hui en parcs nationaux.

Pourquoi des parcs ?

À ceux qu’ennuie la monotonie des centres de villégiature, les parcs nationaux offrent leurs attraits. Dans les hautes terres des montagnes de l’Ouest comme sur les plages basses de l’Est, on peut trouver une infinie diversité de beautés et de pensées. Les uns viennent y chercher des programmes d’action, beaucoup des sujets de contemplation et tous des coins pittoresques.

Celui qui tient à voir du nouveau pour changer peut puiser gratuitement dans le trésor intarissable que constituent les parcs. La nature est infiniment riche en paysages et en panoramas marins de tous genres, et elle offre, dans les parcs nationaux, des oasis aux humains. Mais il incombe aux humains de conserver et d’accroître ces lieux de repos et de détente.

Un prophète de l’Ancien Testament disait déjà à son peuple, il y a fort longtemps : « Malheur à ceux qui ajoutent maison à maison, qui joignent champ à champ, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’espace, et qu’ils habitent seuls au milieu du pays ! »

Et Shakespeare écrit dans Beaucoup de bruit pour rien :

« Car toujours il arriveQue nous n’estimons pas nos biens à leur valeur
Quand nous les possédons, mais quand ils sont perdus ; Alors nous grossissons leur prix, et leur trouvons
Des mérites que nous cachait la jouissance Quand ils étaient à nous. »