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La nécessité de la réflexion est une chose communément admise, mais les avis diffèrent quant à la méthode à suivre pour réfléchir avec fruit.

La réflexion n’est pas l’apanage des philosophes et des intellectuels. Nous avons tous besoin de savoir réfléchir si nous voulons nous adapter à notre milieu et mener le genre de vie que nous voulons vivre.

Avant d’entreprendre une nouvelle tâche, que ce soit dans les affaires ou dans la vie privée, nous devons poser des questions, examiner les choses et arriver à des conclusions. Les questions ont en outre l’immense avantage de soutenir notre intérêt dans la vie et de nous permettre d’éviter la fixité d’idées.

La capacité de prendre de sages décisions est un bien si précieux, et les erreurs si coûteuses et si dangereuses, que la prudence la plus élémentaire nous commande de profiter de toutes les occasions pour perfectionner notre puissance de réfléchir et partant d’émettre de bons jugements.

La réflexion exhaustive a pour but d’améliorer une situation existante en nous renseignant davantage à son sujet et par le fait même de servir de guide à notre action. Celui qui n’occupe pas son esprit de façon constructive se résigne à l’ignorance volontaire et devra en subir les conséquences.

Beaucoup de personnes ne tiennent pas à faire de longues expéditions intellectuelles. Elles préfèrent demeurer près des choses familières, simples, acquises. Mais elles aussi gagneraient à mettre un certain ordre dans les cheminements de leur raisonnement.

Problèmes et dilemmes

La réflexion dans sa forme la plus noble vise à atteindre une fin désirée en résolvant des problèmes. La première tâche qui s’impose est de découvrir qu’il existe un problème et d’en mesurer l’étendue. Il peut paraître insensé pour certains de se mettre à la recherche des problèmes, mais un bon problème offre des possibilités d’action fort intéressantes. Il ouvre des portes dont l’existence nous avait échappé.

Certes tous les problèmes ne comportent pas une alternative aussi nette que le célèbre « Être ou ne pas être » d’Hamlet, mais leur caractéristique essentielle est toujours de nous présenter des options. La solution, c’est par l’analyse clairvoyante, le raisonnement droit, le sens commun et la sincérité avec soi-même qu’on y parvient.

Un problème complexe se pose-t-il à vous, décomposez-le. Après l’avoir ainsi simplifié, explorez les principes sur lesquels doit se fonder votre action. Posez-vous à son sujet une question à laquelle on peut répondre « oui » ou « non ». Puis, développez cette réponse par une autre question. Chaque étape devient simple, et la dernière conduit à un jugement bien défini.

S’il vous arrive d’être enfermé dans un dilemme, il importe tout d’abord d’évaluer avec réalisme les partis contraires à prendre. On connaît l’anecdote, souvent citée, de l’âne de Buridan. Un baudet placé à égale distance entre un seau d’eau et une botte de foin se laisse mourir de faim et de soif, faute d’avoir trouvé un motif suffisant pour commencer d’un côté plutôt que de l’autre.

Dans Les Papiers posthumes du Pickwick Club, Dickens raconte l’aventure romanesque qui arriva à M. Pickwick après qu’il fut entré par méprise dans la chambre d’hôtel d’une dame d’un certain âge en papillotes jaunes. « Il ne m’est jamais rien arrivé de si atroce, songea le pauvre M. Pickwick. Je ne peux pas laisser les choses continuer à ce train. Si je l’interpelle elle va donner l’alarme à toute la maison, mais si je reste ici, les conséquences en seront encore plus épouvantables. » Caché derrière les rideaux du lit de cette dame, il était assurément dans un grand embarras, et il énonce son dilemme avec une clarté toute académique.

Un bon moyen d’aborder un dilemme est d’en prendre un des éléments, de le tenir fermement et de l’examiner. Il y a parfois une grande différence entre la réalité et les apparences. Il se peut aussi que les solutions proposées ne s’excluent pas l’une l’autre. Si l’on cède du terrain des deux côtés, le compromis, la conciliation ou la médiation offre peut-être le moyen d’en sortir. Le compromis intelligent témoigne souvent d’une courageuse sagesse.

L’honnêteté de la réflexion

La réflexion n’est pas une fin en soi. Elle doit être ordonnée à une fin. Celle-ci sera, par exemple, la solution d’un problème pratique ou l’étude approfondie d’un phénomène quelconque.

L’honnêteté dans la réflexion est importante comme facteur de réussite dans la vie, et non seulement en tant qu’obligation morale. Il est nécessaire d’éliminer les banalités et l’amateurisme. Sinon, on pourra, par exemple, se mettre à étudier Shakespeare et se laisser entraîner par musardise à rechercher pourquoi il ne légua qu’un mauvais lit à sa femme. Cela est sans importance. Ce qui compte, c’est qu’il ait écrit des tragédies, des comédies et des sonnets.

Pour conduire votre réflexion avec la meilleure chance d’en arriver à une conclusion satisfaisante, il convient d’établir un plan pour vous guider. Définissez votre problème ou votre but ; établissez les sources où vous puiserez les faits nécessaires ; faites vos recherches et ordonnez les résultats ; contrôlez vos progrès de temps en temps ; sachez discerner le moment où les renseignements recueillis sont suffisants pour vous fournir les connaissances nécessaires pour prendre une sage décision.

La réflexion honnête s’assimile par certains côtés à la recherche et doit en suivre les règles. Après avoir dit comment il avait lui-même pris la « ferme et constante résolution de ne manquer pas une seule fois à les observer », Descartes nous donne plusieurs excellents conseils dans son Discours de la méthode. Voici les quatre préceptes qu’il propose : (1) La règle de l’évidence : ne recevoir jamais aucune chose pour vraie que je ne la connaisse évidemment être telle ; (2) La règle de l’analyse : diviser chacune des difficultés en autant de parcelles qu’il se pourrait ; (3) La règle de la synthèse : conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degré jusqu’à la connaissance des plus composés ; (4) La règle de l’énumération : faire partout des dénombrements si entiers et des revues si générales que je fusse assuré de ne rien omettre.

L’un des premiers problèmes qui se rattachent à l’évidence est le rôle de la cause et de l’effet. Aucun homme d’affaires ne saurait nier l’existence de la cause et de l’effet.

Mettez l’accent sur le positif

Certaines personnes vivent à la frontière du savoir, sans percer le brouillard qui le cache. Flottant sans voile ni lest dans leur esprit, sous forme d’énoncés simples, leurs pensées manquent de la direction voulue pour voguer intentionnellement vers un port.

Il est beaucoup plus agréable et profitable de penser d’une façon positive que de penser d’une façon nébuleuse ou négative. Errer sans plus à la surface des choses ne mène à rien. C’est du vagabondage intellectuel.

Par la réflexion délibérée nous cherchons habituellement à découvrir un fait qui nous est nécessaire ou à augmenter nos connaissances pour parvenir à dominer les faits. Cela est normal. Mais en pensant d’une façon créatrice et en concevant de nouvelles idées, nous formons, en réagençant et en grossissant notre capital de connaissances, des combinaisons d’une valeur inconnue jusque-là.

D’aucuns estiment qu’ils en arrivent aux décisions dans une espèce de frénésie enviable et par une intuition extatique. Mais l’inspiration, qui est un excellent démarreur, assure rarement une lancée suffisante pour mener la tâche jusqu’au bout. Il faut poursuivre la route et mesurer à chaque tournant les progrès accomplis.

L’évaluation doit intervenir dans le cours de votre réflexion et servir de base au développement de votre pensée. Elle consiste à vérifier les progrès réalisés jusqu’à un certain moment dans votre réflexion : celle-ci a-t-elle produit les meilleurs résultats et vous a-t-elle permis de franchir une distance raisonnable dans la bonne direction ?

Votre puissance de réflexion s’améliorera par l’exercice intelligent de vos facultés. Vous vous entraînerez à observer, afin de recueillir des faits ; à réfléchir, afin de tirer de nouvelles idées de votre expérience acquise et de votre expérience actuelle ; à raisonner, afin d’établir la valeur et les conséquences de ce que vous faites ou de ce que vous avez l’intention de faire ; à juger s’il faut exécuter ou non, utiliser ou non la conclusion déduite.

La réflexion exhaustive consiste non seulement à creuser une question de façon à en arriver à une solution valable, mais à continuer à l’approfondir jusqu’à ce qu’on ait épuisé toutes les possibilités. Le mathématicien et inventeur grec, Héron l’Ancien, utilisa la vapeur, environ cent ans av. J.-C., pour actionner un jouet. Le monde aurait peut-être eu l’avantage de connaître la force motrice de la vapeur pendant les seize siècles qui suivirent si cet inventeur s’était posé ces questions sur l’utilité pratique de sa découverte.

Nous ne sommes pas tous des inventeurs, mais la vie nous met constamment en présence de situations qui nous obligent à faire un choix entre un parti et un autre, entre l’alternative de nous arrêter à un certain stade ou de passer à un autre. Dans notre jeunesse, nous devons décider s’il faut poursuivre nos études ou chercher un emploi. Une fois mariés, nous devons trancher la question de savoir si nous allons réduire nos dépenses pour joindre les deux bouts ou si nous allons nous endetter. Il est possible que l’on nous donne des conseils, mais c’est nous en fin de compte qui devons décider.

Et voici précisément où la quatrième règle de Descartes peut nous servir de guide. Ce n’est qu’après avoir réuni et contrôlé toutes les preuves nécessaires que nous pouvons affirmer que notre décision est vraiment valable.

Il faut poser des questions

Cela exige que l’on se pose des questions. Le plus grand tort que nous puissions nous faire à nous-même est de rester ignorant de connaissances précieuses que nous pourrions obtenir en nous donnant la peine de poser des questions.

C’est grâce aux réponses satisfaisantes que l’on parvient à la compréhension. Celui qui fait l’inventaire se pose des questions ; celui qui scrute un bilan se pose des questions ; celle qui regarde dans le réfrigérateur pour faire une liste d’achats se pose des questions.

Que le fait de se poser des questions soit un procédé pratique dans les affaires, nous en trouvons la preuve dans une publication américaine destinée aux petites entreprises et intitulée Cent cinquante questions à l’intention du futur manufacturier. La première est celle-ci : « Possédez-vous une formation ou une expérience suffisante ? Et la dernière : « Quelles dispositions avez-vous prises en vue de votre retraite définitive ? »

Vous devez acquérir une certaine avidité des réponses, dans les affaires comme dans la vie privée. C’est en posant des questions et en s’arrêtant pour trouver les réponses que l’esprit humain est parvenu à l’invention, à la découverte, aux principes philosophiques et à la joie de la réussite. Se poser des questions, c’est une façon d’obtenir des connaissances qui donnent de la confiance en soi. Si vous vous êtes posé suffisamment de questions au sujet d’un problème, vous pouvez en parler avec l’autorité de l’homme bien renseigné. Vous avez saisi plusieurs brins épars et vous en avez formé un noeud serré.

Certes les questions ne doivent-elles pas en venir à occuper la majeure partie de votre temps dans la vie. Elles ont un but. Et il importe de savoir s’arrêter une fois ce but atteint et poursuivre la tâche.

Il faut aussi adresser vos questions aux personnes capables d’y répondre. Comme le disait l’écrivain espagnol du XVIIe siècle, Balthasar Gracian : « C’est un âne incorrigible que l’homme qui n’écoute jamais personne », mais il faut user de discernement. On peut jeter son filet de questions au hasard et recueillir une foule de renseignements sans obtenir de vrais éclaircissements.

Un critère sûr est de se demander : « Cette personne s’y connaît-elle ? » « Peut-elle jeter un jour nouveau sur mon problème ? » Si intelligente qu’elle puisse être dans beaucoup de domaines, si vous ne pouvez répondre affirmativement à ces questions, cette personne ne vous est d’aucune utilité.

Il est normal de se tourner vers les livres pour poser des questions. Chacun, quels que soient ses préoccupations ou ses besoins, devrait avoir une bibliothèque. Il existe une foule de brochures à bon marché, où vous pouvez trouver réponse à presque tous les problèmes qui se posent sous le soleil et au-delà.

Les faits sont d’une importance capitale

En interrogeant les livres ou les gens, on obtient des faits, et ceux-ci sont nécessaires à quiconque veut se former une idée réfléchie des problèmes à résoudre ou de la voie à suivre pour atteindre son but.

Dans les affaires, les carrières libérales et le service social, les techniques doivent s’appuyer sur des faits connus. De même que les ailes d’un oiseau, si parfaites soient-elles, seraient inutiles si elles ne prenaient pas appui sur l’air, ainsi les techniques tomberont par terre si elles ne sont pas soutenues par le savoir. Pénétrez-vous des faits essentiels avant d’entreprendre une action importante.

Mais l’esprit mûr doit être plutôt une fabrique qu’un entrepôt. Les faits fournis par les sens sont une matière qu’il faut transformer, c’est-à-dire faire passer à une forme différente et plus utile.

Il y a véritablement réflexion quand les idées jaillissent des faits. C’est alors que se manifeste l’originalité. Une fois les faits digérés, vous disposez de matériaux sur lesquels oeuvre votre imagination. On ne peut faire quelque chose à partir de rien. Edgar Allan Poe, auteur du célèbre poème d’imagination « le Corbeau », ne nous dit-il pas que l’originalité n’est pas du tout, comme on le suppose, une question d’inspiration ou d’intuition, mais qu’on n’y arrive généralement que par un effort acharné.

Allez au fond des choses

Réfléchir d’une façon exhaustive c’est aller au fond des choses. Plus votre examen d’une question sera approfondi, moins la connaissance que vous en aurez sera vulnérable. Il est bon, lorsqu’il s’agit de choses importantes, de suivre le principe qui sert de guide aux grands avocats. Il consiste à préparer deux plaidoyers : celui du client et celui de l’adversaire. Cela permet de prévoir toutes les tactiques de la poursuite, c’est-à-dire de connaître le pour et le contre de la cause.

Il importe évidemment de bien choisir les données qui serviront de base à notre réflexion. Nous devons rechercher des faits avérés et non des hypothèses. Il faut à tout prix écarter les données étrangères à la chose en question, sinon notre réflexion sera encombrée d’à-côtés sans rapport avec le sujet.

Tous les renseignements recueillis doivent être contrôlés, car chaque réponse à une question a la propriété d’être bonne ou mauvaise. Soyez audacieux dans la recherche des réponses, mais montrez-vous méticuleux dans leur examen afin d’en établir la valeur et de vous assurer qu’elles sont pertinentes.

L’étape suivante de la réflexion exhaustive est celle de l’analyse et de la synthèse. L’originalité de la pensée et l’art de prendre des décisions résultent de la synthèse des faits et des idées en vue de répondre à une situation nouvelle. Il faut pour cela savoir démonter et rassembler.

L’analyse dissocie les éléments d’une situation quelconque, si complexe soit-elle. La synthèse est l’opération de l’intelligence qui combine ces éléments en un tout présentant des qualités nouvelles. À quoi servirait, en effet, de réduire des renseignements en miettes si l’on ne devait en tirer aucune utilité ?

Celui qui pense de façon analytique suit une route sûre. Il isole chacune des parties du problème afin de les rendre facilement maniables.

Il s’agit ensuite d’apprécier la situation. Tout effort de pensée sérieux est inspiré par un motif propre. Plus la conception de votre but sera précise et claire, plus elle vous sera utile en tant que principe directeur. Comme se le demande Wallenstein dans la trilogie dramatique de Schiller : « Quelle est ton entreprise ? Ton but ? Ton objet ? Te l’es-tu avoué franchement ? »

En faisant l’appréciation d’une situation lourde de conséquences, votre réflexion devra tenir compte de l’état de choses le plus dangereux qui puisse se produire.

Lorsque les officiers de la Royal Navy voulurent supputer le danger latent que représentait le cuirassé allemand Bismarck en apprenant qu’il avait quitté son poste de mouillage, ils envisagèrent quatre possibilités. La plus dangereuse était qu’il parvint à pénétrer dans l’Atlantique pour harceler la marine marchande, et c’est en vue de cette éventualité que le commandement britannique établit des plans.

Après l’appréciation de la situation viendra l’élaboration d’une hypothèse. On peut dire que la réflexion consiste à énoncer des hypothèses, puis à les contrôler et à interpréter les résultats. Concevoir une idée ou formuler une hypothèse demande un effort d’imagination, mais la mise à l’épreuve de cette hypothèse exige un sens critique impitoyable.

Recourez au soliloque

Beaucoup de problèmes personnels, commerciaux et nationaux ont trouvé leur solution dans le soliloque. C’est le terme employé par saint Augustin pour désigner ce qui se passe dans l’esprit d’un homme qui délibère, qui se pose des questions et y répond devant un problème à résoudre. Evidemment, parce qu’il est un débat, le soliloque ne saurait être un monologue où l’on rumine indéfiniment la même idée. Il suppose la confrontation de deux ou plusieurs idées.

Celui qui se livre au soliloque en vue de résoudre un problème ou de sortir d’un dilemme peut se réclamer d’illustres prédécesseurs. Dans son poème intitulé « Saül », Robert Browning nous montre David en campagne évoquant très nettement sa visite mémorable au roi et ses conséquences. Milton, dans son Paradis perdu, raconte le soliloque d’Ève, qui entre dans une profonde réflexion après l’épisode de la pomme. Ce soliloque témoigne d’un repentir irrésistible de son acte. Allant au fond des choses, Jean Valjean, dans les Misérables de Victor Hugo, délibère ainsi : « Voilà ce qui se passe, si je me dénonce. – Si je ne me dénonce pas ? Voyons, si je ne me dénonce pas ? » Emerson, arrivant par la réflexion à une décision, dans l’une des grandes crises de sa vie, ouvre la page de son Journal du 15 juillet 1832 par ces mots : « L’heure de la décision ».

Dans vos soliloques, ne soyez pas surpris si la réflexion trouble votre tranquillité. La réflexion lucide doit examiner les faits défavorables aussi bien que les faits favorables. Nous ne devons jamais nier la vérité que nous montre notre raison, même si elle nous fait rougir.

Voir les choses de haut

Il faut de temps en temps envisager les choses dans leur ensemble, afin de voir dans quelle mesure nous touchent les réalités extérieures à la sphère de nos préoccupations. Sinon, il restera toujours des coins sombres et obscurs dans notre esprit.

Avoir une vue bornée, comme un cheval de trait portant des oeillères, c’est s’exposer à commettre des erreurs. Nous y perdons à ne pas connaître tout notre sujet et ce qu’il renferme.

Même si vous êtes bien résolu à ne pas croire une chose ou à ne pas en tenir compte, il semble, à tout prendre, qu’il est consolant de savoir exactement ce que l’on rejette ou que l’on passe sous silence. Il vaut mieux atteindre à la certitude à la suite d’un examen serré et critique des renseignements que de se contenter d’un degré inférieur de certitude en refusant de voir les arguments qui risquent, à notre avis, d’être funestes à notre thèse.

Le progrès des connaissances à notre époque, où il est difficile de dire où finit le possible et où commence l’impossible, nous oblige à nous interroger à bon droit sur bien des certitudes. La tradition et les préjugés empêchent souvent d’atteindre la vérité, et nous restons attachés par paresse mentale à d’anciennes convictions tombées en déconsidération. Ce n’est qu’en demeurant réceptif et en utilisant les faits accumulés pour réfléchir de façon exhaustive que nous parviendrons à apprendre tout ce qu’il faut savoir.

Réfléchir c’est s’instruire

Il y a toujours dans notre cerveau des replis où se déposent les sédiments des vieux problèmes laissés sans solution. La réflexion permettra de les déloger et de laisser le champ libre à des idées, des possibilités et des ambitions nouvelles.

En réfléchissant, nous voyons des choses que les autres ne voient pas. Ce sont ceux qui posent des questions qui découvrent ce qu’il faut faire et comment le faire. La réflexion nous permet de contrôler, de consolider et d’accroître nos connaissances, et d’étendre le sens de ce qui nous est possible.

Ceux qui étudient la nature des choses s’assurent un avantage dans notre monde où règne la concurrence. C’est dans le cheminement de la pensée que l’on entrevoit parfois une cime lointaine que personne n’a encore aperçue. Exploiter sa faculté de penser de façon à se rapprocher de cette cime est pour l’esprit un plaisir merveilleux.

Le fait de réfléchir mûrement à une question procure un sentiment d’enrichissement, de maîtrise de la situation, de confiance dans son jugement, de progression vers le bonheur. Comme le disait l’Enchanteur Merlin au jeune roi Arthur : « Le meilleur remède contre la tristesse c’est d’apprendre quelque chose. »