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Tout ce que nous faisons maintenant influe en définitive sur le cours de notre vie. Les écologistes nous disent que pas une feuille ne tombe dans la forêt ni une goutte de pluie dans l’océan sans que les conséquences de ces phénomènes se répercutent indéfiniment dans le temps et dans l’espace.

Au Canada, les jeunes gens ont amplement l’occasion de profiter du présent pour préparer leur avenir. Ils disposent à cette fin de l’instruction et de riches possibilités, et ce qu’ils seront demain, grâce à ces avantages, ils sont déjà en train de le devenir.

Nul ne peut dire aux autres comment vivre pour bien se tirer d’affaire en fin de compte, mais il est possible de dégager certains principes qui peuvent aider les jeunes à l’apprendre par eux-mêmes. Chose certaine, la vie ne s’offre pas à nous comme valant la peine d’être vécue ; il faut la rendre digne de l’être. Cela exige toute l’ardeur dont on est capable. Avec de l’idéal, on peut faire ce qu’on veut de sa vie, à condition d’avoir de bons instruments, de bons matériaux et de la détermination.

Savoir ce qu’on veut

Il est étonnant de constater combien peu d’obstacles se dressent sur la route de l’homme qui a de l’ambition. Beaucoup naturellement désirent certaines choses, mais seuls ceux qui travaillent pour les obtenir prennent part à la course. L’homme qui se contente de toucher son salaire et de revenir à la maison à temps pour regarder son émission préférée de six heures à la télévision ne court pas dans le stade ; il se cache lui-même la lumière et se demande pourquoi sa vie est si terne.

L’ambition n’est pas un don exceptionnel accordé aux uns et refusé aux autres. Elle s’acquiert en appliquant son imagination à découvrir ce qui devrait être. Elle incite l’homme à l’esprit sain à rechercher des possibilités de faire valoir ses talents.

Un effort s’impose pour atteindre les bienfaits supérieurs que la vie nous offre. Manger, boire, dormir, jouer, tout cela est accessoire à la vie. Sous ce rapport, nous ne nous distinguons pas de la brute.

Avoir un but, voilà ce qui donne un sens à l’activité humaine. On ne peut bien jouer au football sans savoir où se trouve la ligne de but. De même, on ne peut jouer le jeu de la vie humaine sans avoir de justes aspirations, qui nous amènent à accomplir des choses durables. C’est le philosophe William James qui a dit : « La grande utilité d’une vie, c’est de l’employer à quelque chose qui subsistera après elle. »

Une ambition très louable est d’essayer de battre ses records antérieurs ; de se surpasser soi-même. L’un des plus grands obstacles que l’on puisse opposer au progrès est de se leurrer soi-même en imaginant que l’on a fait de son mieux. Il ne faut pas prendre les rêves chimériques pour des réalités.

La Cité céleste, dont il est question dans Le Voyage du pèlerin de John Bunyan, n’est pas une ravissante cité de rêve, mais un lieu réel où l’on parvient en triomphant du danger, des fatigues et des fausses séductions. Pendant tout son voyage, le pèlerin est animé par ses espérances.

Ce qu’il faut pour réussir, c’est avoir des aspirations, acquérir des connaissances, être enthousiaste et travailler. Votre goût pour les résultats à long terme atténuera les peines et les difficultés nécessaires pour les atteindre, mais il faudra mettre toute l’ardeur de vos efforts dans chaque tâche que vous entreprendrez.

Cherchez-vous la renommée ?

Peu de gens se suffisent à eux-mêmes. Ils ont besoin que l’on apprécie ce qu’ils font. Il ne s’agit pas nécessairement de l’acclamation publique, qui déplaît à certains. Ce que chacun désire, c’est que l’on comprenne ses buts et ses efforts, que l’on partage avec lui le sentiment que le travail de ses mains, qu’il soit beau ou utile, a de l’importance.

La recherche de la renommée n’est pas une ambition ignoble, mais qu’est-ce que la renommée ? À l’entrée du jardin des Tuileries, à Paris, se trouve une sculpture représentant une femme montée sur un cheval et embouchant la trompette ; cette oeuvre d’art s’appelle « La Renommée ». Entendre la fanfare des applaudissements, voir son nom à l’enseigne lumineuse d’un cinéma ou sur la jaquette d’un livre, ce sont sans doute des signes de notoriété ! Mais derrière les ovations, le néon, et la vedette, il doit y avoir une oeuvre solide, et c’est là la réalité qui doit compter à vos yeux.

Feuilletez les pages de l’histoire et voyez combien peu de ceux dont les noms étaient naguère sur toutes les lèvres ont survécu à l’épreuve de la qualité ; combien minime est aujourd’hui leur célébrité qui était hier si grande. Le rang, la pompe, les titres et les splendeurs sont illusoires. Comme l’écrit Plutarque au sujet de César : « Il n’a cueilli aucun autre fruit qu’un vain nom et une gloire odieuse ».

Qu’est-ce que le bonheur ?

En fin de compte, c’est le bonheur que nous recherchons. Si quelqu’un vous demande si vous êtes heureux, ne cherchez la réponse ni dans la somme de vos biens matériels, ni dans votre enveloppe de paie, ni dans votre notoriété, mais dans votre travail. L’homme éprouve plus de bonheur à créer des choses qu’à en posséder ou à en recevoir gratuitement, si délectables soient-elles.

Goethe écrit dans son Wilhelm Meister : « L’homme qui naît avec un talent qu’il est appelé à utiliser trouve son plus grand plaisir dans son utilisation. »

Quant à la grandeur, ne croyez pas un instant que la distinction tombe du ciel : il faut la mériter. Le succès n’est pas une fin en soi, mais un accessoire qui s’ajoute à une tâche bien faite. Il est la récompense de celui qui sait cerner une situation et s’appliquer par ses efforts personnels à résoudre un problème.

Pour être considéré comme grand, l’homme doit collaborer à quelque chose. Aucune action ayant sa fin en elle-même ne peut concourir à la grandeur. L’homme qui désire être grand s’est donné pour tâche de laisser après lui un certain enrichissement à l’humanité. En agissant ainsi, il a la fierté d’accomplir quelque chose, d’appartenir à l’élite de ceux qui font oeuvre utile.

Pourquoi attendre ?

Le principal avantage d’être jeune, c’est d’avoir le temps d’apprendre, mais il n’est pas nécessaire d’attendre l’âge viril pour agir si l’on a une bonne idée. Beaucoup de jeunes gens frais émoulus de l’école secondaire se plongent jusqu’au cou dans le travail de toute leur vie. Certains s’emparent d’une idée que l’on croyait morte depuis longtemps ou à laquelle on n’avait jamais songé, et qui s’anime soudain entre leurs mains.

Le Dr William Carleton Gibson, professeur d’histoire de la médecine et des sciences à l’Université de la Colombie-Britannique, a écrit un livre qui doit être une source d’encouragement pour les jeunes. Dans cet ouvrage intitulé Young Endeavour, l’auteur traite de la contribution apportée au progrès des sciences par les étudiants en médecine au cours des quatre derniers siècles.

Beaucoup de choses apprises dans les premières années de la vie se révéleront utiles un jour ou l’autre, même si elles ne sont pas immédiatement transformables en biens ou en services. Telles sont les lois qui régissent les phénomènes. La vie n’est pas une guerre de coups de clairon, de ronflements de moteurs et de brillants étalages, mais une application ou une modification patientes, persistantes et ingénieuses des lois connues en vue de faire face à de nouvelles situations et de résoudre de nouveaux problèmes.

L’existence ainsi comprise est comme un appareil photographique ; elle vous prend tel que vous êtes. Il vous faut donc savoir ce que vous êtes, et un peu d’auto-appréciation s’impose. Vous devez pouvoir vous dire franchement la vérité à vous-même sur vos capacités, vos ambitions, vos goûts, ainsi que sur le degré et la force de volonté que vous possédez.

Si vous ne le faites pas, vous ne parviendrez peut-être pas à construire un cadre assez grand pour recevoir le tableau que vous êtes capable de peindre. Tout comme une huître ignore la valeur de la perle qu’elle renferme, vous traverserez peut-être la vie avec des avantages inexploités.

Le but que vous poursuivez en voulant mettre une image de qualité dans le cadre de votre vie est votre propre satisfaction. Vous devez être un critique plus sévère que ceux qui portent un jugement sur votre oeuvre. Vous voulez accomplir quelque chose de valable, et vous y arriverez en faisant preuve d’intelligence dans votre appréciation de vous-même, de l’initiative voulue pour entreprendre ce que vous vous croyez capable de réaliser et d’un intérêt soutenu dans ce que vous faites.

Dans votre auto-appréciation, n’acceptez pas de restrictions à moins d’être sûr qu’aucun moyen ne s’offre à vous pour vous frayer un passage par la réflexion et l’effort.

Si vos années de jeunesse sont déjà terminées, il est encore temps de faire une nouvelle appréciation de vous-même. Il n’y a pas de raison pour que le désir de se perfectionner s’éteigne avec la jeunesse. Un critique musical disait, il n’y a pas longtemps, au sujet de Pablo Casais et de ses 91 ans : « Chaque année de sa miraculeuse vieillesse, Pablo Casais connaît un renouvellement, un élargissement héroïque de l’esprit humain. »

Savoir et expérience

Il est plus important en définitive d’avoir un haut niveau d’intelligence qu’un haut niveau de vie.

L’amour de l’étude trouve une vigueur nouvelle dans le plaisir qu’elle procure. Cela est particulièrement vrai pour l’homme qui reconnaît que l’instruction n’est pas simplement la voie à suivre pour gagner sa vie, mais la porte du savoir qui fait la valeur de la vie.

Le principal but des études secondaires ou universitaires est d’acquérir les matériaux qui vous permettront de poursuivre votre but dans la vie. Tout le reste est secondaire.

Vous aborderez ensuite la pratique. À l’école, vous avez appris les principes universels ; l’expérience vous enseignera à les appliquer à des cas particuliers.

L’expérience n’est pas nécessairement une attente passive des événements. Le mot vient du latin « experiri », qui veut dire essayer. L’expérience s’acquiert notamment par l’expérimentation.

Habituez votre esprit à classer les faits et à relier les faits nouveaux aux anciens, afin de disposer au besoin d’un ensemble cohérent de matériaux de réserve. Profitez de tous les exemples instructifs ; vous apprendrez ainsi à faire face à la complexité. Mettez vos expériences à contribution. Wagner a composé plusieurs opéras, mais s’il n’avait pas eu à affronter une tempête en traversant la mer du Nord, il n’aurait peut-être jamais pensé au « Vaisseau fantôme ».

Prendre conseil équivaut à acquérir de l’expérience sans revivre les événements. Il y a une certaine puérilité chez l’homme qui refuse de rechercher et de prendre les sages avis que lui donnent ceux qui savent à quoi s’en tenir.

Entrez en lice

Personne ne peut gagner une course ou une épreuve sportive quelconque sans participer au concours. On ne décerne pas de médaille à ceux qui se contentent de s’asseoir sur les lignes latérales et de dire comment il faudrait jouer.

Vos débuts seront peut-être modestes, mais il n’est commencement si petit qu’une application soutenue ne finisse par rendre grand. C’est ici que réside l’avantage de l’initiative : penser à quelque chose de valable et le mettre en branle.

Une chose qu’il importe de faire assez tôt dans l’élaboration de vos plans d’avenir est empruntée aux sciences, à l’économie et à la sociologie : vous devez établir un équilibre satisfaisant entre les fins que vous désirez atteindre et le prix que vous êtes prêt à y mettre. Les jeunes gens qui entrent dans le monde du travail négligent souvent d’analyser toute la situation. Comme les amoureux, ils se laissent captiver par les avantages prétendument supérieurs qui s’offrent pour les séduire.

Ce n’est pas une preuve de réalisme que de se limiter à avoir un but élevé. Vous devez vous assurer dans toute la mesure du possible que vous trouverez ce que vous voulez vraiment sur les hauteurs que vous avez l’intention de gravir. Il y a un avantage indéniable à se ménager des choix. Examinez plusieurs voies afin de prendre la bonne et ayez une vaste vue stratégique dans laquelle vous utiliserez des plans tactiques perspicaces.

Le fait de tracer la route de votre vie telle que vous la voyez actuellement constitue déjà un départ pratique. Vous serez étonné par les nouvelles possibilités qui se dévoileront. Selon le Dr P. B. Meadawar, prix Nobel de médecine en 1960 : « La plus grande libération de la pensée réalisée par la révolution scientifique a été de donner aux êtres humains le sens de l’avenir dans ce monde ».

Persévérez

Vous ferez chaque pas avec toute la sagesse dont vous êtes capable, sagesse faite d’attention aux circonstances, des données recueillies auprès des autres et dans votre expérience personnelle, le tout examiné avec soin à la lumière de vos désirs et de votre milieu. À chaque étape, vous devez mériter le droit non seulement de progresser, mais de rester où vous êtes. Napoléon résume ainsi la question des aptitudes : « Les outils à celui qui sait s’en servir. »

Toute progression exige une certaine adaptation à des situations nouvelles. Si vous voulez accomplir quelque chose de grand et de durable, il est important de rester ouvert aux changements. Peut-être même devrez-vous étudier soigneusement les possibilités de changer d’orientation. C’est là une question à bien examiner, compte tenu de votre but initial dans la vie, de l’évolution des circonstances et des faits nouveaux que vous avez appris. Changez de direction après avoir mûrement réfléchi n’est pas un recul, mais un progrès fondé sur l’expérience et des connaissances plus vastes.

Vous devrez vous appliquer à persévérer dans tout ce que vous entreprenez. La réussite exige que vous poursuiviez sans cesse votre but. Les gens qui ont du succès dans votre entourage n’ont pas atteint leur but en butinant de fleur en fleur à la recherche de la nouveauté et à la poursuite du plaisir, mais en persistant dans la voie qu’ils ont choisie.

C’est une erreur capitale que de confondre le manque de fermeté et la souplesse. L’esprit qui pèse des motifs et des plans différents modifie sa direction suivant l’attrait des buts antagonistes. Vous devez vous appliquer avec une certaine ténacité à bien accomplir votre tâche quotidienne, mais cette application pourra se transformer en une agréable persévérance grâce à votre imagination.

Tout cela exige de la patience. La patience n’est pas une vertu passive. Elle est le fruit du désir intelligent d’obtenir quelque chose de bon à la longue et de la volonté qui sait attendre tout en s’efforçant d’y atteindre. Dans les montagnes, dit un philosophe allemand, le plus court chemin est d’aller de pic en pic, mais il faut pour le suivre avoir les jambes longues.

Acceptez les adversités

La route n’est pas barrée simplement parce que vous n’avez pas réussi à avancer dans un domaine particulier. Ne cessez pas de croire dans ce que vous voulez sans avoir une excellente raison, admise après avoir longuement réfléchi sur tous les faits et consulté un bon conseiller. Au pis aller, vous rassemblerez les fragments de votre plan et vous analyserez et mettrez à profit les leçons de votre échec. Le désappointement sera peut-être un remède salutaire, qui vous poussera à de nouveaux efforts. Nous connaissons le cas d’un jeune homme qui, ayant échoué en 12e année, sut se ressaisir et mériter la médaille d’honneur à sa sortie de l’université. Ce ne sont pas tant les choses qui arrivent qui importent que vos idées à leur sujet, et vous pouvez toujours maîtriser vos idées même si vous ne pouvez pas maîtriser les événements. Le prince Philip disait dans une allocution : « Je me rappelle plusieurs expéditions où j’étais misérablement mal à l’aise, ennuyé, trempé, malade, désolé et fourbu ; prêt à tout lâcher. Chose curieuse, plus ces expéditions ont été pénibles, plus le souvenir m’en est cher. Dans la vie, on ne regrette que les fois où l’on a abandonné la partie. »

Tout le monde est exposé à rencontrer des adversités, mais celles-ci peuvent servir à stimuler nos efforts. Vous éprouverez certaines incertitudes. Comment le sculpteur sait-il qu’une statue se cache dans le bloc de marbre ? La voyant dans son esprit, il enlève du marbre avec son ciseau et son marteau jusqu’à ce que le chef-d’oeuvre en jaillisse. Naturellement, s’il n’avait pas essayé, on ne pourrait pas lui reprocher son insuccès, et cela peut être une satisfaction pour les âmes timorées.

Vous vous buterez aussi à des problèmes. Y a-t-il autre chose qui donne plus de sel à la vie ? Ce qu’il faut faire, ce n’est pas d’aborder les problèmes avec énervement, mais en apprécier immédiatement les dimensions. Quelle importance le problème a-t-il en soi ? Dans quelle mesure sa solution dans un sens ou dans l’autre peut-elle influer sur les ambitions de votre vie ?

Vous ne rechercherez pas les conflits et le dérangement, mais vous ne les fuirez pas non plus. Tout cela est normal dans notre monde, et il faut s’en accommoder. Il est impossible de progresser dans le gouvernement, les affaires ou une profession sans courir de risques. Il faut parfois cesser de prendre des précautions pour atteindre un résultat précis.

La profondeur d’esprit est très utile dans toutes les situations qui se présentent. Il ne suffit pas de s’en tenir à la surface des choses. En faisant le tour d’un objet – ce qui est fort bien – on en obtient une vue complète de l’extérieur. Mais ce n’est qu’en pénétrant à l’intérieur de l’objet, qu’on en arrivera à le connaître à fond et à le comprendre.

Cela favorise le développement de l’intelligence. La sélection naturelle du plus apte à survivre n’a pas cessé avec la publication de la théorie de Darwin. Il est possible que la sélection par l’instinct et l’adaptation ait fait place à la sélection par l’intelligence.

Nous sommes peu empressés à reconnaître la nécessité du développement intellectuel, qui, contrairement au développement physique, suppose une activité volontaire. L’enrichissement de l’esprit est une tâche sans fin. Même si vous êtes, pour le moment, dans un emploi où vous n’avez qu’à exécuter les ordres et à faire de la copie, il convient d’exercer votre intelligence. L’homme ne s’encroûte pas dans la médiocrité s’il entretient en lui le goût de l’aventure intellectuelle. Le monde où nous vivons est aussi varié que merveilleux ; il nous offre le moyen d’échapper à la banalité et l’occasion de nous mouvoir avec aise dans le vaste royaume des idées.

Voler de ses propres ailes

Puis vient la maturité. La maturité implique la capacité de voler de ses propres ailes. Vous connaissez maintenant à fond le train quotidien de l’existence. C’est le moment de mettre de côté les enfantillages comme l’incapacité d’apporter un intérêt soutenu à une tâche jusqu’à ce qu’elle soit terminée. Cette attitude appartient à l’époque de votre existence où l’instant présent était le seul qui comptait vraiment et où vous ne vous rendiez que vaguement compte de l’importance de l’avenir.

Il faudra tempérer par un peu de philosophie et de réflexion votre hâte juvénile de vous affirmer vous-même avant de pouvoir passer de l’impétuosité à la sérénité. Vous parviendrez ainsi à la maturité d’esprit, à la maturité de sentiment et à la maturité d’action.

S’il y a déjà longtemps, cette année, que vous avez terminé vos études, il n’est pas nécessaire de vous reporter à votre jeunesse comme au continent perdu de l’Atlantide. Votre jeunesse a eu son utilité, et vous profitez de ses enseignements dans votre maturité. Elle a été irréfléchie, mais elle vous a donné du discernement ; elle a été impétueuse, mais elle vous a préparé à donner des conseils ; elle a été inconstante, mais elle vous a rendu apte à entreprendre des choses durables.

La maturité du jugement, à laquelle tout le monde aspire, est la somme du savoir, enrichie et prolongée par l’expérience et les connaissances nouvelles. Elle n’étouffe pas nécessairement vos ambitions ; mais elle est souple, adaptable, sagace et assez sûre d’elle-même pour courir les risques qui semblent mériter de l’être. Vous apprendrez, grâce à elle, à distinguer entre la réalité et l’imaginaire, à déceler l’absurdité, à rejeter les fausses doctrines et à vous comporter d’une façon assez sensée pour qu’il ne soit pas nécessaire de vous imposer des contraintes.

Ayez confiance en vous-même

Avoir confiance en vous-même dès maintenant, c’est là la condition essentielle de votre succès et de votre bonheur futurs. Vos études actuelles, votre travail actuel, vos projets actuels sont d’une importance capitale pour votre avenir.

La vie est une lutte perpétuelle, et il serait manifestement peu sage de compter que les choses iront toutes seules. Rappelez-vous ce que disait Richard Plantagenet, duc de York : « Je ne peux pas être votre roi avant d’être couronné. »

Ce qui est très encourageant, c’est de penser que vous ne mériterez pas votre place dans la vie par la faveur des autres, mais uniquement par l’orientation intelligente de vos efforts.