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Une famille peut demeurer unie, s’épanouir et connaître une vie heureuse dans les conditions les plus diverses pourvu qu’elle sache pratiquer quelques vertus élémentaires, parmi lesquelles vient au premier rang la diplomatie.

La famille canadienne a subi, au cours du présent siècle, le violent assaut des idées nouvelles et de la révolution des moeurs. Certaines des anciennes fonctions de la famille ont été morcelées et réparties entre les écoles, les associations de jeunes, etc. Les adolescents, qui ont grandi dans l’ambiance de la contestation et de la solidarité de groupe, prétendent ne plus avoir besoin des conseils des parents. Mais c’est dans la famille, et nulle part ailleurs, que l’enfant s’initie à l’art capital de vivre en bonne intelligence avec les autres.

La diplomatie au foyer n’est pas une science mystérieuse et subtile ; elle est régie par les douces lois de la raison et de la bienveillance. Certains diront peut-être que la diplomatie concerne l’État. Mais, la famille n’est-elle pas un État miniature ?

Quel que soit le mode de gouvernement adopté, l’âme véritable de la vie familiale se révèle dans le comportement des membres de la famille les uns envers les autres. Le plus grand art que l’homme connaisse est celui de vivre dans l’harmonie et l’entraide avec ses semblables.

Aucune institution sociale n’est plus essentielle à l’espèce humaine que le foyer familial. C’est là que nous apprenons à être des hommes. Diverses formes de régime politique sont nées et ont disparu : royaumes, républiques, dictatures. Toutes ont eu leur apogée et leur décadence, mais la famille, formée du père, de la mère et des enfants, est l’unité sociale et économique de base.

On dira peut-être que l’époque où nous vivons ne se prête guère à la vie de famille. Mais celle-ci n’existerait-elle que pendant les périodes de calme ? N’est-elle pas plutôt un havre, une institution pour les temps où l’âme des hommes est mise à l’épreuve ? La famille a été connue dans toutes les sociétés humaines, non pas parce qu’elle est fondée sur l’instinct et le sentiment, mais parce qu’elle a facilité la survie de l’homme.

Les relations familiales

Les relations de l’époux et de l’épouse au sein de la famille sont vraiment des relations d’égalité fondées sur l’affection mutuelle. Le mariage n’est pas un simple épisode dans la vie. C’est le point culminant de deux existences, la conjonction de situations et d’éducations différentes, de façons de penser et d’agir dissemblables. Le succès, dans ces conditions, ne va pas tout seul. Il faut le mériter. L’harmonisation à réaliser entre deux natures imparfaites se complique encore du fait qu’il y a des difficultés extérieures, comme les problèmes économiques et le changement de manière de vivre, à surmonter.

Il n’est guère possible d’établir une répartition bien nette des responsabilités entre le mari et la femme. On se rappelle la repartie du grand humoriste français du XVIe siècle, Guillaume Budé. À une servante qui venait lui annoncer, dans sa bibliothèque, que la maison était en feu, il répondit : « Allez prévenir votre maîtresse. Vous savez bien que je lui laisse toutes les questions domestiques entre les mains. » Le contrat conjugal tire toute sa portée du fait qu’il est un accord mutuel où les responsabilités sont indivisibles.

La divergence des intérêts, des fonctions et des préférences impose une certaine tension dans le mariage. Si grand que puisse être un homme – grand par ses idées, ses paroles ou ses actes – aux yeux du monde, il aura besoin de diplomatie dans sa vie quotidienne au foyer pour atténuer les effets de ses petites manies, de ses susceptibilités, de ses inquiétudes, de sa tendance à pontifier et de son désir d’imposer à sa femme et à ses enfants la discipline qui existe dans son entreprise.

Le foyer est un lieu où doit régner la confiance, et c’est là un facteur important dans la diplomatie. L’une des qualités exceptionnelles de l’affection des parents pour leurs enfants est qu’elle est plus sûre que toute autre affection. Le monde ne pourrait pas fonctionner s’il n’existait pas d’amour fidèle et stable entre le mari et la femme et entre les parents et les enfants. Ce genre d’attachement est bien résumé dans une lettre de la reine Victoria au prince Albert : « … vous trouverez en cela, disait-elle, une preuve de mon amour, car je dois partager avec vous tout ce qui me réjouit, tout ce qui me contrarie ou me chagrine, et je suis certaine que vous en prendrez votre part. »

Le partage est le seul moyen qui permette aux parents d’exercer cette autorité mêlée de douceur qui fait toute la force de leur influence sur les enfants. Ils doivent conserver leur sentiment de supériorité parce qu’ils comptent plus d’années de vie et possèdent une plus longue expérience que leurs enfants, mais il leur faut apprendre à utiliser au mieux cette supériorité.

Du rôle de la diplomatie

Comment la diplomatie au foyer peut-elle contribuer aux efforts entrepris pour permettre aux parents d’exercer une action constructive dans l’édification de l’ordre social nouveau ? Les dictionnaires nous disent que la diplomatie est la science des intérêts, des rapports et des négociations entre les États, et que le diplomate est celui qui est chargé de favoriser la courtoisie et la bienveillance entre les gouvernements. Ce sont là des qualités aussi nécessaires dans les familles que parmi les nations.

Les relations familiales sont essentiellement fonction de la compréhension ou de l’incompréhension qui existe entre les membres de la famille. Il est toujours désagréable et troublant de ne pas comprendre et de n’être pas compris. Pourtant, le remède est fort simple : l’esprit de compréhension s’acquiert par le désir de comprendre, ce qui est un principe fondamental en diplomatie.

Il existe diverses sortes de diplomatie. La diplomatie formaliste en usage dans les bureaux ou les ateliers n’est pas celle qu’il convient d’employer au sein de la famille, et cependant le souci du décorum et de l’étiquette est un bon point de départ dans la pratique de la diplomatie au foyer. La bienséance aplanit la voie qui conduit au dialogue ; l’habitude de la discrétion offre une ambiance qui permet aux membres de la famille de s’exprimer librement.

Lorsque tous les membres de la famille pratiquent la diplomatie, chacun profite par le fait même de la suppression des obstacles qui sont de nature à entraver la réalisation de ses désirs les plus chers. La famille où règne l’harmonie constitue la base parfaite la plus immédiate du bonheur et de la réussite de l’individu.

Unité et personnalité

La famille qui possède une unité dynamique est tout le contraire d’une famille solidement constituée. Son unité se fonde, non pas sur l’autorité du chef de famille, mais sur l’accord de ses membres. Si cette famille fait front commun durant les crises, elle sait mettre en valeur les particularités de ses membres et laisser libre champ à l’épanouissement de leur personnalité. Lorsqu’elle prend des décisions qui intéressent toute la famille, celles-ci sont obligatoires pour tous.

L’unité de la famille ne repose pas sur la domination, les règlements ou quelque autre force semblable. Elle découle de l’affection, de la compréhension, de la mise en commun des expériences, de la confiance mutuelle, de la camaraderie, de la communauté d’intérêts en matière de religion, de loisirs et de respect de la bienséance.

La famille n’est pas simplement une association de personnes vivant ensemble. C’est une institution soumise à des façons et des modes de procéder grâce auxquels s’exerce une activité collective.

Le non-engagement y est absolument impossible. Certaines personnes se font illusion en pensant qu’elles peuvent être les spectateurs d’une intéressante représentation dramatique sans y prendre part. Sur la scène familiale, chaque membre de la famille est un acteur qui doit jouer son rôle suivant le scénario approuvé par tous.

L’acceptation universelle des principes de la démocratie a troublé la tranquillité du monde, et leur adoption dans la famille soulève de nombreux problèmes. Les enfants interviennent dans l’organisation et les activités de la famille, et les parents partagent, à des degrés divers, leur autorité avec tous les membres de la famille.

C’est là une situation critique, où notre unique secours est peut-être la pratique de la diplomatie. Il faut en arriver à comprendre que la participation accrue ne va pas sans un endossement accru de responsabilité, principe que n’ont pas encore saisi des millions de gens qui professent une grande estime pour la démocratie politique.

Le caractère propre de chacun au sein de la famille est une question extrêmement délicate. La personnalité est un bien précieux. Le rôle et le statut de chaque membre de la famille doit être dûment reconnu et amplement apprécié par les autres, sinon le fragile mécanisme familial sera dérangé, les sentiments personnels seront lésés et l’équilibre de la famille sera perturbé.

Le respect mutuel, clef du succès en diplomatie, n’est pas seulement une question de doctrine ou de convention. Dans la famille, il doit s’agir d’un sentiment profond, d’une conviction si forte que l’accaparement et l’oppression deviennent impossibles.

Pour faire face au changement

Nous prenons graduellement conscience du fait que nous sommes en voie de passer d’une société fondée sur la certitude apparente de la permanence à une société fondée sur la précarité du changement. Les effets de cette mutation se font sentir dans les affaires, dans le gouvernement et dans la famille.

Il est devenu nécessaire de reconnaître que de nouveaux modes de comportement, de nouvelles façons de penser et de nouvelles valeurs sociales sont maintenant acceptés et considérés comme représentant la bonne manière de vivre.

Toute situation sociale, même au sein de la famille, subit plus ou moins l’influence du progrès technique. Songeons, par exemple, à ce que sont aujourd’hui les transports en comparaison de ce qu’ils étaient il y a quarante ou cinquante ans. Même si les familles habitent maintenant loin du centre des villes et des lieux d’emploi, les jeunes ne sont qu’à quelques heures d’auto, d’autobus ou d’avion de ce qui se passe dans leur ville natale et même dans le monde, avantage dont il leur était impossible de se prévaloir jusqu’à ces dernières années.

Ces changements apportent avec eux des formes de comportement social différentes de celles que l’on connaissait et pratiquait auparavant. La tendance à sous-estimer le rôle des facteurs ambiants est la cause de beaucoup de malentendus familiaux.

Les jeunes gens et les parents doivent se rendre compte qu’ils agissent les uns et les autres dans le cadre de situations différentes. Au lieu de dire, lorsqu’un membre de la famille se comporte d’une façon qui ne répond pas à notre attente, qu’il y a chez lui quelque chose qui cloche, il vaudrait mieux nous demander si ce n’est pas plutôt dans nos hypothèses et nos interprétations que quelque chose ne va pas.

Nous avons été témoins, à l’échelle mondiale, de l’ardent désir des peuples d’obtenir leur indépendance, parfois avant d’être prêts à assumer l’autonomie politique. Ce besoin de s’affranchir de la contrainte s’est mué en exigence pressante et en action violente. La sagesse a conduit les grandes puissances coloniales non seulement à abandonner le gouvernement à leurs colonies, mais aussi, comme l’a fait l’Empire britannique, à les préparer à assumer l’indépendance. Cette transformation devait être l’issue d’un conflit profond et intense entre l’amour du pouvoir et le désir de contribuer au bien des jeunes États.

Il en est ainsi dans la famille. Même si l’autorité sur l’enfant est, dans une certaine mesure, prescrite par la nature des choses, il est souhaitable d’autre part que l’enfant apprenne, le plus tôt possible, à être indépendant à autant d’égards que possible. Cela ira peut-être à l’encontre de l’instinct de domination des parents, mais c’est une chose à laquelle il faut se prêter avec grâce et bonne volonté. Il est malheureux que tant de parents s’accrochent à une hégémonie démodée jusqu’à ce qu’ils se sentent frustrés par des jeunes qui en ont assez de se faire morigéner.

La discipline familiale ne doit pas être trop rigide, et la latitude doit croître à mesure que l’enfant progresse dans la voie de l’autonomie.

La diplomatie active

La première qualité requise chez celui qui entend mettre la diplomatie en pratique au foyer est la sincérité, ou, si l’on veut, l’honnêteté. La sincérité est ferme et stable, elle ne vacille pas devant les obstacles et les contretemps.

La diplomatie trouve une précieuse alliée dans l’empathie. Celle-ci est l’aptitude à partager les sentiments, les manières de voir, les goûts et les expériences des autres. Si vous êtes embarrassé devant les problèmes que vous pose un membre de la famille, efforcez-vous d’en saisir les rapports, de les percevoir dans le contexte de la vie quotidienne de celui qui vous consulte, dans les circonstances où s’insèrent ces problèmes.

Votre diplomatie ne doit pas se fonder sur l’indifférence. Le plus grand réconfort que vous puissiez offrir aux membres de votre famille est celui de la compréhension vivifiée par l’enthousiasme.

Lorsque quelqu’un vous confie ses déceptions, ses peines, ses aspirations et ses espoirs, il importe de respecter ces confidences. Toute infraction à cette règle ne peut faire que des malheureux et tarir la source de la compréhension.

La communication est essentielle

La communication véritable des pensées et des idées est une nécessité essentielle. La communication entre la mère et son jeune bébé est assez simple : sourires, attitudes corporelles, ton de la voix, intensité des pleurs de l’enfant. Quelle ampleur, quelle profondeur et quelle complexité présentent, par contre, les rapports entre les parents et leurs adolescents et entre les parents eux-mêmes ! Tous les symboles du langage sont employés, et, de surcroît les techniques indirectes comme les allusions, les restrictions et les silences.

La conversation familiale n’a que faire de la vaniteuse supposition des peintres, des compositeurs et des écrivains d’avant-garde selon laquelle le public doit apprendre leur langage. C’est le summum de l’arrogance et de l’égoïsme. Elle équivaut à dire : « Voici mon code ; à vous de le déchiffrer ». Dans la famille, le devoir de chacun envers tous est de s’exprimer aussi intelligiblement que possible.

Il y a aussi l’obligation d’écouter. Le vrai diplomate n’écoute jamais à demi : il est attentif. Il accorde aux autres leur juste part dans la conversation. S’il y a, dans votre famille, cinq membres qui participent à une conférence familiale et si tous parlent à leur tour, chacun écoutera pendant 80 p. 100 du temps.

La conversation intelligente et amène favorise singulièrement la concorde et la bonne entente familiales. Toute idée émise par un membre de la famille est soumise à discussion. Chacun a l’impression de participer au débat. Tout le monde peut exprimer ses convictions sans donner à entendre que les autres ont tort.

Il y a naturellement des limites. S’il est bon de parler, comme dit le proverbe, il est parfois meilleur de se taire. Dans toute situation délicate, essayer d’avoir le dernier mot constitue la plus explosive et la plus dangereuse des machines infernales.

Les instruments de la diplomatie

Un grand nombre des incidents qui troublent la vie familiale sont l’effet d’erreurs initiales aggravées par les mauvaises manières. Walter Hines Page, illustre ambassadeur des États-Unis en Grande-Bretagne, disait : « Plus je me renseigne sur les usages diplomatiques et plus j’entends parler des graves petits ennuis des autres, plus je ressens le besoin d’être attentif aux détails du savoir-vivre. »

Si l’amour est le fondement du bonheur dans le mariage, on peut dire que les bonnes manières en sont les murs et la diplomatie le toit.

Pour être et demeurer harmonieux, les rapports de ceux qui se sont choisis dans l’infinie multitude de l’espèce humaine doivent nécessairement se fonder sur la plus haute règle morale, qui consiste à agir envers les autres comme on voudrait qu’ils agissent envers nous-mêmes.

Et la conduite des enfants doit s’inspirer des mêmes principes que celles des parents, c’est-à-dire avoir sa source dans la bonté, la courtoisie et la considération, le tout accompagné d’un peu de savoir-faire, qualité qui consiste à savoir exactement ce qu’il faut faire et comment le faire.

Les membres de la famille témoignent de leurs égards les uns envers les autres par la délicatesse avec laquelle ils formulent leurs demandes ou leurs instructions. Les parents doivent faire preuve d’un heureux mélange d’autorité et de camaraderie. Ils seront simples, ouverts et cordiaux, exempts de toute arrogance. Ils seront non seulement aimables, mais bienveillants, car la bienveillance ajoute la bonté à l’amabilité.

Le moins que puisse exiger la diplomatie dans la famille est que chacun soit prévenant et gentil, se souvenant avec bonne grâce des droits des autres. Sous sa forme la plus noble, la diplomatie est le savoir-vivre serein et inlassable qui prend le soin et la peine de veiller à ce que les autres ne soient jamais négligés. Elle ne traite personne avec sans-gêne.

« Une parole dite à propos »

Louer et féliciter constituent l’un des plaisirs et des charmes les plus délicats de la vie familiale et comptent parmi les plus précieux instruments de la diplomatie. « Combien est agréable une réponse opportune », dit Salomon dans ses proverbes, et il ajoute : « Comme des pommes d’or sur des ciselures d’argent, telle est une parole dite à propos. »

Le fait de louer à bon escient un membre de la famille témoigne de notre bon goût. Cela démontre que nous avons appris à reconnaître le mérite et à l’apprécier dans la famille. Les éloges ne doivent pas se limiter aux succès ; il faut aussi, à l’occasion, savoir applaudir les efforts. Sans doute la louange ne doit-elle jamais être outrée, mais il ne faut pas non plus s’abstenir de l’exprimer sous prétexte qu’elle est inappropriée ou insuffisante.

Il importe de veiller à ce que la jalousie ne nous empêche pas de louer ou de reconnaître le mérite. Envier les talents, les réussites ou la popularité d’autrui, c’est s’affliger de ne pas posséder ces qualités et se déprécier soi-même.

L’art du possible

La diplomatie n’est pas une panacée, mais elle permet d’arranger bien les choses. Elle aide à résoudre tous les problèmes, même les plus terrifiants. Réduite à sa forme la plus simple, elle devine les désirs des autres et s’efforce d’y donner satisfaction dans la mesure où ils paraissent raisonnables. Lorsque les deux parties en cause agissent de cette façon, elles finissent presque toujours par s’entendre.

Les moyens d’action de la diplomatie sont la négociation, la conciliation, la concession et la composition, et leur usage constitue ce qu’on appelle l’« Art du possible ». Il consiste à trouver, entre des désirs opposés, l’équilibre qui permettra de réaliser la satisfaction la plus complète.

Quelquefois les premiers efforts échouent, et il faut essayer de s’y prendre autrement. Le bon diplomate ne s’évertue pas à fendre les cheveux en quatre. Il fait intervenir une vue nouvelle ou se place à un point de vue différent. Pour donner au problème une surface où trouver prise, il en modifie la présentation.

On peut pratiquer la diplomatie dans la joie. Certaines personnes croient qu’il faut affecter une mine triste et morose pour réussir dans ce domaine. Au contraire, la diplomatie dans la famille peut être empreinte de gaieté et de charme. Le simple stratagème de recueillir des renseignements, des nouvelles et des traits d’humour piquants, que l’on utilisera au moment propice, est une source de plaisir et de contentement.

L’éducation du coeur

La diplomatie au foyer, c’est l’attention que l’on porte aux petites choses pour atténuer les accès de fièvre de la vie. Elle suppose l’ajustement constant de nos idées et de nos actes, de façon à nous permettre de faire face, avec calme et bon sens, à des situations en perpétuelle évolution.

La diplomatie ne consiste ni à faire des promesses ni à offrir des récompenses. Les enfants vivent à la pointe angoissante de l’existence. Nous devons veiller à ne pas leur présenter trop d’espoirs, trop de choix, trop de victoires sans efforts. Mais nous devons aussi nous garder de rebuter leur ambition d’exceller dans la vie, quelle que soit la voie qu’ils choisissent.

Nous nous appliquons à meubler et à former notre intelligence, mais la diplomatie nous oblige aussi à éduquer notre coeur. Il ne suffit pas, en effet, d’entretenir la flamme du foyer familial, il faut de temps en temps y ajouter une pincée d’encens. Cela suppose nécessairement l’accomplissement de certains actes de bienveillance gratuite, c’est-à-dire excluant tout espoir d’être payé de retour.

À notre époque où la voix du sang a perdu de sa force, il est plus nécessaire que jamais de promouvoir les liens de l’amitié au sein de la famille si nous voulons y vivre heureux, et la diplomatie compte parmi les meilleurs moyens de nouer des amitiés. Celui qui sait bien se servir de la diplomatie réussira non seulement à semer des bienfaits autour de lui, mais aussi à récolter des fleurs.