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Être jeune en 1969, ce n’est pas seulement jouir de beaucoup d’avantages et de commodités qu’ignoraient les générations antérieures, mais aussi supporter de nombreuses tribulations et affronter maints problèmes qui ne tracassaient pas nos pères. Les jeunes gens sont vraiment déconcertés devant les conflits et les faiblesses qui affligent notre société.

La jeunesse est naturellement impatiente. Elle s’irrite des lenteurs bureaucratiques qui interviennent entre le moment où elle presse le bouton et celui où ses questions reçoivent une réponse et ses demandes d’amélioration une suite quelconque.

Les jeunes brûlent du désir de faire rouler les roues et d’abattre du chemin. Être mécontent de l’état actuel des choses n’est pas un mal en soi. C’est un facteur qui a contribué dans une large mesure aux progrès de l’humanité à toutes les époques. Mais le mécontentement qui ne considère que les fardeaux à contester et non les bienfaits à utiliser ne peut être que malsain. Les uns et les autres font normalement partie de la vie. Les savants, les historiens et les philosophes s’accordent à dire que la vie sur notre planète a été et demeure encore un processus continuel et incessant de réadaptation.

Les jeunes d’aujourd’hui savent qu’ils parviennent à la maturité, du corps et de l’esprit, à un âge moins avancé que les générations qui les ont précédés, et c’est là un fait qu’ils tiennent à faire reconnaître. L’insistance avec laquelle ils exigent qu’on les écoute se fait jour dans tous les pays et, à l’intérieur de chaque pays, dans les universités, les écoles et les familles.

Au Canada, les jeunes gens ne sont pas, de façon générale, les personnages bouillonnants que nous représentent les bandes dessinées. Quand un groupe de jeunes bien équilibrés se rassemblent, leurs sujets de discussion sont souvent la justice, la stabilité économique, le progrès social, la paix, l’enseignement et le rôle que doit jouer l’État pour favoriser le bien-être des citoyens et aider les autres pays. Ils recherchent les moyens qui leur permettront de participer à la vie de la nation, de la province, de la municipalité, de l’église et de l’école. Ils veulent une justice tempérée par la clémence, une érudition mêlée de compréhension, une autorité empreinte d’humanité.

Si les jeunes font preuve d’idées originales et d’une appréciation intelligente des valeurs humaines, ce sont là des qualités qu’on ne saurait leur reprocher. S’ils montrent de la sympathie pour ceux qui sont exclus des bienfaits de l’abondance et pour ceux qui ne jouissent pas de la même liberté qu’eux, ils ne font que manifester leur adhésion aux principes moraux les plus élevés que nous enseignent toutes les grandes religions.

Il est légitime que les jeunes gens aspirent à rendre le monde à venir si attrayant que leurs aînés regretteront de ne pouvoir connaître cette terre promise.

La plupart d’entre eux savent cependant faire face aux exigences de la vie et à ses contraintes, même s’ils éprouvent un besoin pressant de saisir l’heure fugitive et de la charger d’expériences et d’aventures.

Pourtant, il n’y a rien à gagner à vivre uniquement le présent immédiat, à croire que ce qui vient d’arriver ou qui arrive est, pour cette seule raison, d’un intérêt irrésistible. Comme il serait lassant, et décevant aussi, de laisser nos vies dégénérer en un mélange disparate d’impulsions et d’adaptations à des séductions passagères.

En glorifiant notre époque de nous avoir donné des machines qui pensent, n’oublions pas le fait capital que les humains doivent maintenant penser davantage s’ils veulent conserver leur supériorité. Le but le plus noble de la société n’est certes pas de préparer une humanité digne des ordinateurs, et c’est là l’un des points centraux des protestations de la jeunesse. Voyant le monde qui les entoure céder à la fascination des mécanismes électroniques, elle craint de devenir elle aussi l’esclave de la machine. Les jeunes cherchent un sens plus profond à la vie et une culture plus satisfaisante. La société dans laquelle ils veulent vivre serait éminemment raffinée, composée d’hommes et de femmes se délectant dans les activités de l’esprit, épris de beauté et d’élégance, très sensibles aux charmes et aux joies de la vie. On veut des poètes et des philosophes en même temps que des ingénieurs.

Il ne faut pas en conclure que les jeunes considèrent l’invention avec mépris. Il n’y aurait ni salles de bains, ni automobiles, ni avions, ni protection contre la diphtérie et la polio si certains étudiants ne s’étaient pas initiés aux sciences pratiques. Le niveau de vie dont nous bénéficions aujourd’hui au Canada se fonde sur la recherche scientifique et industrielle ; mais notre culture et notre bonheur exigent le maintien de notre part d’un niveau convenable de valeurs et d’idéaux humains.

L’indépendance

Pour la plupart des jeunes gens, l’adolescence est d’abord et avant tout l’époque où il faut démontrer qu’ils ne sont plus des enfants, le moment où ils luttent pour se faire reconnaître en tant que personnes.

Les mots « liberté » et « droit » ont un sens très net pour les jeunes. Comme Pistolet dans Les Joyeuses Commères de Windsor, chacun d’eux pense avec orgueil : « Le monde sera pour moi une huître que j’ouvrirai à la pointe de mon épée. » Mais leur assurance diminue à mesure qu’ils constatent que même les adultes, qui passent pour être tellement libres, sont limités dans leur liberté par la loi, l’usage et la conscience. Heureusement pour l’espèce humaine, cette ambition ne meurt jamais tout à fait. Elle subsiste dans la volonté de ne pas se laisser paralyser par un conformisme stérile.

Pour connaître l’indépendance, les jeunes doivent prendre conscience d’eux-mêmes en profondeur, ce qui exige une réflexion lucide. Le mieux et le plus que chacun puisse faire est de mettre en pratique ce qu’il comprend, et la nature a fixé en cela un certain ordre de progression dont il est bon de ne pas s’écarter : celui de commencer par ce qui est le plus près, puis de s’acheminer pas à pas vers ce qui est le plus éloigné.

Rechercher ce qui est important

Avant d’adopter une ligne de conduite, examinez bien les circonstances. Lorsque vous êtes pressé d’agir dans un sens ou dans un autre, d’appuyer un parti ou l’autre, que votre réaction soit judicieuse ! Suivre les fantaisies de ses intérêts et de ses désirs mobiles et changeants, c’est se laisser aller à prendre les moyens pour des fins, ce qui s’appelle l’idolâtrie en religion, l’absurdité en logique et de la folie en matière de moralité.

Lorsqu’il s’agit de choisir une voie ou d’entreprendre une action, optez pour ce qui a de l’importance. Chaque jeune doit nécessairement se poser la question suivante, dans un dialogue avec lui-même : « Quelles sont les choses auxquelles j’attache de la valeur en fin de compte ? » Et il doit y répondre en ayant cette pensée présente à l’esprit : « Il me faudra passer toute ma vie avec moi-même, et c’est ce que je choisis maintenant qui décidera de mon bonheur futur. »

Pour guider notre réflexion, nous trouverons d’utiles conseils dans le passé. Lorsque quelqu’un cite Racine, Shakespeare, Socrate ou un autre grand personnage de l’histoire, cela ne veut pas dire qu’il tourne le dos à son temps. Cela signifie en fait qu’il tient compte de la sagesse du passé en tant que clef éventuelle des problèmes de notre siècle ou en tant que fil conducteur pour les résoudre.

En mettant à contribution l’expérience du passé, nous devons veiller à tirer le meilleur parti possible de notre propre expérience. Heureux l’étudiant qui saisit tôt les possibilités d’observation personnelle qui lui sont offertes, car c’est en méditant sur l’expérience et en l’assimilant que l’on trouve la sagesse.

La maturité

Être mécontent de ce qu’il y a autour de nous n’est pas un mal si cela nous pousse à rechercher des améliorations, mais le mécontentement le plus fructueux en fin de compte c’est le mécontentement de nous-même qui nous induit à nous perfectionner. La maturité suppose que nous sommes capables de voler de nos propres ailes, sans avoir honte, en notre for intérieur, de nos actes et de nos paroles.

Notre progression vers la maturité se mesure à la part accrue de responsabilité personnelle que nous acceptons et à la sagacité croissante dont nous témoignons dans nos décisions. Cette période d’évolution n’est pas un temps de plaisir insouciant, mais de développement et d’adaptation.

La maturité personnelle se révèle dans le fait que nos réactions d’aujourd’hui devant les événements ne sont pas les mêmes qu’elles étaient auparavant. Nous nous plions aux contraintes pour éviter qu’on nous en impose ; nous nous efforçons de penser avec clarté afin de ne pas avoir à courir après les fausses doctrines ; nous usons de réflexion pour démasquer l’absurdité ; nous comprenons que notre devoir social est de tolérer les franches opinions des autres tout en soutenant nos principes.

La maturité ne s’obtient pas en resquillant. Il faut y entrer de façon régulière, en s’appuyant sur la connaissance des réalités intérieures et extérieures. Comme le centurion de l’Évangile, l’homme qui veut y accéder doit savoir à la fois recevoir des ordres et en donner.

Les impasses

Celui qui recherche la maturité ne devra pas se laisser entraîner dans des voies sans issue. La pénétration d’esprit le protégera contre la vague illusion qui porte certains jeunes à se prendre pour des héros capables d’accomplir l’impossible. Lorsqu’un plan de conduite se révèle improfitable, il est sage et valeureux d’y renoncer.

Il n’y a aucun avantage personnel à simuler la maturité si on ne la possède pas. L’affectation côtoie toujours la vulgarité, et il est pour le moins ridicule d’afficher des sentiments et des convictions qui sont sans attrait pour notre intelligence.

D’autre part, aucun homme vraiment mûr ne saurait se contenter de s’asseoir au bord de la route et de regarder passer la caravane du monde. On ne peut demeurer simple observateur ; se borner à ne rien faire sauf critiquer. Comme l’écrivait un commissaire de la Gendarmerie royale du Canada : « Au spectateur indiscret du jeu de la vie, je dirai : « Si tu veux avoir ton mot à nous dire sur la façon dont il convient de conduire ce jeu, met des jetons au milieu de la table ou tais-toi. »

Quand un être humain se trouve dans une situation sans issue, il est tenté de chercher refuge dans la ressource suprême et désespérée de l’humanité ahurie : l’anarchie. Il ne se rend pas compte de l’inutilité de la transgression de la loi et du niveau de vie inférieur auquel il se condamne. Son aveuglement le poussera même à se considérer comme martyr d’une cause futile ou déraisonnable. Son voyoutisme jette du discrédit sur les protestations paisibles, légitimes et souvent courageuses qu’élèvent les jeunes gens sur de grandes et importantes questions.

La société est indulgente envers la jeunesse, mais il y a des bornes à la tolérance. Les jeunes ont raison de dénoncer l’imposture et l’hypocrisie, mais supposer que le désordre et le chaos ont de la valeur en soi, c’est supposer que nous ne sommes plus capables de raisonner ensemble pour rechercher la juste solution des problèmes.

Les valeurs de la vie

Il se dit beaucoup de choses sur la nécessité de défendre notre manière de vivre et d’en assurer la sécurité future, mais la première question que chacun doit se poser est celle-ci : « Est-ce que je tire le parti maximum de ce que m’offre la vie en ce moment ? » Après tout, l’humanité n’est pas arrivée à son état de supériorité actuel dans l’évolution des espèces sans découvrir certaines valeurs en cours de route. Les hommes sont devenus suffisamment conscients pour pouvoir discerner les qualités des choses.

Du stade où nous sommes parvenus aujourd’hui, nous pouvons nous élever encore vers la supériorité. Cette aspiration se retrouve dans toute création humaine, dans toute contribution à l’amélioration de l’existence. Nous réaliser avec succès aujourd’hui et être demain ce que nous sommes capables de devenir, voilà la véritable ambition.

Il n’est pas interdit de se montrer difficile dans la vie. Nous avons besoin de normes des valeurs pour connaître les faits et les fins qui ont un sens pour nous et pouvoir ainsi éviter de confondre les buts secondaires avec les valeurs essentielles.

En y mettant le soin nécessaire, nous réussirons à dissiper l’opposition qui existe entre ce que la foule réclame à grands cris et ce que nous considérons nous-mêmes comme précieux à nos propres yeux. Il nous sera possible d’éviter les conflits imaginaires et les faux affrontements qu’inventent les esprits astucieux pour parvenir à leurs fins.

Prenons comme exemple la prétendue opposition entre l’idéalisme et le réalisme avec laquelle certains tentent de nous mystifier, comme s’il était impossible de discerner clairement comment les choses devraient être et en même temps voir très bien comment elles sont en réalité. Chacun de nous a des opinions sur ce qui est vrai, ce qui est beau et ce qui est bon, et nous désirons tous ces qualités, mais cela ne nous empêche pas de voir et de regretter le mensonge, la laideur et le mal.

Rechercher la perfection

La plupart des jeunes se distinguent par l’ardeur de leurs désirs. Ils ne veulent pas d’une vie de réchauffé, si agréable soit-elle. Leurs pensées voguent au-delà de la réalité, et ils savent voir plus loin que le bout de leur nez. Cette attitude démontre qu’ils obéissent à la grande loi de la culture, selon laquelle chaque homme doit réaliser en lui toutes les possibilités dont il est riche par nature.

Songeons à l’exemple de Pablo Casals, ce jeune villageois qui devint un musicien de réputation mondiale. À quatre ans, il chantait le grégorien à l’église de sa paroisse ; à six ans, il étudiait le piano et l’orgue et écrivait de la musique ; à sept ans, il commençait à apprendre le violon ; à onze ans, il se mettait au violoncelle… et ainsi de suite, pas à pas, jusqu’à l’âge de 90 ans, où il dirigeait, il n’y a que quelques mois, l’exécution de trois grandes symphonies, dont les enregistrements font le charme de tous les musicophiles de l’univers.

Tout ce que l’on attend de nous – mais de nous en particulier – est que nous fassions le meilleur usage des choses qui sont en notre pouvoir. Dans une des pièces d’Ibsen, un vieillard ne possède qu’un talent, celui de faire des terrines à pâtés, et qu’une ambition, celle de faire une terrine vraiment bonne avant de mourir. Tout le monde n’a pas les doigts faits pour manier le tour du potier, ni un esprit tourné vers le domaine technique, ni l’oreille musicienne, ni l’oeil du peintre. Chacun doit rechercher le genre de profession ou de métier qu’il est apte à exercer dans la joie.

Au-delà du succès des connaissances et de la science acquise, il y a, comme le savait le faiseur du terrines, quelque chose de meilleur encore : c’est la perfection. On peut fort bien réussir aux yeux du monde sans atteindre à la Toison d’or de la perfection. Les jeunes gens en quête de la perfection voudront avoir leurs coudées franches, et non être immobilisés dans des groupements où leur conduite sera dictée par l’enthousiasme grégaire ou guidée par les sentiments et limitée par l’imprévoyance.

La société d’aujourd’hui encourage-t-elle la jeunesse à avoir de l’ambition et lui donne-t-elle la chance d’atteindre ce haut sommet ? Les jeunes ont l’impression que leurs possibilités de s’exprimer sur le plan des idées et du travail n’ont pas augmenté en proportion des progrès qu’ils ont accomplis dans leur esprit et dans leur corps.

Les chercheurs ont la conviction que le développement précoce de l’organisme des enfants s’accompagne d’un développement parallèle de leur intelligence. Certains affirment même que ce phénomène persiste dans les années subséquentes. Mais notre société ne s’est pas préparée à fournir à ceux qui possèdent ces nouvelles capacités la possibilité de les mettre en action, et c’est là un des points faibles que les jeunes demandent à la société de corriger.

La capacité à elle seule n’est certes pas un gage de succès infaillible. Accomplir ce qu’il faut faire accroît à coup sûr les chances de réussite, mais cela suppose la mise en pratique d’un mot de sept lettres qu’il n’y a aucune honte à utiliser : le mot « travail ». Le travail n’est pas seulement une nécessité économique et un devoir social ; c’est aussi un droit fondamental de l’homme et un moyen d’épanouissement personnel.

Le rôle des adultes

À notre époque, il n’appartient pas seulement aux moins de vingt ou trente ans d’être jeunes ; il faut que les personnes de tout âge aient l’air et l’esprit jeunes. La jeunesse d’esprit n’est plus une agréable perspective ; c’est une nécessité impérieuse.

La forme la plus commune de mésadaptation chez les adultes consiste à être trop rigides pour faire face de bon coeur aux nécessités de situations changeantes résultant du simple fait que chacun vieillit quotidiennement dans un monde qui se transforme de jour en jour.

Ce qu’il importe absolument de reconnaître, c’est qu’il s’est produit un profond et vaste changement d’attitude chez les jeunes gens. La pire erreur est d’y être indifférent.

Mais il ne faut pas pour autant être trop indulgent. Les adultes peuvent toujours contester la confiance naïve de certains jeunes dans leur théorie de la décentralisation du pouvoir de décision, signaler que l’excentricité des vêtements et l’impolitesse des manières ne sont pas des preuves d’indépendance, que s’emballer éperdument pour une cause lointaine, éphémère et sans importance n’est pas un signe de maturité.

Mais les adultes doivent admettre d’autre part qu’ils ont quelque peu négligé leur devoir de se maintenir à la page ; qu’ils n’ont pas réussi à prêcher d’exemple ; qu’ils ont fait preuve de faiblesse en contribuant à rendre la vie trop facile et la discipline trop lâche. Chaque groupe a des habitudes et des idées qui ont besoin d’être conciliées, et cette conciliation est possible par le dialogue.

La compréhension

Au Canada, les parents font un effort prodigieux, souvent au prix de grandes privations, pour envoyer leurs enfants à l’école et à l’université. Ce qui est déplorable, c’est qu’ils n’ont pas marché de pair avec l’enseignement qu’ils offrent à leurs enfants, – non pas en ce qui concerne le savoir technique, mais en ce qui concerne la connaissance des enfants, de leurs croyances, de leurs désirs et de leur évolution mentale.

Il est mal de ne pas tenir compte des besoins des jeunes de façon suivie, claire et objective. La vie n’est pas et ne doit pas être un nuage ouaté où les jeunes gens se prélassent. Il leur faut acquérir de la force de caractère et du courage s’ils veulent bien conduire leurs vies.

Si les parents abdiquent leur devoir d’enseigner ces qualités à leurs enfants, ils renoncent à leur droit à l’affection et au dévouement qui est le prix et la couronne de la paternité. Déçus de leurs parents et désorientés dans un monde auquel on ne les a pas préparés, les enfants flotteront à la dérive en esprit sinon en fait.

Parmi les cadeaux que l’on puisse faire à quelqu’un, il en est peu qui soient aussi précieux que la compréhension. Les adultes sont tenus de donner des réponses lumineuses aux questions que posent les jeunes gens, ou de dire franchement qu’ils ne savent pas, mais qu’ils se renseigneront. La patience alliée à la bienveillance s’impose. Les parents ont vu à maintes reprises les chevaux et autres animaux du manège, mais leurs enfants en sont à leur premier tour.

Il convient que les adultes aident les jeunes à exprimer leurs idées, si outrées qu’elles puissent paraître. En faisant participer la jeunesse au jeu au lieu de la faire asseoir dans les gradins, les adultes peuvent canaliser la critique dans le sens d’une fructueuse collaboration.

Quant aux jeunes, ils doivent, dans ce dialogue, se rappeler qu’il y a une manière de présenter ses vues – si révolutionnaires soient-elles – avec considération. Frapper du pied n’est pas le meilleur moyen de gagner les gens à une cause. On ne résout rien en étant régressif, en recommençant à réagir comme un enfant. Si vous voulez qu’on prête une oreille attentive à vos besoins, il faut montrer que vous êtes disposé à comprendre lorsqu’on met les points sur les « i ».

Bien jouer le jeu

Les animaux subissent passivement les lois de l’évolution, mais l’homme, grâce à sa noble faculté de penser, de juger et de prévoir, peut prendre en main le processus de son évolution et l’orienter vers des fins de nature à accroître son bonheur.

Si nous jetons un regard rétrospectif sur les cinq derniers millénaires, nous constaterons peut-être que, de notre point de vue, tout ce qui s’est produit n’a été que provisoire et préparatoire. On nous a passé le ballon, et le jeu doit continuer.

L’idée que la jeunesse veut se retirer du jeu est erronée. Ce que veulent surtout les jeunes gens, c’est la participation. Ils ne tiennent pas à jouer leur jeu à eux, mais à prendre part au grand jeu de la vie et avoir la responsabilité active des points, quel que soit le score inscrit au tableau. Ils demandent aux adultes de leur fournir les directives qui leur permettront de bien jouer le jeu.