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Chaque nouvel an, les hommes de tous les pays songent à ce qu’ils voudraient que leur apportent les douze prochains mois. Certains se contentent de former des souhaits, mais beaucoup prennent des résolutions en vue de régler leur vie quotidienne de façon à accroître leurs chances de bonheur.

Les désirs exprimés sont aussi différents que les cérémonies qui marquent le début de la nouvelle année sur les divers continents. La nature humaine est assujettie aux caprices des hommes, aux bonnes comme aux mauvaises influences, ainsi qu’à divers types de culture.

La réponse à la grande question : « Qu’attendez-vous de la vie ? » variera aussi avec l’âge. On n’est jamais trop vieux pour modifier son opinion sur ce qu’on attend de la vie et sur les moyens de l’obtenir.

L’utopie personnelle vers laquelle chacun dirige sa barque n’exige aucun passeport. Le billet, c’est vous qui l’établissez et l’itinéraire, c’est vous-même qui le fixez. Tout commence par une idée qui germe dans votre cerveau, et le désir qui en procède oriente vos décisions et votre action ; de lui dépendra la fermeté avec laquelle vous suivrez votre route.

Nos désirs de vivre heureux sont d’ordres divers : physique, social, spirituel et intérieur, et chacun comporte plusieurs aspects. L’un prisera la valeur morale du travail, un autre l’estimera en tant que moyen de combler ses désirs, un autre enfin le regardera comme une affliction et ne cherchera qu’à s’en libérer.

Chaque individu diffère de tous les autres par la nature et l’intensité relative de ses désirs. On peut dire, cependant, que tout homme souhaite exercer une activité mentale et physique satisfaisante, éprouver le sentiment d’avoir triomphé de quelque chose et avoir l’assurance de posséder une certaine importance.

Nécessité de l’utopie

Mus par le désir commun aux humains de tout âge d’améliorer leur condition de vie, beaucoup d’hommes et de femmes sensés ont conçu des projets qualifiés « d’utopiques ». L’utopie est, comme on sait, un pays imaginaire où tout citoyen vit dans des conditions idéales.

Anatole France dit dans un de ses livres que sans les utopistes des temps passés, les hommes vivraient encore dans les cavernes, misérables et nus … que l’utopie est le principe de tout progrès et la recherche d’un avenir meilleur.

De savants écrivains ont pensé que l’État idéal serait une création politique, d’autres ont mis leur espoir dans la religion, d’autres ont cru à l’éducation pour réaliser ce miracle, d’autres enfin ont fait appel au travail, à la liberté ou à la coopération.

Ces utopies représentent des conceptions de la vie heureuse telle qu’on se la figurait dans le temps. De nos jours, l’utopie, considérée comme programme de perfectionnement, est aussi essentielle au progrès de la vie personnelle et nationale que le sont les plans bleus pour la construction d’une maison.

Qu’entend-on par « besoins » ?

De nos jours, les utopistes disposent d’un large éventail de formules. Ils écrivent, prononcent des discours et manifestent pour appuyer des besoins particuliers tels que la paix, l’égalité, la sécurité, l’éducation, le bien-être social et des salaires plus élevés. Si quelqu’un pouvait nous assurer que le changement qu’ils recommandent serait aussi satisfaisant qu’ils l’affirment, leurs conclusions seraient merveilleuses. La vérité, c’est que l’utopie exigera un peu d’une foule de bonnes choses.

L’utopie suppose la satisfaction des besoins, mais les besoins de l’homme sont inassouvissables. Sitôt comblé un besoin en fait naître un ou plusieurs autres ; c’est là ce qui distingue l’homme des autres animaux.

Les besoins pratiques peuvent à leur tour se subdiviser ainsi : la sécurité économique, l’élévation du niveau de vie, l’enrichissement culturel, le repos physique et l’éducation nécessaire pour vivre de façon intéressante. Ces dernières années, un besoin qu’on ne ressentait pas autrefois est apparu : celui qui a trait à l’emploi des loisirs.

Les besoins ne sont pas toujours simples ; ils peuvent même être assez complexes chez une même personne. Prenons par exemple un agent immobilier, père de plusieurs enfants, président du comité du terrain de jeu de sa banlieue et membre d’une société de conservation. Lorsqu’il s’agit d’évaluer un immeuble aux fins de vente ou d’usage, il doit tenir compte de quatre besoins, contraires dans certains cas.

Certaines personnes diront peut-être que tout ce qu’elles demandent c’est la paix, surtout de la part des autorités et des percepteurs d’impôts. Mais la plupart de ceux qui brûlent de vivre en solitaire à la Robinson Crusoe, veulent être des Robinson modernes, entourés de livres et pourvus d’un téléviseur, d’un phonographe jouant des disques choisis et d’un magnétophone qui immortalisera leurs soliloques.

Concurrence des besoins et des nécessités

Il semble qu’il soit naturel à l’homme de vouloir, dès qu’il a subvenu à ses nécessités personnelles, se créer des besoins pour ne pas mourir d’ennui. Il ne lui suffit pas de demeurer en vie. Tout homme tient instinctivement à survivre, mais il a aussi des vues sur la manière dont il entend vivre.

Les idées qu’ont les gens sur les biens matériels qui contribueraient à leur bonheur ne sont plus accessoires à la vie ; elles sont devenues une force dominante de l’activité humaine. Plusieurs de ces biens revêtent même un caractère rituel ; ce sont des symboles de niveau social plutôt que des choses utiles. Les meubles dernier cri, le téléviseur, la machine à laver, le réfrigérateur, l’automobile et les moquettes ne sont pas recherchés simplement pour le confort qu’ils procurent, mais bien parce qu’ils nous permettent de porter la tête haute dans la société.

Chez des gens, par ailleurs intelligents, la seule cause commune d’angoisse est la passion d’occuper le premier rang, d’être le meilleur compteur de l’équipe, de l’emporter sur ses voisins par l’acquisition de quelque truc nouveau ou d’une oeuvre d’art. Ces personnes passent à côté du bonheur faute de savoir se contenter de se perfectionner elles-mêmes. Elles sont entièrement obsédées par les vétilles du standing.

Pendant l’enfance, la vie apparaît comme une espèce de plénitude. Les enfants acceptent leur milieu et en tirent le meilleur parti. Beaucoup d’adultes seraient certes plus heureux en menant une vie simple qu’en s’entourant de tout ce que leur offre la publicité quotidienne des journaux et des émissions télévisées.

Il y a des gens qui sont à la fois riches parce qu’ils savent se contenter de peu et pauvres parce qu’ils possèdent peu. Pourtant ils sont heureux parce qu’ils ne sont pas esclaves des circonstances, mais qu’ils règlent leur vie de telle sorte que les circonstances concourent à leur bonheur.

Il serait réconfortant de dresser une liste de ce dont nous n’avons pas besoin, dont la possession ne nous serait d’aucune utilité ou nous empêcherait de satisfaire nos vrais besoins. En observant les ventes à l’enchère, Socrate disait souvent : « Que de choses dont je n’ai pas besoin ! » Lorsque Alexandre le Grand, roi de Macédoine, se rendit en visite chez le philosophe grec Diogène, il lui demanda s’il voulait quelque faveur. « Oui, répondit Diogène, que tu t’ôtes de mon soleil. »

Le niveau de vie

À mesure que s’élève notre niveau de vie, les besoins se font de plus en plus nombreux. En effet, les gens cherchent à hausser leur niveau de vie pour réaliser l’idéal qu’ils se sont fixé.

Un bon niveau de vie n’est pas une question de rang social, de fortune et de confort, mais c’est un guide qui nous conduit vers le bonheur que procure le choix judicieux que nous faisons parmi les biens et les services offerts, compte tenu du temps, de l’énergie, de l’intérêt et de l’argent dont nous disposons.

Les peuples de la terre se distinguent par une différence marquée de niveau de vie. Un lopin de terre dont la possession apporterait l’opulence à une famille chinoise, le confort à une famille de l’un des nouveaux États africains, pourrait se révéler nettement insuffisant pour une famille canadienne.

Pour mener une vie enrichissante, pleine et féconde, il faut choisir et équilibrer notre avoir et nos activités. Nous devons attribuer une valeur aux choses et aux oeuvres.

En tout homme, le sens des valeurs se fonde sur l’expérience de la vie. C’est ce qui nous incite à modifier notre appréciation des choses à mesure que nous avançons en âge. Vient un temps où les babioles de l’adolescence n’ont plus d’attrait pour nous. Où les tempêtes de la jeunesse commencent à se calmer. Chaque année, des changements s’opèrent autour de nous qui nous forcent à remanier nos idées des valeurs. « La valeur d’une chose, dit Karl Marx dans Le Capital, consiste uniquement dans son rapport avec nos besoins. »

Recherche d’une vie heureuse

Tout le monde désire avoir une vie heureuse, adaptée à ses goûts personnels. Personne ne veut mener une vie fade et insipide.

S’il vous arrive de réunir une douzaine d’hommes et de femmes, mettons pour une soirée, afin de faire la lecture d’un beau livre, demandez-leur : « Quelle est votre conception d’une vie heureuse ? » Ces amis auront lu les meilleures oeuvres des grands auteurs parmi les philosophes, les chefs religieux, les savants et les hommes politiques. Ils connaissent le mode de raisonnement qui permet d’évaluer les éléments de cette notion, mais il y aura tout de même douze interprétations différentes de ce qui fait la vie heureuse.

Arthur E. Morgan met le doigt sur la grave erreur que commettent bien des gens sérieux lorsqu’ils cherchent à améliorer leur vie ou la conduite de la société. « Un des défauts les plus communs des utopistes, dit-il dans « Nowhere was Somewhere », est de choisir habituellement certains éléments d’une bonne société pour les amplifier et y concentrer l’attention tout en négligeant d’autres valeurs non moins importantes. » On voudrait qu’un seul bon élément représente tout ce qui est bon.

Quel que soit leur degré personnel de bonheur, bien peu d’hommes ou de femmes désirent passer pour des quantités négligeables dans la vie. Ils ne convoitent ni la fortune ni le plaisir comme tel, mais plutôt l’occasion de déployer une riche activité. La pire chose qui puisse arriver à quelqu’un au cours de l’année qui va bientôt commencer, c’est de ne pas réussir à trouver la satisfaction d’avoir fait quelque chose pour accroître l’épanouissement de sa personnalité.

Les gens désirent exprimer leur personnalité de façon normale, par exemple par l’accomplissement d’une oeuvre, l’exercice d’une activité, etc. Le professeur Odum écrit : « Parvenir au sommet de la personnalité, du caractère, de l’adaptation, de la réalisation de soi, de la perfection, voilà l’idéal suprême de l’espèce. »

Ce qu’il faut apprécier davantage

La recherche du bonheur par la réalisation de soi-même exige trois qualités : l’esprit intellectuel, le sens social et la soif de la culture.

Nous ne devons pas épuiser nos méninges à vouloir suivre les progrès fulgurants de la technique ; mais il ne convient pas non plus que nous restions ignorants des réalités importantes de notre époque. Nous serions alors comme cet homme de science qui avait collaboré étroitement à la fabrication de la bombe atomique et qui, pendant la première explosion nucléaire, récitait des poésies mystiques hindoues.

Il est raisonnable de vouloir à la fois jouir des bienfaits de la technique et satisfaire ses aspirations intellectuelles. Notre époque, si désordonnée semble-t-elle, peut produire des personnalités riches et équilibrées qui, comme l’écrit Walter Pater dans « The Renaissance », susciteront peut être par leur vie : « Un mouvement susceptible d’accroître l’amour des choses de l’intelligence et de l’imagination pour elles-mêmes, le désir de rechercher une manière plus libérale et plus digne de concevoir la vie. »

L’intelligence pratique n’exclut pas forcément le culte des belles lettres. Tout en développant notre curiosité intellectuelle pour quantité de sujets, il nous faut partager notre vie quotidienne avec nos semblables. Les besoins humains comportent des objectifs sociaux.

Les grands moralistes s’accordent à dire que quiconque concourt à embellir la vie d’autrui satisfait en lui-même des besoins essentiels. Les cinq livres de l’Ancien Testament appelés le Pentateuque enseignent le bon comportement entre humains et offrent un code de vie sociale presque utopique.

La coopération aux activités sociales, aux groupes de travail, etc. vise essentiellement à satisfaire des besoins collectifs. La participation aux institutions sociales sur le plan religieux, culturel et éducatif, la vie en bonne harmonie où se manifeste la bienséance de la civilisation, les adaptations nécessaires et les améliorations éventuelles, tout cela nous fait constater que la société est sensible à nos besoins sociaux.

La culture intéresse l’homme tout entier. Sans la littérature, l’art et la musique, notre vie humaine serait dénuée d’attraits intenses, profonds et indispensables. Être cultivé ce n’est pas se comporter comme les professeurs d’anglais dont parle H. L. Wilson dans son livre Of Lunar Kingdoms. Leur amour pour Shakespeare les portait à examiner le grand poète au scalpel et avec les instruments scientifiques les plus perfectionnés au lieu de jouir de ses pièces de théâtre et de ses poèmes pour leur charme propre, d’apprécier l’art du maître qui les avait composés et d’admirer le maniement des mots dont l’excellence reste sans égale et qui a fait de Shakespeare l’auteur le plus cité.

L’ambition est nécessaire

Être ambitieux signifie se fixer un but et rechercher les moyens de l’atteindre. Une aspiration nébuleuse ne saurait nous mener bien loin dans la nouvelle année. Hendrik van Loon écrit dans l’introduction d’une de ses oeuvres : « La direction choisie importe peu pourvu que nous poursuivions de façon consciente un but défini. »

Si on voulait décrire en un court paragraphe l’objectif que doit viser quiconque désire mener une vie heureuse, on pourrait dire : vivre selon la nature pour posséder une bonne santé ; connaître ses qualités pour les perfectionner et ses défauts pour les corriger ; rechercher la tâche qu’on accomplit le mieux pour ensuite y donner son plein rendement ; se tracer un idéal moral, sans quoi la vie manque d’attrait et les avantages matériels ne sont que cendre et poussière.

On ne doit pas se laisser guider par une ambition inconsidérée. L’objectif pourra être modeste, mais désiré avec ardeur ; il devra rester dans le domaine de nos possibilités. De tous les obstacles que nous nous érigeons, le plus difficile à franchir est notre résistance au perfectionnement. Notre intelligence nous incite à faire davantage, mais notre inertie nous en empêche.

Pour remédier à cet état de choses, il faudra profiter de toute idée nous suggérant une nouvelle ligne de conduite et l’enfouir dans notre esprit comme une semence. Ces semis réclament beaucoup de soins : il importe de les arroser avec sollicitude et, lorsqu’une tige apparaîtra, de la stimuler de notre enthousiasme.

Les résolutions

En atteignant l’âge mûr, nous aurons acquis une grande réserve de connaissances et de compréhension qui, à la moindre incision, bourgeonneront et fleuriront tout comme le bâton de la légende de Tannhäuser.

Si, au cours de l’année écoulée, nous avons laissé notre esprit monter en graine, un émondage s’impose, et nous devrons prendre la résolution de nous ressaisir et de revenir aux bonnes méthodes de jardinage.

Les résolutions faibles et hésitantes ne sont pas de nature à nous rapprocher tant soit peu de l’objet de nos désirs. Notre imagination devrait être l’énergie transformatrice qui nous permet d’embellir la conception et l’éclat de notre vie.

Utiliser son imagination, ce n’est pas se créer des lubies ou concevoir des opinions bizarres ; c’est songer à une meilleure situation et scruter notre milieu pour y découvrir les moyens pratiques d’obtenir ce que nous désirons.

Le sérieux s’impose. Édulcorer une bonne résolution est plus préjudiciable à sa mise à exécution que le ridicule ou les obstacles. En nous permettant de temps en temps de petites dérogations, nous affaiblissons nos désirs de perfection.

Notre instinct ne constitue pas un guide sûr quand il s’agit de répartir nos besoins par ordre d’importance. Les impulsions primitives finissent toutes par s’émousser. Avec le temps, le rôle de nos instincts a évolué. Si nous en avons moins besoin aujourd’hui pour assurer notre conservation physique, il semble qu’ils nous soient plus nécessaires pour assurer notre protection sociale.

Les besoins primitifs doivent s’adapter au nouveau milieu où nous tentons de les satisfaire, car le monde se transforme sensiblement. L’intelligence doit présider à toute évolution ou à tout changement qui s’impose. Elle se révèle chez l’homme par l’une des réactions suivantes : s’il n’est pas en harmonie avec son milieu, il s’y adapte, le modifie ou en sort.

Point n’est besoin de changements considérables et soudains. Il suffit d’introduire peu à peu des éléments nouveaux et utiles dans notre vie pour atteindre le but désiré. Il est même préférable de ne rien brusquer. Des circonstances inattendues nous obligent parfois à emprunter une route secondaire lorsque nous apercevons le signe « déviation ».

Nécessité d’une planification

L’effort non planifié retarde le succès. L’homme ballotté au gré des événements s’en va à la dérive.

Lorsqu’un architecte conçoit les plans d’un vaste édifice comme le siège social de la Banque Royale à la Place Ville-Marie, il crée quelque chose qui ne ressemble exactement à rien d’autre. Dès le départ, son plan devra être bien au point, car il ne peut pas se reprendre. Il tient compte de l’expérience acquise en construction, des principes d’architecture et de construction et des tensions auxquelles l’édifice sera soumis. Il en est ainsi des plans d’avenir d’un individu.

Si vous voulez obtenir ce que vous attendez de la vie, ne perdez pas votre temps en vaines discussions, mais mettez-vous à l’oeuvre. John Dewey, le philosophe du Vermont, affirme : « L’inaction est le plus grand malheur de l’homme en bonne santé. »

La veille du jour de l’an, il est relativement facile d’imaginer les choses selon nos désirs, mais le lendemain il faudra nous atteler à la tâche pour réaliser nos rêves.

Les résolutions originales sont le plus souvent inutiles ; il s’agit simplement de commencer par utiliser ce que nous avons pour faire notre bonheur. Notre analyse nous aura démontré que beaucoup de nos préoccupations n’ont pas de réelle importance et ressemblent à un mur lézardé ou à la peinture écaillée qui n’exigerait qu’un petit effort de notre part.

Nos projets pour un avenir meilleur nécessitent tous la coopération des membres de la famille. En effet, un effort isolé court le risque de rencontrer l’indifférence obstinée des autres membres de cette famille. Il serait à souhaiter qu’il existe une entente affectueuse, une aide réciproque et un but commun à poursuivre.

Une utopie canadienne

Platon, contrairement à d’autres utopistes, n’imagine pas sa république idéale sur une île mythique. Il la situe dans sa patrie et la revêt des caractéristiques économiques et sociales de ce milieu. L’avenir des Canadiens est au Canada. C’est ici qu’ils vont poursuivre leur bonheur et donner leur mesure.

Représentons-nous par la pensée les conditions idéales dans lesquelles nous aimerions vivre sur le plan politique, social, technique et essayons de réaliser au moins en partie ces conditions. Dans notre pays, chacun est libre de satisfaire ses désirs comme il l’entend ; il a aussi la liberté de façonner à sa guise le milieu favorable à ses desseins.

En tant qu’individus, les gens ont des idées différentes concernant l’objet de leurs désirs. Pourtant, il existe des idées communes qui pourraient profiter à tout le monde. Le dicton « mêlez-vous de vos affaires » est valable lorsqu’il nous empêche de nous occuper de ce qui ne nous regarde pas, tels les actes des personnes qui, dans leur propre domaine, gèrent des affaires qui ne concernent qu’elles. Mais le gouvernement du pays est l’affaire de tous les citoyens, et tous doivent y participer selon leurs talents.

La tâche n’est pas terminée

Maintenant que nous avons jalonné notre concession dans la vie, il nous incombe d’y édifier quelque chose qui nous donne le sentiment d’avoir atteint la plus grande somme de bonheur possible.

Notre époque ne marque pas l’apogée de la vie heureuse pour l’espèce humaine. Les problèmes sont trop nombreux, les connaissances trop fragmentaires, les conflits trop passionnés. Mais le dernier mot n’est pas encore dit. Il reste possible de trouver des idées nouvelles et d’apporter des améliorations aux anciennes. Cependant, tous, hommes et femmes, nous devons rechercher ces idées et ces améliorations et les utiliser. Personne ne viendra nous présenter l’objet de nos désirs sur un plateau.

Nous satisferons d’autant mieux nos aspirations légitimes que notre pensée sera judicieuse et nos plans bien conçus, et que nous nous appliquerons à atteindre notre plus grand épanouissement, tout en sachant affronter les difficultés et profiter de toutes les occasions qui s’offrent dans notre milieu.