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Il y a 28,000 aveugles – hommes, femmes et enfants – au Canada. Leur cécité est due à des causes diverses : blessures de guerre, accidents, maladie. Chaque année, plus de 1,700 Canadiens de tout âge perdent la vue.

Devenir aveugle c’est assister à l’écroulement de tout son univers connu, et ceux qui s’appliquent à en construire un autre en rapport avec leur infirmité ont droit à notre admiration.

Il est difficile, même aux voyants, de s’adapter aux conditions de vie modernes. Ajoutons à cette difficulté la privation de la vue, la limitation des moyens de communication avec ses semblables, l’impossibilité de gagner sa vie de façon ordinaire, et nous aurons une idée du pénible fardeau sous lequel ploient les aveugles.

L’époque n’est pas encore tellement loin où l’on croyait que l’aveugle ne pouvait vivre qu’au foyer, entouré des soins de sa famille, ou dans une institution, privé dans ses ténèbres du réconfort des contacts avec le monde et condamné à l’inactivité.

Aujourd’hui, les aveugles manifestent le désir et la capacité de surmonter leur infirmité dans beaucoup de domaines considérés jusqu’ici comme hors de leur portée. Ils semblent avoir pour devise : « Je ne mérite l’échec que si je suis prêt à l’accepter. »

Le président-directeur général de la Banque Royale disait, il y a quelques années, dans une allocution qu’il prononçait à titre de président d’honneur de la Division du Québec de l’Institut national canadien pour les aveugles : « On ne saurait trop insister sur le grand malheur qu’est la cécité. Les aveugles ont besoin non seulement de sympathie, mais de possibilités de s’affirmer comme membres indépendants et utiles de la société. Et qui va leur offrir ces possibilités sinon ceux d’entre nous qui jouissent du souverain bienfait de la vue, dont ils sont privés ? J’ai de l’admiration et du respect pour les personnes qui, malgré leur cécité, savent apprécier la vie avec l’aide de l’Institut national canadien pour les aveugles. »

L’Institut des aveugles

L’Institut national canadien pour les aveugles (INCA) a été constitué en 1918, sous le régime de la loi sur les compagnies, en tant qu’organisme philanthropique sans but lucratif destiné à coopérer à la réadaptation sociale et économique des aveugles et à contribuer à la prévention de la cécité.

Grâce aux ressources financières qui lui proviennent de la générosité des citoyens soucieux du bien public, des collectes annuelles et des subventions gouvernementales, I’INCA offre ses services aux Canadiens aveugles de tout âge et de toute condition. Il consacre ses efforts à rendre la vie plus heureuse et plus facile aux non-voyants, ainsi qu’à faire renaître chez eux la confiance et l’indépendance.

Son action s’exerce sur quatre plans à la fois : la prévention, les traitements, l’adaptation et l’éducation.

La prévention consiste, entre autres choses, à renseigner le public dans le but d’éviter et de combattre les causes qui provoquent la perte de la vue.

Les traitements comprennent à la fois les conseils et l’aide matérielle qui est fournie à ceux dont la vue est menacée.

L’adaptation a pour objet d’aider ceux qui ont perdu les yeux à s’habituer sans trop en souffrir à leur nouvel univers sans lumière.

L’éducation comprend les services d’enseignement destinés à permettre aux aveugles de conserver leurs qualités essentielles d’êtres humains en les préparant à occuper des emplois honorables, agréables et capables de suffire à leurs besoins.

Le but que vise l’Institut est la réadaptation complète des aveugles. Il leur apporte ce que désigne le plus grand mot du vocabulaire d’une personne diminuée : un foyer.

Les services de l’INCA

Même si le bébé aveugle est encore au berceau, le Service des enfants de l’INCA est prêt à offrir son aide et ses conseils aux parents.

Les parents des enfants aveugles d’âge préscolaire reçoivent des directives sur la formation et les soins particuliers qui sont nécessaires pour assurer leur développement normal, et l’Institut collabore avec les écoles pour aveugles et avec les parents à l’élaboration des programmes d’éducation des jeunes aveugles.

Des cours spéciaux d’adaptation sont prévus pour les adultes qui viennent de perdre la vue. Ils ont la possibilité de faire un séjour de plusieurs semaines dans un centre de l’INCA, où l’on fait en sorte qu’ils analysent leurs sentiments à l’égard de la cécité et qu’ils apprennent à les maîtriser. On les aide à se fixer des buts réalistes, à s’adapter à leur famille, à leur foyer, à leur entourage et à leur collectivité.

Les aveugles âgés et sans foyer peuvent être hébergés dans l’une des résidences modernes que possède l’Institut dans vingt et une villes. Sans être des « foyers » au sens institutionnel du mot, ces résidences sont conçues pour les aveugles actifs du troisième âge qui y trouvent un gîte confortable et à prix modique. Les personnes qui y séjournent bénéficient d’une aide organisée, mais on les encourage à prendre eux-mêmes leur vie en mains.

Grâce à une entente avec deux organismes des États-Unis, l’Institut offre à tous les aveugles du Canada qui remplissent les conditions voulues la possibilité d’avoir un chien-guide gratuitement et de suivre, à cette fin, un cours de formation spéciale d’une durée d’un mois.

L’Institut vient aussi en aide aux autres pays. L’O.N.U. a fait appel, à titre consultatif, aux spécialistes de l’INCA et a eu recours à la collaboration de certains membres de son personnel pour organiser des services de rééducation. Le directeur administratif de l’Institut, Arthur N. Magill, a passé deux ans au Caire, où il a mis sur pied un centre pour les aveugles, qui a servi d’organisme-pilote pour le Moyen-Orient.

Tous les services de l’INCA exigent des connaissances techniques et des qualités administratives de premier ordre, mais ils supposent surtout, ce qui leur donne un sens et fait leur dynamisme, la compréhension et la sympathie des membres du personnel de l’Institut. Leur expérience de la cécité, leur respect de la dignité de l’individu, leur attachement aux meilleurs principes d’assistance et de réadaptation sont à la base du programme d’action de l’Institut et constituent le secret de sa réussite.

Le succès de l’oeuvre qu’accomplit l’INCA est attribuable en grande partie aux efforts actifs et dévoués de ses administrateurs régionaux qui, eux-mêmes privés de la vue, n’hésitent pas à se rendre partout où il y a un aveugle à secourir.

La rééducation est inscrite au programme de l’Institut depuis son origine. Elle est confiée à des moniteurs aveugles. Ceux-ci encouragent et aident, en les dirigeant avec patience et bienveillance, les personnes nouvellement frappées de cécité à supporter la troublante transition entre un monde centré sur la vision et la vie de l’ouïe et du toucher. Ils les initient à la lecture et l’écriture de l’alphabet Braille, aux métiers d’artisanat, comme le tricotage, la confection des tapis, le travail du cuir, ainsi qu’à certaines activités relatives à la conduite d’une maison.

Éducation et emploi

Il existe des écoles pour aveugles à Brantford, à Halifax, à Vancouver et à Montréal, qui en compte trois. Plus de 250 étudiants aveugles sont inscrits dans les diverses universités du Canada.

L’introduction de l’électronique dans le commerce, les sciences et l’enseignement devait donner naissance, en 1965, à un cours-pilote de programmation sur ordinateur à l’intention des jeunes aveugles. Sous le patronage commun de l’Université du Manitoba, des gouvernements provinciaux et de l’INCA, des opérateurs aveugles apprennent le métier de programmeur qu’ils iront ensuite exercer dans les firmes et les établissements utilisant les techniques de l’informatique.

C’est à l’INCA que revient le mérite d’avoir créé le premier centre d’enseignement entièrement consacré à la formation des aveugles : le Centre national Arthur V. Weir, à Toronto. Ce centre préparera des aveugles de toutes les provinces à l’exercice de carrières profitables dans une société de plus en plus complexe.

Le programme d’études de ce centre offre plus de cent cours à domicile aux aveugles.

Pendant des années, le grand public a associé la cécité à l’incapacité de travailler. L’emploi des handicapés était pour ainsi dire inexistant, et les vendeurs de crayons au coin des rues étaient nombreux parmi les anciens combattants aveugles.

Il en fut ainsi jusqu’au moment où l’Association d’Ottawa pour les aveugles commença à offrir aux adultes aveugles des cours d’apprentissage et du travail dans une fabrique de balais. En 1918, l’INCA prenait la tâche en main. Dès 1920, on comptait 138 travailleurs dans les ateliers du service des hommes et 45 travailleuses chez les femmes, celles-ci étant occupées à la confection de paniers de jonc, à la couture à la machine, au tricotage mécanique et au tissage sur métier.

En 1928, un petit comptoir casse-croûte, tenu par un aveugle, était ouvert dans une usine de Welland, en Ontario. L’année suivante, le comptoir de tabac devenait une autre source d’emploi. Et bientôt les comptoirs casse-croûte et de tabac se multiplièrent dans les établissements industriels et les immeubles du gouvernement.

Aujourd’hui, l’INCA compte parmi les principaux fournisseurs de main-d’oeuvre industrielle au Canada. Des aveugles ou des personnes partiellement voyantes, travaillant comme administrateurs, caissiers, conducteurs de machine à laver la vaisselle, réceptionnaires et manutentionnaires, apportent leur concours à l’industrie, à l’État et aux universités à travers le Canada.

Les aveugles accèdent aujourd’hui à de nombreux métiers spécialisés. Le service de placement de l’INCA, dont le personnel se compose de spécialistes aveugles, visite les établissements et met au point de nouvelles sortes d’emplois pour les candidats aveugles. Plus de 2,000 Canadiens non voyants occupent des postes à plein temps dans l’industrie, les carrières libérales, le service d’alimentation de l’Institut et les bureaux de direction.

Aux yeux de certains, ce nombre peut paraître bien modeste, surtout si on le compare à la population totale des aveugles au Canada, mais il s’explique du fait de la répartition par tranches d’âge des aveugles. Quelque 46 % d’entre eux ont perdu la vue après 65 ans ; 1,800 sont des jeunes de moins de 20 ans qui fréquentent encore l’école ; 7,500 sont des femmes ayant des obligations ménagères.

Les auxiliaires matériels

Les recherches sur les auxiliaires sensoriels ont fait de grands progrès depuis 1629, date où Charles 1er d’Angleterre octroya une charte à la Guilde des lunettiers, et depuis 1760, année où Benjamin Franklin, de Philadelphie, inventa les lunettes bifocales.

Plusieurs appareils destinés à transformer les caractères imprimés en signes sonores sont en cours de mise au point à l’heure actuelle, afin de permettre aux aveugles de lire par l’ouïe. Le Lexiphone, fabriqué grâce à une importante aide financière de l’INCA, par le Dr Michael Beddoes, de l’Université de la C.-B., est un instrument conçu pour transformer en sons la page d’écriture ordinaire. Les mots écrits de la page passent devant un analyseur, les diverses formes des lettres produisant des phrases musicales que le lecteur aveugle doit apprendre à interpréter. On s’applique maintenant à réduire la machine de 42 livres à des dimensions plus pratiques.

L’inconvénient de ne pouvoir lire l’imprimé normal a donné lieu à l’invention d’un certain nombre de moyens, dont les plus courants sont le Braille, le livre parlé et les enregistrements sur bande.

Le livre parlé est utilisé depuis 1935, et, aujourd’hui, la bibliothèque nationale de l’INCA compte 10,000 livres sur bandes (1,800 titres) et 25,000 disques (900 titres). Il existe dix revues en Braille, dont deux en français. Tous les jours, plus de trois tonnes de livres en relief ou enregistrés sont expédiés par la poste au Canada.

Avec la collaboration du Comité consultatif national de la musique, la section de la musique de l’INCA a rendu une multitude de services aux musiciens aveugles. Le catalogue de musique en Braille en huit volumes de l’Institut renferme 15,000 titres, dont la variété s’étend depuis Bach jusqu’au blues. De nombreux aveugles ont connu le succès comme maîtres de chapelle, organistes, professeurs de musique, concertistes, amuseurs de boîte de nuit, artistes de télévision et accordeurs de pianos.

« Qu’est-ce au juste que le Braille ? » demanderont peut-être certains. En 1829, un jeune Français, Louis Braille, aveugle lui-même depuis l’âge de 5 ans, imaginait un alphabet dans lequel les caractères sont formés au moyen de combinaisons de points saillants sur le papier. Les signes de cet alphabet sont purement arbitraires et n’ont pas la forme de lettres. Ils se composent de six points groupés en rectangle de 3 points de haut sur 2 de large. Il existe 62 combinaisons possibles de ces six points.

Louis Braille, dont la plaque commémorative porte ces mots : « Il a ouvert les portes du savoir à tous ceux qui ne voient pas », est inhumé au Panthéon, à côté des autres hommes illustres de la France.

Le Braille a été adapté à toutes les langues et dialectes, même au chinois. Le Bulletin mensuel de la Banque Royale est publié en Braille, en langue anglaise et en langue française, et il est diffusé par les soins de l’INCA à 825 aveugles.

Le Conseil canadien des aveugles est une association de cercles d’aveugles dont l’inauguration date de 1944 ; il compte maintenant 80 cercles et 4,500 membres.

Travaillant de concert avec l’INCA, ce conseil a les objectifs suivants : favoriser le bien-être des aveugles en leur assurant une éducation supérieure, des emplois profitables et des contacts sociaux ; créer des liens plus étroits entre les aveugles et leurs amis voyants ; encourager l’adoption de mesures pour la conservation de la vue et la prévention de la cécité.

La Semaine bien connue de la canne blanche, patronnée par le Conseil et l’INCA, vise à renseigner les voyants sur les possibilités et les limites des aveugles.

Des carrières remarquables

Les aveugles font souvent preuve de qualités d’esprit sans commune mesure avec celles des clairvoyants, notamment en ce qui concerne l’imagination visuelle et la fidélité de la mémoire.

L’aveugle doit livrer une longue lutte pour se soustraire au découragement de la cécité définitive, mais beaucoup, sinon la plupart, de ceux qui en sont frappés remontent la pente, et certains même avec gaieté de coeur. Devenu aveugle, à 44 ans, John Milton, dont l’ouvrage en prose le plus célèbre, Aeropatica, est un vigoureux plaidoyer en faveur de la liberté de presse, dicta son poème immortel à sa fille. « Sois assurée, lui disait-il, que je n’éprouve ni regret ni honte de mon sort. »

Le cas de Helen Keller a soulevé l’admiration et l’émerveillement de toute l’humanité. La société ne s’attend pas à voir ceux qui perdent la vue et l’ouïe avant l’âge de deux ans surmonter leurs difficultés de façon aussi remarquable. À sept ans, Helen Keller n’avait encore jamais rien appris. Mais elle parvint en quelques mois à connaître certains mots grâce à l’alphabet tactile, puis elle apprit à parler. Elle se signala par sa prodigieuse intelligence et écrivit quelques livres.

Au Canada, l’exemple du lieutenant-colonel Edwin A. Baker mérite d’être cité : blessé au combat, en Belgique, en 1915, ce jeune ingénieur électricien devint aveugle des deux yeux. Très intéressé par les oeuvres en faveur des aveugles, il devait être l’un des fondateurs de l’INCA en 1918.

Le colonel Baker contribua à l’organisation de la première enquête générale auprès des écoliers de Toronto, enquête qui aboutit à l’établissement de cours sur la protection de la vue ; il fut aussi l’un des instigateurs de la première étude nationale sur la fréquence et les causes de la cécité. Cette initiative eut notamment pour effet d’amener le ministère de la Santé nationale et du Bien-être social à rendre les soins oculaires obligatoires chez tous les nouveau-nés. Aussi la maladie qui frappait autrefois les yeux des bébés n’existe-t-elle à peu près plus aujourd’hui.

Pour perpétuer la mémoire du regretté colonel Baker, l’INCA a créé la Fondation E. A. Baker pour la prévention de la cécité. Cette institution poursuivra l’oeuvre à laquelle le colonel se dévoua pendant 42 ans, en attribuant des bourses d’études et de perfectionnement et en fournissant l’aide financière nécessaire aux ophtalmologistes et aux services qui leur sont attachés pour faire des recherches ou se procurer du matériel et des installations qu’ils ne pourraient obtenir par d’autres moyens.

La prévention de la cécité

L’éducation du public en ce qui concerne le soin qu’il faut prendre des yeux a progressé à pas lents. La vue est le sens le plus précieux de l’homme, mais chacun sait combien on en abuse et combien on le néglige.

L’INCA a établi récemment de nouvelles données statistiques, qui intéresseront le monde entier et dont devraient tenir compte tous ceux qui jouissent encore de la vue. Le service de prévention de cet organisme a fait une analyse nationale des causes de la cécité chez les 2,033 clients qui s’y sont inscrits en une année. Cette étude révèle que chez 225 d’entre eux, soit onze pour cent, la perte de la vue est imputable au glaucome, maladie insidieuse caractérisée par une déficience du système circulatoire du fluide de l’oeil et entraînant la destruction de la vue à l’insu du malade. Voici la répartition des cas par groupes d’âge : jusqu’à 39 ans, 2 ; de 40 à 49 ans, 9 ; de 50 à 64 ans, 27 ; de 65 à 80 ans, 109 ; 81 ans et plus, 78 cas. Le document fait amplement ressortir la nécessité de l’examen périodique des yeux à partir de l’âge mûr. Si le glaucome est dépisté à temps, il est possible d’en circonscrire les effets par voie de traitement.

Les accidents qui causent des blessures aux yeux sont plus fréquents qu’il ne le faut. Le Wise Owl Club, patronné par le CNIB depuis 1961, groupe un certain nombre de personnes qui en constituent la preuve. Il s’agit de ceux qui ont sauvé leurs yeux en portant des lunettes de sécurité au travail ou dans leur atelier de bricolage domestique.

La Banque des yeux du Canada, créée en 1955 par l’INCA en collaboration avec la Société ophtalmologique du Canada, offre la possibilité d’enlever le tissu cornéen d’un oeil devenu inutilisable et de le greffer sur un oeil auquel il peut redonner la vue. Sur plus de 2,000 greffes de la cornée effectuées jusqu’ici, 80 % l’ont été avec succès.

L’aide bénévole

Ce sont les bénévoles qui ont suscité la création de meilleures conditions de vie pour les aveugles du Canada, et aujourd’hui encore le bénévolat continue de jouer un rôle important dans ce domaine. Des milliers d’hommes, de femmes et d’adolescents se dévouent pour les aveugles.

Certains apprennent à transcrire l’imprimé en Braille et à enregistrer des livres et des textes pour aider les élèves et les étudiants aveugles. D’autres se rendent périodiquement dans les centres et les cercles de l’INCA pour faire la lecture, coudre ou offrir le thé, ou pour servir de guides, de moniteurs, de chauffeurs ou de personnes de compagnie.

Quelque 7,000 voyants bénévoles oeuvrent au sein des commissions, des comités et des services auxiliaires de l’Institut, et participent ainsi activement à la vie quotidienne des aveugles du Canada.

Les femmes ont toujours été le bras droit de l’INCA. En 1917, elles constituaient l’Association des femmes canadiennes pour la protection des aveugles, organisme qui, en 1919, s’unissait à l’INCA sous le nom de « Femmes auxiliaires ».

Une leçon de courage

Malgré tous tes progrès accomplis, il reste encore beaucoup à faire.

Si les aveugles abordent leurs problèmes et leurs difficultés avec courage, ils ont besoin de la compréhension de leurs familles et leurs amis et de leurs concitoyens.

L’amitié envers un aveugle va plus loin que la délicatesse de sentiments. Elle comporte l’effort nécessaire pour comprendre les privations et les difficultés de l’aveugle et l’obligation de l’aider à les atténuer.

Une chose par-dessus tout que peut apporter la famille, c’est l’encouragement. Il faut éviter que l’aveugle en vienne à se sous-estimer. Parmi les tragédies les plus poignantes se rangent celles des infirmes qui ont crié trop tôt à l’impossibilité et qui ont renoncé à lutter. L’appui de la famille et des amis est pour l’aveugle un encouragement d’une valeur incalculable à acquérir de nouveaux talents et de nouvelles aptitudes.

À travers les âges, la vie humaine a été marquée par un sens instinctif du devoir de la part de ceux qui sont les mieux partagés envers leurs frères handicapés.

Il ne s’agit pas là d’une obligation fondée sur la nécessité ou imposée par les pouvoirs publics. C’est un sentiment d’ordre moral et humanitaire qui permet de comprendre le terrible anéantissement des espoirs, la lente soumission à l’inévitable vérité chez celui qui voit descendre petit à petit le rideau des ténèbres ou qui est subitement frappé de cécité.

À la pitié se substitue la sympathie, c’est-à-dire la participation active à la détresse et à l’effort d’adaptation de l’infortuné. Elle pousse à ne rien négliger pour offrir à l’aveugle les moyens de s’affirmer comme personne indépendante et membre de la société.