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On voyage pour aller ailleurs, voir du nouveau, connaître des distractions, remonter aux sources de l’histoire ou étudier les hommes.

Voyager, que ce soit pour prendre le soleil sur une plage des Antilles ou pour contempler des monuments anciens sur un autre continent, c’est élargir ses horizons.

Rouler sur la Route transcanadienne fournit l’occasion de se frotter à de nombreuses cultures, d’observer diverses laçons de vivre et d’admirer des paysages de lacs, de prairies et de montagnes d’une beauté insurpassable.

Se promener à pied ou en voiture, ou faire du camping dans sa province ou dans une province voisine, c’est s’offrir le plaisir passionnant de découvrir de nouveaux coins et de nouvelles manières de faire.

Monter dans un autocar pour faire un tour de ville, même dans celle qu’on habite, conduit souvent à repérer des sites, des lieux historiques et des scènes de vie dont on ignorait jusque-là l’existence.

Dans une société d’abondance, il est relativement facile de voyager. Les salaires élevés, les vacances payées, les loisirs, les régimes de pension, les comptes d’épargne à bon taux d’intérêt, l’usage de plus en plus répandu du crédit et des cartes de crédit, tout cela concourt à rendre les voyages de vacances plus aisément accessibles.

Il n’y a rien de nouveau à voyager pour son agrément. Des touristes visitaient les pyramides d’Égypte, alors vieilles de 3,000 ans, du temps de l’historien Hérodote, qui naquit vers 484 av. J.-C. Si le tourisme n’est pas neuf, ce n’est que depuis peu qu’il est abordable, et il compte aujourd’hui parmi les industries les plus importantes.

Tout le monde profite de la possibilité récemment acquise de voyager avec rapidité d’une partie de l’univers dans une autre. Il y avait 102 passagers à bord du Mayflower. Ces personnes étaient venues voir l’Amérique ; aujourd’hui, des centaines d’avions à réaction emportent d’Amérique de 128 à 490 voyageurs à la fois pour leur faire voir l’Europe. La durée du trajet est de six heures.

Les jeunes savent combien il est facile à l’heure actuelle de voyager. Ils grandissent avec un désir et des moyens de voyager sans commune mesure aucune avec les habitudes du passé. Pour eux, il est exaltant d’aller dans des lieux lointains avec très peu d’argent. Ils vont à pied d’auberge en auberge, quand il ne se trouve pas d’automobilistes complaisants pour les prendre dans leur voiture.

Voyager n’est plus l’entreprise délicate que cela représentait du temps que nos grands-parents étaient jeunes. L’assouplissement des consignes vestimentaires permet de remplacer la malle par n’importe quel sac fourre-tout. Et le lit a fait place au sac de couchage.

Les plus grands voyageurs du monde

Les Canadiens sont, par tête d’habitant, les plus grands voyageurs du monde, mais beaucoup d’entre eux n’ont jamais habité ni visité une autre province que la leur. Pourtant, cet état de choses se modifie de façon constante à mesure que les gens s’aperçoivent que les attractions qui amènent des millions de touristes dans notre pays existent aussi pour les Canadiens.

Le plaisir, l’intérêt culturel et distrayant des voyages deviennent accessibles à un nombre de plus en plus grand de Canadiens. Dans tout le pays, des parcs, des forts, des villages reconstitués, des grottes mystérieuses, les bad-lands où des squelettes de dinosaures sont mis à jour, des montagnes de renommée mondiale, des chutes d’eau, des lacs et des paysages enchanteurs les incitent à voyager.

Depuis 1968, dix nouveaux parcs nationaux ont été ouverts, ce qui porte la superficie totale de nos parcs à environ 50,000 milles carrés. L’Office du tourisme du gouvernement canadien, à Ottawa, a publié, il y a quelques années déjà, une brochurette, intitulée Something Different in Canada, dans laquelle on trouve une liste assez détaillée des beautés et des curiosités de chaque province. Il y en a 40 pages.

Les Canadiens devraient s’intéresser à l’expansion des services touristiques susceptibles d’attirer des visiteurs étrangers. C’est là un moyen de faire entrer des devises étrangères dans notre pays sans épuiser nos ressources naturelles.

Chaque localité, si petite soit-elle, a avantage à attirer les touristes. Si une petite ville ou un village recevait deux douzaines de touristes de plus par jour pendant toute l’année, cela équivaudrait sur le plan économique à l’acquisition d’une entreprise industrielle dont la feuille de paie serait de $100,000 par an.

Il y a, bien sûr, des devoirs d’hospitalité à observer. Le touriste qui franchit une frontière, les yeux écarquillés dans l’attente des plaisirs et des aventures qu’il espère, a le stylo tout prêt à signer des chèques de voyage, mais il veut être sûr d’en avoir pour son argent.

Les personnes appelées à pourvoir aux besoins des touristes, et cela comprend les magasins aussi bien que les hôtels et les motels, devraient connaître leur métier et savoir rendre service avec le sourire.

L’embarras du choix

L’une des plus grandes merveilles du monde, c’est sa variété. Il offre tout ce qui est nécessaire pour permettre aux humains d’éviter l’ennui et la monotonie.

La variété présente cependant un certain inconvénient pour le voyageur éventuel, car plus le choix est vaste, plus la décision est difficile. D’où la nécessité pour le touriste ou le vacancier de savoir clairement ce qu’il désire se procurer en voyageant. Certains aiment faire de l’alpinisme ou de la plongée autonome, ou encore à glisser sur les lames. D’autres, préférant des exercices moins exténuants, voudront aller au casino, examiner des ruines anciennes ou visiter des musées.

Les vacances sont, traditionnellement, un temps de récréation, et récréer veut dire revivifier, rafraîchir, ranimer et réjouir.

Un homme se frustre des bienfaits du voyage s’il s’absente de son travail et passe son temps à se reprocher de ne pas être à son poste. La récréation qu’il choisit doit offrir assez d’intérêt pour retenir son attention.

Les plaisirs perdent de leur intensité s’ils ne sont pas diversifiés, et qui dit diversité, dit mobilité. On ne gagne rien, comme dit le proverbe, à voyager une rame dans l’eau et l’autre sur terre.

La paix de l’âme

Les voyages sont un remède contre les maux du corps et de l’âme, parce que les décors nouveaux et les idées nouvelles nous détournent de nos vieilles émotions. Si vous faites un voyage de repos ou de convalescence après une maladie, partez avec l’intention de considérer le temps comme une illusion à chasser comme une mouche agaçante. Oubliez vos soucis, vos tensions, vos conflits et vos déceptions.

Quelle merveilleuse liberté pour le voyageur ! Il est libre parce que les personnes qu’il croise ne connaissent rien de ses affaires : il garde l’incognito. À la maison, il est Jean Dupont, briqueteur ou vendeur, habitant telle rue, propriétaire d’une voiture de quatre ans, membre du club de bienfaisance et paroissien de telle église. Il est étiqueté, marqué et classé. Mais allongé sur la plage d’un centre de villégiature ou flânant dans les rues d’une ville étrangère, il est citoyen du monde.

Certaines personnes recherchent la solitude. Pour certains hommes à l’esprit sain, se retirer seul sur une colline est un antidote contre les soucis, une oasis de paix et une source d’inspiration. Si quelqu’un déteste être seul avec lui-même, dit un auteur, il y a fort à parier qu’il n’existe en lui à peu près rien pour peupler sa solitude.

La solitude profitable ne consiste pas à s’isoler des hommes mais à s’éloigner de l’agitation et du tintamarre de la vie coutumière. De cette sorte de solitude, on revient toujours bien reposé. Adam dit à Eve dans Le Paradis perdu de Milton : « La solitude est parfois la meilleure compagne, et une brève absence entraîne un doux retour. »

La recherche du dépaysement

Ce qui fait l’intérêt du voyage, ce sont les nouveautés qu’il apporte. On est généralement contrarié, puis charmé, par les petites déviations à nos habitudes de vie courante.

Si vous vous proposez de voyager dans un pays inconnu, faites des sondages à l’exemple du marin qui pénètre pour la première fois dans un port. Exception faite des moeurs et de l’hygiène, le voyageur s’amusera davantage s’il adopte les usages du pays qu’il visite.

Les coutumes des autres pays ne sont pas les mêmes que celles du Canada, et il n’est pas bon de s’ériger en ambassadeur, en éducateur, en critique ou en apôtre pour les modifier. Elles sont le fruit d’une adaptation séculaire aux contraintes du milieu et aux nécessités de l’existence.

Il est fort bien de considérer sa province ou son pays natal d’un oeil bienveillant, mais personne ne peut goûter les plus belles joies d’un voyage si sa première préoccupation est de vivre exactement comme il le fait chez lui. C’est une perte de temps et d’argent pour un vacancier que de se rendre dans un pays lointain et de passer ses journées à parler des agréments de son cher chez-soi.

L’histoire sur place

Les voyages offrent l’occasion de s’associer pendant une semaine ou deux à la grandeur des hommes d’État, des militaires, des hommes de science et des pionniers en prenant contact avec leurs immeubles, leurs monuments et leurs écrits.

Il y a des circonstances où l’on ne peut faire un pas sans poser le pied sur un lieu chargé d’histoire : la voie Appienne près de Rome, le Royal Mile à Édinbourg, le col de Chilkoot au Yukon et Plymouth Rock aux États-Unis d’Amérique sont de ceux-là.

Le visiteur doit s’efforcer de voir derrière les pierres et les briques les espoirs, les aspirations, les doutes, les amitiés et les haines dont étaient animés ceux qui y ont passé. Qu’est-ce qui les a amusés et vexés, réjouis ou attristés ?

En écoutant le guide vous dire que c’est sur cette plage que Colomb a abordé pour la première fois dans les îles Caraïbes ou que c’est par ce col des Alpes qu’Hannibal fit passer ses éléphants pour envahir l’Italie, laissez vagabonder votre imagination. Évoquez le grand aventurier poussant la proue de son petit navire sur les sables déserts où des foules s’ébaudissent aujourd’hui ; garnissez le col de montagne de 50,000 guerriers et des éléphants. C’est grâce aux images qui se reflètent dans l’imagination que nous nous percevons comme partie intégrante de la longue chaîne de l’histoire.

Les mythes sont un genre d’histoire. Les légendes et les contes qui nous paraissent bizarres aujourd’hui ont leur origine dans les événements du passé. Une foule de récits pittoresques subsistent encore dans chaque pays. Peu importe que la science actuelle les dise sans fondement. Ils représentent les croyances, les espoirs et les craintes qui ont façonné la culture des peuples. Quel profit peut-il y avoir à détruire la légende d’Hélène en ravalant la guerre de Troie au niveau d’une petite guerre de tribu ? Aucun, assurément, pour le touriste qui longe les murs sous lesquels combattit Hector.

La beauté occupe une large place dans les voyages touristiques. Sur quelque continent que vous séjourniez vous serez entouré de faits et de choses que les poètes ont longuement chantés.

En contemplant un magnifique paysage, au bord de la mer ou du haut d’une montagne, sachez profiter au maximum de la circonstance, car vous vivez alors un moment du temps qui peut donner un nouvel aspect à votre vie.

Il est facile de voyager

Au XVIIIe siècle, les riches voyageaient dans leurs carrosses particuliers suivis de valets de pieds chargés de les assister aux endroits dangereux de la route. Aujourd’hui, les agents de voyage et leurs représentants à l’étranger sont toujours à votre disposition pour rendre votre voyage agréable.

La première chose est de savoir où vous allez et pourquoi vous voulez y aller. Les explorateurs ne fouillaient pas les océans au hasard dans l’espoir de découvrir un continent.

Faites quelques lectures sur votre lieu de destination. Si vous partez pour un endroit sans préparation, sans vous être renseigné sur ce qu’il faut voir, que ce soit un village, Québec ou Paris, vous échouerez pitoyablement dans vos efforts pour trouver quelque chose de mémorable. Il n’est pas plus intelligent de voyager avec un esprit vide qu’avec une bourse dégarnie.

Il convient de noter les festivals annuels ou les manifestations spéciales et de vous organiser de façon à en faire entrer quelques-uns dans le cadre de vos vacances. Citons entre autres le Carnaval de Québec, le Stampede de Calgary, l’Exposition nationale du Canada. Il y a des régates, des carnavals et des rodéos, des festivals de théâtre et de musique, des concerts sous les étoiles, des semaines sportives et des semaines florales. Chaque pays a ses « spécialités ».

Établir un programme

Après avoir imaginé le genre de voyage qui vous plaît, il vous reste à tracer un programme rigoureux. Votre vif désir de retirer le maximum de chacune de vos journées exige que vous établissiez d’avance les grandes lignes de votre emploi du temps. Choisissez ce qui vous intéresse. Ne vous croyez pas obligé de visiter un lieu qui ne vous dit rien, quel que soit le nombre d’étoiles que lui attribue le livret-guide.

Vous aurez un programme général pour l’ensemble du voyage, puis des programmes particuliers et plus souples pour chacune de ses parties. Un tantinet d’organisation vous permettra de faire un voyage plus paisible, de ne pas vous torturer les méninges, d’éviter bien des ennuis et de vous amuser en toute liberté d’esprit. En organisant les vacances, accordez dans toute la mesure du possible voix au chapitre à ceux qui sont du voyage.

Des circonstances nouvelles surgiront qui vous obligeront à modifier votre programme. Il vous faudra en revoir certains points à la lumière des conditions du moment ou des renseignements obtenus. Il arrive que l’on découvre certaines attractions inconnues tout simplement en bavardant avec d’autres touristes à l’hôtel.

Il est fatal qu’il y ait des anicroches à certains moments, mais même si le hasard met une petite difficulté sur votre route, il reste possible de l’envisager avec calme. Si on est plusieurs à faire face ensemble au même embarras, on peut même trouver la chose amusante. Lorsqu’une grève vint paralyser le service des repas sur l’Orient-Express, les voyageurs parurent s’en égayer. Chaque fois que le train s’arrêtait, les plus agiles se hâtaient d’en descendre, achetaient tout ce que les marchands ambulants avaient de mangeable et partageaient le gâteau.

Se donner du bon temps

Celui qui a coutume de se voir chargé de prendre les décisions à son foyer espère être soulagé de cette corvée en partant en voyage. Il est prêt à laisser le soin de régler les détails à son agent de voyage.

Les voyages préorganisés, bien conçus et à prix raisonnable, font l’objet d’une demande croissante. Pour beaucoup de touristes, c’est ce qui décidera si leurs vacances seront un rêve ou un cauchemar.

En recourant à un agent pour retenir une place dans un voyage préorganisé, vous savez exactement ce que vous coûtera le voyage ; vous vous déchargez complètement du tracas de faire la queue aux guichets, de tracer votre itinéraire en détail, de réserver des chambres d’hôtel, de trouver un moyen de vous rendre de l’aéroport ou du quai à votre hôtel, et même dans certains cas de celui des pourboires.

La distance que l’on peut franchir et le train de vie que l’on peut s’offrir sont dictés par les fonds dont on dispose pour le voyage, mais c’est là un obstacle de moins en moins fréquent. Il existe aujourd’hui de nouvelles possibilités de paiement, de nouvelles incitations à mettre de l’argent de côté et des moyens de voyager à crédit.

Chacun voudra être aussi économe que ses ressources et le succès de son voyage le permettent. Un couple peut passer deux semaines, au printemps, dans une station des Barbades ou de la Jamaïque pour le prix d’environ $600, avion, correspondance avec l’hôtel, chambre luxueuse et plusieurs petits services compris. Un séjour d’une semaine à Monte-Carlo, aux mêmes conditions, coûte à peu près $700 pour deux personnes.

Se reposer et se récréer ne signifient pas nécessairement cesser toute activité. On se repose du bureau ou de l’établi en faisant une promenade. Quant à savoir quelle distance parcourir, voici ce qu’en disait l’écrivain John Ruskin avant l’avènement de l’automobile et de l’avion : « Pour quiconque jouit de toutes ses facultés, une promenade tranquille ne dépassant pas dix à douze milles par jour constitue le plus plaisant de tous les moyens de déplacement. »

Il y a des endroits, comme Delphes en Grèce et les parcs nationaux et provinciaux au Canada, où le voyageur est tenté de poursuivre sa promenade le plus longtemps possible, parce qu’on y découvre des beautés et de vieux souvenirs à chaque tournant.

Les voyages en bateau ont beaucoup d’avantages : repos, calme, tranquillité et possibilité de lire ses livres préférés sans avoir le sentiment d’être bousculé ni de dérober du temps à une tâche que l’on devrait faire. Robert Louis Stevenson a brossé, en 1879, un tableau amusant du voyage à dos d’âne ou avec un âne. Ceux qui désirent prendre des vacances sans être obligés d’arriver à l’hôtel ou au motel à heures déterminées optent de plus en plus pour la roulotte, la tente-roulotte et la « campeuse ».

Découvrir des idées

Si les vacances sont un repos pour le corps, elles peuvent aussi stimuler l’esprit. Newton flânait sous un pommier lorsque la chute d’une pomme lui donna l’idée de l’attraction universelle ; James Watt musait dans la cuisine quand la bouilloire le mit sur la trace de la machine à vapeur ; Galilée avait oublié le sermon du prédicateur pour observer le balancement de la lampe de la cathédrale de Pise lorsqu’il conçut le principe du pendule.

L’homme qui voyage l’esprit affranchi du cercle étroit de ses occupations journalières est en bonne voie d’imaginer de nouvelles idées ou de développer des idées ensevelies, dans son esprit, sous la charge du travail quotidien.

Les voyages élargissent nos vues, augmentent notre pénétration d’esprit et nous aident à voir les choses sous leur vrai jour. En changeant notre angle de vision, nous prenons conscience de notre appartenance à une société mondiale d’êtres humains de toutes nationalités, de toutes couleurs et de toutes croyances.

Tout cela est le fruit de l’observation. Les vacances idéales vous permettront d’engranger des pensées sur lesquelles pourra travailler votre imagination dans les mois et les années à venir, pour peu que vous soyez attentif aux choses et aux incidents un peu hors de l’ordinaire, comme la conversation d’un vieux paysan ou d’un vieux pêcheur. Remarquez la délicatesse des gens tout autant que la grandeur de leurs monuments. Dans l’autocar bringuebalant qui transporte les touristes de Florence à l’ancien amphithéâtre romain de la colline de Fiesole, une adolescente donna sa place à une dame d’âge mûr qui portait une feuille d’érable au revers de sa veste.

En savourer d’avance le bonheur

Selon les paroles de l’un des personnages les plus attachants de la littérature canadienne, Anne of Green Gables, « jouir d’avance des choses c’est éprouver la moitié du plaisir qu’elles procurent. »

Cela exige de l’imagination, faculté qui compte parmi les nécessités de la vie humaine. Napoléon, l’un des plus ardents réalistes de tous les temps, disait : « Le défaut de nos institutions modernes est qu’elles ne parlent pas à l’imagination. » C’est l’imagination qui vous a d’abord suggéré la possibilité de vous évader de la vie de tous les jours et de voir et de connaître autre chose. C’est encore grâce à elle que vous garderez de vos vacances des souvenirs impérissables.

Mais il faut se mettre en branle. L’inertie, comme nous l’enseignaient nos livres de classe, est le principe selon lequel un point matériel non soumis à l’action d’une force demeurera à l’état de repos. L’expectative viendra stimuler et aussi vivifier l’effort.

Tous les points de l’horizon vous invitent. Quel que soit le sentier où vous vous engagiez, en sortant de votre porte, il peut, comme les routes qui partaient du milliaire d’or à Rome, vous mener au bout du monde. La Terre est remplie de choses diverses qui sont belles, graves, comiques ou bizarres, de choses étonnantes capables de séduire tous les goûts. Renoncer à les voir serait se priver des bienfaits les plus délectables que nous offre la vie.

À votre retour des vacances de vos rêves, vous en mesurerez la valeur non pas en heures ni en milles de trajet, mais en fonction du bonheur éprouvé. Vous aurez satisfait votre curiosité intellectuelle bien au-delà des limites des manuels et de l’enseignement scolaire ; vous aurez vu diverses facettes de la vie : passion, beauté, drame ; vous aurez en tête des sujets de récits, de poèmes, de tableaux, de compositions musicales, de même que des théories et des faits nouveaux.