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Il est raisonnable que les jeunes veuillent obtenir l’assurance de connaître une vie utile et féconde et d’être considérés comme de véritables personnes humaines.

L’objet de ces lignes est de les aider à tracer leur route de façon à ne pas se trouver dans la triste situation de Hamlet, âme ondoyante, détachée de tout point d’ancrage solide et cherchant en vain un havre de paix sur une mer tourmentée. Puissent-elles leur permettre d’éviter son désenchantement et son désespoir !

Les ambitions des jeunes d’aujourd’hui diffèrent de celles de l’homme énergique et entreprenant d’autrefois, parce qu’ils sont las des conflits et qu’ils s’efforcent par-dessus tout d’établir des relations chaleureuses et saines entre les hommes.

Ils abordent la société à un moment critique et difficile de son histoire. La perspective d’une culture technique déshumanisée les inquiète. Beaucoup d’entre eux cherchent la réponse à des questions qui préoccupaient leurs grands-parents. Ils demandent, par exemple, comment trouver la paix, la liberté, l’ordre, la prospérité et le progrès dans les conditions d’existence si diverses de tant de pays du monde. Comment étendre à l’univers entier le degré de bien-être humain atteint dans certaines de ses parties ? Comment profiter des avantages d’une technologie en croissance rapide sans détruire les autres valeurs qui nous sont chères ?

Il ne sert pas à grand-chose de nous esquinter l’esprit et le coeur à nous apitoyer sur le fait que nous sommes nés dans un monde troublé.

Si nous entendons remettre les choses en ordre, il nous faut nous rendre compte qu’à tout prendre les hommes ne sont pas de mauvaise volonté, mais qu’ils ne savent tout simplement pas à quoi s’en tenir au sujet d’eux-mêmes et de leur rôle. Pourtant, nous ne saurions envisager d’arranger l’avenir des autres avant d’avoir élaboré le plan de notre propre vie, et notre meilleur conseiller à cet égard c’est nous-même.

Quoi que l’on dise contre certains aspects de la vie actuelle au Canada, il est hors de doute que nous avons des idéaux élevés, des normes morales élevées et un niveau de vie très élevé. Nous croyons dans la bonté du coeur, la beauté de la vie familiale et le principe de la légalité. Il y a de bonnes aspirations à ne pas perdre de vue en passant à l’état de membre indépendant de la société, mais ce sont des idées qui doivent se transformer en réalités.

Toute philosophie constructive nous oblige à répondre à la question : « Comment faut-il s’y prendre pour accomplir ce que nous voulons faire ? » Certaines choses doivent être modifiées, mais modifier ne signifie pas nécessairement provoquer un chambardement. Il s’agit de faire ce qui est en notre pouvoir. Naamân fut irrité parce que le prophète lui avait dit qu’il n’avait qu’à se baigner dans le Jourdain pour être guéri de sa lèpre. Ses serviteurs lui dirent : « Si le prophète t’avait prescrit quelque chose de difficile, ne l’aurais-tu pas fait ? Combien plus, lorsqu’il te dit : « Baigne-toi et tu seras purifié ! »

Les tensions de la vie

La confusion d’esprit qui règne de nos jours chez les jeunes provient en grande partie du fait qu’ils portent un intérêt personnel si vif aux habitants de toutes les parties du globe que leur existence n’est plus qu’une longue et perpétuelle tension.

C’est là un tourment dont leurs parents n’étaient pas affligés, eux dont l’engagement personnel était enfermé dans d’étroites limites. Nous sommes assaillis aujourd’hui par les journaux, la radio et la télévision de nouvelles de famine, d’inondation, de tempête et de guerres, à tel point que nous devenons si habitués aux crises de toutes sortes que nous vivons comme si la vie dans la tension continuelle était la seule façon de vivre.

Chacun se sent concerné par tout ce qui se produit dans le monde. Personne ne reste indifférent devant la situation économique qui règne dans notre pays et les troubles politiques qui sévissent ailleurs ; devant l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables sur terre et la présence éventuelle d’engins espions ou porteurs de bombes dans l’espace.

La transition vers de nouvelles façons d’agir se prépare déjà. Certaines personnes entreprennent de tout changer comme si c’était là leur mission dans la vie. À l’instar des anciens chevaliers, ils veulent être d’héroïques pourfendeurs de dragons.

D’autres, en jugeant d’après ce qu’ils voient et entendent autour d’eux, croient sincèrement qu’il faut passer par une phase de destruction avant de voir naître une société humaine vraiment grande.

La plupart des gens ont toutefois l’impression qu’avant de rejeter les convictions qui ont donné sa structure à la société dans le passé, il est nécessaire de trouver de nouvelles assises capables d’assurer l’appui dont tout être humain a besoin.

Les propositions d’amélioration, quelles qu’elles soient, doivent être positives, orientées vers l’action corrective. Certaines personnes se complaisent à se plonger dans les considérations négatives, à pleurer sur ce qu’on ne peut changer, alors que les esprits constructifs se font une raison et s’attaquent à d’autres tâches.

Réformer les esprits

Pour réformer la société, il faut d’abord réformer l’esprit des gens. C’est ce qui faisait dire à un homme d’église britannique réputé : « Il ne sert à rien aux moutons d’adopter des voeux préconisant le végétarisme tant que les loups sont d’un autre avis. » Nous devons déterminer la société à payer la rançon de la revitalisation, y compris l’abandon d’usages devenus sans objet à l’ère de l’ordinateur et l’acceptation de changements rendus nécessaires par la mobilité des idées et des personnes.

Le changement est habituellement mieux toléré par les jeunes que par les gens âgés. Il y a entre eux un écart d’expérience ; ils mesurent les événements selon des barèmes différents. Dans ses longues années de vie, grand-père n’a jamais entendu parler de l’énergie nucléaire, des troubles sacro-iliaques ou du vol supersonique, et sa science des voyages sur la lune s’est limitée au célèbre livre de Jules Verne. Par contre, les jeunes n’ont connu ni les guerres mondiales ni les crises économiques.

Les jeunes estiment que leurs aînés se résignent à bien des maux pour s’épargner la peine de les abolir. Ce n’est pas toujours vrai. Ayant grandi dans certaines circonstances, les adultes y sont tellement accoutumés qu’ils ne les remarquent pas ou qu’ils n’en ressentent aucun inconvénient.

Les jeunes sont impatients de voir les choses s’accomplir selon leurs désirs ; les personnes d’âge mûr sont chagrines quand les choses ne se passent pas comme elles l’espéraient. Considéré sous cet angle, le conflit des générations ne semble pas être un abîme effroyable, mais seulement un creux qu’il est possible de combler grâce à un petit effort d’indulgente compréhension de part et d’autre.

Voler de ses propres ailes

Pour certains, l’obtention du diplôme de fin d’études est un peu comme le passage de la ligne de changement de date à bord d’un paquebot : la transition est imperceptible. Et pourtant les choses ne sont plus comme avant pour le diplômé ; hier soumis à la discipline et à la gouverne scolaires, il doit aujourd’hui voler de ses propres ailes.

C’est un moment important que celui où un jeune homme ou une jeune fille se rend compte que désormais il lui faudra suivre sa propre voie et faire face lui-même aux circonstances. Tout le monde n’a pas un ange gardien pour lui souffler ce qu’il convient de faire ou quelle direction il faut prendre.

La vraie joie de la vie est d’accomplir des choses qui produisent de bons résultats. La recherche émulative des situations et du prestige est d’un grand attrait, mais l’ambition la plus dynamisante est de se surpasser soi-même d’année en année.

Efforcez-vous sincèrement de trouver dans la vie un but digne de vous, en rapport avec vos capacités et vos talents. Celui dont le principal objectif porte sur des biens matériels, comme la haute fidélité, la voiture sport, les meubles de luxe et la monotonie maniaque du rock, fixe un plafond assez bas à sa culture et à son intelligence.

Un but bien arrêté, la détermination de faire quelque chose pour justifier votre présence en scène donnera à votre esprit l’unité d’élan nécessaire pour réussir. C’est là le contraire de l’idée, inspirée à certains par la paresse intellectuelle, que nous ne sommes ici-bas que pour nous divertir dans les plaisirs faciles.

Le sens commun nous enseigne qu’il n’est guère profitable dans la vie de se laisser ballotter d’une activité dans une autre. On peut avoir une douzaine d’occupations, mais il y en a une qui est centrale. Définissez-la, faites-en votre but principal, organisez vos efforts et employez vos ressources pour faire en sorte qu’elle demeure bien vivante et florissante. Le vif attrait qu’exerce sur votre esprit un grand désir peut être le commencement d’une grande oeuvre.

On n’atteint à la supériorité qu’en se préparant à être supérieur. L’ambition de faire parler de soi est une folie, mais attirer l’attention par une action méritoire est une chose admirable. Le plus court chemin pour parvenir à la gloire c’est d’être en réalité ce pour quoi on désire passer.

Ce qui est très éloigné de la réussite génératrice de satisfaction, c’est la médiocrité. Cette attitude d’infériorité et de paresse ne dit rien aux jeunes gens et aux jeunes filles courageux et sûrs d’eux-mêmes. L’assurance n’est pas du tout la même chose que la suffisance. La première est le sentiment d’être capable de faire quelque chose ; la seconde est la satisfaction de soi-même et de l’état de choses existant.

Votre assurance ou votre confiance en vous-même sera d’une périlleuse fragilité si elle ne se fonde pas sur une solide connaissance de vos capacités et la conscience de vos faiblesses. Il est sage de contrôler, de temps en temps, les motifs de base qui vous portent à vous croire apte à manier les situations. Il peut y avoir des lacunes à combler et des points faibles à consolider.

Voyez large

Il est enthousiasmant de promener son regard sur le vaste univers des activités humaines, de voir les choses dans leur immense amplitude et dans leurs proportions véritables. C’est un bon moyen de se former un esprit enclin à penser grand tout en portant attention aux détails.

Avoir une vue générale des choses ne signifie pas établir une liste de tout ce qui est à faire dans le monde. Vous n’auriez pas assez de papier, et toute votre vie n’y suffirait pas.

Ce qu’il faut, c’est noter les choses qu’il est en votre pouvoir d’accomplir et les améliorations auxquelles vous pouvez contribuer. Regardez l’édifice tout entier, examinez-en les parties et choisissez l’endroit où s’insérera la pierre de votre travail.

Pendant ce tour d’horizon, gardez-vous de vous plonger immédiatement dans les détails d’une entreprise en particulier. Imaginez que vous êtes sur la lune en train d’observer la terre avec un télescope à plusieurs lentilles. Vous regarderez tout d’abord la totalité du globe en deux visées, c’est-à-dire un hémisphère à la fois. Puis vous chercherez les endroits où il y a quelque chose à faire pour l’amélioration de la vie humaine. Changez alors de lentille, afin d’apercevoir seulement le Canada dans l’oculaire. Que voyez-vous de particulier qui doive être accompli dans ce pays ? Prenez une lentille de portée encore plus restreinte, avec laquelle votre milieu occupera tout votre champ visuel. Vous êtes alors au point de départ de votre croisade.

La scène suivante vous transporte de votre télescope sur la lune au centre même de votre cerveau. C’est là que les projets prennent forme, là que l’intérêt mène à l’action, là que votre plan de vie s’élabore ou échoue.

La nécessité du savoir

Les plans les mieux conçus se basent sur les connaissances. De nos jours, on apprécie ceux qui savent comment faire, mais savoir comment faire est peu de chose comparé à la science de celui qui connaît le pourquoi des choses. Le tour de main s’apprend par le travail manuel en cours d’emploi ; la découverte du « pourquoi » est l’oeuvre de la réflexion.

Si vous n’avez pas la connaissance des données de base, des circonstances actuelles, de l’avenir éventuel et, surtout, du but d’un mouvement ou d’une tâche, vous ne sortirez pas des sentiers battus ; vous ne pourrez pas développer votre capacité d’action.

Le savoir est votre principale ressource ; il faut l’acquérir avec discernement et l’engranger de façon à pouvoir l’utiliser pour progresser dans votre entreprise ou votre profession. C’est là un point capital. Il vous faudra entretenir vos connaissances professionnelles et votre science du pourquoi, sinon vous constaterez que vous n’en savez pas assez pour faire des changements, des améliorations et des progrès.

Comment s’acquiert le savoir ? On ne s’instruit ni par héritage, ni par instinct ni par intuition, mais en apprenant des faits et en les reliant les uns aux autres par la réflexion. Il est impossible de penser, et encore moins de concevoir de nouvelles idées, sans disposer d’éléments de comparaison. Ceux-ci sont le fruit de la perceptivité personnelle ou de l’expérience des autres.

La science de chacun serait vraiment fort limitée si elle ne pouvait provenir que de l’observation directe des événements. Dans l’état actuel des choses, nous avons l’avantage de pouvoir faire appel aux écrivains, qui nous font part de leurs expériences dans tous les domaines de la science et de la pensée.

Les connaissances ne sont pas une fin en soi, un ornement que l’on exhibe ; elles doivent servir à quelque chose. Si le savoir acquis ne nous permet pas d’exprimer notre personnalité, nous ne sommes que des fragments de ce que les hommes et les femmes pourraient être. Alfred North Whitehead résume cette pensée dans une formule heureuse lorsqu’il parle de « l’activité en présence du savoir ».

Les connaissances accumulées dans notre esprit nous fournissent des matériaux pour penser et des renseignements sur la façon de faire les choses. L’homme de métier sait choisir les outils voulus pour exécuter la tâche à accomplir et s’en servir d’une main habile. C’est de la science en application. On peut trouver dans la géométrie euclidienne la réponse à l’un des difficiles problèmes que pose la construction d’un pont, mais ce n’est pas l’homme qui est capable de réciter Euclide par coeur qui va construire le pont ; c’est celui qui sait appliquer ses principes à l’ouvrage en chantier.

Une personnalité bien équilibrée

L’homme n’évolue pas dans un monde purement matériel, restreint aux plans bleus et aux machines. Il y a en lui une triple vie à mettre en équilibre ; la vie physique, la vie intellectuelle et la vie morale.

Chacun se surprend tôt ou tard à chercher la réponse à des questions fondamentales. Pourtant, il faut penser aux nécessités immédiates. Le désir, l’effort et la réflexion doivent se concilier avec la vie quotidienne, de peur qu’une automobile filant à vive allure ne vienne nous rappeler à la dure réalité au moment où nous déambulons en lorgnant les étoiles.

Parmi les nécessités de la vie il y a aussi les principes, les idées de base, les notions refrénantes et l’action.

Il y a quelque chose de réconfortant dans le message que reçoit un nouveau navire de guerre : « Étant pourvu de tout ce qu’il faut pour prendre la mer, le vaisseau Jeunesse appareillera pour… » Tout en voyant en esprit les lointains du voyage de la vie, il s’agit d’accomplir nos tâches immédiates. Si, dans sa petite ville natale de Baddeck, en Nouvelle-Écosse, McCurdy avait commencé par élaborer les détails d’un service mondial de transport aérien, il n’aurait pas eu le temps de faire décoller le Silver Dart sur la glace du lac Bras-d’Or, le 23 février 1909, et de réaliser ainsi le premier vol dans tout l’Empire britannique.

Il faut aussi du jugement. Il y a quatre étapes à franchir pour formuler un bon jugement : la réunion des faits grâce à l’observation et à l’expérience ; leur étude et leur appréciation ; leur explication au moyen d’une hypothèse ou d’une estimation éclairée ; la confirmation de l’hypothèse par la mise à l’essai. Cette méthode ne laisse aucune possibilité de considérer les choses comme acquises ni de tirer des conclusions hâtives en se fondant sur des ouï-dire.

Le sens des responsabilités est une qualité nécessaire. L’indépendance est une perspective séduisante, mais elle ne va pas sans l’acceptation de la direction de soi-même. On ne saurait être indépendant en comptant sur l’appui des autres.

Cela suppose de la discipline. Il y a une tendance générale à balancer le conseil d’apprendre à se maîtriser. La vie, dit-on, est assez compliquée sans qu’on y ajoute le poids de l’examen de conscience et de l’autocritique. C’est là une objection illogique. La maîtrise de soi a pour but de simplifier et d’enrichir la vie, de manière que nous ne soyons plus guidés par des normes et des règles fixées par d’autres, mais par des idéaux formulés par nous-même.

L’esprit d’entreprise fait partie de notre capital intellectuel. L’homme entreprenant est celui qui cherche à faire des progrès au risque de subir un recul. C’est un personnage fertile en idées et à l’imagination créatrice, bien préparé à sa tâche par les connaissances qu’il a acquises et emmagasinées, mais ne craignant pas d’essayer de nouvelles méthodes.

Le secret de la valeur

Le secret de la valeur d’un être humain pour le monde c’est son désir d’exercer une activité productive. L’homme entreprenant est un travailleur. Pour lui, l’oisiveté est une absurdité ; quelque chose d’indigne de la personne humaine. On ne peut apprendre à conduire, à jouer de la guitare ou à programmer un ordinateur en se contentant de regarder faire les autres. Il faut y travailler et améliorer sans cesse sa technique.

Cela vaut pour tout métier si humble soit-il dans l’échelle des professions. En Angleterre, cinq éboueurs ont obtenu une bourse au titre du programme d’études à l’étranger du Winston Churchill Memorial Trust. Ils se sont rendus en Europe et aux États-Unis pour y étudier les méthodes d’enlèvement et d’élimination des ordures ménagères.

Ayez le culte du temps. Nous sommes en 1973. Où comptez-vous en être dans votre vie de travail en 1978 ? Voilà la question inéluctable à laquelle toute jeune personne ambitieuse doit répondre.

Ce n’est pas une croisière d’un mois que vous entreprenez, mais le voyage de toute votre vie d’activité. Il importe que les années à venir soient chargées d’événements intéressants et enrichissants. Pour aboutir à cet heureux résultat, vous devez faire une étude de la situation et répondre à certaines questions qui vous viendront à l’esprit. En voici quelques-unes par exemple : Quelles sont celles de mes activités que je puis exercer seul ? Quelles sont celles qui m’amèneront à travailler et à me réjouir avec d’autres personnes ? Mes activités sont-elles de nature à occuper à la fois mon esprit et mon temps ?

Penser à l’avenir aide à calmer son impatience. Quand on plante un petit arbre, rien ne semble se produire la première année et même la deuxième, mais durant tout ce temps la jeune plante travaille ferme à établir ses racines. Ce n’est qu’après qu’elle les a creusées dans le sol et ancrées près de leurs sources de nutrition que les branches allongent, que les feuilles se multiplient et que les fruits apparaissent. Plus un arbre grandit, plus le poids qu’il doit porter augmente et plus ses racines doivent pénétrer profondément dans la terre.

Une place au soleil

La faveur que les jeunes ont à solliciter, à leur sortie des maisons d’enseignement, de ceux qui les ont précédés peut se formuler ainsi : veuillez vous écarter pour nous faire de la place.

Voici en quels termes pourraient s’énoncer leur ambition et leur engagement envers la vie : Nous nous proposons d’affermir la fidélité aux principes et aux institutions qui constituent le fondement et l’ossature de notre code de vie. Ce sont ceux de notre génération qui deviendront d’ici vingt ans les représentants politiques, les chefs religieux, les juges, les hommes de science, les éducateurs, les créateurs d’oeuvres littéraires et artistiques et les protecteurs des droits civils.

Pendant ces vingt années, nous devrons établir des normes sociales, traiter les malades, prendre soin des invalides, sauvegarder les ressources naturelles et favoriser le bien-être des citoyens. C’est au cours de notre génération que les peuples de la terre auront à décider si l’énergie nucléaire sera une source de prospérité ou de désolation.

Il y a certaines conditions à remplir pour pouvoir exécuter cette tâche immense. Si vous voulez dissiper l’ignorance et les préjugés que vous déplorez et répandre la lumière du savoir et les bienfaits de la tolérance sur les lieux enténébrés, vous devrez agir dans les limites de la légalité et sans porter atteinte à la liberté humaine. Si vous entendez être des apôtres de la vérité qui libère, vous devez être des ennemis implacables de toutes paroles et actions visant en principe ou en pratique à restreindre les libertés civiles du citoyen.

Acteurs par la force des choses sur la scène de la vie, nous faisons tous partie de la représentation.

Il n’est pas recommandable de trop gémir sur les défauts de la pièce : si le texte et le jeu des comédiens étaient parfaits, il ne vous resterait rien à faire. À vous d’écrire une oeuvre qui soit de la meilleure qualité possible compte tenu des facteurs ambiants qui ne dépendent pas de votre volonté.

Il faut de la patience et du tact, de même que de l’ouverture et de la détermination d’esprit. Comme la vapeur, nos efforts auront d’autant plus d’efficacité qu’ils seront puissants, disciplinés et bien canalisés.