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Pays issu de la France et de la Grande-Bretagne, le Canada voit le jour avec l’avènement de la Confédération le 1er juillet 1867.

À Ottawa, la nouvelle est saluée par une salve de 101 coups de canon tandis que carillonnent les cloches de toutes les églises ; une messe solennelle est célébrée à la cathédrale de Trois-Rivières ; à Saint-Jean, 21 coups de canon retentissent en l’honneur de cet événement. La majorité des Canadiens défilent derrière des bannières où se lisent les inscriptions : « Bienvenue à la nouvelle Puissance » et « Success to the Confederacy ».

Il y a quelque chose de délectable à se sentir adulte, et, parvenu à l’âge de 107 ans, c’est dans tel état d’esprit que le Canada célèbre son anniversaire de naissance en tant que nation.

La roue a tourné : de l’isolement et des privations de l’époque des pionniers nous sommes passés, grâce à la transformation radicale de notre milieu d’existence, à notre niveau de vie actuel, qui compte parmi les plus élevés au monde. À tel point que notre suralimentation et notre manque d’activité physique ne laissent pas d’inspirer certaines craintes.

Le passé du Canada est loin d’avoir été monotone. Les événements qui le constituent sont assez émouvants et variés pour satisfaire le plus exigeant des conteurs. Toute l’histoire de notre pays est entrelacée dans le vêtement que le temps lui a tissé et que nous lui voyons aujourd’hui.

Plusieurs nationalités se trouvaient représentées parmi les pionniers des pays d’Europe qui débarquèrent sur le sol vierge du continent nord-américain ; c’est pourquoi le Canada du XXe siècle s’exprime dans plusieurs langues, prie dans des temples différents et ouvre ses portes aux émigrants de nombreux États.

L’âge des premiers vagissements ne fut pas une période facile pour le Canada. Aux rigueurs du climat, à l’isolement et aux difficultés d’existence s’ajoutaient l’hostilité des tribus indiennes, l’agressivité des voisins et les aléas de la vie sous des souverains peu au fait de ce qui se passait dans leurs colonies et séparés de leurs sujets par un océan de trois mille milles que franchissaient avec lenteur les navires à voiles.

En 1867, la nécessité de faire quelque chose était devenue manifeste pour les divers membres de la future famille canadienne, et les regards se tournèrent vers l’union. Au premier rang des objectifs politiques figurait le projet de créer une nouvelle nation apte à faire face à l’évolution de l’attitude britannique et d’unir les provinces et les colonies dispersées contre une agression éventuelle du côté du Sud. Au plan économique, le but recherché était de répartir les sources d’approvisionnement entre un plus grand nombre d’industries et de parer ainsi dans une certaine mesure aux effets des politiques économiques que pratiquaient alors la Grande-Bretagne et les États-Unis. Par le jeu des concessions mutuelles, on espérait sauvegarder les loyautés culturelles et locales et les concilier avec la puissance et la solidarité politiques.

La réunion de deux corps politiques en un seul représente l’une des entreprises humaines les plus difficiles. Il fallut des siècles pour assurer l’union de l’Angleterre et de l’Écosse, et plus longtemps encore pour former l’Italie et l’Allemagne. Sur le continent nord-américain, deux miracles politiques se sont réalisés : treize États ont réussi à s’unir de façon pacifique pour constituer les États-Unis d’Amérique, et trois provinces ayant des populations de cultures différentes ont créé également sans violence la Puissance du Canada.

Liberté et égalité

La liberté est un désir que partage la majorité des hommes. Nous en voyons partout des témoignages, notamment dans les déclarations et les lois énonçant les droits fondamentaux de la liberté d’expression, de religion, de pensée, de presse et de réunion. Les hommes sont vraiment libres lorsque les conditions dans lesquelles ils vivent leur permettent de faire usage en tant qu’individus de leurs ressources matérielles, intellectuelles et spirituelles.

C’est une obligation pour les gouvernants et les gouvernés de conserver l’équilibre entre l’ordre et la liberté. Il faut que la liberté individuelle soit limitée par le principe démocratique bien établi : le plus grand bien pour le plus grand nombre. La liberté politique consiste à pouvoir choisir entre deux ou plusieurs lignes de conduite. Le Canada ne met aucune entrave à la liberté d’opinion ni à la libre expression des idées.

La liberté et l’égalité ne font pas toujours bon ménage. La revendication de l’égalité doit tenir compte du fait que même dans une démocratie il y a bien des choses qui sont inégales.

L’un des problèmes de gouvernement les plus difficiles est d’accorder l’égalité de traitement à tous en dépit des inégalités. Tous les hommes et toutes les femmes ne naissent pas avec des qualités physiques et intellectuelles identiques, mais l’État démocratique s’efforce de leur assurer l’égalité des chances et des espoirs.

Il existe une espèce d’« égalité » où personne ne vaut mieux que son voisin, où la supériorité est contestée, l’excellence ridiculisée et l’autorité suspecte. Cette conception biscornue de l’égalité démocratique provient de l’idée que rendre hommage à la valeur de quelqu’un c’est s’abaisser soi-même. Pourtant, en louant les bonnes pensées et les bonnes actions des autres, nous les faisons nôtres dans une certaine mesure.

Le Canada offre aussi libéralement que tout autre pays un mode de vie normal et équilibré, où hommes et femmes peuvent développer leurs talents individuels.

Cependant, l’égalité des chances ne peut vraiment signifier quelque chose que pour ceux qui sont doués et qui ont de la volonté, de la longueur de vue et le savoir nécessaire. La jeune personne qui éprouve le désir d’écrire, mais veut se lancer dans le genre « créateur » sans faire d’apprentissage ; l’employé qui commence à étudier pour améliorer sa situation professionnelle et qui abandonne pour d’autres attractions : ceux-là ne peuvent légitimement se plaindre qu’on leur refuse des chances de succès.

À la recherche d’une personnalité

Socrate prévient ses auditeurs que, si l’on a tenté d’esquisser un État idéal, ce n’est qu’à titre d’essai, et que le plus que l’on puisse espérer est peut-être que les États existants se rapprochent qualitativement de cet idéal. Le Canada s’efforce, non pas d’édifier une Utopie, mais de se donner une personnalité propre en tant que nation.

La personnalité n’est pas un don héréditaire. Elle s’acquiert par le travail assidu, l’intégrité, l’unité de but, la fidélité, la grandeur d’âme, la modération, la générosité, l’intelligence, la bienveillance et la confiance en soi. Ce sont là autant de qualités qui paraissent souhaitables chez les individus et que glorifient toutes les grandes religions. Lorsqu’elles sont généralement répandues chez les habitants d’un pays, on peut dire que ce pays a de la personnalité.

Cela exige un idéal, une perception de ce qui est parfait. L’idéal, c’est la plus haute création de l’imagination, par laquelle sont évoquées les conditions qui permettent de satisfaire les pensées et les désirs les plus nobles de l’individu ou de la nation.

Même si elle ne conduit pas forcément à la perfection, la poursuite d’un idéal est source d’amélioration. « Il est faux, écrit Tolstoï, de dire qu’un idéal d’une infinie perfection ne peut pas être un guide dans la vie et que je doive ou le rejeter ou l’abaisser au niveau où il plaît à ma faiblesse de se maintenir. »

Le droit et la justice

Dans un pays qui aspire à la grandeur et au bien, il ne convient pas d’élever les enfants dans la connaissance approfondie de l’énergie nucléaire et dans l’ignorance totale des principes moraux qui font partie intégrante de la culture nationale. Il importe d’enseigner que la rectitude de conduite et la justice sont une question de devoir et leur observation une question d’honneur.

L’honneur est un mot vieillot, où entrent les notions de devoir, de responsabilité et de respect des valeurs éternelles. C’est pour ainsi dire la colonne vertébrale de la démocratie, l’axe qui soutient l’ensemble et porte les nerfs moteurs appelés à transmettre aux muscles les incitations à l’action.

Les lois ne sont pas tout, même si elles sont bonnes et bien appliquées. Ce qui est nécessaire, ce n’est pas tant l’interdiction du meurtre – crime que la plupart des gens ne commettront jamais – qu’une certaine connaissance des vertus positives et l’habitude de les pratiquer. Le bien n’est pas, chez un individu ou un peuple, simplement l’absence du mal, mais l’amour de tout ce qui est vrai, pur, honnête, juste et beau.

Solon, le grand législateur de l’Athènes antique, nous a laissé cette observation : la cité est mieux modelée lorsque ceux qui ne sont pas lésés poursuivent et punissent l’injustice avec le même zèle que ceux qui le sont.

Tout représentant de la justice, depuis le ministre qui siège au Parlement jusqu’au policier en train de faire sa ronde, doit avoir le désir d’être considéré comme clément et non comme cruel. Pourtant, il doit aussi veiller à ne pas mésuser de sa clémence. On demande grâce et indulgence pour les coupables ; mais l’innocent, lui, n’exige que justice. En pardonnant trop au malfaiteur, la société fait tort au citoyen respectueux des lois et tolère l’accomplissement du mal.

Les devoirs de la démocratie

Il y a un certain fondement dans le principe selon lequel l’appui concerté d’idéaux communs par des citoyens qui, malgré leur différence d’origine, partagent la même allégeance, peut constituer la meilleure garantie et la meilleure promesse de liberté et de civilisation. Les divergences de vues sont inévitables, mais le Canada doit, au moment de son 107e anniversaire, réaffirmer sa détermination de ne laisser aucune idée d’avantage distinct, aucune revendication de privilège spécial l’emporter sur la règle primordiale de l’intérêt commun. Ce qui importe c’est le bien de l’ensemble.

L’une des libertés interdites à l’être humain est celle de se soustraire à ses responsabilités. Il y a des devoirs qu’il faut accomplir pour sauvegarder la liberté démocratique. Les citoyens qui veulent un gouvernement libre et efficace doivent se considérer comme ses gardiens. Ce devoir, ils doivent s’en acquitter sans paresse ni insouciance.

Les activités désintéressées, les vues larges et la clairvoyance ne sont pas le propre des gens qui placent normalement leur bien-être personnel au-dessus des besoins de la société. Certaines personnes se dérobent aux obligations civiques et sociales par crainte de s’engager ou encore par désintérêt pour tout ce qui ne contribue pas directement à leur plaisir. La récompense de ceux qui assument leur responsabilité de citoyen n’est pas nécessairement l’argent, la puissance ou un monument public. Le respect de soi et le respect des autres sont bien suffisants.

Beaucoup de choses bonnes et souhaitables dépassent les capacités de la loi et des institutions. Elles ne se feront jamais s’il ne se trouve pas quelque particulier qui soit disposé à les réaliser sans autre rétribution que la satisfaction de rendre service.

Le bien-être humain, raison d’être générale de la création des gouvernements à l’origine, est devenu, de façon précise et concrète, un objectif principal de l’État dans tous les pays. Dans les sociétés industrielles en voie de développement, beaucoup de personnes vont en souffrir sans qu’il en soit spécialement de leur faute. C’est à elles que le devoir commande de venir en aide. Comme l’a fait remarquer lord Beaverbrook, l’État social doit se fonder sur le travail ardu et non sur la croyance qu’il incombe au gouvernement de servir de nourrice aux fainéants et aux parasites qui donnent le moins possible en retour.

La conservation des ressources

Les ressources du Canada sont d’importance internationale. Dans une allocution qu’il prononçait en février, à Ottawa, notre compatriote Maurice Strong, directeur administratif du Programme de l’environnement des Nations Unies, signalait que le Canada a une responsabilité spéciale en ce qui concerne la gestion de ses ressources et de son milieu naturel.

Nous vivons dans une société planétaire, au milieu de pays qui sont ardemment réalistes. Il nous faut donc penser le développement de nos ressources non seulement de notre point de vue à nous, mais encore avec les yeux des autres.

C’est là-dessus que MM. Churchill et Roosevelt ont voulu attirer notre attention en rédigeant ce passage de la Charte de l’Atlantique : « faciliter à tous les États, qu’ils soient grands ou petits, vainqueurs ou vaincus, l’accès, sur un pied d’égalité, au commerce et aux matières premières du monde, qui sont requises pour leur prospérité économique. »

Regard sur l’avenir

Au moment où il célèbre son 107e anniversaire de naissance en tant que nation, fleuri des lauriers du succès et du romarin du souvenir, le Canada doit se rappeler que l’année 1974 prendra la place qui lui est réservée dans le cours de l’histoire. Et de même qu’au jour de la naissance tout dépend de l’avenir, ainsi à la date de chaque anniversaire qui passe l’avenir demeure la grande chose.

La vie deviendra terne et vide de sens pour les citoyens si leur gouvernement n’a pas fixé certains buts à leur portée au-delà des tâches journalières. Celui-ci ne doit pas se laisser absorber par les affaires politiques et économiques d’intérêt immédiat et oublier l’avenir postérieur à son mandat. L’extrémité de l’arc-en-ciel va beaucoup plus loin que l’équilibre budgétaire de l’année en cours ou la récolte de blé de l’année suivante.

En élaborant ses plans d’avenir, le Canada doit adopter une approche optimiste et positive. Il est de son devoir de rendre la culture humaine un peu meilleure qu’elle ne l’était en 1867. Très peu de gens sont exempts du désir de transmettre quelque chose d’eux-mêmes à leurs enfants et à d’autres. Le Canada peut faire beaucoup à cet égard, s’il veut bien se servir des instruments qui ont été mis entre ses mains, pour instruire sa population, former des chefs, accorder de l’aide à ceux qui en ont besoin et répandre l’esprit de ce qui est juste à travers le monde.

C’est le moment de nous élever au-dessus de l’agitation et des confins de notre propre vie pour voir où en sont les choses et nous faire une idée des objectifs lointains auxquels il convient de viser. Le temps est venu de confronter nos espoirs utopiques avec notre monde quotidien.

Nous devons avoir la foi des Pères de la Confédération. Ceux-ci ne doutaient aucunement que l’enfant qui était leur oeuvre trouverait, pas tout de suite sans doute, mais un jour, la place qui lui revenait dans l’univers.

Le Canada a maintenant assez de maturité pour cesser de contempler la liste des bonnes choses dont il a été doté et commencer à élaborer son mode de pensée propre. Sa mission consiste à s’adapter aux problèmes d’une société industrielle moderne, dans le cadre d’une constitution rigide, où l’autorité est partagée. Il a besoin d’une forte détermination pour tracer sa route et d’un bras vigoureux pour forger son destin.

Se fixer des normes

Ceux qui discourent sur les principes et les idéaux se voient parfois invités à quitter ces hautes sphères et à descendre sur la terre ferme de la vie pratique.

La plupart des gens ont le sentiment qu’il existe d’autres besoins importants en plus de celui de gagner son pain. Nous connaîtrons une vie plus heureuse si nous visons à l’excellence dans toutes les activités qui constituent l’existence humaine. L’échec le plus amer est de ne pas être fidèle à ce qu’il y a de mieux à sa connaissance.

Notre époque est peut-être l’une de celles où l’homme prend conscience qu’il y a en lui quelque chose qui dépasse la lutte de tous les jours pour l’existence et la lutte de toutes les nuits contre la peur. Il ressent le besoin de développer ces attributs de la pensée et du sentiment que sont la raison, la justice, la perception de la beauté physique, en veillant à les harmoniser.

Les hommes, les femmes, les nations peuvent se grandir en s’appliquant à réaliser des oeuvres de qualité. Il est désastreux qu’un pays ou un individu cesse d’aspirer à la perfection et se contente d’expédients. C’est là un des dangers qui menacent la société d’abondance. La satiété mène à la stagnation.

La civilisation est chose fragile

Le vernis de la civilisation, fait, dit-on, de raffinement culturel et intellectuel, est un revêtement d’une minceur hasardeuse.

La civilisation se compose d’une foule de choses, depuis la paix entre les peuples jusqu’à l’amabilité envers les autres. Ruskin espérait que par les arts, la religion et la littérature tous les hommes pourraient accéder à la civilisation, mais il y a encore bien des gens qui conçoivent la civilisation comme une question d’efforts ou de réussite pratique : mise en valeur de soi-même, inventivité, expansion nationale.

D’autres s’en font une autre idée. « J’estime, dit l’un d’eux, que l’ordre vaut mieux que le chaos, la création mieux que la destruction. Je préfère la douceur à la violence, le pardon à la vengeance. À tout prendre, je pense que le savoir est préférable à l’ignorance et je suis sûr que la sympathie humaine est plus précieuse que l’idéologie. Je crois à la courtoisie, rituel par lequel nous évitons de blesser les autres pour satisfaire notre égoïsme. »

Les Canadiens approuveront certes cette conception. C’est là la manière dont ils voudraient vivre au Canada et celle dont ils voudraient voir vivre le Canada dans la communauté mondiale.

Comment les Canadiens peuvent-ils s’employer de leur mieux à réaliser ce genre de vie ? Ils doivent commencer par le pratiquer eux-mêmes. Ils ne pourront réussir ni même aller bien loin s’ils ne croient pas de tout coeur à leur objectif. Il leur faudra ensuite reconstruire leur petite localité immédiate et revivifier les rapports entre voisins. On s’imagine à tort qu’il suffit de beaucoup d’argent pour embellir un quartier, mais à la vérité le seul moyen réellement efficace est l’apport personnel de temps et d’effort, et c’est aussi le plus enrichissant. Une petite ville du Kentucky n’a-t-elle pas réuni les fonds nécessaires pour renover sa mairie grâce à des ventes de pâtisseries et d’autres initiatives semblables de la population ?

La coopération est une nécessité de la vie. Un homme puissant qui vit, lutte, travaille uniquement pour lui-même et isolément est un triste spectacle, en marge de l’humanité. Un pays puissant qui vit pour lui-même et isolément est une tragédie.

Les citoyens participent aujourd’hui plus activement aux affaires de l’Etat, et l’unique but d’un gouvernement est le bien public. Les dirigeants du Canada devront être des hommes et des femmes ayant développé au plus haut degré leurs dons naturels. Celui qui a la vocation du service parlementaire ne pense pas petitement. Comme le roi-philosophe de Platon, il adhère au modèle de la justice, de la beauté et de la vérité ; il cultive le savoir ; il envisage à la fois le présent et l’avenir.

Une renaissance

Ce 107e anniversaire est une occasion appropriée pour le Canada de réfléchir à l’avantage d’opérer une nouvelle renaissance, un renouvellement de vie et de vigueur, une seconde naissance.

L’homme de la Renaissance nous dit le dictionnaire était « une personne aux vastes préoccupations intellectuelles et culturelles, où se retrouvait toute la gamme des connaissances existantes. »

La civilisation occidentale a été une série de recommencements, et il n’y a pas de raison impérieuse pour que le Canada ne joue pas un rôle important dans l’avènement d’une nouvelle renaissance. C’est par de tels renouvellements que se réalise la transformation de l’homme et de la société.

Dans ses affaires intérieures, le Canada peut créer un contexte dynamique qui incitera les hommes et les femmes à admirer les grandes choses et à tenter d’en accomplir. Mais une incitation de ce genre exige une extraordinaire et vigoureuse impulsion. Pétrarque, le premier des humanistes, dont la vie marque l’aube de la Renaissance en Italie, éveilla l’intérêt de ses concitoyens pour l’antiquité gréco-romaine, encouragea l’instruction et la culture et chercha à concilier les idéaux du paganisme et du christianisme.

Il existe dans les archives du Canada, de chaque province et de chaque grande ville des plans théoriques, qui sont les fantômes d’une foule de brillants espoirs et d’idées créatrices. L’indifférence des gouvernants, l’apathie du public, la répugnance à dépenser de l’argent pour des choses « non productives » les ont menés au tombeau.

Notre 107e anniversaire serait un moment favorable pour feuilleter de nouveau ces vieux documents. À l’époque des transplantations, peut-être y aurait-il moyen de leur infuser une nouvelle vie.

Il n’est ni sage ni de bonne politique de penser qu’il est possible de réaliser immédiatement la vie idéale au Canada. Il y a encore des débats non réglés et des questions pendantes. Comme de bons actionnaires – et nous avons tous des actions dans la Société canadienne – profitons de l’occasion pour analyser notre situation. Si nous mettons en lumière les aspects positifs du Canada d’aujourd’hui, les éléments négatifs paraîtront moins graves.

Nous pourrons alors entreprendre la tâche d’élaborer le plan des années à venir d’un pays qui aspire à compter, non pas parmi les nations qui ont ébranlé le monde, mais parmi celles qui en ont accru la solidité.