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Il y a, pour les journalistes, trois personnages particulièrement remarquables dans l’histoire : Edmund Burke, Thomas Jefferson et Voltaire. Edmund Burke, célèbre parlementaire britannique, qui, montrant la tribune de la presse, qualifia les journalistes de quatrième état, état beaucoup plus important que les trois autres alors représentés au Parlement. Thomas Jefferson, auteur de cette phrase : il serait préférable d’avoir des journaux sans gouvernement qu’un gouvernement sans journaux. Voltaire qui établit la norme de la liberté de parole en disant à Helvétius : « Je désapprouve ce que vous dites, mais je défendrai jusqu’à la mort votre droit de le dire. »

De façon générale, les journaux canadiens partagent l’avis de ces trois autorités du dix-huitième siècle et y demeurent fermement attachés. Il est juste de reconnaître leurs qualités, car elles sont plus grandes que leurs défauts.

La plupart des reporters et des rédacteurs sont des personnes compétentes, sérieuses et soucieuses de bien faire. Ils estiment que le résultat de leur travail est d’une importance capitale pour leurs lecteurs et pour le Canada. Leur principal moyen de justifier leur liberté d’informer est d’écrire des articles exacts et intéressants et d’interpréter avec honnêteté et intelligence les événements et les tendances significatives de leur époque.

Un journal ne peut plaire à tout le monde tous les jours. Nous sommes ici en présence d’une situation où chacune des parties intéressées gagne à connaître les besoins et les difficultés de l’autre. On a souvent dit que le journaliste doit connaître son public ; il serait utile aussi que le lecteur ait une idée des problèmes des gens de la presse et de la façon dont ils s’y prennent pour les résoudre.

Un journal est une entreprise à but lucratif ; il se vend dans des conditions hautement compétitives et doit faire l’objet d’une gestion commerciale attentive. S’il n’est pas publié en vue de la vente et de la réalisation de bénéfices, il n’a pas d’individualité propre, mais n’est qu’un élément ou un accessoire de quelque chose d’autre. S’il est voué à une cause quelconque, c’est un organe et non pas un journal. Un journal ne peut être indépendant que s’il gagne sa vie.

Le journal idéal sera la voix des petits, des opprimés et des oubliés, le champion des faibles. S’il lui arrive parfois, dans l’exercice de sa mission, de déranger la conscience publique, cela n’est pas de nature à le discréditer. En se faisant le défenseur de la liberté civile et l’ami des causes justes, il s’acquitte d’un service appréciable.

Sa principale fonction consiste à être le miroir des événements du jour. S’il a soin de tenir ce miroir propre et aussi exempt que possible de toute imperfection, les images qu’il reflétera seront fidèles, claires et intéressantes.

Le public veut être informé

Les gens sont avides d’informations. Depuis que ses lointains ancêtres ont appris à parler, l’homme n’a pas cessé de demander à ceux qu’il rencontre : « Que savez-vous ? » En ce vingtième siècle encore, notre première question en abordant quelqu’un est toujours : « Quoi de neuf ? »

La rédaction et la lecture des journaux ne sont pas faites pour les personnes incapables, au besoin, d’envisager une question objectivement. Le lecteur doit distinguer entre la connaissance et la conjecture ; entre l’observation professionnelle et fortuite ; entre la vérification et la crédulité. Apprenez à identifier le texte que vous lisez : s’agit-il d’un énoncé des faits, d’une interprétation, d’une opinion, d’un débat ou d’un argument spécieux ? Dans un article important, les sources sont-elles citées ?

On trouve dans presque tous les quotidiens canadiens, grands ou petits, des comptes rendus généraux et objectifs des nouvelles internationales.

Notre pays a une conception aussi large que tolérante de la vie mondiale. Ses citoyens ont appris à entretenir des liens d’amitié avec les grandes puissances, qui ne sont pas toujours très amies les unes avec les autres. Nos journaux signalent leurs affaires politiques, économiques et culturelles en tant que questions de haut intérêt pour tous les Canadiens.

C’est là un esprit et une pratique que l’on aurait avantage à appliquer sur une plus grande échelle qu’actuellement aux informations nationales et provinciales.

Le président-directeur général de la Banque Royale a effleuré le sujet dans une allocution prononcée, en mars dernier, devant le Club du chancelier de l’Université de Calgary. « Tout en étant encouragé, optimiste même, devant les perspectives d’avenir du Canada en tant que nation une et unie, je n’en suis pas moins découragé et alarmé par le degré de discorde que peut engendrer à la longue le zèle de ceux dont la vision est limitée dans le temps ou l’espace géographique. »

Parlant de la difficulté réelle de communiquer les uns avec les autres, en raison de la vaste superficie de notre pays, le conférencier a posé cette question : « Alors que faisons-nous au sujet du problème de la communication ? Évidemment, nous devons accroître la mobilité des personnes, des faits et des idées à travers le Canada. Un journal vraiment national serait utile, mais ce n’est peut-être là que de l’optimisme outré. Nous voulons bien des informations nationales impartiales, mais nous tenons à ce qu’elles soient diffusées dans nos foyers alors qu’elles sont encore des nouvelles. »

Un courageux propriétaire de journal, épaulé par une équipe de rédacteurs enthousiastes, intelligents et dynamiques, pourrait trouver son plus grand accomplissement comme journaliste et comme Canadien en publiant un journal que le public extérieur à son étroite zone de diffusion actuelle rechercherait en raison de ses articles sûrs et bien écrits sur les questions nationales.

Les critiques contre les journaux

Il est courant qu’un journaliste s’étonne de ce que certains critiques jugent critiquable dans ses textes. Ceux-ci ont tendance à voir dans un article de journal non pas ce que l’auteur a écrit mais ce qu’ils y cherchent. Il leur arrive d’avoir des connaissances très circonscrites, de ne pas être au fait de ce qui sort de leur domaine particulier et de discourir sur un article avec l’envergure d’une blanchisseuse parlant des chutes Niagara.

Tout le monde peut trouver à redire, mais les critiques qui émanent d’une réflexion positive et féconde peuvent être un guide précieux. C’est par la critique et la négation aussi bien que par les conseils positifs que progresse le savoir et partant la civilisation.

Le reproche que l’on entend le plus souvent sans doute est le caractère sensationnel de la presse. Le journaliste qui relate une nouvelle intéressante hésite à crever la bulle où le monde apparaît sous de vives couleurs et à la réduire en un peu d’eau savonneuse. Certaines personnes confondent ce goût de l’éclat avec la recherche du sensationnel.

Considérée sans préjugés, cette accusation revient à dire que les journaux reconnaissent les valeurs émotives et en tirent parti parce qu’ils se rendent compte que leurs lecteurs sont des gens intelligents, intéressés par la vérité pittoresque qui se dégage des événements quotidiens de ce monde. On peut cependant protester avec raison contre la façon dont certains journaux exploitent ou montent en épingle les informations relatives à la violence et au crime.

La passion, la force, la violence, le chahut font maintenant partie de la vie ; sans être universellement approuvés, ils sont largement acceptés. Lucille Ball, grande dame de la télévision durant plus de 23 ans, disait dans une entrevue reproduite par le Christian Science Monitor : « Ce qui commence à me choquer en ce moment, c’est que je ne suis plus aussi choquable qu’autrefois. » Selon la formule d’un auteur : « Les petits enfants des gosses qui avaient coutume de pleurer parce que la Petite fille aux allumettes mourait de froid s’estiment maintenant frustrés si elle n’est pas rouée de coups, violée et jetée dans un convertisseur Bessemer. »

Le besoin d’exploiter les conflits dans les écrits ou la conversation est devenu général, et les journaux pourraient améliorer leur image de marque en le refrénant. Si, à une réunion interprovinciale, il y a accord sur un point et désaccord sur un autre, il est probable que les journaux relèveront en premier lieu et signaleront dans leurs titres la question sur laquelle les provinces ne s’entendent pas. Cela suppose certes une piètre idée de l’intelligence du lecteur, mais paraît réaliste à certains journaux.

En 1971, était lancé en Californie un journal appelé Good News, ayant pour mission de publier tous les faits réjouissants et heureux pour lesquels la plupart des journaux ne trouvent pas de place. Au bout de seize mois, il dut quitter la partie, avec plusieurs milliers de dollars de déficit. Le public ne voulait pas des bonnes nouvelles.

Publicité et propagande

Une autre critique est que les journaux renferment trop de publicité. Pourtant la publicité est nécessaire non seulement pour assurer des revenus au journal, mais pour renseigner le lecteur. Pour pouvoir organiser notre vie de tous les jours, nous avons besoin de savoir quelles sont les choses qui nous sont offertes pour assurer notre bien-être, notre confort et notre succès.

Les annonces influent sur le tirage, ainsi qu’un important journal canadien l’a appris à ses dépens. Un grand magasin ayant retiré sa publicité à ce journal, son tirage dégringola jusqu’à un niveau de beaucoup inférieur à celui d’un concurrent, qui occupait auparavant la seconde place. Mais cette influence de la publicité joue dans deux sens. C’est à à la fois un indice de la valeur des annonces pour le journal et de la valeur du journal aux yeux de l’annonceur et des lecteurs.

Une critique faite à certains journaux est qu’ils sont des organes de propagande. La propagande est tout ce qui donne l’impression au lecteur qu’il faut faire quelque chose, et bien terne serait le journal qui ne donne jamais cette impression.

D’autre part, on accuse les journaux de ne pas publier ce que les gens veulent faire imprimer gratuitement pour appuyer une bonne cause quelconque. La raison du refus dans ce cas est peut-être que les articles proposés sont ennuyeux, écrits en dilettante ou sans la moindre étincelle d’affectivité. Certains journaux se font un devoir, lorsque l’initiative le mérite, de charger une personne compétente de remanier l’article, quitte à y ajouter un supplément de documentation afin que le papier puisse jouer un rôle utile et en même temps informer les lecteurs de façon intéressante.

Ce qu’est la nouvelle

La nouvelle est une information exacte au sujet d’un événement d’intérêt public ou de nature émotive, ou la mention d’actes ou d’opinions de caractère important. Elle parle de quelque chose de différent du train-train quotidien.

Les avions qui volent sans accident et sans être détournés par des pirates de l’air, les gens sans histoires, les cours d’eau qui restent dans leur lit et les nations qui mènent leurs affaires et règlent leurs différends sans recourir à la guerre ne sont pas matière à nouvelles. Un homme ordinaire accomplissant de façon ordinaire un travail ordinaire est sans intérêt pour le journaliste, mais un homme ou une femme extraordinaire à l’oeuvre, ou un homme ou une femme ordinaire remplissant une tâche extraordinaire ou encore une tâche ordinaire de façon extraordinaire, voilà ce qui constitue une nouvelle.

Il y a diverses sortes et diverses classes de nouvelles. Une chose qui se produit dans un village peut être une nouvelle dans cette localité, mais non dans une ville située à quelques milles de là. Les fluctuations boursières ne sont des nouvelles qu’en page financière et nulle part ailleurs, sauf en cas d’effondrement des cours.

À propos des journalistes

Le reporter n’a rien de mystérieux. C’est un travailleur, qui, probablement, vit aussi bien que le permet son salaire, est marié, a des enfants et s’intéresse comme tout le monde à la politique, à la poésie et aux complications de la vie.

Son prestige tient à l’institution, qui, plus encore que la vapeur, la poudre à canon, l’essence de pétrole et l’énergie atomique, a révolutionné l’univers.

Lorsque surgit au milieu de la quiétude du dix-septième siècle, l’art gros de conséquence de l’impression des journaux, on voit apparaître un ferment dont l’effet persiste toujours après trois siècles. Cela tenait de la magie, en effet, que le savoir caché jusque-là aux gens du commun leur soit maintenant révélé, que les agissements des notables altiers et sacro-saints s’étalent à la vue de tous sur du papier bon marché.

Deux qualités importantes chez le bon reporter d’aujourd’hui sont le choix des nouvelles et la sincérité. Il sait quels sont les incidents à retenir pour donner à son papier l’impression de la vie, et nul ne peut le convaincre de retrancher un iota de ce qu’il juge essentiel. Il n’est ni trop délicat pour envisager les faits tels qu’ils sont, ni trop aveugle pour en discerner toute la portée, mais il évite de se complaire dans le malsain ou de noter quoi que ce soit par malveillance. Qu’il s’agisse de rendre compte d’un concert d’école secondaire ou des événements retentissants de la politique mondiale, sa fidélité aux faits ne se dément pas.

Un reporter ne recueillerait pas beaucoup d’informations notables en se contentant de demander aux gens qu’il rencontre : « Avez-vous des nouvelles aujourd’hui ? » Ceux-ci ne savent pas ce qu’est une nouvelle. Les qualités particulières qu’il faut avoir pour prendre un fait et le présenter d’une façon professionnelle et attrayante sont : un esprit impartial joint à une curiosité inassouvissable, à une incrédulité invincible et à un penchant à ne pas se laisser facilement envoyer promener.

Tout ce qui est bien écrit suppose une sélection et de l’organisation. Une bonne rédaction est essentielle. En faisant preuve de compréhension pratique, de prévoyance, d’imagination et d’initiative, le rédacteur en chef forme son personnel à la connaissance de la nature de la nouvelle et aux techniques de sa découverte et de sa mise en forme.

Il incombe au rédacteur de veiller à ce que les articles soient conçus de façon à expliquer au bénéfice du lecteur ce qui s’est passé. Le « comment » et le « pourquoi » des événements sont de la plus haute importance.

La partie éditoriale

Une page éditoriale qui offre un menu vraiment valable n’a pas à craindre de manquer de lecteurs. Le public tient à recevoir l’orientation autorisée de rédacteurs qui savent ce qu’ils écrivent et se donnent la peine d’élucider l’actualité.

L’éditorialiste doué du sens des responsabilités s’efforcera de présenter à ses lecteurs un exposé équilibré des faits fondamentaux, d’indiquer le but de l’action envisagée, de proposer d’autres solutions et d’éclairer le tout de ses réflexions et de ses observations de spécialiste. Ainsi, les lecteurs pourront peser et examiner la question débattue avec une certaine connaissance et savoir sur quoi fonder leurs opinions.

Dans une société soumise dans une large mesure à la peur, à l’insécurité, à l’incertitude, à la dégradation des valeurs, au désenchantement et au matérialisme, les lecteurs ne tiennent pas aux éditoriaux qui ne sont que de gentilles narrations n’offrant aucune matière à réflexion. Plus de personnes que jamais désirent connaître non seulement les événements, mais la raison de ces événements. Elles ont un besoin pressant de documentation explicative pour parvenir à diriger leur pensée à travers le brouillard de l’actualité.

L’éditorialiste doit sonder et évaluer, puis rédiger son article avec science et logique. Ses arguments feront appel à la vérité, à la raison et à l’intelligence, et non aux préjugés, aux passions et à l’ignorance.

La liberté de la presse

La liberté de penser, dans un sens tant soit peu valable, comprend la liberté d’expression. Lorsque les hommes ne peuvent sans crainte se communiquer leurs idées, aucune autre liberté n’est assurée.

La liberté de la presse signifie qu’une idée aura sa chance même si les propriétaires ou les directeurs de la presse ne la partagent pas. La presse n’est pas libre si ceux qui en assurent le fonctionnement agissent comme si leur position leur conférait le privilège de rester sourds aux idées que le jeu de la liberté de parole a signalé à l’attention du public.

La liberté de la presse exige d’être protégée à titre de droit fondamental de l’humanité. Le Canada ignore la censure en temps de paix, ne met aucun embargo sur l’importation ou l’exportation des informations et ne dit pas aux journalistes quoi imprimer, quelles opinions exprimer ni quelles « causes » appuyer.

Pourtant, cette liberté ne permet pas de faire preuve d’inconsidération dans la publication des journaux. La liberté de la presse n’est pas la liberté pour les propriétaires de journaux, les rédacteurs et les reporters de faire imprimer ce qui leur plaît. C’est la liberté pour le public d’avoir accès à l’information et d’exprimer des opinions. La première modification apportée à la Constitution des États-Unis n’a pas été adoptée au bénéfice des journaux, mais pour éviter l’ingérence du gouvernement dans le droit des citoyens à recevoir l’information.

Si elle est libre, comme il se doit, la presse a aussi des obligations : elle a la responsabilité envers la société de satisfaire le besoin d’information du public et de sauvegarder les droits des citoyens et les droits presque oubliés des voix qui n’ont pas l’oreille de la presse.

Tous les journaux n’observent pas cette conduite. Certains d’entre eux abusent de leur liberté en harcelant les gens, en publiant des renseignements qui ne sont pas des nouvelles mais des affaires personnelles, en violant la vie privée et en imprimant des demi-vérités fondées sur des rumeurs ou des indiscrétions.

Mesures de protection

Il y a trois principes qui contribuent à empêcher la presse d’enfreindre les droits du public : l’exactitude, la décence et l’honnêteté.

Un journal est inexcusable de manquer d’exactitude faute de soins suffisants de sa part. Au journal sans pareil qu’est Le Monde, tous les articles écrits par les membres chevronnés du personnel sont relus par deux de leurs collègues avant publication.

Le journal doit être décent, non seulement dans le langage et les illustrations qu’il emploie, mais dans la façon de s’y prendre pour se procurer les informations. Il y a dans la vie humaine des situations où aucun journal ne peut décemment justifier son intervention. L’opinion publique devrait se hâter de punir le journal qui viole le niveau des convenances auquel a atteint la communauté qu’il dessert.

Ceux qui approuvent le recours à l’obscénité et à l’émoustillement verbal inventent des arguments plausibles. Ils prétendent que ce sujet fait partie de la vie et qu’il est du devoir des services d’information publique de ne laisser personne se faire illusion à propos de la véritable nature du monde. Les hommes et les femmes qui appuient la pratique de publier « les histoires crues de la vie » ne sont pas des avant-gardistes, mais des partisans de la rétrogradation vers la barbarie. Les gens civilisés recherchent le raffinement. De fait, la civilisation n’est-elle pas le fruit du raffinement des moeurs ?

S’il arrive, malgré la discipline d’honnêteté que s’imposent les journaux, qu’une réputation soit éclaboussée, la victime peut toujours recourir à la loi sur la diffamation, dont le but est de protéger les individus et les groupes contre les assertions préjudiciables.

Le fait qu’un journal est libre de publier un texte sans permission préalable ne veut pas dire qu’il peut dire impunément tout ce qu’il veut. Si l’article est diffamatoire, séditieux, blasphématoire ou obscène, ou commet une autre infraction à la loi, le journal pourra en être tenu responsable.

Une ambition louable

De même que le citoyen essaie de régler son existence de façon à mener une vie décente, utile et fructueuse, ainsi un journal rendra service à sa génération en diffusant les informations selon les principes de la sincérité, de l’impartialité, de l’intégrité, de l’exactitude et de l’honnêteté.

Quelqu’un qui a vécu cinquante ou soixante ans est comme un homme qui assisterait deux ou trois fois au même spectacle de prestidigitation. Les tours perdent leur nouveauté à la répétition. À soixante-dix ans, une personne a eu l’occasion d’apprendre comment trois ou quatre générations ont dû faire face à des problèmes qui se posent encore aujourd’hui et comment elles ont cherché à les résoudre.

La génération actuelle parle de désarmement et de paix mondiale, de libération de la femme et de politique libérale, conservatrice et socialiste, de l’abus de la drogue, de musique classique par opposition à la musique populaire, de l’art nouveau et de ses divers genres, tout comme l’on fait les générations antérieures. Mais il faut interpréter tout cela en fonction de l’évolution des conditions de vie dans le monde et des nouvelles connaissances acquises dans le domaine des sciences et des arts. C’est là la tâche du journal.

Cette mission entraîne une double obligation. La presse doit se comporter de façon à se faire lire par les personnes d’âge mûr à cause de sa véracité et par les jeunes à cause de son orientation vers l’avenir. Ce sera tout à l’honneur du journalisme si elle sait se maintenir un peu au-dessus du niveau de son époque.