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Comme toute autre bonne idée, le projet d’organiser un festival local des arts peut paraître un tantinet ridicule, mais beaucoup de localités sont en train de nous démontrer que la chose est possible, agréable et profitable.

Les gens ne se contentent plus aujourd’hui de passer le temps à ne rien faire. Ils veulent que quelque chose vienne stimuler leur esprit et leur imagination, et le festival local répond à ce besoin. Dans un pays où tous les hommes et les femmes ont part aux biens matériels de l’existence, il est tout aussi important, pour le bonheur de la vie, qu’ils aient l’occasion de participer à ce qui est beau et de s’associer à sa création.

La question est de savoir ce que peut faire une localité donnée pour mettre sur pied un festival capable d’apporter des distractions à ses habitants, y compris les participants, et aux visiteurs. Le festival peut servir à faire connaître les musiciens, les chanteurs et les danseurs locaux. Il peut offrir des programmes montrant ce que fait la population sur le plan culturel. C’est parfois un moyen de ramener dans leur patelin, comme exécutants, des personnes de la localité qui ont réussi ailleurs des carrières artistiques.

Il se trouvera sûrement quelqu’un pour poser la question : quel doit être le niveau intellectuel d’un festival ? Disons tout de suite qu’un festival local ne s’adresse pas à telle ou telle couche de la population. Il doit répondre aux besoins d’un vaste ensemble de personnes de tout âge – plus ou moins cultivées – et à leurs goûts divers.

La préparation d’un festival exige un large appui. Nul groupe, si enthousiaste et si autorisé soit-il, ne saurait assurer le succès d’un festival si les habitants de la localité y sont indifférents. Un festival suppose nécessairement un esprit, un sentiment d’engagement. Il contribue à ranimer la flamme du sens civique.

Un festival attire des visiteurs, qui infusent de l’argent dans l’économie, ce dont profitent les industries de services et d’hébergement, et pour cette raison d’ordre matériel il mérite l’encouragement des entreprises locales et de l’administration municipale. Mais il y a là plus qu’une question de sous. Le festival ne doit pas se limiter à accroître l’intérêt pour les choses matérielles. Il doit nous aider à améliorer la qualité de nos vies.

Qu’est-ce qu’un festival ?

Un festival est un temps de bonheur et de réjouissance. Remonter à l’origine de tous les festivals du monde à travers leurs variations, ce serait retracer l’histoire entière de la religion et de la civilisation humaines. Il est à noter que les Grecs, à qui nous devons une si grande partie de notre culture, commençaient à construire leurs villes en posant les fondations d’un théâtre.

Aujourd’hui, le Canada compte plusieurs grands festivals : citons ceux de Niagara-sur-le-Lac, de Charlottetown, de Lennoxville, d’Orford, de Québec et de Stratford où le festival de Shakespeare a connu sa 23e saison cette année. Festival Canada, un mois complet de manifestations de talent, offre un programme des plus variés : opéra, ballet, chansonniers, art dramatique, musique, cinéma et poésie.

Les festivals locaux n’entrent pas dans cette catégorie, mais certains d’entre eux contribuent sensiblement à la gaieté des spectateurs et des participants ainsi qu’à la richesse culturelle de notre pays.

Les uns ont pour objet de commémorer des événements historiques, de célébrer l’anniversaire de fondation d’un village ou d’une ville. D’autres ont pour point de départ le lieu de naissance d’un fils ou d’une fille célèbre de la localité : un Louis Fréchette, avocat et poète, un Stephen Leacock, écrivain et économiste ; une Louise McKinney, première femme élue à une assemblée législative ; une Madeleine de Verchères, héroïne de la guerre contre les Iroquois ; un Simon Newcomb, mathématicien et astronome de renommée mondiale.

Un festival peut avoir sa source dans l’origine ancestrale des citoyens. Depuis plus de quatre-vingts ans, le Festival islandais de Gimli, ville de 2,000 habitants du Manitoba, attire des visiteurs résidant à des milliers de mille de distance. Altona, dont la population est à peu près la même, présente des pièces de théâtre et d’autres attractions pour marquer l’arrivée des colons mennonites en 1874.

Dans d’autres cas, le festival est centré sur une spécialité de la région ou sur sa culture ethnique. Ainsi, les jeux floraux de Sainte-Anne, au Cap-Breton, gravitent autour du collège gaélique de l’endroit, le seul en Amérique du Nord.

Vaincre les difficultés

De nombreuses difficultés surgiront dès la première phase de l’organisation. Il faut s’y attendre, en prendre son parti et… les surmonter.

Il y aura des critiques. C’est inévitable. Quelques-uns diront qu’on n’a pas les installations nécessaires. Avoir une salle de concert, c’est magnifique, mais la salle de réunion d’une école ou une tente-marquise fait souvent l’affaire, et y a-t-il meilleur cadre qu’une église pour un récital de Bach ?

Le Festival des arts de la Nouvelle-Écosse a fait ses débuts, dans un village de toile, sur le terrain de l’école secondaire rurale de Tatamagouche. Son but était « d’offrir une exposition des choses que nous pouvons faire et de permettre aux Néo-Écossais de voir ce qu’ont fait d’autres Néo-Écossais avec de l’entraînement. » Le programme comprenait des groupes de danseurs et de chanteurs se produisant sur des scènes en plein air, des récitals et des concerts improvisés dans les salles paroissiales et scolaires, des pièces dans l’amphithéâtre de l’école et des tertres remplies d’objets d’art ou dignes d’être exposés.

Cet exemple souligne le fait qu’il n’est pas nécessaire de monter un spectacle fantaisiste assorti d’agréments compliqués. Les foisons de décors et d’accessoires ne sont pas indispensables. Shakespeare s’en est assez bien tiré de son temps même s’il n’en avait pas du tout. Une plante en pot peut représenter une forêt et une cuvette d’eau, l’Altantique. Le choeur qui ouvre le 3e acte de Henri V invite les spectateurs à faire appel à leur imagination : « Exercez votre imagination, dit-il, et qu’à notre spectacle supplée votre esprit. »

La mise en route

La mise en route d’un festival n’est guère difficile. Il s’agit de réunir un groupe de personnes en qui vous avez l’espoir de trouver des partisans et des collaborateurs enthousiastes. Formez un comité qui sera chargé d’examiner les possibilités de la localité en matière d’événements et de lieux historiques. Dressez une liste des coins pittoresques et de détente : même les fervents de l’opéra et de la symphonie ont besoin de délassement physique. Dénombrez les ressources de la localité en arts du spectacle. Arrêtez un programme, où vous opterez, soit pour la variété, soit pour une spécialité bien au point. Choisissez un chef dynamique, quelqu’un qui a l’habitude de mener les choses à bonne fin. Veillez à ce que votre comité d’organisation compte des représentants de tous les arts et de toutes les disciplines.

Les comités dont ces personnes font partie doivent réserver une place aux résidents et aux organismes qui représentent les goûts de toute la communauté et que concernent les décisions prises et les plans élaborés. Il importe d’y intéresser les jeunes dès le début, non pas seulement pour les faire participer aux représentations, mais pour leur offrir l’occasion d’inventer, d’explorer, de s’aventurer dans les arts anciens et nouveaux. Ils apporteront de nombreuses idées.

Parlez de vos projets avec les organismes existants d’art et d’artisanat ainsi qu’avec les groupes culturels et d’origine étrangère et avec les associations de toutes sortes. Beaucoup de questions se poseront, et personne n’a le monopole des bonnes solutions.

Écoutez les propos d’un historien de la localité ou d’un muséophile enthousiaste, afin de recueillir des idées qui vous permettront d’accroître la couleur locale de votre festival, mais ne vous laissez pas détourner de l’objectif principal… ne cherchez pas une aiguille quand c’est en réalité la botte de foin que vous voulez.

L’élaboration d’un programme

Une fois tracé le cadre général du festival, les divers groupes se mettront à l’oeuvre dans leurs tâches respectives, chacun fixant ses buts et ses dates limites.

Chaque groupe fera bien d’établir ce que comporte l’exécution d’un travail donné, le temps et l’effort qu’il exigera, et de confier les fonctions aux personnes les plus optes à les accomplir. L’organisateur, lui, doit voir l’entreprise dans son ensemble et tenir un doigt sur son pouls.

Lancer un festival exige que l’on exerce son imagination, afin de se représenter et d’offrir le genre de distractions capables de donner le plus de satisfaction. L’imagination est inventive. Elle conçoit des possibilités. Il faut rechercher la créativité : avoir des idées n’est pas un privilège réservé à quelques heureux mortels.

Pensez toujours au public que vous espérez voir assister au festival. Certains aiment Le Cid, d’autres préfèrent L’Oiseau bleu. Un auditoire applaudira chaleureusement un prestidigitateur passant dans un cercle de couteaux, alors qu’un autre fera une ovation au chanteur d’une berceuse.

Pour attirer les gens, il faut avoir quelque chose de spécial à offrir, quelque chose qu’ils ne voient ou n’entendent pas tous les jours. Votre public est libre d’assister au festival ou de s’abstenir, de rester jusqu’à la fin ou de partir. Il faut l’intéresser.

Si vous voulez réaliser une fête qui se distingue par certains côtés des fêtes semblables, il faudra nécessairement innover. L’innovation ne consiste pas à faire quelque chose de rien, mais à découvrir, sélectionner, associer, combiner et synthétiser des idées et des faits existants.

Mobiliser les talents locaux

Organisez le festival de façon à faire une large place aux musiciens locaux – classiques et populaires -, aux groupes de ballet et de danse, aux troupes de théâtre et à la population d’origine étrangère. Encouragez les manifestations et les ateliers locaux.

Un festival local, quel qu’en soit le lieu au Canada, ne se compose pas uniquement de chefs-d’oeuvre, mais aussi de pièces de théâtre et de compositions musicales qui fournissent l’occasion aux artistes compétents de la localité de se faire valoir.

Toute localité a des musiciens, des chanteurs, des acteurs, des artistes dont le concours donnera de la saveur au festival. Les festivaliers pourront aller d’église en église pour écouter des récitals d’orgue ou des chants choraux. Beaucoup de petites villes possèdent des amateurs de chant en parties, populaire, classique ou religieux. Les cercles d’art dramatique offrent de multiples possibilités : théâtre, comédie musicale, opéra, pièces modernes.

Tout le monde ne peut ni ne veut jouer devant le public. Beaucoup préfèrent employer leurs talents à construire des décors, à assurer la publicité, à confectionner des costumes, à faire de la mise en scène ou de la réalisation. Le savoir-faire des menuisiers, des techniciens, des hommes et des femmes à tout faire est un apport intrinsèquement nécessaire au festival.

Réservez une place aux forces militaires. Toute localité où existe un petit détachement de milice est en mesure d’organiser une cérémonie ou un défilé qui intéressera les spectateurs. La descente du drapeau au coucher du soleil, la sonnerie de la retraite ou l’appel du soir sont toujours impressionnants.

Les villes et villages qui sont en rapport avec les Indiens et les Esquimaux ont sous la main un trésor d’oeuvres d’art témoignant de la créativité des premiers habitants du Canada, ainsi qu’un riche répertoire de danses et de chants rituels et tribaux. Tous les groupes d’origine étrangère qui font partie de la population canadienne peuvent apporter au festival leur contribution culturelle distinctive.

Communiquez votre enthousiasme aux nombreux groupes spéciaux de votre région : orchestres paroissiaux et scolaires, chorales et cercles dramatiques, danseurs de ballet et autres. Pensez aux enfants. Les scouts, les guides, les louveteaux et jeannettes ont des exercices et des cérémonies pittoresques à offrir. Les universités peuvent apporter un service de consultation et le concours de leurs étudiants bien doués. Les associations de bricoleurs auront leurs baraques de démonstration. Les sociétés soucieuses du bien public comme les Richelieu, les Chevaliers de Colomb, les Kiwanis, les Lions, les associations familiales et scolaires, le Conseil national des femmes, les multiples troupes de musiciens et de comédiens sont autant de groupes qu’il convient d’inviter à participer à votre festival, soit en collaborant à l’administration, soit en organisant des programmes.

Si vous le souhaitez, vous pouvez prospecter à l’extérieur de la localité pour y chercher certains éléments de votre programme. Les conseils des arts provinciaux peuvent vous faire profiter de leurs troupes de théâtre ou de leurs orchestres en tournée. On peut s’adresser à l’Office national du film pour obtenir des pellicules canadiennes qui ont mérité des prix internationaux ; il y a intérêt à solliciter le concours de l’Association canadienne des artisans ; un Office national des tournées a été créé à Ottawa, il y a environ deux ans, en vue d’assurer au public un plus grand accès aux arts du spectacle.

Mettre l’accent sur la variété

Un festival peut être consacré à un seul thème ou à un seul genre de musique ou de divertissement, ou encore offrir à la fois du jazz, de la musique de chambre, de la musique pop, de la poésie, des opérettes, du théâtre expérimental, des danses populaires d’origine étrangère, un orchestre, des films et des expositions de peintures, de sculptures et de céramique. La variété n’est limitée que par les préférences et les talents de la population de la localité.

On peut prévoir un solide programme central et plusieurs programmes accessoires comportant un grand nombre d’activités et d’exécutants : marionnettes, films d’amateurs, pièces en un acte, violoneux, causeries, débats, lecture de poésie.

Les festivals favorisent les échanges entre artistes. Les beaux-arts sont ceux où l’esprit et l’imagination ont la plus large part.

Dans l’édition spéciale de la publication Canada, qui a paru à l’occasion du centenaire de la Confédération, l’auteur du chapitre sur « Les beaux-arts et les arts animés », Walter Herbert, écrit : « Une définition rigoureuse des ‘beaux-arts’ et des ‘arts animés’, ou toute tentative de les distinguer les uns des autres, est impossible et vaine. Souvent les beaux-arts sont animés et souvent aussi les arts animés sont beaux. »

Un festival n’est pas nécessairement un tourbillon étourdissant, mais il doit offrir de l’intérêt pour diverses sortes de publics. Il convient d’en exclure l’esprit de solennité qui assombrit souvent nos vies.

L’humour est un remède à bien des tourments, et une dose de rire suffit souvent à soulager nos maux. La gaieté diminue la tension nerveuse et sert à amortir les secousses de la vie.

Idées de programmes

On trouvera ci-après, par ordre alphabétique, un certain nombre des activités qui figurent d’ordinaire au programme d’un festival local.

L’artisanat. Le festival veillera à exposer ce que les habitants de la localité excellent et aiment à faire en matière d’art et d’artisanat. Parmi ceux-ci se rangent la tapisserie, l’émail, les ouvrages en métaux précieux, la céramique, le tissage, la poterie, la peinture sur verre et les batiks, en un mot tout ce qui est beau.

Les expositions qui répondent à ce critère comprendront, outre celles déjà mentionnées, celles des travaux suivants : peintures à l’huile et autres, sculptures sur bois, ivoire et pierre, broderies, dessins, couture, articles en verre et en cuir. Il existe une foule d’oeuvres de ce genre dans toutes les localités.

Les chansons populaires. Un groupe de chanteurs de chansons populaires ou de romances constitue une diversion agréable dans un programme consacré à d’autres types de musique. Il y a des romances ou des légendes mises en vers pour tous les goûts : tragiques, amusantes, sentimentales, historiques, etc.

Un recueil de chansons populaires canadiennes a été établi par Marius Barbeau, en collaboration avec Arthur Lismer et Arthur Bourinot. Cet ouvrage a été publié en 1947 par le Musée National du Canada.

La danse. Un festival peut comporter des danses traditionnelles, des quadrilles modernes, des danses populaires, des danses campagnardes, des danses villageoises et du ballet. Beaucoup de petites villes ont leurs écoles ou leurs cours de ballet. Le goût de cette danse chez le public grandit rapidement.

La musique. Un désir général de voir figurer de la musique sérieuse à côté des divertissements populaires chers aux masses se dessine depuis quelques années.

La musique exerce une grande influence. Elle nous caresse quand nous sommes dans la peine ou la douleur, et elle a le pouvoir d’accroître notre joie et notre bonheur. Lorsqu’il s’agissait d’exprimer l’inexprimable, Shakespeare posait sa plume et faisait appel à la musique.

La formation musicale, depuis le primaire jusqu’aux études supérieures, est maintenant à la portée des Canadiens. La Fédération des festivals de musique canadiens encourage l’étude et la pratique de la musique au niveau amateur. Elle compte parmi ses diplômés Robert Goulet et Gordon Lightfoot, qui tous deux ont fait leurs débuts de chanteurs dans les festivals de musique canadiens.

La poésie. Seulement trois ou quatre personnes sur mille lisent de la poésie aujourd’hui, alors qu’il y a une ou deux générations la poésie était partout en grande estime. Les parents avaient coutume de lire des vers à leurs enfants, et les enfants en récitaient à leurs parents et lors des séances scolaires.

On remarque cependant un intérêt croissant pour la lecture en groupe à haute voix, de la poésie. Le poète est un créateur d’images, et les auditeurs qui écoutent des vers en éprouvent un vif plaisir.

En ouvrant notre oreille à la poésie, nous favorisons l’essor d’un ingrédient nécessaire de la qualité de la vie. Si un jour nous cessions complètement d’être sensibles à la poésie, nous serions dès lors coupés d’une partie de nos origines, car l’homme a récité et chanté bien avant de raisonner et de philosopher.

Les réunions d’étude. Enfin, il convient dans cette énumération de songer aux réunions d’étude. Les adolescents et les jeunes adultes recherchent les séances d’étude où ils peuvent élaborer des idées en équipe. Une réunion d’étude est un colloque, un groupe de discussion qui met l’accent sur l’échange des idées, ainsi que sur la démonstration et l’application de connaissances et de techniques.

On peut organiser des réunions d’étude sur la légende, le costume, la cuisine, les coutumes, le théâtre, l’opéra, le film, la fabrication des bijoux et tout autre passe-temps ou occupation qui intéressent les gens.

Le théâtre. Le théâtre local n’est pas synonyme de lieu de rencontre de l’élite culturelle. Il met à contribution les talents d’un grand nombre de personnes, et les troupes locales présentent des pièces qui ont du succès.

Une représentation n’a pas besoin d’être grandiose. Les modestes efforts ont leur beauté et leurs satisfactions. Les pièces jouées par les jeunes contribuent à stimuler leur intérêt et à développer leurs dons pour l’art dramatique. Elles encouragent les vocations nouvelles, offrent aux auteurs l’occasion de se faire connaître et assurent une saine distraction.

Ce qu’il faut

Ce qui importe réellement pour une personne ayant de la maturité, ce n’est pas simplement ce qu’elle voit avec les yeux, mais ce qu’elle voit dans les choses avec son esprit. Elle associe la pénétration à la vision des choses. Le temps de l’immaturité où l’attirait, comme les enfants, tout ce qui brille est maintenant révolu. Elle recherche les sujets et les objets qui offrent un attrait esthétique.

Les normes du goût esthétique varient d’un âge à l’autre, d’un lieu à l’autre, d’un individu à l’autre. Lorsque nous disons de quelqu’un qu’il a du goût, nous entendons par là qu’il a la faculté de tirer le plus grand plaisir possible des choses qu’il perçoit comme bonnes… bonnes en elles-mêmes ou bonnes en raison de l’inspiration de l’artiste.

Les groupes qui s’intéressent à des sujets spéciaux, comme la musique ou l’art dramatique, trouvent leurs activités agréables et absorbantes. Ils doivent cependant ne jamais oublier cet impératif : lorsqu’on paraît devant le public, c’est au public qu’il faut plaire et donner satisfaction. Le bon goût rejette tout ce qui est camelote, grotesque, inartistique. Ce que l’on présente à un festival doit être de premier choix de l’avis de l’assistance.

Pour avoir de l’attrait, il n’est pas nécessaire qu’un festival verse dans le carnavalesque. Il peut être un lieu de charme tranquille, où l’on a le temps de s’attarder à écouter de la bonne musique et savourer les bonnes choses de la vie.

L’organisation d’un festival local demande une préparation ininterrompue durant toute l’année, le concours des hommes d’affaires, des éducateurs et des organismes de la localité, ainsi que les services d’un directeur dynamique.

Le festival doit tenir compte des convenances et avoir du respect pour les idées et les coutumes de la collectivité. L’esprit de festivité ne doit pas dépasser les bornes. Les Tarentins, qui habitaient une colonie de la Grèce, avaient un calendrier des festivals où les jours fériés étaient plus nombreux que les jours ouvrables.