Skip to main content
Download the PDF Version

Parmi les nombreux problèmes de notre époque, il en est un important entre tous : la conservation de nos coutumes familiales.

La famille est la plus précieuse de nos institutions sociales, et c’est en même temps l’idée la plus parfaite que se font plusieurs d’entre nous de ce « bonheur terrestre » dont parlent les philosophes. C’est, de toutes nos nécessités sociales, la plus nécessaire.

Mari, femme et enfants – voilà en effet le plus naturel des groupements humains pour le bien-être, le confort et la stabilité. Mais d’aucuns perçoivent, dans l’état présent de notre société, un relâchement des liens qui unissent les familles et craignent qu’il ne menace l’intégrité de nos valeurs les plus chères.

Ce relâchement est dû à des causes dont nous ne pouvons pas nous plaindre et que nous ne chercherions même pas à supprimer. Le mieux que nous puissions faire est de nous adapter à ces causes. Par exemple, nous sommes arrivés à la démocratie politique, ce qui est un bien, mais elle a apporté l’égalité et la liberté individuelle, tandis que l’idée traditionnelle de la famille reposait sur le chef et l’obéissance. Les gens vivent maintenant dans des villes populeuses, entourés de toutes les distractions urbaines, au lieu du calme et des étroits rapports de la vie rurale. La situation des femmes est différente, par suite de leur nouvelle indépendance économique, et tous les membres de la famille ont la possibilité de travailler. Autrefois, le gagne-pain était le guide, le conseiller, le soutien et le maître absolu de la famille : aujourd’hui, tous les membres ont – ou revendiquent à grands cris – voix égale au chapitre.

Considérez les complications qui résultent de cet état de choses. Jusqu’à quel point un père et une mère doivent-ils se sacrifier ou sacrifier leur confort pour l’amour de leurs enfants ? Ou l’un pour l’autre ? Nous en sommes tous là.

Si nous pouvions seulement revenir aux sentiments d’autrefois, disent les uns, tout serait pour le mieux. Hélas ! cela est impossible. La situation change d’une génération à l’autre, et tout en reconnaissant le bien-fondé des anciens principes, il s’agit de les adapter à notre époque de manière à en conserver les bienfaits sans les accepter comme des lois éternelles. Mais il importe, en même temps, de nous assurer que nos nouvelles idées sont bonnes avant d’abandonner les anciennes.

Le fondement

La famille est fondée sur l’amour. L’amour est le sujet de tous les romans. Il a inspiré les plus grands poèmes. Nos meilleurs auteurs ont chanté, dans des oeuvres immortelles, les joies de l’amour partagé et décrit les souffrances de ceux qui dédaignent l’amour ou qui s’en rendent indignes.

Comment l’amour se manifeste-t-il dans la famille ? Non pas principalement par des actes ou d’ardentes démonstrations, mais par le calme sentiment d’intimité entre deux personnes dévouées l’une à l’autre, qui s’enorgueillissent du succès de leurs enfants, s’affligent de leurs échecs et souffrent de leurs défauts.

La stabilité

La famille occupe sa place prééminente dans notre vie parce que c’est la seule base sur laquelle il a été possible à la société humaine de préparer l’avenir tout en conservant ce qu’elle avait de plus cher dans le présent.

Une famille heureuse n’est pas celle où il n’y a pas de conflits, mais celle où le mari et la femme emploient les ressources de leur sens commun et de leur ingéniosité à organiser le partage des responsabilités et à pratiquer la règle des concessions mutuelles.

Il est nécessaire, pour tranquilliser les lecteurs qui s’attendent au pire, d’ajouter que dans un monde changeant la famille change également. Mais l’influence de l’héritage social l’a emporté, à la longue, sur les innovations sociales. Même lorsque, pendant quelque temps, la société s’éloigne des principes traditionnels, l’ordre des choses semble se rétablir à un niveau conforme au nouveau milieu. Telle est la nature de la civilisation, qui abandonne les voies faciles du passé pour suivre des voies meilleures. L’important est de conserver les éléments de civilisation – culture, idéals, principes et coutumes – que nos ancêtres ont trouvés bons et de les combiner avec les facteurs nouveaux ou différents que notre époque juge utiles.

Facteurs personnels et sociaux

Si la famille venait à disparaître, le monde serait en proie à l’enrégimentation, au chaos et à la ruine. Pourquoi ? Parce que la famille remplit au moins trois fonctions essentielles : elle fournit la subsistance à ses membres et les initie à l’art de survivre ; elle constitue le plus ancien groupe humain qui enseigne à ses membres l’art de vivre en société ; et c’est le premier milieu où les valeurs et la connaissance de la culture passent d’une génération à l’autre.

Cela n’est qu’une faible partie des services que la famille rend à ses membres. Elle a d’autres fonctions. Elle est étroitement reliée aux changements sociaux. C’est dans son sein que naissent les idées avant leur adoption par la société.

Du berceau à la tombe, l’homme n’accomplit pas une seule action qui ne soit guidée ou inspirée par ce qu’il a appris au sein de la famille. L’amertume dans la famille se reflète dans sa conduite envers la société. La déception dans la vie de famille engendre souvent le cynisme chez le citoyen.

Mais les idées saines et pratiques conçues au sein de la famille se répandent dans toute la société. L’homme qui apprend à la maison à faire bon ménage avec les autres, à subordonner, au besoin, ses intérêts personnels à ceux du groupe et à tolérer chez les autres les petits défauts et les habitudes dont il se corrige lui-même, cet homme a appris la plupart des leçons nécessaires pour devenir un bon ouvrier, un bon chef et un bon citoyen.

L’effet des classes

Nous sommes obligés, dans ce Bulletin, de laisser de côté les dislocations causées par l’attrait de la ville et les inventions. Nous en avons discuté l’incontestable importance dans nos précédents articles. À la place, nous dirons un mot de l’effet des classes sociales sur la stabilité de la famille, phénomène à phases rapides et aux conséquences profondes.

Si nous divisons les classes arbitrairement, nous avons : la haute société, qui comprend le grand monde, ancien et nouveau ; la classe moyenne, divisée en haute et basse ; et la classe ouvrière. Ces distinctions sont importantes car, malgré les beaux discours sur l’égalité et la démocratie, elles n’en existent pas moins.

Ce qui compte dans l’ancien grand monde, ce sont les ancêtres et les parents et relations. Y appartiennent seulement ceux qui font leurs preuves de noblesse ou de race. Le plus grand souci de ce groupe est d’empêcher les jeunes de contracter des unions « roturières ».

Parmi les familles du nouveau grand monde, on trouve, généralement, des preuves exceptionnelles de succès économique, caractérisé par la possession de belles maisons, de meubles de haut prix, d’automobiles de grand luxe et de robes sortant des grands couturiers. Mais, hélas, cet étalage de richesses ne donne pas la noblesse, et la nouvelle haute société se sent frustrée et dédaignée. Les hommes souffrent moins que les femmes de ce désappointement, car ils sont enclins à se contenter de la réalité et à faire moins attention aux symboles.

Dans leurs analyses des classes, les philosophes du dix-neuvième siècle exprimèrent leur confiance dans la classe moyenne. Sans contredit, c’est celle qui va le plus de l’avant. Les progrès de la science et du commerce ont ouvert un nombre infini de carrières aux jeunes gens dans le domaine professionnel, scientifique et administratif, à un degré inimaginable il y a cent ans. Nous avons multiplié nos centres d’enseignement pour répondre aux nécessités de notre l’époque. Les buts que nous poursuivons pour le bien-être de la classe moyenne sont le succès dans les affaires ou les professions, une éducation universitaire pour les enfants et la sécurité économique pour les parents.

Une des causes de désintégration de la vie de famille est le fait que beaucoup de familles désireuses de gravir l’échelle sociale doivent pour cela renoncer à la fréquentation des membres de leur groupe. Cela est souvent dur, et cause inévitablement une rupture dans les liens familiaux. Mais c’est le prix que doivent s’attendre à payer les familles ambitieuses d’arriver.

L’individu et le groupe

Un autre facteur à considérer dans l’évolution de la vie de famille est que la camaraderie démocratique de notre époque a remplacé l’autorité absolue du « chef de tribu. » Nous avons aujourd’hui des idées différentes au sujet du rôle de la femme et du mari ainsi que des enfants et des parents. Si le mari s’attend à trouver dans sa femme une esclave dévouée comme l’était sa grand-mère, ou si la femme essaie d’imposer aux enfants les anciennes habitudes de conduite, il y aura certainement conflit.

Il existe généralement une différence fondamentale entre les intérêts de l’individu et ceux du groupe. Dans les temps primitifs, le groupe était nécessaire à la survivance ; aujourd’hui, l’individu est une personne douée d’une âme et du droit de s’exprimer et de vivre à sa guise. Jusqu’à quel point cela peut-il aller sans danger pour la famille, telle est la plus importante question sociale de notre époque.

L’égoïsme, ou égocentrisme, est un des plus grands ennemis de la vie de famille. Et pourtant l’intérêt personnel est un des attributs les plus souhaitables de la vie en famille.

Toute personne normale aime naturellement qu’on s’occupe d’elle, et rien n’aide mieux les époux à bien s’entendre que les petites attentions. Nous supportons les affronts et les injustices, particulièrement de la part d’un être aimé, beaucoup plus facilement que l’indifférence. On pourrait dire que l’indifférence est une des plus grandes causes de désunion dans les ménages.

Soucis économiques

Beaucoup de gens prétendent que la plupart des querelles de famille sont causées par des embarras financiers et économiques, mais il faut distinguer. Rien n’est plus certain que les relations entre époux sont souvent « tendues » pour des raisons qui ne sont pas apparentes. La question d’argent sert simplement d’excuse pour donner cours à une foule d’autres récriminations.

Les familles traversent, naturellement, de nombreuses « crises économiques ». Ce sont des associations financières. Elles dépensent beaucoup d’argent. Le budget de la famille a plus d’importance à leurs yeux que celui de la ville, de la province ou de l’État. Peut-être serait-il bon d’exiger de la part des futurs époux un certificat de compétence en gestion domestique.

Mais les renseignements ne manquent pas à ce sujet, et il y en a probablement plus que sur tout autre aspect du mariage. Il y a environ vingt-cinq ans, la Banque Royale a distribué près de 250,000 exemplaires de son Bulletin sur le budget des familles et plus de 200,000 exemplaires de son Budget familial.

Ces renseignements sont destinés aux ménages qui essaient de vivre dans le cadre de leurs moyens, mais ils ne sont d’aucune utilité pour ceux qui s’efforcent de marcher de pair avec des plus fortunés qu’eux. On nous a signalé un ménage qui avait réussi à vivre heureux pendant cinq ans en ménageant ses ressources et qui commença à vivre dans la gêne dès qu’un ménage avec un plus gros salaire vint habiter la maison voisine.

Les questions économiques occupent une place importante dans la vie de famille, mais elles ne sont pas à la tête de la liste. Quand on a mauvais caractère, il est facile de trouver un sujet de querelle sans s’en prendre à l’argent. Mais en faisant preuve de patience et de bonne humeur, on arrive à surmonter les plus grands embarras financiers. N’essayons donc pas de prendre nos difficultés budgétaires comme excuse pour faire mauvais ménage.

La préparation au mariage

De la manière dont les jeunes gens se préparent au mariage dépend en grande partie le futur bonheur de la famille. Un magasin de bijouterie à Hollywood affiche la carte suivante dans sa vitrine : « Anneaux de mariage à louer. » Cela aplanit une difficulté ; peut-être, mais sans grande assurance de stabilité.

La cérémonie nuptiale ne suffit pas à faire un bon ménage ; pour être heureux, il ne suffit pas non plus que les jeunes époux sortent du même milieu, partagent les mêmes traditions et possèdent les mêmes moyens. On ne trouve aucune garantie de bonheur dans les romans, dans les films ou ailleurs.

Pour être réellement heureux dans le mariage, il faut que les deux époux partagent les mêmes idées et les mêmes idéals. L’amour romanesque ne suffit pas, quoi qu’on en dise.

La route qui mène au bonheur dans le mariage est longue et laborieuse. Les préparatifs exigent, entre autres, la socialisation de la personnalité, c’est-à-dire la mise en commun de tout ce qui constitue le meilleur de soi-même. Quand deux personnes doivent vivre ensemble pendant de longues années, il est important que leurs personnalités s’accordent harmonieusement, sans heurts et sans frictions.

Lorsque, au fond, la nature d’un époux est faite d’une partie d’idéalisme pour deux parties de tolérance de l’idéalisme de l’autre époux, il y a beaucoup plus de chance de bonheur permanent que lorsque la proportion est renversée.

À notre idée, ce qu’il y a de plus important en ce qui concerne les relations familiales c’est « l’adaptabilité. » C’est pourquoi nous admirons l’oeuvre accomplie par les organismes et associations de la jeunesse. Les garçons et les filles y apprennent, au moyen de jeux et d’études en commun, les principes fondamentaux de la vie sociale. Ils s’y initient à vivre ensemble, à partager les goûts et les enthousiasmes, et à cultiver une sorte de maturité qui exclut tout sentiment d’égoïsme, tout en s’habituant, si on peut dire, à prendre les choses du bon côté.

À peu près dans le même ordre d’idées, ajoutons que ce ne sont pas toujours les mariages faciles qui durent le plus longtemps ou qui sont le plus heureux. Par « mariages faciles » nous entendons ceux dans lesquels n’entrent aucune question d’argent, aucune difficulté de la part des parents et aucune crainte de mésalliance.

Pour trouver le bonheur dans le ménage, encore faut-il que les époux éprouvent une certaine solidarité de coeur et d’esprit. Il faut qu’ils éprouvent le besoin, à l’occasion, de chercher l’un chez l’autre un appui moral ou autre.

Le mariage est une affaire en commun ; par conséquent il exclut la liberté du célibat. La solidarité ne consiste pas à s’appuyer complètement sur sa moitié, mais à pouvoir compter sur elle en cas de besoin, à s’entendre sur les moyens de faire face aux grandes ou petites difficultés et à marcher la main dans la main dans les sentiers fleuris comme dans les chemins malaisés de la vie.

Le conseil familial

Le « conseil familial » a pour but de combiner en un tout harmonieux les caractéristiques et les désirs personnels des membres de la famille avec les besoins du groupe.

Sa principale fonction est d’étudier les questions familiales d’intérêt commun et de s’accorder sur les décisions à prendre. Il est fondé sur l’idée que chaque membre du groupe a des droits, des devoirs et des privilèges, mais que dans certains cas les décisions doivent être unanimes. Le conseil recueille tous les faits relatifs à un problème de famille, et la question est examinée avec plus de soin que si elle était confiée à un ou deux membres de la famille. Du point de vue social, il a pour fonction de sauvegarder l’existence du groupe et les droits de tous ses membres ; l’union donne à ces derniers un sentiment de sécurité.

Le rituel de la famille

Le rituel de famille ressemble en quelque sorte au conseil familial, mais avec moins de formalité.

C’est un mode d’agir plus ou moins connu de chaque famille. Sans être un code de conduite, il comprend la prière en famille, l’habitude d’observer ensemble les pratiques religieuses, de partager les amusements, de célébrer les anniversaires de naissance et les fêtes de Noël et du Jour de l’an, etc. C’est en grande partie de cette manière que la culture et la foi sont transmises de génération en génération.

C’est le repas de famille qui est le plus fréquent exemple du rituel. C’est là que la famille est le plus à l’aise ; tous les membres sont réunis autour de la même table pour un certain temps, et il y a moins d’interruptions qu’à n’importe quelle autre heure de la journée.

Que peut-on déduire de tout cela en ce qui concerne la stabilité de la famille ? Il est évident que la famille dont les membres prennent part au conseil où ils ont voix au chapitre et auquel ils sont admis sur un pied d’égalité, où tous sont pénétrés de leur importance comme membre du groupe familial ; il est évident que cette famille a de meilleures chances de survivance que toute autre. Cette méthode évite les crises et offre moins de chances pour les scènes et les querelles.

La fraternité

L’église continue et seconde l’oeuvre entreprise par le conseil familial et le rituel. En effet, l’église encourage l’institution de la famille dont elle est le soutien naturel, tandis qu’à son tour la famille est le principal soutien de l’église. Les vertus enseignées par la religion sont celles même que le mari et la femme doivent pratiquer entre eux et dans leurs relations avec leurs enfants.

L’esprit de fraternité, qui est la base de toutes les religions, ne saurait être négligé dans la vie de famille. Il est en effet impossible de vivre heureux sans être aimé de quelqu’un et sans éprouver le sentiment que quelqu’un s’intéresse à nous.

La famille est l’endroit par excellence où se pratique la vie de solidarité. C’est là que germent et croissent la confiance mutuelle, la justice, le sentiment d’appartenance et de participation, la communauté de buts, le travail d’équipe, l’amitié et la foi en autrui. En un mot les rapports fraternels.

Rien de plus horrible que la sensation d’isolement. Il appartient à la famille d’établir sur des bases solides les relations entre les parents et les enfants et d’en étendre ensuite le cadre à d’autres groupes d’amis et de connaissances au moyen des institutions religieuses et autres organismes sociaux.

La fraternité revêt de nombreux aspects. Elle consiste à donner et recevoir des encouragements et à soulager les blessures de la vie. Mais elle va plus loin. Elle comporte le besoin d’être accepté et approuvé par ceux qui connaissent nos gros et nos petits défauts et qui ne nous aiment pas moins pour cela.

Le besoin de fraternité est aussi intense que le besoin de manger. Rien dans la vie ne saurait remplacer ce sentiment de vraie, chaude et simple amitié. Ceux à qui il fait défaut sont les ratés, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, qui cherchent à oublier leur isolement dans l’ivresse ou les plaisirs sensuels. Ce sont, dit J. L. Liebman, dans son livre Peace of Mind : « des enfants perdus dans un monde qui ne les a jamais accueillis et réchauffés dans son sein, et qui les a emportés impitoyablement à travers les corridors des âges, sans amis ni compagnons. »

L’art de partager

Cela nous amène à la question de partager ce qu’on a avec les autres. Il est impossible d’être un homme de bien et de se renfermer en même temps dans l’indifférence. La vie exige l’activité physique, intellectuelle, domestique et spirituelle. Nous éprouvons un besoin inné de donner, de rendre la vie plus agréable autour de nous, d’enrichir nos familles et nos amis. Il n’est pas nécessaire de donner de l’argent ou de faire des cadeaux précieux. Il suffit simplement de faire preuve de bonté dans ses paroles ou dans ses actes. Ceux qui se retiennent de faire ainsi ne privent pas seulement leurs amis d’un plaisir souvent inappréciable, mais ils se privent eux-mêmes d’un grand sentiment de satisfaction, car le plaisir de donner vaut autant, sinon mieux, que ce que l’on donne.

La joie de donner nous rend jeunes. Nos esprits conservent leur souplesse, nos nerfs se détendent et nous éprouvons un sentiment de bien-être.

Nous ne saurions trop recommander la pratique de donner et de partager. Les résultats offriront une agréable surprise à ceux qui n’ont jamais essayé.

Il convient également de recevoir avec bonne grâce. Quand quelqu’un nous fait une gentillesse ou nous offre son amitié, mettons-nous à son diapason. Disons-nous qu’il est important d’accepter de grand coeur. Nous gâterions son plaisir de donner si nous acceptions la gentillesse ou le cadeau comme chose due.

Quand même !

Si grandes que puissent sembler les difficultés que nous rencontrons parfois dans la vie de famille – même si elles sont aussi incroyables que les pages d’un roman – il y a quand même moyen d’en venir à bout. Il suffit de réfléchir soigneusement à vos problèmes et de prendre la ferme résolution de ne pas leur laisser gâcher votre vie. Le malheur est que nous sommes moins habitués à résoudre les problèmes de la vie qu’à en avoir. Nous sommes enclins à les trouver tout naturels.

La vie, dit S. H. Kraines dans Managing Your Mind, n’est ni un jardin de roses ni un tas d’ordures ; ce n’est ni l’un ni l’autre et c’est en même temps les deux. Il y a des endroits arides qui peuvent être transformés en jardins et des tas d’ordures qu’on peut enlever. Comme le milieu dans lequel nous vivons, nous sommes susceptibles d’évolution ; nous sommes capables de modification et de changement. Prenons bien soin de ne pas accepter quelque chose que nous ne désirons pas avant d’avoir fait tout notre possible pour l’améliorer.

Si nous voulons trouver le bonheur dans la vie de famille, il faut le gagner. Il ne sera pas mis à notre disposition par accident, par décret ou par coutume. L’éducation aidera peut-être, les conseils seront certainement utiles, et un article comme celui-ci montre la voie. Mais c’est à nous de faire le reste.

Ceux que la stabilité de la famille intéresse davantage trouveront le sujet traité en détail dans le numéro de novembre 1950 des Annals of the American Academy of Political and Social Science, Washington. D.C., E.-U. L’article contient 24 chapitres rédigés par des spécialistes de différents domaines engagés dans des recherches sur les problèmes de la famille. Quelques-uns de ces auteurs sont cités dans ce Bulletin.