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Le langage, a-t-on dit, est la plus puissante des drogues. Les mots que nous entendons ou formulons peuvent déformer nos pensées. Protégeons notre esprit en surveillant les mots et en ne prenant pas la rhétorique d’un autre pour ses propres idées…

À une certaine époque, deux écoles de psychologie ont entamé l’un de ces grands débats théoriques, aussi passionnants qu’insolubles : les pensées prennent-elles naissance avec les mots ou existent- elles dans l’esprit à l’état pur ? L’un des camps affirmait qu’il était impossible de raisonner sans langage. L’autre rétorquait que les animaux, bien que privés de la parole, étaient capables de raisonnement rudimentaire.

Cette polémique faisait toujours rage lorsque quelqu’un en souligna l’absurdité. En effet, peu importe que les êtres humains pensent ou non avec des mots, car sans les mots les pensées ne peuvent être exprimées. Selon les auteurs d’un manuel de rédaction intitulé Writing and Thinking, « la valeur de la pensée se mesure à l’aptitude à utiliser des mots pour communiquer. Le scientifique qui a découvert un remède pour le cancer mais ne peut l’expliquer aux médecins ne pourra guère réconforter les cancéreux, ni être utile au corps médical. L’étudiant qui sait la réponse à une question mais ne peut la formuler obtiendra une note aussi médiocre que celui qui admet franchement ne rien savoir. »

Si le langage peut ne pas être le fondement de toutes les formes de pensée, il n’en est pas moins essentiel au raisonnement pratiqué par tous, à savoir s’interroger soi-même et trouver des réponses claires dans son esprit.

Pour communiquer aux autres les conclusions auxquelles nous arrivons, nous devons arranger les mots dans un ordre logique et compréhensible. Très souvent le fait de donner aux idées la forme d’une phrase pour se faire comprendre aiguise nos pensées et suggère de nouvelles démarches à explorer. Le langage n’est donc pas un simple véhicule mais un générateur d’idées.

Dans la mesure où le langage soutient la pensée, celle-ci est limitée par le nombre de mots connus et les sentiments qu’ils évoquent en nous. Pour exploiter à fond les capacités de l’esprit et mieux comprendre la vie, il faut donc élargir et préciser son vocabulaire.

Pourtant, quelle que soit la richesse de son vocabulaire, il n’est jamais possible de pleinement le contrôler. Les mots sont vivants, versatiles, inconstants, le contraire de la précision mécanique. C’est pourquoi les philosophes-mathématiciens, tels qu’Alfred North Whitehead, affirment que les vérités objectives ne peuvent s’exprimer avec des paroles.

Même les mots inexprimés que nous gardons à l’esprit sont teintés de connotations affectives qui déforment nos pensées. Les journalistes qui aiment à demander aux célébrités de dresser la liste des mots les plus beaux obtiennent toujours en premier « mère » , « maison », « enfant » et « amour », non parce que leur sonorité est particulièrement plaisante mais parce qu’ils évoquent un monde qui nous est cher.

De tels mots, pour ceux qui sont sensibles à leur charge émotive, nuisent à la rigueur de la réflexion et sont à l’origine des opinions basées sur les sentiments. Le procès d’une mère qui a commis un crime au nom de l’amour de ses enfants et pour défendre sa maison est réglé dans l’esprit du jury avant même qu’il ne soit entamé.

Si l’on ne peut faire confiance aux mots dans l’intimité dé son esprit, que dire de leur fiabilité lorsqu’ils deviennent des paroles ou sont couchés sur papier ? Montaigne, philosophe français, a remarqué que chaque mot se compose de deux parties, qui appartiennent également au parleur et à l’auditeur. La dualité du langage oblige à surveiller attentivement le choix des mots, le sien et celui de son interlocuteur.

« Si vous souhaitez converser avec moi, définissez vos termes », disait Voltaire. Dans son livre The Story of Philosophy, Will Durant remarque : « Combien de discussions auraient pu être réduites à un paragraphe si les intervenants avaient osé définir leurs termes ! L’ABC de la logique, son essence même, veut que tous les termes importants d’un débat sérieux soient l’objet d’une définition et d’un examen rigoureux, tâche qui n’est pas facile et met l’esprit à rude épreuve. »

La définition des mots influe non seulement sur nos pensées mais sur la manière dont nous pensons. Dans Explorations in Awareness, J. Samuel Bois explique que, en traduisant du français à l’anglais, il s’aperçut qu’il n’existait dans cette langue aucun équivalent du mot fleuve, cours d’eau qui se jette dans la mer. Les anglophones disposent d’un seul mot pour décrire le puissant Saint-Laurent et une modeste rivière. Lors d’un autre travail de traduction, il remarqua, en revanche, que le français ne différenciait pas les verbes « giggle », « titter » et « chuckle », tous traduits par ricaner.

« La morale de l’histoire », écrit-il, « est que je ne vois ni n’observe les mêmes choses si je change d’outils linguistiques à penser. Changer de langue me change moi, l’observateur, ainsi que mon monde. »

L’inclusion ou l’exclusion de mots à un vocabulaire national est très significative. L’écrivain soviétique expatrié Azary Messerer explique, par exemple, que « la langue russe ne possède aucun mot qui traduise la notion d’« intimité ». Le dictionnaire anglais- russe le plus complet dernièrement publié, sous la direction de I. Galperin, professeur, traduit « intimité » par « solitude » ou « secret » ; on n’y trouve aucune mention de la protection de la vie privée. »

Cette omission remarquée par Messerer souligne des différences idéologiques, le contraste entre le collectivisme prôné par le communisme et l’individualisme des démocraties occidentales. Le fait que Messerer favorise ce dernier met l’accent sur une règle fondamentale de la sémantique, à savoir, comme l’écrit M. Haywakawa, qu’« il est important de distinguer l’information donnée du sentiment du parleur face à cette information. » Vous pourrez ainsi mieux contrôler vos pensées et empêcher les autres de manipuler votre esprit.

Même lorsque nous réfléchissons seuls, nous devons prendre garde aux termes politiques, les mots à piège par excellence. Prenons le mot « démocratie », par exemple, qui a inspiré à Bernard Smith, écrivain américain, les commentaires suivants : « Les paroles pour lesquelles les hommes se battent et meurent sont les outils des politiciens, des instruments souillés par un usage à outrance et avilis par la manière dont ils sont manipulés. Tel a été le sort du mot « démocratie » qui finalement veut dire ce que chacun veut lui faire dire ».

Rien de plus vrai. Le terme démocratie a été accolé aux noms des États les plus dictatoriaux du monde : la République démocratique de Corée et la République démocratique d’Afghanistan. Des générations de tyrans absolus ont prétendu défendre la démocratie alors même que leurs pelotons d’exécution éliminaient leurs adversaires.

Par ailleurs, les termes « politiques » ont souvent un sens tout autre selon le camp dans lequel on se range. Pour les abolitionnistes du Nord, lors de la guerre civile américaine, le mot « liberté » signifiait libérer les esclaves des États qui voulaient se séparer de la Confédération, interprétation que partageaient, bien entendu, les esclaves eux-mêmes. Pour les confédérés, il s’agissait de la liberté de se séparer de l’union fédérale et de maintenir l’esclavage.

En matière de langue, le monde de la politique est semblable à celui d’Humpty Dumpty décrit par Lewis Carroll dans À travers le miroir, lequel déclare à Alice, l’héroïne, que lorsqu’il utilise un mot, ce mot a le sens qu’il veut lui donner.

« La question qui se pose », remarque Alice, « est de savoir si tu peux fabriquer des mots qui peuvent dire tant de choses différentes. »

La réponse d’Humpty Dumpty relève du plus pur esprit realpolitik  : « La seule question est de savoir qui est le maître, c’est tout.  »

Dans son roman intitulé 1984, George Orwell brosse le tableau d’une étrange société contrôlée par le « ministère de la Vérité » ( qui a pour rôle de mentir) dont les paroles signifient ce que le dictateur, Big Brother, veut qu’elles signifient. La langue officielle, le novlangue, renverse la logique se moquant avec un impudent mépris de l’intelligence du public. D’où le slogan universel, « la guerre, c’est la paix ».

Orwell a écrit ce récit édifiant en 1948, intervertissant les deux derniers chiffres de cette année pour le situer plus tard dans le siècle. Dans un article paru justement en 1984 dans Et cetera, publication sur la sémantique générale, et écrit par Terence P. Moran, professeur en communication, ce dernier remarque combien l’usage actuel de la langue politique américaine se rapproche de celle imaginée par Orwell : « À quand notre « 1984 », où nous appellerons le missile nucléaire MX « le gardien de la paix » ? », a -t-il demandé.

M. Moran indique également que, lorsque le président Ronald Reagan ordonna le retrait des marines au Liban après de lourdes pertes, il qualifia cette opération de « redéploiement ». Ces exemples de novlangue sont à l’origine de révisions historiques et des formules suivantes : « Le redéploiement de Napoléon quittant Moscou » ou « le dernier redéploiement de Custer ».

Les euphémismes ont de tout temps servi à cacher les horreurs de la guerre. Voici le style habituel d’une dépêche officielle envoyée du front : « Ennemi repoussé par éléments du quatrième bataillon. Sixième Armée appuyée par bombardements aériens et artillerie. Lourdes pertes dans les deux camps. » Rien n’est dit des centaines d’hommes qui gisent l’estomac ouvert, les bras, les jambes ou la tête emportés. En Europe, un général américain nomma les victimes civiles des « dommages accessoires ». Le ministère de la Défense des Etats-Unis appelait un survivant des bombardements au Viêt-nam « une non-victime interdictionnelle » (une « interdiction » signifiant un bombardement).

Même sans guerre, les euphémismes servent aux hommes politiques à dorer la pilule amère de la réalité. Les paroles des partis au pouvoir sont plus « suaves que le beurre », selon l’expression shakespearienne, mais la langue de l’opposition, elle, est pur vitriol. L’électeur éclairé saura deviner les motifs cachés derrière les mots lorsque le gouvernement déclare qu’une décision politique annonce des lendemains qui chantent alors que l’opposition clame que la même politique sera la ruine du pays et la fin de la démocratie.

La politique n’est, toutefois, pas confinée aux chambres parlementaires. Nous pensons constamment, sans même en avoir conscience, en termes politiques. Le pouvoir des mots influence nos opinions publiques dès notre plus tendre enfance. Nous reflétons les préjugés du groupe social au sein duquel nous sommes nés et sommes endoctrinés par le langage propre à notre famille, nos amis et nos proches.

Si, très jeunes, nous « apprenons » à associer des termes péjoratifs et un groupe ethnique, nous garderons probablement enracinée en nous jusqu’à l’âge adulte une opinion défavorable de ce groupe. Peu importe les preuves objectives du contraire rencontrées plus tard, les membres de ce groupe resteront, selon le cas, des paresseux, des ivrognes, des pingres ou des voleurs.

Ces opinions toutes faites et l’idée qu’on se fait du rôle des sexes sont essentiellement politiques, car des mots évoquent des images aussitôt qu’un groupe revendique des droits ou attire l’attention du public sur un motif de discrimination dont il est victime. Nos partis pris relèvent, pour la plupart, de l’inconscience. Conditionnés par des mots fréquemment utilisés, ils sont chez nous une seconde nature. Mais, inconscientes ou pas, ces idées préconçues nous empêchent d’être impartiaux à l’égard de ceux dont nous parlons et à qui nous pensons avec mépris.

L’une des premières choses qu’apprennent les petits à l’école est de lancer des épithètes injurieuses à la tête de ceux qui sont différents d’eux. Si ce sont eux les victimes, ils contre-attaquent par la raillerie : « Des pierres et des bâtons me briseront les os mais les mots ne peuvent rien contre moi. » Conseil on ne peut plus fallacieux pour des jeunes qui se lancent dans le monde !

En effet, les mots blessent car ils ont des effets psychologiques plus durables qu’une grave blessure corporelle; quiconque a été un jour en butte à des insultes d’ordre racial ou religieux n’est pas prêt de l’oublier. Ils blessent également littéralement car ce sont les mots qui incitent la populasse à brandir des bâtons et des pierres pour casser les os de ceux envers qui elle éprouve des sentiments de haine et de répugnance. Les mots, au service de noirs desseins, furent les responsables des crimes de l’humanité les plus horribles. Le nazisme a débuté par des insultes verbales.

Les nazis étaient passés maîtres dans l’art de la propagande basée principalement sur une rhétorique parlée ou écrite. On définit parfois la rhétorique comme étant un « langage qui vise à persuader ou à impressionner (souvent au moyen de déclarations fausses ou exagérées) ».

En prison, après l’échec du putsch de Munich, Adolf Hitler établit une méthode pour contrôler les esprits par un langage astucieux. Il s’appliqua à devenir un orateur brillant sachant, comme le déclarait l’écrivain anglais Joseph Chatfield, que « l’éloquence donne le pouvoir de détacher les gens de leurs opinions simples et innées. »

Hitler savait choisir les mots qui servaient ses propres fins et les arranger en slogans qui, sans cesse répétés, finissaient par submerger toute opposition à sa doctrine. Il savait également que les slogans rendent difficile l’examen critique des politiques et anesthésient la conscience, annihilant tout humanisme au nom de la « race des maîtres ».

Bien entendu, la propagande (mot d’origine latine tiré de l’expression propagation de la foi catholique) existait bien longtemps avant l’apparition d’Hitler dans les années 1920. Mais, pour la première fois, les médias de masse tels que la radio, les films et la télégraphie étaient au service des propagandistes qui pouvaient se faire entendre dans le monde entier. Les victimes potentielles de ce qu’on appellera plus tard le lavage de cerveau étaient accessibles partout. Puis vint la télévision et avec elle la chasse aux sorcières du sénateur américain Joseph McCarthy, qui transforma le mot « communiste » en une profonde calamité qui poussa les gens au suicide ou détruisit leur vie.

Avec la télévision, qui aligne les mots avec une vitesse déconcertante et présente des images visuelles qui noient les perceptions, nous devons plus que jamais être sur nos gardes et ne pas prendre les mots au pied de la lettre. Certes, chacun sait que la publicité exagère sans vergogne. Mais notre esprit est moins critique en écoutant des émissions d’information qui, quoique de façon plus subtile, s’adonnent au même travers.

L’exagération est inhérente au langage. Nous donnons un sens outré aux mots, nous déformons leur sens primitif. Un bon repas n’est pas vraiment « merveilleux », ce qui, d’après le dictionnaire, est une chose qui étonne par son caractère inexplicable; un mauvais repas non plus n’est pas « terrible » car il n’inspire ni la terreur ni l’épouvante.

Les mots servent souvent à semer des germes d’idées souhaitables. La British Royal Navy, par exemple, donne traditionnellement à ses navires les noms d’Invincible et d’Indomptable. Sachant pertinemment que les bâtiments de guerre ne sont pas indestructibles, le ministère de la Marine espère sans doute que les marins se battront comme s’ils l’étaient.

Il arrive que le sens des mots déborde le cadre de leur signification et exprime celle qu’on voudrait qu’ils aient. Un jeune homme appellera une jeune fille sa « douce amie » en espérant qu’elle se conformera à cette image. La magie noire, ses formules d’incantation et ses malédictions sont formulées avec des mots que l’on souhaite devenir réalité.

« La vieille idée que les mots possèdent des pouvoirs magiques est erronée », écrit Aldous Huxley. « Mais il s’agit d’une erreur qui exprime une vérité profonde quoique déformée. Les mots ont des effets magiques, pas dans le sens où l’entendent les magiciens, et pas sur les objets que l’on cherche à influencer. Ils sont magiques car ils influent sur l’esprit de ceux qui les utilisent. »

C’est en puisant à la source de cette magie que les propagandistes plantent dans les esprits des slogans qui mènent aux généralisations conscientes. « Une formule heureuse », a affirmé le politicien américain Wendell Wilkie, « peut obscurcir toute analyse pendant 50 ans. »

Des mots astucieusement choisis simplifient les idées, à la plus grande satisfaction des personnes intellectuellement paresseuses. La vie est rarement aussi simple que la langue veut bien la décrire. Nous avons tous tendance à généraliser et tombons ainsi dans le piège qui consiste à croire que les éléments d’un tout sont identiques : tous les cochons sont sales, tous les professeurs sont des sages, toutes les femmes conduisent mal. En étiquetant les images qui nous viennent à l’esprit, nous sommes injustes non seulement envers les autres mais aussi à l’égard de nous-mêmes.

D’après Alfred Korzybski, prophète de la sémantique générale, la structure des langues indo-européennes qui met fortement l’accent sur le fait d’« être » et de « ne pas être » incite aux généralisations et aux jugements partiaux. Nous parlons du bien et du mal. Nous refusons toute nuance entre ces extrêmes. Une telle polarisation verbale nuit aux solutions raisonnables. Celui qui propose un compromis se rend vulnérable à l’attaque des deux camps.

La première règle de la sémantique stipule que les mots ne sont que des symboles représentant des objets et des idées. Autrement dit, la langue est à la réalité ce que la carte est au territoire. Or, se plaît à répéter M. Korzybski, « la carte n’est pas le territoire.  »

La confusion entre le mot et ce qu’il représente provoque de dangereuses illusions que John Kenneth Galbraith appelle les « faits -mots ». « J’entends par là, écrit-il, que la déclaration qu’un fait existe revient à créer un substitut pour son existence. De dire que quelque chose va se produire revient pratiquement à provoquer cet événement. En utilisant audacieusement le fait-mot, nous avons transformé les dictateurs sud-américains en remparts du monde libre. » À une époque aussi vociférante que la nôtre, ceux qui pensent pour eux-mêmes devraient se méfier constamment des faits -mots et de toute autre manipulation du langage. Le citoyen devrait pouvoir au moins exiger la souveraineté dans son esprit, insister pour que les mots des discours politiques signifient ce qu’ils sont censés signifier.

Si un groupe accuse un autre groupe de se livrer au « terrorisme », affirme qu’il use de la « violence » et commet un « génocide », nous devons pouvoir, en nous basant sur les faits, décider s’il s’agit réellement de terrorisme, de violence ou de génocide. Gardons -nous contre toute tentative visant à s’emparer de nos esprits par des slogans, des formules percutantes et une rhétorique conçus pour enflammer nos opinions ou nous retourner contre des ennemis fabriqués par la technique des « faits-mots ». Soyons, par-dessus tout, conscients du danger insidieux des expressions toutes faites qui remplacent les idées originales. Ne permettons ni à nous-mêmes ni aux autres de confondre les mots avec la réalité qu’ils symbolisent. Une vigilance incessante est le prix à payer pour la liberté de pensée et d’expression. Dans une démocratie, la lutte contre l’usage impropre des mots ne peut être purement publique. Chacun doit y participer et protéger son esprit.